En tout cas, en lisant l'interview d'Astier je suis de plus en plus content de la direction que prend la série qui ne veut plus se contenter d'être une virgule mais bel et bien une saga alliant (avec brio) épique et comédie !
Et ça me fait penser à l'article que j'avais écris l'an passé pour le [url=http://www.leflt.com/actu/article.php?id_article=527]FLT[/url], extraits (corrigé par mauv') :
[b]Les shortcoms, l’avenir de la fiction française ?[/b]
[i]Et si des fictions en petits formats étaient le vrai vivier du renouveau de la fiction française...
Il paraît qu’en France on ne sait plus faire de bonnes séries depuis longtemps. Que la fiction télévisuelle made in notre hexagone n’est qu’un ramassis de « Navarro-likes » et autres pompages mal gérés de shows anglo-saxons dont nos pauvres scénaristes et décideurs de chaînes n’en saisissent pas vraiment l’essence ; et encore moins les raisons (artistiques) qui font leurs succès dans notre pays et partout dans le monde... Il y a donc un peu de vrai dans tout ça. C’est vrai que par exemple, depuis plus de 15 ans, les grandes chaînes bleu blanc rouge ne nous sortent que des séries et téléfilms, pour la plupart, insipides et calqués sur les mêmes schémas. Le plus répandu étant celui du flic (au sens large) menant ses enquêtes et affaires entre 2 scènes familiales dont le naturel laisse toujours songeur. (...)
... il existe bien par chez nous des fictions tout à fait originales et qui n’ont strictement rien à envier aux séries anglophones en terme de popularité et surtout de qualité(s) ! Et là je parle de ce que l’on se prête à nommer, depuis pas si longtemps que ça : les shortcoms, contraction de « comédie courte » en anglais. Ce sont des séries, souvent quotidiennes, dont le format varie autour des 5 minutes par épisodes avec des personnages réguliers et qui envahissent de plus en plus notre PAF, pour le meilleur et parfois pour le pire. (...)
Suite au succès d’ « Un Gars/Une Fille », pas mal d’autres petites séries ont vu le jour, au départ pour faire la jonction entre des programmes forts durant une grande audience (vers 20h par exemple). Certains avec un grand succès comme « Caméra Café », « Kaamelot » (sur M6), « Samantha Oups » (sur France 2), ou succès relatif comme « Le train » ou « La France d’en Face » (sur Canal+) au bide le plus complet comme « Do mi sil adoré » (France 3). Si ces programmes courts font preuve d’une telle originalité et si certains remportent un grand succès, alors pourquoi cette inventivité ne passe pas le cap des formats plus longs et plus traditionnels (façon sitcom avec 25 minutes ou drama avec ses 52 minutes).
Les raisons sont multiples et bien sûr le coût financier en est une mais il n’y a pas que cela. Le succès de « Caméra Café » repose surtout sur sa qualité, car pour un tel programme il est facilement zappable s’il déplaît et n’interpelle pas le téléspectateur à la vue de sa position dans la grille de programme. Il faut dire qu’au même moment à l’époque le public avait le choix, presque à la même heure avec « Un Gars/Une Fille » et « Les Guignols de l’info ». Mais surtout, il est situé lors d’un tunnel de pubs en attendant le prime, moment stratégique où le téléspectateur lambda peut avoir la zappette facile. Les qualités de « Caméra Café » viennent essentiellement des scénarios et du jeu des acteurs, la réalisation étant réduite à sa plus simple expression (un plan fixe : le point de vue de la machine à café). Rien que par ce petit détail, le show s’est rapidement trouvé un style de narration particulier (remplis de courtes ellipses à répétition) avec ses propres codes que ce soit les mini génériques ou les « transitions » (rappelant le Zapping de C+) entre les séquences. Souvent les épisodes servent, avec un ton caustique et parfois acide, de bonnes histoires car souvent originales et bien rythmées avec en toile de fond une ambiance pourrie de PME de province....
