Avant de repartir pour un tour avec des posts très spoilers, je tiens à clarifier 2-3 choses :
[quote="Amrith"]Au fait, je ne reproche pas à 24 de ne pas être suffisamment de gauche, je me fous complètement qu'elle soit de gauche ou de droite.[/quote]Ben moi je ne m'en fous pas DU TOUT : qu'elle véhicule une idéologie néo-conservatrice (que je trouve plus puante encore que les discours de notre petit Le Pen national, hautement inoffensif en comparaison), ou au contraire qu'elle cherche à la mettre à mal, ça fait une ENORME différence pour moi !!! De plus, on n'a jamais parlé de simple positionnement politique (qu'il soit de "gauche" ou droite) dans ce topic : on a parlé de [b]série d'Etat[/b], d'[b]apologie[/b], et donc de [b]propagande[/b] ! Ça n'a strictement rien à voir !!!
[quote="Amrith"]Mais toi tu as pris ces réponses pour des arguments car tu aimes bavarder pour ne rien dire.[/quote]Et c'est moi qui parle pour ne rien dire ???? C'était quoi alors si c'était pas des arguments ? Du flood ? Une nouvelle forme méconnue de trolling ??? Et c'était quoi cette pseudo preuve agitée là pour nous prouver une bonne fois pour toute que "24" EST une série d'Etat ?! C'était quoi si c'était pas de quoi appuyer cette "non-argumentation" > Me prends pas pour un con non plus, je sais encore reconnaître un argument quand j'en vois un, me dis pas le contraire !
Et puis c'est pas comme si ce discours n'était pas devenu récurrent en plus ! > Il est systématique ! A chaque fois c'est pour nous dire "24 est mauvaise, et en plus elle est pro-Bush". Toi et Sullivan continuez d'agiter ce repoussoir pour faire fuir les fans français (forcément anti-Bush, il va sans dire). L'argument de la médiocrité ne suffit pas, alors c'est le recours obligé à la technique de l'épouvantail pour "aggraver" le cas de la série...
Excuse-moi donc de vouloir en finir avec cet épouvantail miteux qui commence très sérieusement à m'agacer à la longue !
D'autant que plus ça va et plus vous partez du principe que c'est un fait établi que "24" est pro-Bush. Je ne suis pas d'accord, je trouve que votre "conclusion" n'a aucun fondement, et je le fais savoir ! J'appelle pas ça "bavarder pour ne rien dire".
[quote="Amrith"]Non, ce que je reproche à 24 c'est d'être mauvaise, point. La Saison 4, mais les autres également.[/quote]
Alors range-moi vite ces anecdotes sur la Maison Blanche et ces "non-argumentations" à base d'apologie révoltante de la torture, puisqu'elles n'ont rien à faire ici, si je te suis bien !
On pourra parler autant que tu veux de la qualité technique des scénarii de "24", et ça n'aura aucun intérêt puisque le fait est que je partage sensiblement vos avis là-dessus, à quelques nuances près !
La seule grosse différence est que ça ne me gène pas ! Pas plus que la majeure des fans qui suivent la série et y prennent leur pied justement parce qu'elle est too much, pour son côté "grand huit infernal", avec ses twists à profusion et son drama over-the-top ! Sans compter que ses bêtises récurrentes font aussi partie du fun de la série, d'une certaine manière (c'est pas pour rien qu'il y a tout un marché - la série B - qui vit entièrement de ça : ça marche, et il y a un très large public pour ça !).
Je ne suis pas en train de défendre ce genre de chose, bien sûr, mais tiens juste à rappeler que les scénaristes ne s'y sont pas trompés et ne cherchent pas non plus à se mentir ou à duper le téléspectateur => ça a été leur credo depuis le commencement et ils ne s'en sont jamais cachés : « not good, never boring », voici le maître mot de la série (tel qu'il est énoncé par Surnow en guise d'introduction dans une des featurettes des DVD saison2). Et faut bien le dire : c'est le principal attrait de "24" => miser tout sur l'adrénaline ! Si "24" avait été techniquement bonne (recherche de vraisemblance, etc.) elle aurait déjà été annulée depuis 4 ans pour faute d'audience, parce qu'elle aurait été chiante à mourir ! Ou en tout cas bien moins enthousiasmante et addictive !
