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[u][b]LA CRIM '[/b][/u] revient sur les écrans de France 2 tous les vendredi soir pour une saison de 6 épisodes, portant leur nombre totale à 66. Avec des guest-stars de haut niveau, comme Daniel Russo.
Je présente cette série que j'aime bien et qui apporte une note un peu différente dans l'univers du polar télévisuel français.
Elle raconte le quotidien d'un groupe d'enquêteurs de la brigade criminelle (3ème étage du 36 Quai des Orfèvres), entre vicissitude du travail et des relations personnelles.
Créée en 1998, à l'époque où France 2 installait dans ses programmes des formats de série 52 Mn, elle fut critiquée comme l'ensemble de l'initiative qui représentait au yeux des critiques une "américanisation" de la fiction policière française, plus habitué aux formats longs.
Il n'en reste pas moins qu'après 7 ans, "La Crim'" reste la seule série à avoir tenu la distance, sans interruption, à raison de deux saisons de 6 épisodes par an.
"La Crim'" prend son inspiration dans deux traditions. Celle d'outre- Atlantique et celle de notre bon vieux hexagone.
Côté américain, Laurent Vivient semble s'être inspiré de plusieurs modèles dont le multiprimé "NYPD Blue", pour ses transitions. L'adaptation française a d'ailleurs été critiquée pour être trop..."épidermique"! Si !
Côté français, le polar reste dans le meilleurs des cas souvent basé sur une étude de société, la découverte d'un milieu socio-professionnel, au travers d'une enquête. "La Crim'" plonge à chaque épisode dans un nouveau monde et aborde de nouveaux thèmes, de façon assez critique: ce soir, la double-peine était sur la sellette, ainsi que "l'humiliation juridique" et "la clandestinité forcée" qui en découlent.
Ce croisement aurait pu être raté, il est réussi, et donne un ton unique à la série, qui certes est redevable à ses sources, mais qui a su les renouveller pour innover dans le cadre du P.A.F.
Pas de scène de poursuite, pas d'action hautement spectaculaire dans "La Crim'". Au contraire, les scénaristes ont tenté de reproduire d'une manière assez fidèle le fonctionnement des différents brigades, qui peuvent se payer le luxe du temps, et qui travaillent énormément sur la confrontation, voir le triturage des témoins. L'essentiel de l'action dans la série réside d'ailleurs dans des interrogatoires dont les codes de domination et de manipulation de la part des policiers est très bien vu: une succession d'affrontements psychologiques qui aboutit généralement à des révélations toujours très sordides: cette série est cruelle.
Le procédurier Lemarchand (celui qui fait attention à ce qu'il n'y ait pas d'erreur de procédure, vous l'aurez compris), a été inspiré d'un procédurier du 36. Vu l'aspect guindé, méticuleux, et chatié du personnage, ça fait froid dans le dos.
Les arrestations, sauf rares exceptions, montrent qu'il ne faut pas nécessairement 1/4 d'heure de poursuite en voiture pour combler un épisode. Généralement, les opérations ciblées dans les rues sont très réalistes.
Depuis 7 ans, seuls deux personnages sont restés en permanence dans la série: le capitaine Scandella, interprété par Didier Cauchy, le commandant Lemarchand, interprété par Jean-François Garreau.
Dominique Guillo, acteur engagé et à multicasquette, a abandonné son personnage d'Alexandre Siskowski (capitaine, faut pas jouer abec les grades, et second de groupe, faut pas non plus jouer avec ça dans les groupes de la police criminelle, hé, ho) le temps d'une saison pour réaliser lui-même les 6 épisodes, apportant une touche visuelle plus personnelle, assez élaborée.
Mais le voilà revenu dans son rôle.
Il n'y a pas de personnages principaux parmis les 6 membres de la section. Même si la récurrence des trois précités en font des piliers. Le personnage de Scandella est particulièrement attachant et se détache largement à mon goût. Raleur, un brin impulsif à ses débuts, il évolue vers une plus grande maturité pour finir commandant du groupe. Père ultra-possessif d'une fille qui lui en fait voir des vertes et des pas mûres, et jeune grand-père qui plus est, il se montre tour à tour cocasse ou cassant, se mettant dans des situations impossibles. Sa montée en grade doit d'ailleurs correspondre à une affection du public. Cauchy, qui est un "acteur malgré lui", est excellent.
