"Million Dollar Baby" de Clint Eastwood

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Modérateur: Amrith Zêta

"Million Dollar Baby" de Clint Eastwood

Messagepar torrance sur 09 Fev 2005 16:30

[size=150]MILLION DOLLAR BABY[/size]

[img]http://media.monsieurcinema.com/film/015600/15610/15610.jpg[/img]

[b]Sortie :[/b] 23 mars 2005
[b]Réalisé par :[/b] Clint Eastwood
[b]Avec : [/b]Clint Eastwood (Frankie Dunn), Hilary Swank (Maggie Fitzgerald), Morgan Freeman (Eddie "Scrap-Iron" Dupris)
[b]Musique de : [/b]Clint Eastwood

[b]Synopsis : [/b][i]Rejeté depuis longtemps par sa fille, l'entraîneur Frankie Dunn s'est replié sur lui-même et vit dans un désert affectif, en évitant toute relation qui pourrait accroître sa douleur et sa culpabilité.
Le jour où Maggie Fitzgerald, 31 ans, pousse la porte de son gymnase à la recherche d'un coach, elle n'amène pas seulement avec elle sa jeunesse et sa force, mais aussi une histoire jalonnée d'épreuves et une exigence, vitale et urgente : monter sur le ring, entraînée par Frankie, et enfin concrétiser le rêve d'une vie.
Après avoir repoussé plusieurs fois sa demande, Frankie se laisse convaincre par l'inflexible détermination de la jeune femme. Une relation mouvementée, tour à tour stimulante et exaspérante, se noue entre eux, au fil de laquelle Maggie et l'entraîneur se découvrent une communauté d'esprit et une complicité inattendues...[/i]


[b]MON AVIS :[/b]

Je me suis fait plutôt très rare sur le forum ciné depuis près d'un an, pour des tas de raisons, et la principale étant qu'ayant la chance de voir les films très en amont de leurs sorties, j'ai toujours l'impression d'être décalé. Je perds donc l'envie de discuter d'un film vu il y a deux ou trois mois. Bon, je cesse de me la jouer critique de ciné et j'en viens aux faits. Si je "brise" ce silence, c'est pour vous parler de MILLION DOLLAR BABY, nouvel opus de Clint Eastwood.

Et pourquoi me direz-vous ? Eh bien parce qu'hier matin, je suis sorti de la projection avec la certitude d'avoir vu le meilleur film de Clint, et sans doute ce qui va devenir le meilleur film de l'année... Un monstre qui écrase tout sur son passage, qui manie ce que le cinéma a de plus grand avec une intelligence et un talent suffisamment rares pour être signalés.

Je précise pour les réfractaires que je suis allé voir ce film à reculon, commençant déjà à gerber la hype parisiano-journaleux-branlette qui le précédait. J'ajouterai à ça que pour moi, Clint n'avait pas fait de bon film depuis IMPITOYABLE. Car oui, selon moi, MYSTIC RIVER est trop largement surestimé.

Mais là, whoa.
MILLION DOLLAR BABY est un film d'une puissance narrative difficilement égalable. Du scénario qui prend son temps, à la caractérisation des personnages, en passant par les acteurs, la réal, la musique, l'émotion, le rire, les combats de boxe, l'ntelligence du propos, TOUT y est parfait, riche, intense, intelligent, subtil.

Je ne veux pas dire trop de choses, donc ce topic est ouvert uniquement puor vous exhorter à aller voir ce film dès qu'il sort. N'écoutez pas la presse, ne lisez pas les critiques, zappez quand un reportage y est consacré. ALLEZ VOIR CE FILM VIERGE ET VOUS PRENDREZ UNE LEçON DE CINÉMA DÉNUÉE DE TOUTE HYPE ET DE TOUT CONDITIONNEMENT.

Brillant, j'vous dis. Le cinéma, quand il est comme ça, c'est la classe.
Bref, vous savez déjà qui est mon p'tit chouchou pour les Oscars.... :wink:
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Clint Eastwood is God

Messagepar N°6 sur 09 Fev 2005 17:47

[quote="torrance"] J'ajouterai à ça que pour moi, Clint n'avait pas fait de bon film depuis IMPITOYABLE. Car oui, selon moi, MYSTIC RIVER est trop largement surestimé.[/quote]

T'es qu'un enfoiré, "Mystic River" est superbe film, plus peut être grâce à son histoire et ses comédiens mais un immense film tout de même ! Et "Sur la Route de Madison", et "Un Monde Parfait", t'en fais quoi, 'foiré ? :mrgreen: :wink: Et encore je joue dans la facilité, parce que je pourrais défendre bec et ongle des films tels que "Absolute Powers" et même, oui, "True Crime" (me souviens pas du titre français) !