En ce qui concerne les scénarii, les petites historiettes fonctionnaient aussi bien mises bout à bout que séparées. Il est à noter que M6 diffusait le samedi après-midi d’affiler tous les épisodes de la semaine donnant environ un programme de 25 minutes. Certaines intrigues trouvaient même des échos dans les épisodes suivants et les personnages évoluaient légèrement avec le temps. Si à cela on ajoute de nombreuses guest stars venant donner la réplique le temps de 1 ou 2 épisodes, on a bien là toute la base pour voir un peu plus grand. Oui mais voilà, l’intérêt du format court est de pouvoir en disposer facilement pour combler les temps morts de la grille de la chaîne, et passer en format plus long serait plus problématique. Et bien sûr cela demanderait davantage de rigueur de la part des scénaristes qui devraient composer avec une durée largement plus longue tout en conservant la spontanéité qu’apporte le format court. Sans oublier qu’il faudrait revoir, pour « Caméra Café » sans doute la réalisation car le parti prit du seul plan fixe pourrait ennuyer les téléspectateurs sur des intrigues plus longues.
Encore que... Si il y a une shortcom allant encore plus loin dans la continuité narrative au niveau des intrigues et des personnages, qui se donne les moyens d’avoir une vraie réalisation tout en ayant une vision sur le long terme du show c’est bien « Kaamelot ». Cette fois il est impossible de cataloguer ce programme dans le terme de série à sketchs, et c’est sans ambiguïté que la série s’impose d’elle-même. En effet ce show raconte de manière parodique la quête du Graal par un roi Arthur bougon et une table ronde de bras cassés. Le ton y est immédiatement reconnaissable, avec un humour grinçant et des répliques qui fusent et deviennent cultes. Surtout le créateur, scénariste et principal acteur du show, Alexandre Astier revisite le mythe et l’époque avec justesse et pertinence en mettant en relief le matériel parodique comme pouvait le faire un René Godziny dans un album d’ « Astérix ». D’ailleurs « Kaamelott » pourrait bien suivre les traces de « Caméra Café » et s’adapter au cinéma, non pas pour un seul film mais déjà toute une trilogie... Maintenant de dire que la prochaine étape pour M6 serait de produire une série d’une même qualité mais dans un format plus long, il n’y a qu’un pas que j’aimerai bien franchir... Mais peut être qu’M6 va se faire griller par Canal+ qui a déjà tenté de lancer des mini-séries de 6 x 20 minutes pour des soirées spéciales et qui a sans doute pas mal d’autres projets intéressants dans ses cartons. Les saisons télévisuelles à venir risquent d’être pleine de surprises...
C’est à ce demander si en France on a tellement peur d’innover et d’aller de l’avant, qu’on veut bien essayer de lancer un show original à petite dose avant d’y aller franchement une fois que l’on remarque qu’avec la petite dose d’originalité le succès est au rendez vous. Surtout que si l’on revient à « Caméra Café » il est noter que Solo et LeBolloch’ ont galéré pendant près de 10 ans en proposant leur concept à toutes les chaînes, sans succès. Et il a fallu attendre le succès de « Un Gars/Une Fille » pour qu’M6 daigne bien prendre le risque. Evidemment, le grand succès en terme d’audience des séries US depuis quelques saisons et la perte de vitesse de la « TV Réalité » bousculent les chaînes françaises à essayer de produire des fictions de qualité, avec récemment « Clara Sheller » (France 2) ou « Venus & Appolon » (arte). Les essais sont louables, mais ne parviennent pas encore à atteindre le succès et le statut d’un « Kaamelot ». Sans doute que c’est dans la fraîcheur de ce type de programme que les chaînes devraient s’inspirer et puiser pour réaliser les fictions de prime. Car ces programmes porté sur les épaules de personnes passionnés par leur concept (comme Astier ou Solo), ont su adapter leurs idées au médium et non pas essayé de faire du sous-cinéma pour lé télé comme bon nombres de leurs collègues. En Angleterre et aux USA toutes ces questions d’originalité et de support ne se posent plus, car cela fait bien longtemps qu’ils ont compris qu’innovation, liberté de création et programmes qui changent de forme et de contenu (sans oublier la rigueur dans l’écriture bien sûr) ont plus de chances de fonctionner sur le long terme. Et tout cela commence enfin à percuter les chaînes françaises...[/i]
Les réflexions d'Astier vont donc totalement dans le bon sens, et ça fait plaisir à voir, car je pense que cela fait longtemps que les téléspectateurs français attendaient qu'on leur serve une fiction hexagonale d'une telle qualité et potentiellement aussi culte que peut l'être un show ricain !
[url=http://www.kaamelott.com/][b]Lire l'interview d'Alexandre Astier.[/b][/url]
[url=http://forum.ouaisweb.com:/viewforum.php?f=77][b]Qui a dit que la fin du monde c'était pas télégénique ?[/b][/url]