par N°6 sur 27 Sep 2004 2:17
[size=200][b]Une nuit à EpidermiQ' City...[/b][/size]
[quote="little.alien"]Me voilà de retour, errant, dans les rues déjà déserts de la ville d'Epidermiq...
Je suis seule, telle un "lonesome cowboy", ruminant dans ma barbe que je n'ai pas. Les rouleaux de paille défilent devant moi, poussés par une brise nocturne. J'ai un frisson dans le dos. D'un geste nonchalant, je remets mon écharpe autour du cou. J'avance, quand, sur ma droite, j'aperçois le fameux "Comptoirs des insomniaques". Une fois encore, je décide de m'y poser quelques heures avant de repartir vers l'inconnu, vers l'avenir, vers l'infini et l'au-delà...
Y'aurait-il un prisonnier dans les parages ? Qu'on fasse un bout de chemin ensemble ?[/quote]
Après une longue et dure journée passée à traverser le rude désert que peut être, dans certaines de ses contrées, le Net, me voici qui arrive enfin en vue d'une oasis de verdure, Epidermiq City. Pourtant, m'approchant à grands pas de l'ultime étape de mon voyage, je m'aperçois progressivement, de plus en plus inquiet, que la ville semble déserte, presque à l'abandon. Les arbres font pâle figure, Main Street est bel et bien vide, balayée par le vent et les tourbillons de poussière. J'entre fébrile dans le taudis qui nous sert habituellement, à moi et mes amis cinéphiles, à parler cinoche : pas âme qui vive, l'endroit n'a visiblement pas été visité depuis un bout de temps. Rien de plus déprimant qu'un forum ciné abandonné. Je ressors en hâte, abandonnant bien vite derrière moi la triste façade d'où pendent mollement quelques affiches à moitié déchirées, et me précipite dans toutes les baraques, tous ces endroits que ma mémoire rappelle sadiquement à mon souvenir comme des lieux d'excitation et de débats fébriles, d'harangues et de prises de bec, précédents toujours immanquablement une saoûlerie en bonne et due forme. Rien de tel qu'un bon petit verre de Schnapps pour tomber d'accord ! Et là, je percute, mon esprit s'emballe, les rouages de mon cerveau se remettent péniblement à tourner, en trois mots comme en cent, ça fait plouf ! Mais c'est bien sûr ! Le saloon ! S'il y a bien un endroit où je puis trouver un camarade épidermiquien, c'est là-bas ! A peine l'idée m'a-t-elle effleuré que déjà me voilà courant plus vite qu'un coyote affamé en travers de la rue, remontant follement l'unique artère de la ville en direction de l'objet de tous mes espoirs, hilare, saisi d'un fou rire nerveux incontrôlable, je laisse derrière moi le froid du Silence pour retrouver, je l'espère tant !, la chaleur d'un contact humain ! Arrivé devant les battants de la porte, je stoppe, mon rire de dément s'arrête lui-aussi tout net, saisi pareillement de la solemnité du moment. Je déglutis péniblement, et, fièvreux, avance et pénètre dans le saint des saints. Pas plus d'une demi-seconde n'est nécessaire pour permettre à mon cerveau d'enregistrer en vision panoramique et technicolor le spectacle qui s'offre à mes yeux, et pour traiter l'information, qui s'affiche finalement sur les écrans de contrôle de ma froide conscience, insensible au tourment qu'elle me fait subir : personne ! L'endroit est vide, les tables abandonnées, le comptoir déserté, et dans ma folie naissante je crois entendre les planches grincer sous les pas du Vide et du Silence, ces deux brutes qui font régner le chaos dans tout l'Ouest ! Et, j'en suis sûr ! ils sont attablés juste là, les pieds sur la table, ils m'accueillent d'un sourire narquois dans leur nouveau royaume ! Enfer et damnation ! Est-ce la fin, ai-je accompli au péril de ma vie ce périple à travers vallées de la mort et désert de feu pour tomber dans les bras grands ouverts de cette misérable prostituée aux dents pourries connue pudiquement sous le nom de Désillusion ??! Serais-je le dernier homme sur terre, ce cauchemar qui plus d'une fois est venu visiter mes nuits solitaires se serait-il échappé de mon inconscient pour étendre ses ailes noires comme le jais sur les 5 continents ?! Mais, attendez, attendez !! Tout n'est peut être pas perdu ! Qu'aperçois-je en effet plaqué sur le comptoir sous un verre de rhum à moitié vide ??! Une note !! Mon coeur n'a pas le temps de s'arrêter que je suis déjà au comptoir, à fébrilement parcourir la missive (non sans avoir tout d'abord vidé d'un trait le verre qui m'apporte tant de bonheur) ! C'est une note laissée par little alien, qui m'informe de sa présence quelques heures plus tôt en ces lieux et de son intention de poursuivre sa route vers des lieux plus hospitaliers ! Il reste un espoir, si je pars à l'instant je devrais pouvoir la rattraper sur la route, et ainsi pourrons-nous nous soutenir mutuellement et nous conter des histoires durant notre odyssée nocturne vers la prochaine ville ! Je me précipite ainsi à l'extérieur et m'empresse de laisser derrière moi cet endroit sinistre abandonné à l'oubli, pour partir à la rencontre de cet autre pistolero, perdue elle aussi à la surface de cette planète soudainement vidée de ses habitants, écrasée par le poids de cette désolation universelle ! Tiens bon little alien, tu n'es pas seule ! Je te retrouverai ! Et qu'elle que soit l'explication de ce mystère, nous tiendrons bon, car nous sommes deux ! Et à deux, on peut tout, sniff... :cry:
Si quelqu'un m'a compris c'est que je n'ai pas été clair.