[b]Tron : Legacy[/b] : "Legacy", c'est l'héritage, celui légué par le héros du 1er film à son fiston, mais aussi celui de la génération des débuts du Mac et des jeux vidéos à l'actuelle, de 1982 à 2010 et d'une utopie digitale à une autre (en passant par 1999 et "Matrix"), avec en fil rouge le même merveilleux technologique qui continue à travers les décennies d'enchanter et de terrifier l'humanité via le grand écran. Plus prosaïquement, nous revoilà dans le monde de la Matri... euh, de Tron et de The Grid, cité digitale u-/dystopique (mais le rêve des uns n'est-il pas le cauchemar des autres ?) où les programmes informatiques sont des gens comme vous et moi qui passent leur temps libre à assister à leurs propres jeux de gladiateurs cybernétiques (reliquat des eighties, lorsque "Rollerball" avait mis le thème à la mode), en l'occurrence des jeux vidéos (aaah, les light cycles...). Et où règne la légende des "concepteurs", ces êtres mythiques censés avoir conçu les programmes à leur image, afin de créer le meilleur des mondes... Un pitch familier aux fans du 1er opus, et pour cause, "Legacy" en est bien le remake (plutôt que la suite), au détail près, mais avec bien sûr des SFX dignes du millénaire 3.0.
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C'est dans ce manque de créativité que le film pèche un peu, puisque scénaristiquement comme visuellement il n'innove pas plus que ça sur l'original, et que les quelques trouvailles sont bien pauvres en comparaison (cf. le combat aérien, ou le thème des "isos" qui n'est pas plus développé que ça). D'autant que le réalisateur appartient clairement plus à la catégorie des honnêtes faiseurs (avec une grosse équipe derrière) qu'à celle des visionnaires du 7e art (ou l'art 7.5

). Le paradoxe du film est donc d'être supposément à la pointe du progrès mais de se trouver au final être un brin conservateur, thématiquement (à la "Avatar" peut-être) et même esthétiquement, un peu paralysé par l'héritage de son ancêtre justement et incapable de présenter une vision vraiment bouleversifiante de l'avenir digital. Et d'être un peu trop redevable et obséquieux envers d'autres illustres prédécesseurs, tels "Star Wars" ("Je ne suis pas ton père", Jeff Bridges transformé en maître Jedi), Matrix (cf. le reboot du Mérovingien, les costumes), le premier "Batman" (la batmobile qui pénètre dans le repère secret) ou même "2001" pour le look du living room de Flynn père, ce qui donne plus l'impression d'un film suiviste qui recycle et ne dépasse jamais le stade du clin d'oeil et de 'l'hommage' facile (à la "5e élément" quoi).
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L'essentiel du film réside bien sûr dans ses SFX et son visuel, qui sont à la hauteur mais qui donnent donc au final plus l'impression d'une mise à jour que d'une version vraiment nouvelle (Tron 1.5 plutôt que 2.0). Et encore une fois la 3D n'apporte rien d'essentiel, si ce n'est que, comme dans "Avatar", elle participe (à quel degré, là est la question) à nous plonger dans le nouveau monde du futur et de l'ailleurs : ce qui compte, ce ne sont pas les objets qui sortent de l'écran, mais les spectateurs qui y entrent. Les images sont très belles, y compris en dehors des scènes d'action, la musique (plus minimaliste qu'électro, avec un petit complexe "Inception", une vraie musique de film en tout cas) aidant aussi à entrer dans le "mood", comme l'enjoint un des persos à des DJs ressemblant étrangement aux Daft Punk... C'est d'ailleurs peut-être dans la B.O. que réside le vrai apport artistique du film par rapport à l'original. Un film un peu générationnel donc, qui témoigne de la continuité de la 'sublime rêverie' provoquée par le progrès technologique, où l'on se place sous la protection tutélaire de Jules Verne et où l'on rêve de s'immerger dans la machine, tout en craignant de voir celle-ci nous envahir et nous massacrer. Bah, si on peut avoir l'air aussi cool que les Flynn sur leurs bécanes, why not !

En tout cas un film qui nous balance du Eurythmics mérite qu'on le défende un minimum

Sortie le 9 février.
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Si quelqu'un m'a compris c'est que je n'ai pas été clair.