Ce monstre l'inconnu (Jeremiah P. Grant)

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Modérateur: Amrith Zêta

Ce monstre l'inconnu (Jeremiah P. Grant)

Messagepar Lokorst sur 29 Jul 2007 11:59

[i]Notes de l’auteur :
Cette nouvelle fait partie d’un cycle qui a pour objet de raconter l’histoire de la fondation Black Moon. Au début des années 20, cette institution a pignon sur rue. Pour tous, elle est l’instigatrice de démystifications, d’une lutte acharnée contre les sectateurs et les manipulations des charlatans, médiums et autres parapsychologues. Mais les membres de cette fondation savent ; ils savent que l’occultisme et le surnaturel sont fondés sur des vérités innommables, que des savoirs anciens, des grimoires malsains et des sorciers monstrueux mettent leur monde en péril. Parmi eux, et pour ainsi dire à leur tête, Shawn Whiteford, le président de la fondation, et Dorian Olness Krisp, tous deux intrinsèquement concernés par ces mystères, sont les fers de lance de cette guerre contre l’indicible.[/i]



[b]Ce monstre l’inconnu[/b]


Tandis que le vieil homme, quelque peu hésitant, entrait dans le bureau de Shawn Whiteford, Dorian l’air absorbé, le nez dans un des dossiers de la fondation, quittait la petite salle des archives. Il passa derrière le bureau et se posa là, sur le rebord de la fenêtre. Elle donnait sur le Garden et offrait l’une des plus belles vues sur Boston. Shawn fit signe à l’homme de s’asseoir sur l’un des larges fauteuils qui lui faisaient face. Il prit un crayon et il sortit à la manière d’un bureaucrate quelques feuilles de son sous-main.
Les deux hommes dépareillaient énormément, se dit le vieillard qui les rencontrait pour la première fois. Alors que le plus vieux, âgé d’à peine 35 ans, était plongé dans la lecture d’un document, l’air tranquille, posé, extérieur à cette visite, M. Whiteford, du haut de sa vingtaine bien avancée scrutait attentivement le visiteur. Il tentait de se donner la prestance et l’éducation des gens du rang qu’il occupait, à savoir diriger une fondation, mais dont il était, selon toutes vraisemblances, étranger.
Ils semblaient tous deux être constants dans leur travail mais le côté rigoriste du jeune Whiteford transparaissait si clairement que le visiteur ne pouvait que deviner son penchant obsessionnel. Tout dans son bureau en témoignait. Sans pour autant que l’ensemble soit méticuleusement rangé, ce qui avait un caractère fonctionnel se distinguait par sa disposition ordonnée sur les nombreux meubles – de facture française – que comptait la pièce.
Il transpirait de cette fièvre des hommes affairés qui veulent faire beaucoup et bien. Alors, devant le vieil homme assis là, l’air curieux de la scène et prenant son temps avant de donner son témoignage, il laissait poindre ostensiblement son impatience maladroitement dissimulée.
Un croisé, voilà à quoi il ressemblait ; un homme dévoué à une guerre sainte.

- Bien, on peut commencer, si vous êtes prêts… . Shawn vit que son intervention n’avait eue aucun effet sur le vieil homme absorbé par ses pensées. Monsieur ?
- Pardon jeune homme… à mon âge vous savez, on a l’esprit qui divague.
- Oui, bien… J’ai pas trop de temps donc si on pouvait faire vite.
- Ce qu’il veut dire, interrompit M. Krisp reprenant contact avec la réalité, c’est que nous avons des enquêtes en cours qui requièrent notre plus vive attention, aussi, sans vouloir vous obliger, si vous pouviez apporter au plus vite votre témoignage.
- Bien mon enfant, excusez-moi, je vais commencer…
- De quoi s’agit-il déjà, demanda Shawn en tentant un ton plus courtois.
- D’une histoire qui se passa dans ma jeunesse et dont je fus l’un des témoins. Une histoire dont vous pourrez, je l’espère, tirer des enseignements allant dans le sens de votre fondation.
A ce sujet je m’étonne qu’une telle organisation puisse subsister… L’occultisme passionne-t-il tant de gens ?
- Nous avons de bons mécènes, répondit Shawn non sans un sourire amusé. « Il est décidé à nous faire perdre notre temps », devait-il penser.
Aussi le vieil homme commença-t-il sans plus attendre son récit, ne voulant pas offenser des personnes pouvant posséder une si grande demeure au centre de Boston. Demeure par ailleurs si atypique ici qu’elle avait autant de renommée dans la ville que cette étrange fondation. Elle avait été construite il y a une dizaine d’années par un architecte issu de l’école de Nancy, et son commanditaire aussi mystérieux qu’inconnu décéda vraisemblablement avant d’avoir pu en prendre possession. Il avait pour autant dû avoir une grande influence pour faire construire ce bâtiment ne ressemblant à rien dans la ville ; si loin de ces maisons en briques rouges qui ont fait la caractéristique de Boston. Haute de deux étages, la construction en pierre de taille blanche avait sur sa façade de larges fenêtre dont les vitres possédaient, de part en part du verre blanc, des colonnes de vitraux typiques de l’Art Nouveau.
Les trois fenêtres de la grande salle du rez-de-chaussée formaient une fresque, par deux fois détruite par des vandales, où des jeunes femmes étaient représentées parmi des structures florales fort complexes. Les balcons, tout en courbes, embellissaient le premier étage, et le toit à la forte pente, couvert d’ardoise, coiffait majestueusement ce bijou perdu dans l’écrin rouge et vert de la cité.