Bref la médiocrité de "24" ne me dérange pas. Au contraire même, elle est plutôt encourageante selon moi. Car, comme j'ai déjà pu le dire par le passé, cette "débilité" récurrente est aussi (et surtout) le signe qu'il y a un impératif derrière. Cet impératif peut être purement scénaristique (comme je disais, le concept de "24" la rend très difficile à manier), mais il peut aussi relever de ce que je trouve personnellement le plus passionnant dans "24" : sa volonté répétée d'établir des parallèles, de faire écho, et aussi de décrire une progression (dans l'escalade, nécessairement par le biais de la répétition, soit dit en passant), ma fameuse thématique de l'accoutumance, sans oublier son côté construction/déconstruction, etc, etc.
Il n'y a que ça qui m'intéresse dans "24", n'étant pas particulièrement friand de ce côté "grand huit" qui me laisse généralement assez indifférent (je suis très mauvais public en fait
). Bref, tant qu'une situation me paraît intéressante, thématiquement parlant, la mise en situation, elle, peut être aussi grotesque ou absurde qu'elle le veut. Tant que la situation recherchée est là, c'est tout ce qui compte pour moi !
En fait "24" c'est l'antithèse parfaite de "Lost" : elle ne cherche pas à péter plus haut que son cul alors qu'elle se révèle pourtant à l'arrivée bien plus intelligente que ce qu'elle ne laisse présager au départ. Une richesse souterraine. Contrairement à "Lost", modèle de prétention par excellence, qui se veut classieuse et philosophiquement profonde mais qui s'avère être conne comme ses pieds et d'une pauvreté de traitement (et de contenu) absolue !
[u][b]"24", série subversive ?[/b][/u]
[quote="Amrith"] : je répondais simplement à des gens qui l'encensent parce qu'ils la croient subversive.[/quote]Personnellement je ne la crois pas subversive. En tout cas pas dans l'état actuel des choses (maintenant ça reste une série, à suivre donc...). Pour moi la subversion relève d'une toute autre chose. Peut-être que la saison 5, selon la manière dont elle sera gérée dans sa seconde moitié, entrera dans ma catégorie "subversive" (et la 4 avec elle dans la foulée), mais on n'en est pas encore là...
Je précise ça au cas où, pour éviter d'être traité de clown à nouveau : l'objet de mes posts n'a jamais été de prouver à quel point "24" est subversive ! Mon monde n'est pas scindé en 2, avec d'un côté les séries d'Etat, et de l'autre côté les modèles de subversion. Il y a tout un monde qui sépare les deux, et [u]"24" n'a pas besoin d'être subversive pour ne pas être une série d'Etat ![/u] Qu'on se le dise !
Au delà de ça, je pense que la subversion nécessite d'être un minimum efficace pour être appelée "subversion". Elle doit constituer un élément déclencheur, provoquer, et pour cela elle doit proposer des pistes de "réflexion" relativement inédites, ou en tout cas peu répandues. La subversion ne peut se contenter de suivre, elle doit être initiatrice ! Or, jusqu'à preuve du contraire, ça n'a jamais été le cas de "24"...
Sa plus grosse marque de [b]contestation[/b] a bien évidemment été la seconde moitié de la [b]saison 2[/b], ouvertement opposée à la guerre préparée dans le même temps par l'Administration Bush (=> la mission du héros : empêcher son pays de déclarer la guerre au Moyen Orient ! On peut difficilement faire plus clair et explicite !!!). Le tout accompagné d'une déconstruction de ses enjeux sous-jacents (la course au pétrole, ENTRE AUTRES puisqu'on nous laisse dans l'expectative concernant les motivations de Max et Alex Trepkos, logiquement dissociées de ces intérêts pétroliers). Une déconstruction aussi de la mise en place de cette guerre (=> le caractère frauduleux de la pièce à conviction, puis l'utilisation pernicieuse du racisme anti-musulman, etc.).
Mais il n'y avait au fond rien de bien nouveau là-dedans. Cette saison 2 se contentait de surfer sur un scepticisme préexistant... Des arguments déjà déployés par beaucoup d'autres avant elle. Elle n'a fait qu'aller dans le même sens, et apporter sa contribution à un mouvement déjà massif. Partisane ? Oui cette seconde saison l'a été. Subversive ? Non, je ne pense pas.
Quant aux "charges" des [b]saisons 1 et 3[/b], à supposer qu'elles aient été volontaires (et existent donc en tant que telles), elles sont de toute façon très faiblardes, du fait qu'elles sont non seulement minimes mais surtout secondaires (voire même tertiaires) ! Le fait est qu'elles sont diluées dans une fiction qui s'étale sur 18h et qui s'est intéressée en premier lieu à développer d'autres aspects (comme la vengeance et la corruption pour la saison 1, ou encore la trahison et le chantage pour la saison 3).