[quote]
Mais là, whoa.
MILLION DOLLAR BABY est un film d'une puissance narrative difficilement égalable. Du scénario qui prend son temps, à la caractérisation des personnages, en passant par les acteurs, la réal, la musique, l'émotion, le rire, les combats de boxe, l'ntelligence du propos, TOUT y est parfait, riche, intense, intelligent, subtil.[/quote]

Arrête tu m'excites ! :boing:

[quote]
Brillant, j'vous dis. Le cinéma, quand il est comme ça, c'est la classe.
Bref, vous savez déjà qui est mon p'tit chouchou pour les Oscars.... :wink:[/quote]

De la part d'un pro-Scorcese, ça me fait bien plaisir :wink:
Eastwood est un de mes cinéastes préférés, ce gars est immense, ses films sont géniaux, et comme j'ai le sentiment qu'il ne réalisera pas encore beaucoup de films, comme je le disais sur le topic "Aviator", il FAUT qu'il décroche l'oscar du meilleur réa/meilleur film ! Même si je ne l'ai pas encore vu, je SAIS déjà qu'il le mérite ! :boing:
Si quelqu'un m'a compris c'est que je n'ai pas été clair.
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Re: Clint Eastwood is God

Messagepar torrance sur 09 Fev 2005 18:36

[quote="N°6"]
T'es qu'un enfoiré, "Mystic River" est superbe film, plus peut être grâce à son histoire et ses comédiens mais un immense film tout de même ![/quote]


Qu'on puisse le taxer de bon film, passe encore. Mais immense, non. C'est plan plan niveau scénar, les acteurs surjouent et l'histoire dans son entièreté sombre dans le déjà vu et le classicisme éhonté (j'ai rajouté l'adjectif pour bien préciser que je n'ai rien contre le classicisme, au contraire, cf le brio d'Aviator)

[quote]Et "Sur la Route de Madison", et "Un Monde Parfait", t'en fais quoi, 'foiré ? :mrgreen: :wink:[/quote]

OK pour Madison qui est un très beau film. Mais pour les autres que tu cites, c'est soit du n'importe quoi soit de tout n'importe nawak ("les pleins pouvoirs" and co, c'est une insulte au talent d'Eastwood)


[quote]De la part d'un pro-Scorcese, ça me fait bien plaisir :wink:
Eastwood est un de mes cinéastes préférés, ce gars est immense, ses films sont géniaux, et comme j'ai le sentiment qu'il ne réalisera pas encore beaucoup de films, comme je le disais sur le topic "Aviator", il FAUT qu'il décroche l'oscar du meilleur réa/meilleur film ! Même si je ne l'ai pas encore vu, je SAIS déjà qu'il le mérite ! :boing:[/quote]

Il le mérite.
Et sinon, oui, je suis un immense pro-Scorsese et j'ai succombé au brio et au charme de AVIATOR qui est un grand film, mais honnêtement, j'ai beau avoir adoré le film (et la prestation de DiCaprio), cela me ferait chier qu'il ait son premier Oscar pour celui-là alors qu'il ne l'a pas eu pour des chef d'oeuvres comme Taxi Driver, Raging Bull, Les Affranchis, Casino ou La dernière tentation du Christ.
Tandis que MILLION DOLLAR BABY est un véritable monstre de film, qui méritera chaque statuette qu'il aura. Hilary Swank le mérite largement mais à des millions d'années lumière des autres. Le film le mérite pour son brio. Eastwood le mérite pour la classe subtile de sa réal. Etc etc. Immense film. P'tain !
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Messagepar c_bolavienon sur 09 Fev 2005 19:50

1/Je suis persuadée que M$B est un très bon film et j'irais le voir :)

2/Torrance : On attend ta critique d'Aviator sur l'autre topic :)

3/"Un monde parfait" est un très très bon film qui est très touchant.

4/On ne revient pas sur le passé et scorsese ne gagnera donc jamais pour taxi driver, casino, les affranchis, raging bull, La dernière tentation du Christ, GONY etc ........

5/[u]ex[/u]: Hitchcock n'a jamais eu d'oscars du meilleur réalisateur (et l'académie s'en mord les doigts aujourd'hui car ça les ridiculise que le réalisateur le plus admiré et étudié par ses pairs n'ai jamais eu la statuette).
Après on est d'accord que c'est pas parce que c'était Hitchcock the master qu'il fallait lui donner l'oscar pour L'Etau (pas nommé d'ailleurs :D mais c'est juste pour l'exemple). Néanmoins, on est loin de ce cas de figure pour Aviator. Aviator est un grand film grandement réalisé avec des acteurs au top. L'Etau est pas bien du tout et on ne sent la griffe hitchcock que sur 2/3 scènes.
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Re: Clint Eastwood is God

Messagepar Johansen sur 10 Fev 2005 20:36

[quote]Qu'on puisse le taxer de bon film, passe encore. Mais immense, non.[/quote]

La je suis daccord, M.R est un bon film, j'en avais meme ete surpris mais il est pas extraordinnaire. A part Sean Penn peut etre.



[quote]pour des chef d'oeuvres comme Taxi Driver, Raging Bull, Les Affranchis, Casino ou La dernière tentation du Christ.
[/quote]

Je peux rajouter Kundun ? :) C'est que je suis maniaque.
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Messagepar N°6 sur 19 Mar 2005 13:20

J'ai vu le film hier, et je partage totalement l'opinion de Torrance. "Million Dollar Baby" est un film superbe : superbement mis en image (les scènes de nuit dans la salle d'entraînement), superbement écrit, superbement caractérisé, et surtout superbement interprété par trois solides acteurs, bouleversants d'intensité et d'authenticité. Le film est assez simple dans sa facture et sa construction, mais de cette simplicité, de cette épure qui caractérise les grands films, qui n'ont pas besoin de gimmicks ou d'effets de réalisation tapageurs pour attirer l'attention. "Million Dollar Baby" repose sur une histoire simple mais solide, et fournit aux acteurs de quoi respirer et s'exprimer, de quoi suer et hurler. Bien que ce nouveau film d'Eastwood soit à nouveau une adaptation (d'un ensemble de nouvelles de F.X. Toole), on y retrouve les thèmes génériques du réalisateur, ses préoccupations, son style, son 'panache'. La façon qu'a Eastwood d'imprimer sa marque à un film si subtilement, si simplement, si modestement, et de construire une réflexion au fur et à mesure de ses films, qu'ils se situent dans le milieu du far-west, de l'armée, du cinéma ou de la boxe, qu'il s'agisse d'un western, d'un policier ou d'une romance, est remarquable. C'est en cela aussi que des films mineurs comme "Absolute Powers" ou "True Crime" sont intéressants, lorsqu'on les considère dans la perspective plus large de la filmographie du réalisteur. Mais je m'égare. "Million Dollar Baby" est non seulement un film purement Eastwoodien, mais c'est aussi une des plus grandes réussites du réalisateur, sans doute son meilleur depuis "Impitoyable", avec lequel il partage d'ailleurs plus d'un point commun. Une autre des forces de Clint Eastwood est de savoir si bien s'entourer, du scénariste au monteur en passant par le directeur de la photo (mention spéciale sur ce film), et bien sûr, ses acteurs.

