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[size=200]NUIT NOIRE[/size]
Réalisation: Alain Tasma
Scénario: Patrick Rotman
Avec:
Clotilde Coureau
Ouassini Embarek
Thirerry Fortineau
Atmen Kelif
[b]CANAL +: LE MARDI 7 JUIN à 20H.55[/b]
Grand évènement télévisuel pour ceux qui ont la chance de posséder Canal +. A ne pas rater, "Nuit Noire" est le premier téléfilm à aborder la repression sanglante menée la nuit du 17 octobre 1961 contre une manifestation pacifique organisée par le F.L.N. à Paris. Une histoire longtemps passée sous silence, tant la barbarie de la police française fut grande, et tant les conséquences politiques posent encore problème.
C'est encore une fois Canal + qui lève le voile sur un évènement occultée de notre histoire récente. Après[b] "93, rue Lauriston"[/b], la chaîne continue son travail d'investigation fictionnelle sur une réalité gênante de notre passé.
"La principale difficulté, c'était de faire un film crédible racontant comment la police avait pu massacrer autant de gens en toute impunité. C'est le plus grand massacre à Paris depuis la Commune !", explique P. Rotman...
[b]Que s'est-il passé cette nuit-là ?[/b]
le 17 octobre 1961, plus de 30 000 Algériens descendent en cortèges désarmés et pacifiques des banlieues vers le centre de Paris, répondant à l’appel du FLN pour protester contre le couvre-feu imposé par le préfet de police aux « Nord-Africains », le soir, à partir de 19 h.
[b]Maurice Papon[/b] est alors préfet de police et a le feu vert du gouvernement selon ses dires. Gouvernement dirigé alors par Charles De Gaulles.
P.Rotman: "La préfecture a jugé Le scénario historiquement inataquable. Parce que nous devions l'être. Qui plus est lorsque nous faisons parler Papon. Nous nous sommes plongés dans les archives, notament celle de la police, qui commencent à s'ouvrir."
Le couvre-feu vise à « enrayer la guerre que se livrent dans les rues de Paris les commandos de choc du FLN et les forces de police ». Dans la nuit du 17 octobre, plus de 11 000 arrestations sont opérées, celles-ci vont se poursuivre les jours suivants. « Depuis la rafle du Vel’d’Hiv, presque vingt ans plus tôt, c’est la plus grande rafle de l’histoire. Les mêmes autobus de la RATP servent, comme en 1942, à transporter les Algériens au Parc des expositions où ils sont gardés dans des conditions épouvantables. » Poursuivis sur les grands boulevards, enfermés dans des caves ou pourchassé dans les parcs, plusieurs centaines d'entre eux se font tuer. Le chiffre reste encore difficile à établir: 200 ou plus ?
Dans tous les cas, les jours suivants la Seine charriait des corps sanglants.
[b]Un préfet nommé Papon:[/b]
Le téléfilm frappe fort en rappelant que Maurice Papon était alors préfet de la police de Paris. Ce même homme était durant la seconde guerre secrétaire général de la Gironde, collaborateur zélé qui envoya les juifs et les résistants de sa région dans les camps. Vous avez tous suivi son procès pour "crime contre l'humanité". Il n' a cependant jamais été jugé pour les actes commandités et dirigés lors de la nuit du 17 octobre 1961.
Un parfait déchet humain.
Sa devise à l'époque:"pour un coup donné nous en donnerons dix."
P. Rotman:" quand on consulte les les archives des syndicats de policiers, on se rend compte que certains n'arrivent plus à tenir leurs hommes, en particulier les éléments d'extrême-droite. Et le soir du 17 octobre, un commissaire verra ses hommes pointer sur lui une mitraillette."
Ce n'était pas un hystérie collective, mais bien une haine qui a vu "des policiers sautant à pied joint sur des cadavres." .
[b]Le choix esthétique:[/b]
Le téléfilm a choisit de montrer cette nuit sous une vue mosaïque, avec une multitude de personnages qui vivent le drame dans divers endroits de Paris: (les choses qui ne sont pas en gras sont des SPOILERS ):
[b]Sabine (Clotilde Courau) est journaliste, témoin d’une fusillade.[/b]
[b]Martin (Jean-Michel Portal) est un flic de base affecté au commissariat de Nanterre dont dépend le bidonville. [/b]
[b]Tarek (Atmen Kelif) [/b]sera raflé par des policiers, quelques jours avant la manifestation et assassiné.
[b]Maurice Papon (Thierry Fortineau) dirige les opérations.[/b]
[b]Abde (Ouassini Embarek) est jeune ouvrier[/b], blessé mortellement par un policier qui lui tire dessus à bout portant.
[b]Nathalie (Florence Thomassin) est porteuse de valise.
Marie-Hélène (Vahina Giocante) donne des cours du soir à des Algériens. Elle découvre avec Abde la violence raciste de certains policiers.
Albert Tierce (Serge Riaboukine), policier syndicaliste de 45 ans, ancien résistant, s'oppose à la violence de ses collègues.
Ali Saïd (Abdelhafid Metalsi), jeune militant du FLN, organise la manifestation dans le bidonville de Nanterre où il vit.
Maurice (Jalil Naciri) est le Coordinateur de la Fédération de France du FLN. Il organise la manifestation.
Pierre Somveille (Aurélien Recoing) est l'adjoint du préfet Papon.[/b]
Alain Tasma a choisit de ne pas montrer les sévices affligés, sinon au travers de l'horreur du regard d'un médecin, dans la sinistre salle du gymnase: « dans l’idée que je me fais de mon métier (mettre en scène, réaliser), l’effacement est une qualité majeure ; faire en sorte que le travail ne se voit pas... faire oublier la fiction, la fabrication, l’artifice... ».
[b]Une oeuvre d'histoire:[/b]:
P. Rotman est un historien documentariste. Cette fiction, pour lui, se place "tout naturellement dans le prolongement de mon travail".
Papon a affirmé qu'il n'y avait eu que 7500 arrestations, 2 morts.
Tasma et Rotman remmettent les points sur les I.
Pour Atmen Kelif, qui ne fait pas rire du tout sur ce coup, "c'est un film qui sert l'histoire."
Selon Rotman, "Même si ce doit être un choc pour beaucoup, ce film va donc être utile. Et désormais Canal Plus a montré la voie. Ca montre qu'en France, on peut faire ce genre de fiction".
Alors les chanceux possesseurs de Canal +, regardez ce téléfilm et venez nous faire partager vos commentaires !