- J’avais une dizaine d’années alors… commença le vieil homme. La guerre venait de finir - celle de Sécession bien entendu – et notre petite ville manquait sévèrement d’hommes valides. Aussi, je travaillais déjà au salage des poissons. Les fils de mes concitoyens tardaient à revenir et bien souvent ce sont des lettres à la belle écriture qui mettaient fin à l’attente.
Parfois, et ce furent des jours heureux, il en revenait quand même par la grande route du sud, celle de Boston, par deux ou trois. Mais en 70, cinq ans après la fin de la guerre, ceux qui n’avaient ni lettres ni fils avaient arrêté d’espérer et de prier. La pêche recommença et homards et poissons revinrent dans nos filets comme autrefois. L’église chantait de nouveau la joie, l’école accueillit les enfants de nos héros et nos veuves se remarièrent.
Le vieil homme fit une pause et vérifia du regard la qualité d’écoute de ses auditeurs. Shawn fronçait les sourcils, dans une tentative probable de reconstitution mentale des événements.
Il reprit.
- Je sais que pour deux jeunes gens, il va sans dire romantiques, cela doit paraître étrange mais ces femmes n’avaient guère de choix : rester veuves et se cloîtrer chez leurs parents ou retrouver un jeune et valeureux gaillard pour en faire leur époux. Mais rassurez-vous, cela ne se fit pas du jour au lendemain. Ma femme a attendu 10 ans. Ce qui m’a permis à moi de devenir un homme.
Dorian et Shawn esquissèrent un sourire ; amusé pour l’un, narquois pour l’autre et l’atmosphère austère se détendit un peu. Il va sans dire que ces écoutes de témoignages étaient une obligation pénible pour les deux hommes. Mais ils savaient également jouir de moment de détentes comme de ce récit donné d’une voix, certes usée, mais pleine d’histoire.
- Tout était alors revenu à la normale, continua le vieillard. J’étais quant à moi presque un homme et sans les interdits de ma vieille mère je me serais déjà engagé sur un bateau de pêche. Mais ce qui se passa par la suite, c’est cela, j’en suis sûr, qui vous interpellera.
- C’était au début de l’été, lors d’une de ces journées un peu mornes pour les pêcheurs qu’il arriva. La première à le voir fut Mme Kaine, l’une des rares veuves à ne s’être jamais remariées. Il était tôt dans l’après-midi et ce singulier événement la fit sortir de sa maison, qu’elle ne quittait pour ainsi dire jamais. Elle traversa la rue pour aller prévenir son inaltérable mégère de voisine, Miss Pleescott. Pour une fois que Miss Kaine pouvait battre la vieille femme au jeu des commérages, elle ne s’en priva pas. Et le bruit courut alors toute la petite ville qu’un inconnu, de noir vêtu, et à l’épaisse carrure – aussi bien qu’on eût pu juger à cette distance – descendait d’un pas lourd le chemin sinueux de la colline rocailleuse du nord de la ville. On supposait qu’il serait là dans la demi-heure qui suivait. Une bien longue demi-heure en vérité ; et d’une étrangeté sans pareil. Pour une raison que j’ignorais alors, pas un de mes concitoyens n’était sans inquiétude à la venue de ce visiteur. Un homme qui arpentait un sentier depuis longtemps abandonné, car à vrai dire trop dangereux pour les carrioles, et qui ne donnait sur aucune ville ou ferme dont on eut pu venir à pied dans la journée. Je sais maintenant ce qui a provoqué cette peur, ce malaise ; cette sombre silhouette était la représentation éloquente de la chose la plus effrayante en soi pour les gens de ma cité : l’inconnu, l’étranger ; en somme, pour notre petite communauté, le Mal.
- Dans les minutes qui suivirent l’annonce des témoins, de plus en plus nombreux, toute la ville entra en grande effervescence. Les marins sur les quais, les derniers prévenus, abandonnèrent bientôt leurs tâches pourtant si précieuses, pour rejoindre leur épouse. Puis vint le silence et la ville me sembla alors prisonnière d’un filet dont les mailles interdisaient le moindre mouvement.
