Merci, Død Kalm, Jean miX.L. et Tsmètaï.
Il faut dire que Nip/Tuck joue énorméménent sur la narration visuelle, et comme j'appréhende toujours mieux les choses de cette façon, ça aide
.
[b]Systématisation[/b]
Mais à part le deux, ce début de saison n'est pas véritablement emballant. La série semble être sur deux chaises. D'un côté la déchéance toujours plus grande des personnages, de l'autre la hantise du découpeur dont la trame "policière" éloigne parfois Nip/Tuck de sa spécificité propre, tout en devenant un vecteur de sens pour Murphy incontournable, à l'évidence: mais l'orientation reste néanmoins floue (analyse sociale, analyse des rapports entre individus, thriller cohabitent avec inégalité).
De plus, du côté scénario, certains principes deviennent trop évident dans la construction. Quand le 3.4 commence sur la scarification, on sait déjà qu'un des personnages va se faire des scarifications au final.
De plus, la façon dont Troy se soigne via les patients (3.1, 3.4) devient fatiguante, et malvenue.
Nip/Tuck risque ainsi de répéter constament le même shéma. Mais bon , la série a déjà eu de surprenants retournements qui laissent penser que toute la saison ne sera pas de cet acabit.
En revanche, dans le registre du pathétique (à prendre au sens généralisé comme au sens éthymologique), Nip/Tuck continue à malmener ses personnages dont on ignore s'il est possible qu'ils puissent chuter plus bas. A se demander jusqu'où Murphy est prêt à les emmener dans la déchéance.
Le 3.4, en ce sens, est particulièrement réussi au niveau de Sean, dans le parrallèle qui se forment entre la désintégration de ses liens familiaux et l'effacement de l'histoire d'un couple avec cette vieille dame qui veut se faire refaire son visage d'antan pour que son mari malade la reconnaisse.
[b]L'exploration du pathos[/b]
Dans les deux cas, une affaire de culpabilité: la vieille dame pense que son mari a commencé à perdre la mémoire quand elle l'a négligé. Sean perd ses droits parentaux et le respect de son fils parce qu'il perd peu à peu son sang froid, jusqu'à frapper Matt.
Tous deux sont donc en voie d'effacement: la dame disparaît du champ de reconnaissance de son mari (du point de vue de la mémoire, donc des sens, il ne la reconnaît pas), et Sean perd celle de son fils (Matt ne reconnaît plus son autorité, éprouve de la pitié cruelle pour son père, et ne veut plus qu'il soit dans sa vie: déni de reconnaissance morale, fait consciemment, à escient).
En aidant la vielle dame, Sean fait pour l'autre ce qu'il est incapable d'accomplir pour lui-même, mais la chose est amenée subtilement. Il veut recréer le couple qui lui échappe, s'habille en conséquence lors des visites, se montre d'une prévenance qui rend d'autant plus insupportable le sort qui lui ait fait: accusation de la part des services sociaux, reniement de son fils...
Seulement les peines à l'âme ne se réparent pas au bistouri, et en rajeunissant la vieille dame, il ne rend pas la mémoire au mari malade. Rien de plus déchirant finalement que l'aceptation de cette dernière, qui reste auprès de celui qui vit déjà ailleurs, avec une nouvelle fiancée, fidèle et étrangère à la fois.
L'antithèse du comportement de Matt, dont on se demande s'il retrouvera un jour le sens de la compassion (s'il l'a jamais eu), devenu définitivement l'opposée de Sean.
La chirurgie esthétique répare les dégats du temps qui coule. Mais elle ne peut le faire que physiquement. Sean n'a pas les instruments qui lui permettraient de reconfigurer sa vie comme il reconfigure un corps, un visage. Le passé ne se refait pas. Devenant invisible aux yeux des siens, il n'éprouve l'existence que par l'auto-mutilation. Triste retournement de situation pour celui qui agresse son corps quand son métier est de refaire celui des autres.
[b]Penchant rétrograde ?[/b]
Cet acharnement me chiffonne quand même un peu, car on en vient à se demander vers quoi court le discours de la série.
Que Murphie fasse une analyse sociale de la société de l'apparence au travers des chirurgiens esthétiques, soit: c'est ce qui est le plus pertinent dans Nip/Tuck, d'un point de vue sociétal.
En revanche, l'insistance sur la façon dont les parents paient leur jeunesse délurée, leur liberté sexuelle, paraît de plus en plus conformiste. Certes, les scènes de débauche abondent, les tabous dépassés sur de nombreuses pratiques sexuelles réciproquement consentantes aussi, mais elles sonnent un peu faux en ce début de saison. Comme si le porno chic et soft, à force de se mettre constament en scène, d'envahir l'écran, devenait sa propre condamnation.
Matt a beau être un ingrat détestable, il n'en est pas moins montré comme le produit du comportement de ses trois parents, et il n'est pas si simple de lui donner tord dans la façon dont sont montrés les choses. Matt victime d'une parenté vénale, méritant d'être chatiée ?
Franchement, à ce stade, la série penche légèrement de ce côté punitif, et on pourrait avoir l'impression de se faire rouler dans la farine.
Bien entendu, wait and see.
Mais vous, qu'en pensez-vous ?
L'agent Squeulit pensait qu'il s'agissait en fait d'une pierre de forme triangulaire