On connait le talent de Morgan Freeman, on ne peut pourtant que louer à nouveau son interprétation sur "Million Dollar Baby", tout en sobriété et en subtilité, mais si intense. Et surtout Hillary Swank, nouvelle venue dans l'univers d'Eastwood mais absolument parfaite. On ne dira pas qu'elle a volé son Oscar. Les personnages, et pas seulement les trois principaux protagonistes, sont crédibles, authentiques, on leur devine une vie intérieure intense malgré leur dureté extérieure, on sent le combat qui caractérise leur existence, contre un boxeur ou contre la vie, contre la fatalité. Ils traînent un passé et un passif, y compris Swank, qui malgré son jeune âge comptabilise déjà toute une vie de galères et de misère derrière elle. Ce sont des personnages blessés par la vie, dont les meurtrissures extérieures sont le reflet physique, les stigmates de blessures plus profondes, plus spirituelles. Les persos parlent souvent de leur vie 'd'avant', avant que le film ne commence, avant l'histoire qui nous est contée, et ce passé pèse de tout son poids sur le présent narratif, occupe autant d'importance, sinon plus, que l'intrigue qui se noue lentement. Comment en sont-ils arrivés là, qu'ont-ils traversé, qu'est-ce qui les hante, comment la vie les a t-elle traités, comment ont-ils traité la vie, des questions qui sont abordées mais seulement partiellement : si des clés de compréhension nous sont fournies, grâce à quelques répliques impeccables ou à quelques plans tout simples mais qui en disent très longs, le principal nous est dérobé, voilé. On sent, on devine tout le poids du passé, une esquisse se forme, mais c'est au spectateur d'en compléter les traits, de s'imaginer ce à quoi leur vie a pu ressembler. Ce qui n'est pas nouveau dans un film d'Eastwood, pour qui les origines et le parcours définissent qui nous sommes et où nous allons, mais qui a rarement été aussi prégnant. Et rarement concernant un personnage aussi jeune que celui interprété par Hillary Swank, jeune fille d'à peine 32 ans mais déjà considérée comme une croûlante. Pour devenir une championne de boxe, mais aussi vis-à-vis de ce qu'elle a pu traverser. La relation qui se noue ainsi entre son personnage et celui d'Eastwood est passionnante, le film prenant son temps pour patiemment construire leur relation en même temps qu'il construit chacun des persos, gagnant progressivement en force et en rapidité, jusqu'à la dernière portion du film, déchirante, qui voit le dénouement de ce combat en 15 rounds que mènent les personnages contre la fatalité, championne du monde toute catégorie.

Patience et épure sont donc ce qui caractérise le film, qui va à l'essentiel mais qui ne néglige pas les détails révélateurs, au point que chaque plan, chaque réplique, finit par revêtir son importance. Et chaque absence, comme la dernière réplique, muette, de Swank, qui s'exprime à travers son regard, bouleversant (comme le sont ses rares mais éblouissants sourires), ou le destin ultime du personnage d'Eastwood, mystérieux, aussi mystérieux que ne l'a été son passé, nous invitant là encore à user de notre imagination, à décider pour nous-mêmes. "Million Dollar Baby" est ultimement un film sur deux êtres humains blessés, seuls, qui ont un rêve, une espérance sourde, qui n'est pas forcément celle à laquelle on penserait de prime abord, et qui se trouvent, pour ne plus se perdre. Le fait que le film se situe dans le monde de la boxe n'est pas capital, sinon pour signifier le combat, la lutte sans merci que chacun livre face aux autres et à soi-même, allégorie, parfaite dans le cadre du film, du parcours tourmenté des personnages. "Million Dollar Baby" n'est donc vraiment pas un film sur la 'winner-attitude' à la "Rocky", déclarant bêtement que quand on veut, on peut. La vie est plus complexe que cela, plus tortueuse, et le film finalement de s'interroger sur la fatalité et le degré de contrôle que l'on exerce sur sa vie... et sur sa mort. Sans y apporter de réponse définitive. A nouveau, à chacun de se faire son opinion. Si vous avez le courage de monter sur le ring.
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Re: "Million Dollar Baby" de Clint Eastwood

Messagepar danaly sur 22 Mar 2005 10:28

[quote="torrance"]
Je ne veux pas dire trop de choses, donc ce topic est ouvert uniquement puor vous exhorter à aller voir ce film dès qu'il sort. [b]N'écoutez pas la presse, ne lisez pas les critiques, zappez quand un reportage y est consacré. ALLEZ VOIR CE FILM VIERGE[/b] ET VOUS PRENDREZ UNE LEçON DE CINÉMA DÉNUÉE DE TOUTE HYPE ET DE TOUT CONDITIONNEMENT.
[/quote]

Je m'arrête donc à ce 1er post :)
De toute façon il suffit que Clint Eastwood soit devant et/ou derrière la caméra pour que je me jette dessus :shock:
Je trépigne d'impatience !