J’étais à cet instant là, comme bien souvent d’ailleurs, sur le quai, aidant les premiers marins rentrés en ce jour funeste. L’un deux m’attrapa par le bras et l’on se réfugia à l’auberge. Il y avait là M. Cameron, le tenancier et Cooper, l’un des plus anciens pêcheurs dont six des sept fils étaient morts durant la guerre. C’est le septième qui m’avait conduit jusqu’ici, et j’en étais heureux car il était de loin l’homme le plus fort que j’ai connu. Pourtant, à cet instant, personne n’osait parler. Seul Cameron regardait à travers les carreaux si l’homme arrivait.
Je ne sais plus combien de temps l’on attendit ainsi. Ce fut quand nous le vîmes marcher, longeant le quai, qu’une peur malsaine me prit. Je voulais fuir mais je n’en avais pas la capacité, comme si quelque chose me retenait, comme si je devais savoir, que je devais le voir. De loin on ne pouvait discerner que son long manteau et un chapeau de pluie. Quelles horreurs pouvait dissimuler ce déguisement si lourd pour un jour de soleil ?
Il s’arrêta devant l’auberge et M. Cameron eut un mouvement de recul. Le fils Cooper et moi nous trouvions au fond de la salle ; seul le vieux Cooper n’avait pas bougé de la table où il était assis. La silhouette s’approcha de l’auberge puis s’arrêta devant la porte. A chaque fois qu’il se tenait immobile, sa présence, et sa forte carrure, s’imposait à nous comme une horreur surnaturelle. Rien pourtant ne pouvait justifier cela. C’était comme si toutes les peurs, les frustrations, les haines de notre communauté, peut-être trop renfermée sur elle-même, étaient canalisées en un être. Comme si nous ne pouvions admettre cette aberration qu’était l’autre. Même si nous vivions heureux, cet état d’esprit était comme une tare atroce qui ne cesse encore de me ronger.
L’inconnu était toujours devant la porte mais nous ne pouvions pas voir son visage. Il entra, fit quelques pas dans la salle et regarda chacun d’entre nous. Quand son regard se posa sur moi, je n’étais plus que l’ombre d’un homme. C’est là que je vis ses yeux infâmes, dont le gauche semblait plus en avant et plus gros que l’autre, et le bas de son visage, décomposé et difforme, amas de chair blafarde partiellement masquée par l’ombre qui paraissait le suivre pas à pas. Je vis par leur blêmissement que le vieux Cooper et son fils l’avaient vu comme moi, preuve, s’il m’en fallait une, que rien n’était le fruit de mon esprit fiévreux.
Le monstre se retourna vers Cameron et il eut comme un rire. Le temps s’était figé autour de nous. Le son qui sortait de sa bouche nous apparut glacial, maléfique, et empli d’une ironie atroce…
Puis tout arriva comme dans un rêve. Le vieux Cooper se leva doucement, attrapa son crochet, qui n’avait pas quitté la table, et il fit un pas vers l’homme qui lui tournait toujours le dos. Son poing se crispa sur le manche de l’outil et il frappa d’un coup sec la nuque de la créature qui tomba, d’un coup, sans un bruit, morte. Le jeune Cooper eut un soupir de soulagement. Moi-même, je me sentis apaisé. Le mal était venu et nous l’avions vaincu ; le temps avait repris sa marche. « La foi peut triompher de la peur ; triompher de sa peur est une victoire sur le mal » avait dit le révérend Wormwood lors d’un sermon quelques semaines plus tôt. J’étais heureux que le vieux Cooper ne l’ait pas oublié. Après un temps d’hésitation, il osa se pencher sur le corps et avec son crochet ensanglanté qu’il tenait d’une main enfin tremblante, repoussa le chapeau qui recouvrait le visage de la créature. Nous nous penchions tous maintenant sur le corps pour voir la chose, regarder notre peur en face. Et nous avons vu notre démon, celui qui ne nous quitterait plus : Charles Cooper, le fils aîné, déclaré mort à tort, meurtri dans sa chair par les aléas de la guerre, revenu parmi les siens, pour y finir sa vie.

