[quote]Sinon aucune réaction ? Ah bon...[/quote]
Si. :wink:
Voici quelques extraits d'un article de l'Humanité Hebdo des 11 et 12 décembre concernant le téléfilm. Des extraits car l'article est très long (quasi toute une page de présentation du programme TV), et ça donne[u] [b]très envie[/b].[/u] (lire réaction après l'article).
L'histoire racontent des faits réels.
"Avec cette plongée suffocante au coeur de la "carlingue", le QG français de la gestapo mené à la shlag par Bony et Lafont,Canal + ouvre une collection de téléfilms revenant sur ce passé qui ne passe pas, sur ces épisodes de notre histoire que la télé n'aborde que rarement. [...]
Petit à petit, Michel Blanc, qui ne fait là office que de passeur, remonte le fil de l'histoire [...] de cette collaboration active entre truands et flics à qui les autorités allemandes ont fourni faux-papiers et sauf-conduits. [...] L'horreur est ténue. Mais palpable. Parfois à peine perceptible. Comme cette tablette à bascule permettant au bourreau de ne pas se fatiguer lorsqu'il fait subir le supplice de la baignoire à une de ses vitimes. Ou encore comme cette conversation téléphonique en sourdine au fond du bureau de Lafont tandis qu'un de ses hommes de main lui apporte la tête d'un huissier qu'il vient de tuer après avoir éliminer un anonyme: "Oui, vous êtes bien au 93, rue Lauriston, sussurre une voix féminine. C'est pour une dénonciation ? Oui... Vous êtes sûr de l'adresse ?"...
Jean-Claude Grumberg ne voulait pas "faire un film historique. D'ordinaire, je parle plus souvent des victimes que des bourreaux. [...] Et puis le producteur Jean-Pierre Guerin est venu me chercher".
Quand le réalisateur Denys Granier-Deferre lut son scénario, il lui demanda: "C'est quoi, la morale ?". Et le scénariste de répondre:"Il n'y a pas de morale et rien n'a pas changé [sic] Débrouille toi avec ça..." Ne -serait-ce Samuel Le Bihan-"notre seul lien avec l'humain."-dixit" [Grumberg.
Ce dernier n'a pas voulu] faire de ses personnages des "héros". Car, "pris hors contexte, ce sont des truands, des "bandits d'honneur" [...] qui se retrouvent [...] du coté de l'ordre et du pouvoir. Ils en profitent alors sans scrupule. Mais il était hors de question qu'on puisse se dire qu'ils n'avaient pas de conscience. D'où l'ambyvalence de ces personnages. Car, ce dont j'ai voulu parler, c'est d'un système. Par exemple, sous l'occupation, la police a appris...le fichage. Car, sinon, comment faire pour traquer les juifs, pour "aryaniser" les entreprises ?".
En ligne de mire aussi, une époque "où, rappelle le scénariste, des fortunes entières se sont faites et défaites." [...] Réplique du patron de l'inspecteur Blot: "vous auriez mis moins de temps en dressant la liste de ceux qui n'ont pas mis les pieds rue Lauriston". [...]
Denys Granier-Deferre d'embrayer: "ce que nous renvoit Michel Blanc à la fin du film, par son regard, c'est: "Et vous, qu'auriez-vous fait ?" ". [...]Comme le rappelle le scénariste: [...] on a eu une totale liberté" [...]. D'où un "film qui gratte, qui dérange", dixit le réalisateur. Une sorte de puzzle. Mais en aucun cas, je ne pourrais défendre ces personnages. Juste essayer de les comprendre".
Daniel russo campe d'ailleurs avec brio un Henri Lafont tout en ambiguïté, entre folie des grandeurs [...] et collaborationnisme, capable de tuer de sang-froid un enfant ayant refusé de lui vendre une poignée de résistants qu'il voulait éliminer: "j'ai pu, avec ce film, me glisser dans la peau du genre de type auquel ma famille a eu affaire. Puisqu'elle est morte dans les camps, assène-t-il. Je sais que certains ne pourront pas me voir habillé en SS. Mais pour moi, c'est le genre de film qu'on devrait diffuser dans les écoles..."
[b]Sébastien Homer[/b]
Avec ces différentes annonces, celle de Guigui, celle de l'Huma, je ne peux que regretter une fois de plus de ne pas avoir Canal +. D'ailleurs, Guigui, si tu pouvais savoir par tes moyens secrets si une diffusion sur le service public est prévue...
Canal + adopte une attitude courageuse en produisant ce type de téléfilms, en regardant de face la brutalité de la milice et des collabos contre les résistants ou les personnes destinés à être rayés de la planète par le reich. On ne parle hélas pas assez de cette collaboration de base française qui ne se traduisait pas que par les décisions de hautes instances, mais aussi par les miliciens, ici certains policiers et certains truands. Comme si l'histoire était vue de la face sombre du pays, alors en guerre civile.
France 2 avait permis la réalisation d'un magnifique "Jean Moulin " (à ne pas confondre avec la version TF1, moins bonne, à tous points de vue), et déjà, la fiction rappellait à une réalité sur la complexité de la situation, humanisant celui qui reste un mythe précisément parce que la mise en scène, le jeu d'acteur de Charles Berling, la qualité des dialogues et certaines mises au point (son amitié avec Pierre Cot, son rôle pendant le Front Populaire) rendaient accessibles cette conscience.
Bien sûr ce ne sont que des miroirs multiples de la réalité d'alors dont il est de plus en plus difficile de clarifier l'étendue des complications. Mais au-delà du pari didactique nécessaire, l'exigence de la réalisation permettait un rapport de l'esthétique à l'Histoire d'une grande qualité.
Je parie qu'il en sera de même avec "93, rue Lauriston". Denys Granier-Deferre fait de bons téléfilms, et le sujet peut le transcender. Les nuances de mise en scène pointées par l'article m'intéressent déjà.
D'autant plus qu'avec un casting prestigieux, bien trouvé, impliqué, comprenant des pointures comme Michel blanc, Daniel russo, Samuel Le Bihan, les acteurs sauront donner de l'épaisseur à tout cela. La volonté affichée d'une reconstitution sans fard et emprunte de nuance emporte l'adhésion.
Maintenant, il faut voir le résultat, et ça ne sera pas moi pour l'instant.
Mais d'après ce que je lis, je vous encourage, vous les chanceux, à ne pas rater ça.
L'agent Squeulit pensait qu'il s'agissait en fait d'une pierre de forme triangulaire