Lemarchand, l'homme seul qui ne sait pas aimer, et qui compense par une rigueur sophistiqué cette solitude apporte un autre aspect émotionnel intéressant: sans le groupe, il serait perdu.
Dominique Guillo apporte une fraicheur qui se la pète un peu parfois dans le très bon sens du terme. La représentation de l'amitié "virile" avec Scandella est drôle et attachante.
Côté femme, ça valse beaucoup. Le premier personnage féminin qui a vraiment marqué la série a été le lieutenant Teyssier, interprétée par Agathe de La Boulaye, qui depuis est parti réaliser des courts-métrages (j'en ai vu un) et se faire croquer dans "Alien VS Predator" :shock: . Une jolie présence (dans les deux sens du terme) où l'actrice semble correspondre au personnage, une noble qui fuit son milieu comme la peste. (hypothèse).
Alexandra London (troisième de groupe, hein) apporte depuis quelques saisons une plus grande stabilité aux personnages féminins (lieutenand Bailly). La seule Grosse erreur des créateurs a été sans doute de prendre Maureen Dor le temps d'une saison, mais elle a su limiter la casse.
La nouvelle arrivée, le lieutenand Lefèvre (xième de groupe, hien), rappelle par bien des égards Agathe de la Boulaye.
Aux intrigues policières se mêlent les intrigues sentimentales. C'est ce rapport émotionnel qui fait la qualité et la longueur de la série, probablement. En 7 ans, tous changent, et dévoilent autant de faiblesses que de surprises.
Paulo, dont je n'ai pas parlé, se fait lacher par sa famille à force de ne plus savoir comment s'y prendre, et doit expurger ses préjugés pour s'en sortir, même s'il doit lui en coûter de suivre une prostitué jusqu'à Bordeaux, dont il n'est pas revenu.
La série n'hésite d'ailleurs pas à évacuer ces personnages de façon brutale: Caroline Teyssier est assassinée dans son appartement pendant que Scandella lui apporte un bouquet de fleur pour lui déclarer sa tendresse de l'autre côté de la porte. Episode cruel par-dessus tous qui marque durablement la série, avec un Scandella de plus en plus intolérant, jusqu'à ce qu'il puisse se réconcillier avec lui-même. "L'Affaire Caroline" aura d'ailleurs son pendant dans l'épisode "L'affaire Scandella", où ce dernier a la gachette trop sensible et se trouve à son tour accusé. Protégé par son chef de groupe, le commandant Vallon, il aura une belle histoire d'amour par la suite avec cette femme, avant que leurs hésitations mutelles ne les séparent: une ligne scénaristique cohérente se trame par ces détails. (P.S.: quelle vie de merde, ce pauvre et brave Scandella !).
Sisko se trouve restaurateur pendant la saison que l'acteur réalise !
Sensibilité et cruauté sont deux ingrédients qui prennent bien, quand on y ajoute un peu de drôlerie, de sarcasme, de critique sociale, de réalisme, et beaucoup d'humanité.
La réalisation, qui est toujours prépondérante, joue bien des décors, des salles d'interrogatoires aux miroirs immenses et aux caméras qui retransmettent l'action derrire le miroir: astuce savamment utilisée. Mais le plus frappant est la quantité d'échanges de regards en l'espace de quelques secondes sans qu'il y ait forcément coupure de plan: le téléspectateur sait ce que pense tout le monde des autres, les affinités, les détestations, les vexations: remarquable travail sur le temps qui doit autant aux acteurs qu'au réalisateur.
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Scandella (Didier Cauchy).
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Lemarchand (J.F. Garreaud)
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Sisko (Dominique Guillo)
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Bailly (Alexandra London)
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Teyssier (Agathe de La Boulaye)
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Lefèvre (Anne Charrier)
L'agent Squeulit pensait qu'il s'agissait en fait d'une pierre de forme triangulaire