Je fais les choses un peu à rebours, et je commence par le 2.
L'épisode recentre sur un des thèmes majeurs de la série: la quête identitaire de l'individu.
Passons sur Quentin Costa qui ne présente guère d'intérêt pour l'instant.
Mais nom d'un chien, que la réalisation est bonne dans cette série, l'éclairage soigné, et le jeu avec les décors complètement signifiants. Ce dont je vais parler de ce pas !
[b]Inverti / Introverti[/b]
Ce qui fait tâche a priori, c'est la nouvelle dégaine de Matt. Il était devenu plus "raisonnable" dans la saison dernière, au final, et le voici montré comme complètement à la dérive, sapé façon "bad boy", jointé, bref, en plein processus de délabrement. Ca n'est pas rien, et l'introduction de la nouvelle apparence du personnage est un peu trop directe. D'autant plus qu'on ne sait pas vraiment combien de temps après le final de la saison 2 l'action recommence.
Matt est déjà en pleine déliquescense quand Sean lui apprend qui est Ava. Ajouté à cela sa découverte monstreuse chez cette dernière, normal qu'il pête un boulon.
Ce qui est intéressant est la façon dont est montré son cheminement. Amoureux d'Ava, homme devenu femme, il se pose des questions sur son identité sexuelle. Et la scène dans le club est phénoménale.
Matt a toujours été introverti. Paradoxalement, il se lache en voulant devenir un "inverti", autre qualificatif qu'on donne aux transexuels.
Or, dans le club, il se regarde dans un miroir, qui par définition invertit l'image, avec Ava qui plus est. Miroir qui renvoit à sa propre dissociation intérieure entre ce qu'il croit être ses désirs, et la réalité de ses désirs. Or, c'est dans cette image d'inversion qu'Ava le "pousse" à tenter l'expérience avec un transexuel.
L'effet a été appuyé dès le début de la scène quand le type du bar (Homo ? Transexuel ?) parle à Matt puis passe derrière le miroir où se reflète Matt (où déjà le processus d'identification apparait avoir des fondations peu solides).
Le tabassage qui s'ensuit, de par son cruel réalisme, replonge Matt dans ses contradictions, et montre bien son mépris pour toute différence qui ne l'arrange pas, et réhabilite les personnes opprimées de par leur orientation sexuelle, par la dénonciation d'un comportement digne d'un bouseux intolérant.
Retour au miroir, alors. Matt se rase les cheveux (bonjour la référence à "Taxi Driver") et tente d'exister comme un paria. Manque de peau, il y a un autre miroir inversé dans l'épisode, le jeune délinquant.
[b]Identités alternées[/b]
L'épisode se base en grande partie sur l'alternance entre le jeune délinquant, et Matt. Pour arriver très logiquement à deux scènes de poursuite en montage alterné. Identités alternés, identités altérées, identités d'inversion.
Si Matt est introverti, le taulard exhibe ses assassinats avec des larmes sur la joue. Or, lui a vraiment décidé de changer, par nécessité de survie, par besoin de rédemption (thématique récurrente de la série aussi).
Ce qui est très frappant est de constater que l'ex-taulard veut remonter la pente par besoin et par volonté de changer: il vient de la rue. Du bitume, du plus bas de l'échelle. Il va payer cher cette tentative en se faisant passer à tabac par son ancien gang.
Matt est exactement l'inverse. Un bourgeois, un petit friqué qui n'assume rien, qui crache volontier sur le père et la mère qui ont tenté de lui donner une vie dorée, en arguant de l'argument facile qu'il n'est pas le fils biologique de Sean: mauvaise foi totale et abjecte. Le petit friqué veut s'encanailler, il se drogue, il se fringue comme un méchant (alors que l'autre était jadis un vrai méchant), il frappe un transexuel sous prétexte qu'il n'est pas "PD": il va payer cher son caprice en se faisant tabasser par ceux qu'il hait, parce qu'il n'assume pas.
Cette comparaison entre la tentative de remontée sociale du bandit repenti et la déchéance du bourgeois paumé est plutôt bienvenue, et confirme la forte critique sociale à la quelle la série s'attache.
[b]A noter[/b]: la scène où Matt se fait pisser dessus renvoit dans sa mise en scène trait pour trait à la scène équivalente du chef d'oeuvre de Cyril Collard: "[b]Les Nuits Fauves[/b]", sorti en 1992. Sauf que le personnage interprété par Cyril Collard prennait plaisir à cette pratique (la scène dérangea beaucoup).
Il a donc fallu attendre 14 ans pour que la télévision américaine s'empare de cette façon de filmer les choses, mais en restant malgré tout "sagement" du côté de la punition.
Maintenant, reste à savoir si le comportement de Matt, dont la souffrance est réelle, bien qu'il soit un petit salopard, va être excusée par le comportement de ses parents, et de leurs choix de vie "libres". Ceci va être révélateur de la portée de la critique de la série, qui pourrait, si les parents sont mis au ban des accusés, être moins fine et plus conservatrice qu'il n'y paraît.
Ceci dit, comme ce choix de vie "libre" a enfermé les parents dans une situation dont ils ne peuvent se dépêtrer, je pense a priori que le point de vue restera complexe.
L'agent Squeulit pensait qu'il s'agissait en fait d'une pierre de forme triangulaire