Le vieil homme s’interrompit et sourit à Shawn qui avait cessé depuis longtemps sa transcription.
Le silence s’installa dans le bureau.
L’homme se releva, prit son chapeau, son manteau, sa canne, puis regarda attentivement les deux hommes.
- En quoi pensez-vous que cette histoire puisse nous aider ? demanda Dorian après un temps, sachant bien que la réponse lui était déjà connue.
- Je vous ai raconté mon histoire pour que vous n’oubliez jamais la morale que j’en ai moi-même tirée : quand un homme, aussi bon qu’il soit, est confronté à une situation qui met en avant ses doutes, ses angoisses, il est nécessaire qu’il ne confonde pas ce qu’il ne connaît pas et ce qu’il ne reconnaît plus. Le salut de son âme se joue aux abords de cette mince frontière.
- Et s’il échoue ? demanda Dorian.
- Alors il devra trouver le chemin de sa rédemption ou succomber à la folie.

Le vieillard salua les deux hommes et sortit du bureau. Dorian le raccompagna puis rejoignit Shawn qui n’avait pas bougé de son siège, son regard toujours figé sur le fauteuil que venait de quitter le visiteur. Il regarda Dorian, se leva et entra, résolu, dans la salle des archives qu’il ne quitta que tard dans la nuit. Dorian, lui, peina à trouver le sommeil, ne cessant de ressasser ses souvenirs comme si cette nouvelle clef pouvait lui permettre d’ouvrir des portes qui lui étaient jusqu’alors toujours closes.
Quant au vieillard, il marcha longtemps dans les rues de Boston, jusqu’au port où il s’assit pour assister au débarquement d’un cargo. Il regarda attentivement tous les étrangers, heureux, mais perdus, dirigés par la police vers les agents de l’immigration. Il les regarda durant des heures. Quand le dernier reçut ses papiers, le vieillard s’approcha de lui et lui prit la main en se dessinant un sourire sur le visage.
- Bienvenue, monsieur… bienvenue.


[b]Jeremiah P. Grant
[/b]
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pas mal

Messagepar Guigui sur 04 Aou 2007 9:42

Vraiment bien cette petite nouvelle, qui semble bien une introduction à une histoire plus longue. Ça donne vraiment envie de connaître la fondation Black Moon et ses 2 membres décris ici... Les description ne sont pas mal aussi... Mais qui est Jeremiah P. Grant ? Un pseudo ?
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Re: pas mal

Messagepar Lokorst sur 19 Aou 2007 16:28

[quote="Guigui"] Mais qui est Jeremiah P. Grant ? Un pseudo ?[/quote]

Le gars qui m'a demandé d'écrire ça pour lui. J'ai juste organisé ses notes.
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Messagepar Guigui sur 19 Aou 2007 18:37

Hé ben je trouve ça vraiment bien... Mais comment vous vous y prenez lui il a un schéma et toi tu fais le style ? Et la suite, elle existe bien ? :) En tout cas bravo à tous les 2 :bravo:
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Messagepar Lokorst sur 19 Aou 2007 21:21

[quote="Guigui"]Hé ben je trouve ça vraiment bien... Mais comment vous vous y prenez lui il a un schéma et toi tu fais le style ? Et la suite, elle existe bien ? :) En tout cas bravo à tous les 2 :bravo:[/quote]

Oui, il a beaucoup de choses à raconter... je prend plein de note, mais comme son nom l'indique il est américain, et un peu agé, donc ça prend du temps, mais j'ai des notes, pour beaucoup d'histoires. Et la suite, et ce qu'il y a avant aussi. Mais après il faut que je lui retraduise pour pas se planter... Bref, c'est long. Mais on continue...
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Messagepar Guigui sur 20 Jan 2008 16:41

Quand est ce qu'on aura la suite ? :)
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