Mad_Dog a écrit:Je ne pense pas que les gigantesques constructions (grande bibliothèque, centre georges pompidou...) n'ont été QUE faite dans le but de se faire mousser ou de laisser une trace.
En effet l'autre but c'est le tourisme.
Tout ça pour dire qu'ils n'en ont rien à foutre non plus. En revanche ça fait très bien sur un bilan pourri un petit musée par ci un petit musée par là.
La différence majeure de Sarkozy c'est qu'il n'a aucun complexe éthique vis-à-vis de ce qu'il peut bien raconter. Ca donne des courriers repoussants comme celui quoté par Yoan et des coups de fil chaleureux au Kremlin, ça donne une visibilité immédiate à ses entourloupes libérales quotidiennes. Mais passés des propos productivistes inaptes et consternants, je pense que sa marge d'action sur la "culture" est proche du néant. Parce que le contenu de la "culture" est déjà calibré sur ce qu'il faut pas.
Quant aux théâtres expérimentaux, aux petits cinémas etc... c'est déjà une minorité infime dans ce pays qui y a accès. Ca ne veut pas dire qu'il faut les sacrifier, mais ça n'a jamais été non plus populaire, salvateur, ça n'a jamais été la courroie de secours ou je ne sais quoi, juste un truc sélectif localisé dans quelques villes. Près de chez moi le dernier cinéma digne de ce nom a raccroché les gants il y a six mois et quelques, avant il diffusait des films à petit budget en VO, il a sombré et l'Etat l'a lâché, maintenant il diffuse ce que tous les autres diffusent. L'histoire des aides coupées ça débute pas avec cette lettre, ça fait des années.
Sarkozy a une culture de vioques, des goûts de beaufs à base de Enrico Macias et Christian Clavier. Mais ça ça le regarde. Le sujet c'est que les médias ont les mêmes depuis des décennies, agrémentés de quelques trucs bobos à la Vincent Delerm. C'est ça qui schlingue, la "culture" dans les médias. C'est là où on est un pays de merde.
Dans notre patrimoine on a ni plus ni moins que le troisième auteur le plus lu au monde, Jules Verne. Elles sont où les adaptations en films, en séries TV qu'on pourrait/devrait en faire ? A l'étranger. Les conventions de SF baptisées Jules Verne aussi. Parce que Jules Verne, l'un des deux ou trois fondateurs de la SF, a fait l'erreur de pas opter pour le drame psycho-social chiant comme la pluie dans lequel la France se vautre depuis des siècles. Résultat, la France l'a rangé dans la catégorie littérature pour enfants - ce qui est toujours le cas à l'heure actuelle - tandis que le monde entier voyait en lui un auteur génial. Quand est-ce qu'on en parle ? Quand est-ce qu'on en fait quelque chose ? C'est pas assez sénile, pas assez moralisateur, pas assez sérieux, c'est de la SF, de l'aventure même...
En France on a eu Emile Cohl, littéralement l'inventeur du dessin-animé intégral en 1908. On a une tradition animée énorme, des pièces majeures célébrées mondialement, Le Roi Et L'Oiseau, La Planète Sauvage. Quelqu'un s'en souvient ? C'est arrivé à l'un d'entre vous de tomber sur un documentaire sur le sujet ? Tout le monde s'en branle de façon catégorique. La série la plus exportée de l'histoire de la télévision française est un dessin-animé, Totally Spies ! - mais que fait
Le Village ? - qui dès 2001 a réuni trois millions d'enfants américains devant la télé pendant plus de six ans, avec un passage sur grand-écran prévu pour 2008. Ca n'intéresse personne dans l'hexagone.
Comment expliquer qu'il n'y a pas cinq minutes à consacrer au jeu-video sur la télévision hertzienne, ce sera nécessairement l'art majeur du siècle qui commence, un domaine dans lequel la France a fait des progrès importants, alors qu'il y a tant de place pour nous caler de partout des best-of merdiques d'humoristes de chez Ruquier. Ce n'est pas assez "noble", la noblesse c'est BHL.
Alors la "culture" française hein...