J'ai récemment revu "Impytoyable" en dvd...magnifique...
En bonus, un sympathique reportage (commenté pas l'acteur John Cusak), retraçant ça carrière d'acteur et de réalisateur...des archives qui m'ont donné envie de remplir nos étagères de toute sa filmographie ! va falloir économiser...
[b][url=http://www.cfsl.net/forum/viewtopic.php?t=24932&postdays=0&postorder=asc&start=/url/]Mon Fil Photo sur "CaféSalé"[/url][/b]
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Messagepar danaly sur 23 Mar 2005 15:26

Un petit quelque chose que j'avais fait rapidos après la victoire aux Oscars pour "Million Dollar Baby" :wink:

[url=http://www.imageshack.us][img]http://img91.exs.cx/img91/1968/clinteastwoodwanted1bo.jpg[/img][/url]
[b][url=http://www.cfsl.net/forum/viewtopic.php?t=24932&postdays=0&postorder=asc&start=/url/]Mon Fil Photo sur "CaféSalé"[/url][/b]
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Messagepar N°6 sur 24 Mar 2005 11:50

Classe, bien joué pistolero :wink:

J'ai changé le topic en annonce, de façon à ce qu'il reste en haut du forum pendant au moins une semaine. "Million Dollar Baby", un film recommandé par EpidermiQ' ! (euh, par moi en tout cas :mrgreen:)
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yep ! bien vu !

Messagepar Guigui sur 24 Mar 2005 11:52

[quote="N°6"] "Million Dollar Baby", un film recommandé par EpidermiQ' ! (euh, par moi en tout cas :mrgreen:)[/quote]
Je confirme, d'ailleurs il est sur ma longue liste des films à voir en ce moment...
[url=http://forum.ouaisweb.com:/viewforum.php?f=77][b]Qui a dit que la fin du monde c'était pas télégénique ?[/b][/url]
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Messagepar danaly sur 24 Mar 2005 12:36

"Eprouvant"
...c'est ce qui me vient à l'esprit...mais pas du tout dans le sens péjoratif du terme.

J'ai littéralement "vécu" ce film de la 1ière minute à la dernière seconde...j'y ai mis toute mon énergie.

Je suis sorti de la salle dans un état réel d'épuisement physique et moral...
vidée par la force de l'action, de la réflexion, de l'émotion.

La bouche sèche, le souffle coupé à plusieurs reprises (qui a eu pour effet de me donner des crampes au bide)...incroyable.

Ce film il ne se raconte pas il se vit !

Ps: en VO tellement plus puissant...enfin, si c'est encore possible :wink:
[b][url=http://www.cfsl.net/forum/viewtopic.php?t=24932&postdays=0&postorder=asc&start=/url/]Mon Fil Photo sur "CaféSalé"[/url][/b]
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Messagepar marita corabuvias sur 28 Mar 2005 20:32

Un très bon film en effet.Clint Eastwood met une telle beauté,humanité dans ce film c'est merveilleux.Le perso de Swank tellement imparfait mais tellement motivé qu'il en devient touchant,Clint Eastwood merveilleux encore une fois,et Morgan Freeman qui me saoule d'habitude a été très bien.
ha que que que il est mignon ha que que que il est trognon!
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Messagepar pippinvert sur 30 Mar 2005 10:59

C'est un mélo qui ne tombe jamais dans la facilité. Plutôt que de nous montrer le côté larmoyant à grand renfort de violons, CL privilégie l'aspect brut des situations, il préfère suggérer plutôt que montrer, utilise les ellipses à bon escient.

**SPOILERS**

[color=white]A mon avis, loin d'être condamnable le geste de Frankie à la fin ne peut que relancer le débat sur l'euthanasie. (si toutefois il avait cessé...) le film ne juge pas son geste, ce n'est le but de ce film mais on peut se poser la question de savoir si dans l'Amérique d'aujourd'hui, un tel geste pourrait resté sans conséquence.
[/color]

C'est un très beau film, beaucoup réussi que "Mystic River".
Il faut que tu respires, c'est demain que tout empire.
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Eastwood...

Messagepar tonnerre de brest sur 30 Mar 2005 16:44

[quote]ALLEZ VOIR CE FILM VIERGE ET VOUS PRENDREZ UNE LEçON DE CINÉMA DÉNUÉE DE TOUTE HYPE ET DE TOUT CONDITIONNEMENT.
[/quote]

C'est exactement dans cet esprit que je suis allé le voir.

Ce film m'a dépassé, terrassé. Il me rend muet.
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Re: Eastwood...

