Belles analyses!!! :wink:
J'aime bien la présentation de tes analyses Tonnerre, j'aime bien quand c'est clair au premier regard.
Je suis allée voir le film hier soir, et au début je n'étais pas très chaude pour y aller, parce que je pensais que ça ne parlerait que de boxe, qu'il n'y auraient que des beignes pendant 2h30...
Eh bien je n'ai absolument pas été déçue, bien au contraire j'ai été très agréablement surprise.
C'était tout psychologique, et la boxe était en fait une métaphore. Frankie entraineur de boxe entraine en fait les gens à se battre contre la vie, pour ne pas qu'ils finissent comme lui, rejeté par sa fille ou encore responsable de quelque chose (comme la perte de l'oeil de Scrap, l'oeil n'étant pas choisi au hasard, c'est ce qu'il y a de plus important).
Maggie et les autres boxeurs se battent contre la dureté de la vie, mais ils veulent en même temps prouver au monde et surtout se prouver à eux-mêmes jusqu'où ils peuvent aller, qu'ils sont courageux et que c'est eux qui maîtrisent tout.
La présence de Danger est importante aussi, ça nous montre bien l'aspect psychologique du film: même une personne fragile, paumé, qui ne sait pas où il en est ni ce qu'il fait dans ce monde (brève mais belle image de la voiture laissant Danger au milieu de la route) peut se battre pour trouver un sens à sa vie et luttant contre la dureté et les moqueries des autres, qui sont plus à l'aide dans ce monde, mais pas forcément plus authentiques ("j'ai connu des gens qui ont du coeur" puis en parlant du black qui se moque de Danger "il n'a qu'un petit pois au coeur"). Le pantalon est d'ailleurs une image (je pense). Danger est le seul qui n'a pas de pantalon, c'est le seul qui ne s'est pas forgé de carapace. Il est conscient qu'il est faible, il se montre tel qu'il est, et se fiche des moqueries des autres: il continue à se battre dans le vide (belle image aussi, vu que personne ne l'aide au début, tout le monde l'ignore, il n'avance pas et n'est que vide lui aussi, il n'a pas trouvé sa direction), et va même jusqu'à défier les autres. Il compte sur lui-même pour avancer, il ne demande simplement qu'à trouver le panneau de direction qui va l'inciter à faire tourner le moteur comme il faut pour qu'il puisse appuyer sur l'accélérateur. Parce qu'une voiture conduite uniquement avec la pédale d'embrayage, elle fait pas 10m. (moi c'est comme ça que je vois l'image de Danger, l'image de la voiture pourquoi pas).
Son retour est capital aussi, on le croyait perdu, on croyait tout le monde perdu: Maggie a crevé, Frankie est parti on ne sait où, le joueur que Frankie entrainait est parti combattre (depuis un moment déjà, mais ça accentue l'idée du néant à la fin). D'ailleurs, comparez la salle d'entrainement au début du film, et cette même salle à la fin: cherchez la différence.
Au début, c'est bondé, il y a à peine la place de circuler, il y a la vie, la volonté, l'espoir.
A la fin, c'est vide, tout le monde est parti. On voit simplement un boxeur boxer contre le gros truc (je sais pas comment ça s'appelle, mes connaissance en boxe et en matos de boxe est très limité, mais ceux qui ont vu le film savent de quoi je parle, hein pas vrai?? lol). Et Morgan Freeman est abandonné, même de Frankie (qui ne lui a pas dit à lui non plus où il est parti).
Et d'un coup, on voit des jambes se rapprocher, d'un pas assuré. On se dit que Frankie est revenu. Et on voit Danger, toujours aussi foufou et motivé pour combattre, toujours aussi certain de vouloir démarrer pour pouvoir se diriger et suivre les panneaux de direction pour avancer sur le chemin de la vie (oh la phrase!! mdr). Et c'est là qu'on se dit qu'il ne faut jamais baisser les bras, qu'il faut continuer à espérer, et que ce ne sont pas forcément les moins sûrs d'eux ni les plus fragiles qui abandonnent le plus facilement.
Et c'est là qu'on se dit que même si on crève ou qu'on est abandonné, la vie a quand même un sens qu'il faut suivre, et tant qu'on roule toujours, qu'on a la possibilité et les moyens de rouler, il faut savourer et regarder devant soi bien sûr, mais aussi regarder le paysage et en profiter, et regarder derrière soi s'il n'y a pas un danger, mais sans se retourner complètement (sinon devant t'es cuit). Non, il ne faut pas vivre au passé, sinon tu souffres, tu ne maîtrises plus rien, et tu en meurs. Il ne faut pas négliger ce qu'on a derrière soi, mais il faut simplement retenir les événements-clé pour continuer à avancer tout en maîtrisant toujours sa vie, son véhicule. D'après vous, pourquoi les voitures ont des rétros arrière?
C'est ce qui me fait dire que l'avenir de Frankie est incertain. Où va-t-il? Savait-il où il allait aller quand il est sorti de l'hôpital après avoir aidé Maggie à freiner, progressivement, en douceur? Ca on en sait rien. On ne sait pas s'il avait la maîtrise de sa voiture, à force de regarder derrière (les lettres renvoyées tous les jours prouvent bien qu'il ne profite pas comme il le devrait, du paysage, et son refus de faire combattre son premier boxeur prouve aussi qu'il ne regarde pas toujours devant lui). S'est-il heurté (plus ou moins sciamment) à la voiture de devant ou à un autre obstacle, ou a-t-il simplement changé de direction?
Comme l'a dit N°6, passé flou, avenir flou. On ne le sait pas, et Frankie ne le sait peut-être pas lui-même. en fait Danger est une sorte de Frankie, aussi paumé, aussi dubitatif sur sa présence sur la route, aussi rejeté par les autres. Mais à la fin, Frankie n'a plus rien, et Danger a tout. Et là ça rejoint ce qu'a dit Tonnerre sur la vieillesse dans les films de Clint Eastwood.
Before I'd lay down to rest I'd throw away everything to live.
(A.F.I)