A titre de comparaison, prenons l'épisode d'XF [b]"Unrequited"[/b] (signé par le même Howard Gordon que celui qui se cache derrière "24"
). En 42 minutes "Unrequited" aura été capable d'en dire bien plus et d'être bien plus convaincant, avec un postulat pourtant très similaire, que la saison 3 de "24" en 18 heures de métrage ! Tout simplement parce que la charge contre le gouvernement américain dans "Unrequited" était [b]l'objet premier[/b] de l'épisode, qui a consacré chacune de ses séquences à étayer son propos et lui donner progressivement forme. Le discours y était très clair, beaucoup plus solide que celui de la saison 3 de "24" (qui se contente d'être une simple énonciation - en aucun cas ce qu'on pourrait considérer comme un "traitement" digne de ce nom), et ceci pour une simple raison : le discours dans "Unrequited" a effectivement été [b]prégnant[/b] tout du long, de bout en bout. Ce n'est ni le cas de la saison 3, ni même de la saison 1...
En revanche on ne peut plus en dire autant pour la [b]saison 4[/b] : là pour le coup l'impérialisme américain occupe le premier rang ! Cette saison porte intégralement sur cette question de l'impérialisme et de l'arrogance des USA. Mais si développement plus conséquent il y a eu, le propos, lui, nécessite toutefois un certain travail de décryptage pour être compris, tant il reste encore très souterrain (à ce stade) ! On est en effet très loin de la prise de position ouverte de la saison 2, qui était allé jusqu'à faire de cette prise de position un ressort scénaristique (=> le nouvel enjeu de fin de saison).
Attendons maintenant de voir ce que va donner la [b]saison 5[/b]. Mais telle qu'elle est partie, je la vois bien nous refaire le coup de la saison 2 : une prise de position instantanément détectable au travers de son enjeu de mi-saison !
Mais, cette fois-ci, le scepticisme (voire même la crainte!) que va chercher à générer la série sera un peu plus marginal (en tout cas il l'est encore à l'heure actuelle) et plus "visionnaire" aussi. Sans vraiment rien inventer, cette saison 5 pourrait très bien se révéler, malheureusement, en avance sur son temps, avec un petit quelque chose qui relève tout bonnement de la [b]fiction d'anticipation[/b] !!! Bien sûr ce ne sont que des suppositions de ma part, mais si "24" choisit cette voie, et va jusqu'au bout de son postulat, alors je n'aurai absolument aucune honte à l'affirmer bien fort : "24" sera devenue [b]une série magnifiquement subversive[/b], et implacable !
[u][b]"24" prisonnière de son genre : la série d'action...[/b][/u]
Ceci dit, même si c'est le cas, je ne me fais pas d'illusions (à moins que "24" ne se fasse vraiment TRES TRES explicite/lourde) : les fervents adorateurs de la doctrine guerrière continueront toujours d'y trouver leur compte quoi qu'il arrive et d'y voir une corroboration implicite de leur mode de pensée.
Car "24" ne se défera jamais de son côté [i]"let's kick some ass"[/i], jubilatoire pour certains, à caractère propagandesque pour d'autres. Cette attitude est bien évidemment propre à ce genre très particulier qu'est le film d'action.
Or le film d'action, on sait tous très bien quelle époque l'a enfanté : l'ère Reagan ! Ce grand impérialiste devant l'éternel, brillant inventeur de "l'Empire du Mal" (qui aura sans doute inspiré 20 ans plus tard Bush Jr, lorsque celui-ci imagina à son tour "l'Axe du Mal"...
).
[u][b]La couleur politique des scénaristes de "24"[/b][/u]
En parlant de Reagan, ce serait malhonnête de ma part de ne pas mentionner ici que Joel Surnow, co-créateur de la série, est un conservateur avéré, de la pire espèce, ou presque : un grand admirateur de Ronald Reagan !
Et son goût pour le genre film d'action (« not good, never boring ») nous renvoie en effet directement aux années 80.
A sa droite, nous avons ensuite Robert Cochran qui a notamment officié sur la série "JAG", avant de passer à l'antiterrorisme naze avec "La Femme Nikita". "JAG", ou cette véritable vitrine militaire, qui a joyeusement participé à l'effort de guerre au lendemain du 11 Septembre !
Et même si Cochran n'y a travaillé que très brièvement (la 1ère partie de la saison 1, en 1995) ça reste plutôt moche. C'est là qu'il a rencontré d'ailleurs Evan Katz (n°4 de la série) qui a également travaillé sur la 1ère saison de "JAG"...