Messagepar N°6 sur 30 Mar 2005 16:58

[quote="tonnerre de brest"]
Ce film m'a dépassé, terrassé. Il me rend muet.[/quote]

Maintenant tu comprends pourquoi je n'ai tjrs pas parlé du film de Scorcese :lol: :wink:
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Aucune excuse

Messagepar tonnerre de brest sur 30 Mar 2005 17:42

[quote="N°6"][quote="tonnerre de brest"]
Ce film m'a dépassé, terrassé. Il me rend muet.[/quote]

Maintenant tu comprends pourquoi je n'ai tjrs pas parlé du film de Scorcese :lol: :wink:[/quote]

Non, je ne comprend pas, ni pour toi, ni pour torrance. :aha:
AUCUNE EXCUSE. :P

Les grands films ne s'effacent pas les uns les autres. Malpôli !:wink:
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Esthétique de la disparition

Messagepar tonnerre de brest sur 31 Mar 2005 23:39

Bon, je me suis remis. Ce film m'a inspiré une Nalyse sur l'oeuvre d'Eastwood et sur "Million Dollar Baby", évidemment.
J'aimerais vraiment avoir votre avis. :wink:
Je précise que je ne parle que des films réalisés et joués pat Clint Estwood: dans le cas contraire, j'indique le nom du metteur en scène. voilà !

[b][size=150]Esthétique de la disparition[/size][/b]

Le cinéma de Clint Estwood a la particularité de se fonder sur la propre représentation mythique de l’acteur, et de la transformation de cette « statue » cinématographique en homme qui vieillit. Etrange paradoxe où le cinéaste et l’acteur trouvent d’autant plus de substance qu’ils représentent un corps qui s’essouffle. Ce paradoxe se confirme dès son deuxième film en tant que réalisateur, preuve s’il en est que cette obssession ne date pas d’hier.

[u][b]L’archétype « Clint Eastwood » :[/b][/u]

Clint Eastwood continue dans l’imaginaire collectif à incarner les personnages hauts en couleur de Sergio Leone : chapeau de cow-boy, poncho, et cigare qui passe d’une extrémité de la bouche à l’autre en moins d’une seconde, la réplique qui fait mouche, et que tout le monde connaît par cœur. L’Europe a fait d’Eastwood une icône. Son retour aux Etats-Unis confirme ce processus. Fini, le cow-boy, mais Don Siegel lui attribue le costume d’une autre icône : celle du flic expéditif, radical et cruel au nom du respect des lois : l’inspecteur Harry.

Il y a donc bien deux archétypes Eastwood, quasiment une statuaire, avec ses codes, ses rites.
Et surtout la présence d’un corps, fort, dense, puissant pour les incarner.
Dès qu’il passe derrière la caméra, Eastwood n’a désormais de cesse de « désincarner » ces archétypes, filmant des histoires aux accents souterrainement métaphysiques dans sa jeunesse, puis prenant à témoin le vieillissement de son propre corps, comme personne ne l’a jamais fait auparavant.

[img]http://www.holott.org/soares/images/Clint-Eastwood-gp.jpg[/img]

Vous souvenez-vous du premier plan de l’ « L’Homme Des Hautes Plaines », seconde réalisation d’Eastwood (1973) ? Un désert coloré où l’image devient flou et vacillante sous l’effet de la chaleur. Au loin, un cavalier se dirige vers la caméra. Comme un homme débarquant d’un monde d’en-deça du miroir de la réalité. L’image suggérée de l’arrivée d’un ange rédempteur. Ce cavalier s’installe dans une ville qu’il va faire tourner en bourrique. Le flottement du début cède la place au cow-boy version Leone, mais le mystère entourant ses motivations fait de ce corps encore archétypal un corps énigmatique. Jusqu’à ce que sa mission achevée, il reparte comme il est apparu, auréolé de son aspect d’ange sarcastique. Subtilement, sans déroger aux lois du western, « l’archétype Leone » devient archange.

Douze ans plus tard, Estwood revient dans un rôle identique, poussé à l’extrême : « Pale rider » (1985). La rupture avec l’esthétique du western italien est faite : au régions désertiques écrasées de chaleur, Eastwood préfère un hameau de montagne, entouré de forets denses, et de neige immaculé dont il surgit, nouvel archange rédempteur : qui est ce « Cavalier solitaire », quelle justice biblique vient-il rendre, quel est sa nature ? Plus encore ce corps stigmatisé semble animer d’une substance « autre » que celui des hommes ordinaires, créant un trouble qui désormais interfère les codes du western tout court.

Pendant ce temps, Clint Eastwood travaille sur l’autre archétype qui lui colle à la peau : celle du flic urbain et violent. Le second opus de la série des « inspecteurs Harry » (réalisé par Ted Post) remet tout de suite les pendules à l’heure : Harry n’est pas un fasciste et ses émules qui outrepassent les lois pour faire régner l’ordre se méprennent sur sa vrai nature. Il termine l’entreprise de démolition du héros en réalisant lui-même « Sudden Impact » (« Le Retour de l’Inspecteur Harry ») en 1983 (2 ans avant « Pale rider », en faisant du personnage un antihéros « sur la corde raide », un homme désabusé, en marge, revenu de tout.
Tout en expliquant la volonté implacable de résister à la corruption du personnage, en reprenant un rôle de flic dans la très politique « Epreuve de Force » (1977), il le tourne en dérision dans le très comique « La Relève », avec Charlie Sheen. Toute substance sérieuse de l’archétype est aspirée par l’autodérision jubilatoire.
Le film porte bien son nom : fini, les polars.

Tout cela signifie-t-il qu’il renie son passé ? Absolument pas. Mais Clint Eastwood est arrivé à un âge où son corps vieillit, et où l’idée de sa propre finitude le hante. La statue s’effrite, mais au lieu de le cacher, il va en faire un des thèmes même de ses films.

Le traitement du corps ne va plus être celui d’un archange ou d’un être en rupture.
Il va au contraire se montrer, se mettre à nu, et donner à voir cette longue transformation du physique au sens strict du terme.

