par mauvaises-opinions sur 23 Mar 2007 22:13
Une terrible journée, comme celles d’hier de et de demain ne dérogera pas à cette habitude de monotonie quotidienne qui me paraît jour après jour si harassante, mais soit, il était 18h45. J’étais chez moi, il ne fallait pas y penser du moins pas avant que cet horrible réveil ne me sorte de ce si délicieux sommeil qui semble me manquer depuis si longtemps. La porte fermée, mon sac et mon manteau enlevés, je ne pris même pas la peine d’ôter mes chaussures pour me jeter dans mon lit ! Un dernier regard sur le bouquin que m’avait filé une amie : « les principes de la philosophie » de Descartes où on peut trouver la célèbre phrases « Je pense, donc je suis ». C’est le genre de phrases « chocs » : les seules dont on se souvienne de ces interminables heures de philosophie. Enfin c’étaient de grands penseurs, probablement au courant de tous les secrets que garde précieusement notre intellect … Cette pensée me fit sourire. Descartes avait peut-être trouvé le pourquoi de l’existence humaine, ces hommes avaient-ils trouvé le sens de nos vies ? Toutes ces questions qu’on se pose si souvent et auxquelles on ne trouve jamais la moindre réponse. La psychologie, la philosophie font parties de ces sciences qui m’ont très souvent fait rire! Comment selon des préceptes tout fabriqués pouvons-nous savoir comment devraient réagir les gens. Comment un mot prononcé à la va-vite sans la moindre idée sous-jacente pourrait-il être la preuve d’un état d’esprit, de traumatismes passés, ce ne sont que des mots ! Et pourtant, je me souviens de ce barbare de Mr Girard qui citait Freud et sa « Psychopathologie de la vie Quotidienne » à tout bout de chant, comme étant le livre d’une vie! Les lapsus : nos habitudes seraient la preuve d’un «déterminisme psychique » ! Voilà, c’est miraculeux, il suffit de nous regarder, de nous écouter et quelques personnes érudites pourraient obtenir les secrets les plus cachés de nos vies conscientes et inconscientes … Je ne sais pas si je veux y croire ou pas, cela me parait absurde mais en même temps pourquoi pas ! Peut-être qu’un jour quelqu’un trouvera le moyen de décoder entièrement minute après minute notre passé simplement en nous écoutant et après seront-ils capable de répondre à cette question qui envahit l’esprit humain depuis toujours : pourquoi sommes-nous sur Terre ? Avons-nous quelque chose à y construire ? Indépendamment les uns des autres, ou plutôt collectivement ? Y’a-t-il une vie après la mort ?
Finalement telle est bel et bien la question qui nous fait si peur : mourir et ne rien laisser derrière nous, pas de trace, juste servir de nourriture à quelques vers qui auraient besoin de nos vieux corps en décomposition afin de subsister, d’évoluer. Il n’y a donc rien après cette mort : pas d’esprit s’en allant au paradis pour y atteindre l’apothéose des consciences, pas de réincarnation en vache ou en fourmi en fonction de nos actes heureux ou manqués ! Nous ne serions finalement que de la nourriture, participant ainsi à cette chaîne alimentaire dont l’être humain pense être le maître depuis si longtemps. Imaginons que des hommes de science ou d’esprit, appelez-les comme il vous convient, soient capables de trouver cette solution et que ce soit cela : nous mourrons tous et c’est tout ! Panique générale, une sorte d’énorme déprime planétaire : nous ne sommes rien, nous ne servons à rien, on va mourir et c’est tout, pendant tout ce temps, on nous aurait menti ! Notre crucifié finirait dans les poubelles familiales, le Vatican serait brûlé par ses plus fervents croyants et le pape Jean XXIII finirait derrière les barreaux comme représentant de la plus grosse escroquerie mondiale ! 1789 à côté de cela, ressemblerait à une petite bagarre entre jeunes écoliers.
Mais après tout, cela serait-il si tragique que cela d'apprendre qu’on est là et que finalement, cela ne sert à rien ? Je préfère de loin cette idée à une autre : un espèce de dieu omniscient qui voit tout, sait tout et se sert de nous comme des pions sur un échiquier ; je trouve cette seconde idée bien moins sympathique ! Le fait d’être simplement des marionnettes, que le cours de nos vies ne soit pas guidé par nos actions, mais par une entité inconnue qui décide de tout. Les évènements vécus, heureux ou pas, tous nos souvenirs ne seraient alors qu’une énorme supercherie créée par cette force supérieure pour nous donner le sentiment d’exister… On nous dit que non, ce n’est pas possible, que ce dieu catholique dont on nous parle depuis si longtemps nous a créé à son image pour nous poser sur Terre et nous permettre de réaliser tout ce qu’on souhaite sans jamais interférer avec nos actions ! Mais, nous avons été créé à son image justement, quand on voit que l’être humain peut devenir un monstre en quelques années de pouvoir, imaginez ce que cela peut devenir en une éternité…
Je me laisse encore aller à réfléchir au fondement d’une vie en espérant être capable d’en trouver la solution, c’est pathétique, et ça ne sert à rien ! Si nous connaissions cette solution, en imaginant que celle-ci soit universelle, je me demande si nous trouverions toujours autant de plaisir à vivre le quotidien, de connaître cette réponse à ce fameux pourquoi ? Quelles que soient les solutions qui nous sont proposées aucune d’entre elles ne me convient. L’ignorance est parfois le meilleur chemin vers le bonheur! Il n’y a qu’à se laisser bercer. Ne pas réfléchir et se laisser aller à tout oublier, toutes ces peurs proprement humaines. Pour fuir vers des souvenirs heureux.