Mais à côté de ça, nous avons Howard Gordon (n°3, et porte parole attitré de la série) qui semble carrément être leur antithèse tant il s'est illustré par le passé comme LE Mr. « I hate the military » de "The X-Files" !!!
Surprenant d'ailleurs de voir tout ce petit monde collaborer sur une même série...
Petite parenthèse sur le travail de Gordon sur XF :
[quote]Sur XF, [b]Howard Gordon[/b] c'est entre autres :
"Fallen Angel", "Miracle Man", "Firewalker", "Dod Kalm", "DPO", "Nisei", "Grotesque", "Avatar", "Kaddish", "Synchony", "Zero Sum", etc. Mais surtout des épisodes comme [b]"Sleepless"[/b], [b]"Fresh Bones"[/b], [b]"F. Emasculata"[/b], "Teliko", et [b]"Unrequited"[/b].
On pense ce qu'on veut du talent de Gordon, il y a une chose qu'on ne peut pas lui retirer toutefois : de tous les scénaristes d'XF, c'est celui qui a le plus cherché à doubler ses intrigues de constats désenchantés sur les coulisses du pouvoir, et autres faits de société (mode de pensée / hypocrisie).
Les seuls autres équivalents que l'on peut trouver sont des épisodes comme "The List" (sur les conditions de détentions déplorables, un peu à la manière de "Fresh Bones" d'ailleurs), "Blood" (qui échappe au conspirationnisme SF aigu en gardant un pied dans la réalité et en dissertant sur la récupération de la peur), ou encore "El Mundo Gira" (dans la même veine que "Teliko", sur l'insertion et notre rapport à l'étranger).
J'aurais même envie de dire que le départ de Gordon à la fin de la saison 4 a marqué la fin de cette ère politiquement "colorée" (au travers des loners, je parle) qui avait donné toute sa personnalité à la série (notamment à l'époque de la saison 2). A peine a-t-on pu voir par la suite des épisodes comme "Brand X" ou "Medusa", pas franchement convaincants. "Brand X", qui marchait pourtant dans les pas de "F. Emasculata" (expérimentations par des sociétés pharmaceutiques/lobbies du tabac très puissants). On peut voir la différence !!!
[u]S'il y a bien eu un scénariste "engagé" dans XF, c'était incontestablement Howard Gordon ![/u]
En fait il suffit de voir des épisodes comme "Sleepless", "Fresh Bones", ou "Unrequited", pour savoir :
1/ ce que pense Howard Gordon du gouvernement (« on nous ment » : il n'y a quasiment pas un seul de ses loners qui ne se nourrisse pas d'une certaine méfiance vis-à-vis des pouvoirs gouvernementaux ! Il a même utilisé les personnages d'informateurs - Mr. X et Marita Covarrubias - bien plus pour ses loners que ne l'a fait la mythologie pour elle-même, c'est dire !!!
)
2/ ce qu'il pense de la guerre du Vietnam (et peut-être par extension ce qu'il pense de la guerre en général ?) > "Sleepless", "Unrequited" (et quelques tidbits très révélateurs dans "Avatar")
3/ ce qu'il pense de l'armée ! Et là c’est vraiment savoureux. "Fresh Bones" est assez éloquent à ce sujet là ! Tout comme "Unrequited" et son omniprésence du drapeau américain...
On pourra citer aussi "Fallen Angel" qui prend un malin plaisir à ridiculiser le Colonel Henderson (ah cette scène où le médecin le remet à sa place sans aucun ménagement !!! Gordon sait se faire plaisir...). Visiblement il aime bien ce côté rébellion et ne se prive pas d'ailleurs de faire commencer l'épisode "Dod Kalm" par une séquence de mutinerie... Mais pourquoi une telle obsession (et un tel dégoût) pour les militaires Howard ???
Pourquoi avoir choisi aussi de planter le décor de "Strange World" directement dans les services de l'armée américaine, avec conspirations et salles affaires à profusion ?
4/ ce qu'il pense de l'atteinte aux Droits de l'Homme ! Comme l'atteste "Fresh Bones" et sa description lamentable des conditions de vie dans ce camps de détention. Sans compter les remarques de Mulder sur la violation des droits de l'Homme.
=> Après avoir écrit un tel épisode, excusez-moi mais je vois mal Gordon donner son consentement à une série qui ferait l'apologie de la torture !
Pas plus qu'à une "série d'Etat"...[/quote]
La question qui se pose, c'est : comment un mec comme Gordon peut-il s'accorder avec des gens comme Surnow et des anciens de "JAG"/"La Femme Nikita" ????