[u][b]L’archétype d’argile :[/b][/u]

« Impitoyable » (« Unforgiven », ce qui n’a pas vraiment le même sens) marque le tournant. Et c’est précisément à ce moment qu’il dédie un film : à Sergio Leone et Don siegel. L’archétype fondateur et ses créateurs ne sont pas oubliés. Au contraire.

Ce film raconte en tout premier lieu comment naissent les légendes et …les archétypes. Récit sur le récit. Comment Buffalo Bill devient l’icône consacrée par la fictionnalisation menée par les hagiographes (cf. le journaliste à qui Gene Hackman raconte sa vie). Comment la violence de la conquête de l’ouest débarrassée de son caractère épique se révèle : il est difficile d’abattre un homme. Comment la richesse des Etats-Unis s’est forgée sur le prix du sang (à comparer avec Cimino et ses « Portes du Paradis », Cimino ayant été mis en selle dans le cinéma, si je puis dire, par Eastwood lui-même), et combien ses fondations sont branlantes (comme la maison que construit Hackman, le sherrif).

Clint Eastwood interprète un tueur déchu, dont la rédemption est venue grâce à son épouse, et présente le personnage comme misérable, traîné par les porcs dans leur purin. Seule la tentation de sortir de cette misère lui fera accomplir une dernière mission meurtrière (et non plus angélique, comme auparavant), où il perdra son meilleurs ami, interprété par Morgan Freeman. Le mythe se paie par le sacrifice, mais pas un sacrifice exaltant : une besogne ignoble justifiée par un crime amplifié par le bouche à bouche, où il devient responsable de la l’exécution de son meilleur ami.

Les scènes nocturnes sont particulièrement parlantes. On ne dira jamais assez combien Clint Eastwood crée parmi les plus beaux éclairages du monde avec son chef opérateur. Les lumières se détachent par auréoles, rares, et le corps d’ Eastwood devient une ombre dans les ténèbres : celle dont il s’est extirpé et où il revient, celles qui désormais l’entourent de leur attente patiente et prédatrice. Un homme prêt à la nuit.
Le plan final le montre qui disparaît progressivement de l’image. Un texte indique que William Munny, le bandit sanguinaire, a fait de fructueuses affaires avec l’argent gagné dans l’horreur.

Les dés sont jetés : le corps d’Eastwood commence son dévoilement, son effacement.

Il rendosse l’uniforme de policier pour « Un Monde Parfait » (« A Perfect World »), 1993, qui dépasse largement le cadre du monde policier. Poursuivant sa réflexion sur la violence (suite à de nombreuses émeutes dans les ghettos américains), il joue l’antithèse de Harry, un flic qui est responsable de la délinquance de l’homme qu’il poursuit (joué par Kevin Costner), quelqu’un d’usé, fatigué, saisissant ses erreurs, vidé de toutes ces certitudes : l’antithèse de Harry. Un corps las poursuivant un être condamné et conditionné par l’injustice sociale. L’homme politique républicain qu’est Clint Eastwood n’a plus rien de républicain. C’est la continuation de la remise en question des convictions amorcée avec « Impitoyable ».

Cette mise à nu morale trouve son pendant dans la mise à nu physique : Clint Eastwood peut désormais se déshabiller à nouveau. Son nouveau film s’intitule « Sur la route de Madison » (1995). Il faut se référer au titre original : « The Bridges of Madison County » : œuvre de passage et de passation métaphorisée par les ponts de bois du comté de Madison. L’histoire vient du souvenir légué aux vivants : deux adultes découvrent que leur mère eut jadis une liaison avec un photographe. Clint Eastwood parle déjà de lui au passé.

Et ce n’est pas la moindre des gageures que d’avoir raconté cette histoire d’amour entre un homme commençant à entrer dans la vieillesse et qui dévoile un corps ridé, dans des scènes érotiques subtiles rappelant que l’amour est une éternelle jeunesse.

Mais peut-on rester éternellement jeune ? Dans « Jugé Coupable » (« True Crime »), 1998, le réalisateur se filme à nouveau dénudé, dans une absence de pudeur qui révèle les marques de l’âge. Comme s’il voulait mettre progressivement en scène sa décrépitude. Journaliste has been, continuant désespérément à vouloir séduire malgré son âge, il se montre aussi immature que convaincu dans la réparation d’une injustice. Mais à la toute fin du film, lorsqu’il croise l’homme qu’il a sauvé de la peine capitale, ils se font un simple signe de la main, de la tête. Le corps-Eastwood est-il encore tangible ? Ses envies de séductions ne sont-elles pas que des illusions ? Il ne lui reste que la nuit et les ombres de la solitude.

Tout l’entraînement des héros de « Space Cow-boy » enfonce le clou sur les seniors, hommes du passé et dépassé, à première vue seulement. Troisième film dénudé. A montrer des fesses de vieillards (exagérément) dont les pulsions redeviennent enfantines (merveilleux Donald Sutherland toujours à courir la gueuse), Eastwood se risquait au pire. Mais l’humanité, la volonté de revanche, de baroud d’honneur sur le temps, rend profondément émouvant ces hommes qui poursuivent un rêve. Ils le poursuivent tant que l’un d’eux devient un miroir, un corps gisant sur la Lune, le casque reflétant la Terre, l’Humanité.
Une finitude qui lègue une image sur une allégorie d’écran: métaphore eastwoodienne par excellence.

[u][b]Une figure qui s’estompe :[/b][/u]

Et voici « Million Dollar Baby », méditation douloureuse sur le temps gâché et sur le temps pleinement vécu, sur la solitude inexorable de la vieillesse, sur l’amour de l’autre, sur l’Amour qui défie le temps.