Mon corps se crispa brusquement, mes yeux s’ouvrirent, écarquillés, je regardais le plafond sans vraiment l’observer, mes mains laissaient mes doigts se tendre, mes jambes se raidirent, un pic de douleur s’insinua finalement dans ma poitrine pour y gagner le reste de mon corps et j’eus ce sentiment étrange et douloureux à la fois de m’enfoncer dans mon lit.
Je me retrouvais à quatre pattes, mes fesses étaient douloureuse et apparemment mouillées, une femme, se tenait devant moi, son visage ressemblait trait pour trait à celui de ma mère, jeune. Elle me regardait les yeux pleins d’espoir, me tendant les mains, pour m’inciter à me lever, mon petit corps tout boudiné tentait de se mouvoir avec une maladresse à laquelle je n’étais pas habituée, alors que je ne lui ordonnais qu’une seule chose : ne pas bouger, conserver cette position dans laquelle je me sentais si à l’aise auparavant. Je tentais de me mettre debout, de tenir sur mes deux jambes, au bout de nombreuses tentatives, ce bébé que j’étais réussi à trouver son équilibre pour quelques secondes ! La femme se jeta sur moi, heureuse de voir son enfant accomplir un tel exploit, elle me serra fort contre elle avant de me rapporter dans mon lit tant d’effort réclamait quelques heures de sommeil. Mes membres de bébé se mettaient à nouveau à gigoter dans tous les sens, mes petits doigts tout dodus s’allongèrent : je gardais les yeux fermés, espérant pouvoir rester dans cet état d’enfant qu’il me semblait ne jamais avoir assez apprécié.
Quelque chose de chaud me brûla la main droite, je les rouvris obligée de constater qu’il s’agissait d’une cigarette qui meurtrissait mon index et mon majeur. J’étais près d’un feu en pleine forêt, j’avais lâché cette clope, dans ma main gauche, une bouteille de manzana, déjà largement entamée, j’avais cette envie de dormir et de vomir en même temps. Dans un état éthylique largement avancé, je tentais de me lever, une fois de plus rien ne répondait à mes appels cérébraux, tout était hors service. Je reconnus Sarah, ma meilleure amie lorsque je devais avoir 15 ans, on se connaissait depuis toujours, le même âge, la même école, toujours la même classe et nos parents étaient amis ! J’avais oublié qu’à cette époque nous avions un petit jeu elle et moi : Sarah s’approcha de moi, apparemment elle s’inquiétait, j’avais l’air malade… Elle se mit à me caresser le visage, je ne faisais rien, me laisser aller à ces gentilles caresses féminines, elle arrêta sa main derrière ma nuque pour m’embrasser, une fois de plus, rien ne répondait à l’appel, mes lèvres répondaient, mes yeux se fermèrent autorisant cette promiscuité d’amie que je n’avais jamais réitéré depuis ce jour.
Lorsque je rouvris les yeux j’embrassais une autre personne, je me retrouvais nue dans un lit dont je ne conserve pas le souvenir, avec ce jeune homme tout maigrichon, vue les douleurs situées dans mon bas ventre, il doit s’agir de ma première fois … Ratée comme de bien entendue … Il sortit du lit, sans rien sur le dos! Maintenant je me souviens, ça n’a duré que 15 jours avec lui… Il revint se poser à mes côtés dans le lit. Il avait allumé son lecteur cd pour y passer un cd de Slayer, quel romantisme ! Je m’enfonçais dans les draps pour tenter de m’endormir, lorsque je me retournais pour le regarder je le vis, lui et son regard si doux, il m’observait en train de dormir ; 5h du matin, il fallait que je prenne un train pour rentrer chez moi !
Je me suis levée, courant vers la salle de bain, un coussin couvrant mon corps. Dans la salle de bain, plus de coussin mais moi, vieillit chez nous, c’était ce matin ! Il frappait à la porte me hurlant de me dépêcher, j’allais rater le dernier épisode de la saison 7 de Scrubs : on allait enfin savoir si Elliot, Turk et J.D avaient trouvé le moyen de sauver le Dr Kelso… En sortant de la douche, je me suis pris le pied contre le rebord de la salle de bain, en tombant je me suis retrouvée, dans ce lit, dans la même position que précédemment : les bras raides, les yeux ouverts, ce pic de douleur qui s’était généralisé. Je me renfonçais dans ce matelas, retournant inlassablement vers ces souvenirs plus ou moins heureux, oubliant ce réveil qui refusait de s’arrêter.
"Catch you with my death bag. You make think I've gone insane ... but I promise, I will kill again." Bob