[u][b]La couleur politique de "24"[/b][/u]
Si Joel Surnow ne se cache pas d'être conservateur, il insiste néanmoins (publiquement) sur le fait qu'il veille lui-même à ne pas inscrire ses convictions politiques dans la série. Il rappelle que son équipe de scénaristes est composée de gens aux convictions diverses, tendant aussi bien vers des partis libéraux que conservateurs. Mais surtout, Surnow définit "24" comme une série qui [i]"ne cherche pas à servir un agenda"[/i], mais qui est toutefois [i][u]"vouée à ne être pas être politiquement correcte"[/u][/i].
>>> Or ne pas être "politiquement correct", sous le régime de Bush, c'est forcément, par voie de conséquence, être critique vis-à-vis de cette Administration et vis-à-vis de la pensée "right winger" qui y règne... (CQFD)
Et quoi qu'il en soit, ce positionnement "politiquement non correct" est entièrement incompatible avec l'idée de série d'Etat (à la "JAG", "NCIS", etc.)
[u][b]Une série d'action subversive ?[/b][/u]
Comme je le disais, avec son côté "anticipation" potentiel, "24" pourrait assez vite se vêtir d'habits plus ou moins subversifs. Il y a un précédent très intéressant à ça : [b]"Robocop"[/b] !
Appartenant à cette longue liste de films d'action Reaganiens, "Robocop" n'en est pas moins une charge très complète contre l'Amérique de Reagan. Un film qui est malheureusement redevenu très actuel aujourd'hui grâce à notre cher ami George W. Bush !
> Le corporatisme grandissant, l'imminence d'un Etat policier, la récupération complice du crime à des fins stratégiques, etc, etc...
Et pourtant, au premier niveau de lecture rien de tout cela ne transparaît véritablement. Ceux qui sont venus voir du [i]"Let's kick some ass"[/i] en auront largement eu pour leur argent. A vrai dire même "Robocop" peut aisément passer pour une splendide campagne publicitaire promouvant l'Etat policier selon Reagan ! De la même manière que [b]"Starship Troopers"[/b] (toujours de Paul Verhoeven et Edward Neumeier) peut être pris pour une apologie du fascisme, alors que l'objet même de film est justement de jouer sur cet attrait pour le fascisme pour mieux le dessouder...
Il y a dans l'incompréhension qui entoure "24" quelque chose qui me fait irrémédiablement penser aux films de Verhoeven (bien qu'il n'y ait aucun humour noir à faire valoir dans "24", la série ayant plutôt choisi le biais du parallèle et du regard non complaisant pour se faire comprendre).
"24" restera quoi qu'il arrive pro-Bush au premier niveau de lecture (car tout simplement anti-terroristes, par voie de fait, et bien décidée à leur faire la peau coûte que coûte - fantasme ultime des pro-Bush). Et tout cela y est pour beaucoup dans la mésinterprétation de la série, et l'amalgame qui continue de l'entourer...
[u]> Jack Bauer, l'Alex Murphy, le Robocop des années Bush ?[/u]
Laissons les choses se faire, mais je fais le pari ici et maintenant que dans 20 ans, si les néo-conservateurs n'ont pas fait sauté la planète d'ici là, on reparlera de "24" et on la regardera avec d'autres yeux, comme ça a été le cas d'une certaine manière pour "Robocop"...
Note :
[spoiler saison 5, sans vraiment être spoiler] Si j'ai ramené "Robocop" sur le tapis, ce n'est pas un simple hasard ! Ceux qui suivent actuellement la saison 5 sauront parfaitement pourquoi j'en suis arrivé là. Sinon, je me contenterai de deux noms : Peter Weller et Ray Wise. Je doute beaucoup que ce genre de coïncidence soit purement fortuit. La référence est bel et bien assumée ici, et soulignée ! Et elle le sera encore plus une fois qu'on aura mis le pied dans cette seconde moitié de saison !!!
=> Rendez-vous ce soir sur la Fox, avec le tant attendu double épisode, pour réentendre les 2 mots "magiques" qui avaient déjà été prononcés l'année dernière lors du 4x16 ! Sans avoir été vraiment suivis à l'époque, nous laissant honteusement en plan de ce côté là ! Mais le temps semble être venu finalement (...de passer à l'étape -désormais incontournable dans "24"- de la "déconstruction" !
) !
Une construction-déconstruction en 2 temps (voire en 3, suivant ce que nous réservera la saison 6). La saison 5 en tout cas s'annonce comme la prolongation logique de la saison 4... Une nouvelle trilogie en perspective, moi je vous le dis !!!