Pas de nudité ici, mais le constat d’un visage anguleux, au cou extrêmement ridé, aux bras où flottent les muscles. L’incarnation d’une fragilité. Mais de quelle fragilité parle-t-on quand ce même corps en forme un autre par mimétisme ? La force, c’est le courage de Maggie. La substance de Frankie, c’est le punch de cette jeune femme, fille de substitution d’abord recréant l’amour filial, avant de devenir une femme aimée.
Morgan Freeman, l’alter ego âgé, ne cesse de raconter ce que fut la vie de Frankie, sauf l’essentiel : ce qui a motivé sa rupture avec sa famille. Cette vie au si lourd passif de non-dit, qui contraste avec l’irrésistible ascension de Maggie qui en quelques années accomplira son rêve. Tout ce qu’il énonce se rapporte en fait au présent, une énumération de leçon de vie entremêlées de leçons de boxes, ce sport où tout va à l’envers, et qui finit par briser le jeunesse quand le manager finira vieux et seul.

Le film est exactement éclairé comme « Impitoyable ». Mais faites la comparaison et vous verrez que l’ombre a gagné du terrain. Rien n’est plus évocateur que des corps dont le visage est noyé dans l’ombre : Morgan Freeman apparaît à Maggie quand elle s’entraîne : son torse est éclairé, pas sa figure. Frankie apparaît dans les mêmes conditions : son visage est dans le noir : comme si ces deux hommes étaient en partance. Mais L’appel de Maggie l’emporte et les deux hommes surgissent dans la lumière. Il n’empêche : quand Frankie prend son sac de médicaments, les ombres sont portées tout autour de son visage, et c’est juste si sa face émerge de l’obscurité : éclairage d’une minutie éblouissante pour marquer la présence insistante de la nuit. Il croira accomplir son acte seul. Mais son ami est là, tapi dans l’ombre, absent et présent à la fois, soutien permanent et sans faille, témoin de la disparition. Clint Eastwood s’éloigne dans le couloir et sort par la droite, par la porte. Tout simplement.

Alors il ne reste que les mots pour incarner celui qui s’est rendu absent, et le monologue de Freeman éclaire le film d’un sens nouveau : il écrit à cette fille revancharde qui a renié son père. Les mots sont de la chair. Le Verbe est la présence de ce qui était, de ce qui est. « Voilà qui était cet homme ». Eastwood parle encore de lui au passé.

Mais sur cette phrase il y a cette silhouette derrière la fenêtre embuée de cet endroit où les tartes au citron ont un goût de Paradis. Le corps s’estompe, dans un plan qui semble vouloir syncrétiser l’œuvre entière du cinéaste.

Il reste à Clint Eastwood d’autres films à faire. A chaque fois tout le monde crie au chef d’œuvre indépassable (c’était le cas avec « Impitoyable »). Clint Eastwood est bien encore là, et ne finira pas de nous surprendre. Indépassable est un mot qui ne lui va pas. Il se dépasse toujours.
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rien à redire

Messagepar Guigui sur 01 Avr 2005 0:18

Magnifique analyse, je n'ai pas vu son dernier film (je sais, je sais mais moi le ciné en ce moment) mais je suis complètement d'accord et transporté par cette analyse de la carrière du monstre que je partage totalement.

Sinon, niveau présentation tu t'améliores, je t'ai rajouté une image pour que soit un peu illustré. La prochaine fois pense peut être à mettre les titres en italique : ça peut le faire ;)
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Messagepar tonnerre de brest sur 01 Avr 2005 1:45

Heureux que ça t'ait plu ! :D
Et merci pour la photo, qui est superbe (ou est-ce le charme de Clint Eastwood qui fonctionne à chaque fois ?) et illustre parfaitement le propos. :wink:
Il ne faut pas rater ce film ! S'il y en a un seul en ce moment, c'est celui-là ! :)
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Messagepar chance sur 04 Avr 2005 8:16

Très beau film avec une histoire simple ! Vous avez tout dit, je ne rajoute rien, là dessus.

Et une bande son EXCEPTIONNELLE signé C.Eastwood !! Son travail de cinéaste, je le connaissais mais là je fus bluffé par son travail sur la music du film. :D

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Messagepar MaRiNa sur 04 Avr 2005 11:00

Belles analyses!!! :wink:

J'aime bien la présentation de tes analyses Tonnerre, j'aime bien quand c'est clair au premier regard.

Je suis allée voir le film hier soir, et au début je n'étais pas très chaude pour y aller, parce que je pensais que ça ne parlerait que de boxe, qu'il n'y auraient que des beignes pendant 2h30...

Eh bien je n'ai absolument pas été déçue, bien au contraire j'ai été très agréablement surprise.

C'était tout psychologique, et la boxe était en fait une métaphore. Frankie entraineur de boxe entraine en fait les gens à se battre contre la vie, pour ne pas qu'ils finissent comme lui, rejeté par sa fille ou encore responsable de quelque chose (comme la perte de l'oeil de Scrap, l'oeil n'étant pas choisi au hasard, c'est ce qu'il y a de plus important).
Maggie et les autres boxeurs se battent contre la dureté de la vie, mais ils veulent en même temps prouver au monde et surtout se prouver à eux-mêmes jusqu'où ils peuvent aller, qu'ils sont courageux et que c'est eux qui maîtrisent tout.

La présence de Danger est importante aussi, ça nous montre bien l'aspect psychologique du film: même une personne fragile, paumé, qui ne sait pas où il en est ni ce qu'il fait dans ce monde (brève mais belle image de la voiture laissant Danger au milieu de la route) peut se battre pour trouver un sens à sa vie et luttant contre la dureté et les moqueries des autres, qui sont plus à l'aide dans ce monde, mais pas forcément plus authentiques ("j'ai connu des gens qui ont du coeur" puis en parlant du black qui se moque de Danger "il n'a qu'un petit pois au coeur"). Le pantalon est d'ailleurs une image (je pense). Danger est le seul qui n'a pas de pantalon, c'est le seul qui ne s'est pas forgé de carapace. Il est conscient qu'il est faible, il se montre tel qu'il est, et se fiche des moqueries des autres: il continue à se battre dans le vide (belle image aussi, vu que personne ne l'aide au début, tout le monde l'ignore, il n'avance pas et n'est que vide lui aussi, il n'a pas trouvé sa direction), et va même jusqu'à défier les autres. Il compte sur lui-même pour avancer, il ne demande simplement qu'à trouver le panneau de direction qui va l'inciter à faire tourner le moteur comme il faut pour qu'il puisse appuyer sur l'accélérateur. Parce qu'une voiture conduite uniquement avec la pédale d'embrayage, elle fait pas 10m. (moi c'est comme ça que je vois l'image de Danger, l'image de la voiture pourquoi pas).

Son retour est capital aussi, on le croyait perdu, on croyait tout le monde perdu: Maggie a crevé, Frankie est parti on ne sait où, le joueur que Frankie entrainait est parti combattre (depuis un moment déjà, mais ça accentue l'idée du néant à la fin). D'ailleurs, comparez la salle d'entrainement au début du film, et cette même salle à la fin: cherchez la différence.
Au début, c'est bondé, il y a à peine la place de circuler, il y a la vie, la volonté, l'espoir.
A la fin, c'est vide, tout le monde est parti. On voit simplement un boxeur boxer contre le gros truc (je sais pas comment ça s'appelle, mes connaissance en boxe et en matos de boxe est très limité, mais ceux qui ont vu le film savent de quoi je parle, hein pas vrai?? lol). Et Morgan Freeman est abandonné, même de Frankie (qui ne lui a pas dit à lui non plus où il est parti).
Et d'un coup, on voit des jambes se rapprocher, d'un pas assuré. On se dit que Frankie est revenu. Et on voit Danger, toujours aussi foufou et motivé pour combattre, toujours aussi certain de vouloir démarrer pour pouvoir se diriger et suivre les panneaux de direction pour avancer sur le chemin de la vie (oh la phrase!! mdr). Et c'est là qu'on se dit qu'il ne faut jamais baisser les bras, qu'il faut continuer à espérer, et que ce ne sont pas forcément les moins sûrs d'eux ni les plus fragiles qui abandonnent le plus facilement.

Et c'est là qu'on se dit que même si on crève ou qu'on est abandonné, la vie a quand même un sens qu'il faut suivre, et tant qu'on roule toujours, qu'on a la possibilité et les moyens de rouler, il faut savourer et regarder devant soi bien sûr, mais aussi regarder le paysage et en profiter, et regarder derrière soi s'il n'y a pas un danger, mais sans se retourner complètement (sinon devant t'es cuit). Non, il ne faut pas vivre au passé, sinon tu souffres, tu ne maîtrises plus rien, et tu en meurs. Il ne faut pas négliger ce qu'on a derrière soi, mais il faut simplement retenir les événements-clé pour continuer à avancer tout en maîtrisant toujours sa vie, son véhicule. D'après vous, pourquoi les voitures ont des rétros arrière? :mrgreen:

C'est ce qui me fait dire que l'avenir de Frankie est incertain. Où va-t-il? Savait-il où il allait aller quand il est sorti de l'hôpital après avoir aidé Maggie à freiner, progressivement, en douceur? Ca on en sait rien. On ne sait pas s'il avait la maîtrise de sa voiture, à force de regarder derrière (les lettres renvoyées tous les jours prouvent bien qu'il ne profite pas comme il le devrait, du paysage, et son refus de faire combattre son premier boxeur prouve aussi qu'il ne regarde pas toujours devant lui). S'est-il heurté (plus ou moins sciamment) à la voiture de devant ou à un autre obstacle, ou a-t-il simplement changé de direction?

Comme l'a dit N°6, passé flou, avenir flou. On ne le sait pas, et Frankie ne le sait peut-être pas lui-même. en fait Danger est une sorte de Frankie, aussi paumé, aussi dubitatif sur sa présence sur la route, aussi rejeté par les autres. Mais à la fin, Frankie n'a plus rien, et Danger a tout. Et là ça rejoint ce qu'a dit Tonnerre sur la vieillesse dans les films de Clint Eastwood.
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Messagepar underhilldaisy sur 11 Avr 2005 11:14

je l'ai vu hier soir et j'ai bien aimé, c'est un bon film ...
je savais avant même d'y aller que ce ne serait pas que "boxe" et qu'on aurait justement àdroit toute la subtilité dont clint eastwood sait faire preuve ...
par contre je ne m'attendais pas vraiment à cette fin là, enfin je me doutais que ca ne finirait pas super bien, ne serait qu'à l'ambiance du film, mais c'était tout de même assez "trash" si je puis dire ....
en tout cas c'est un bon film, un peu long par moments je trouve, subtil, émouvant,on se prend quand même facilement à apprécier la boxe, en tout cas moi ...
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