par Sullivan sur 16 Jul 2007 1:19
Je ne pensais pas créer une guerre de tanchée avec mon "séries - compilation". Techniquement, d'habitude, quand j'essaie d'expliquer cette analyse, j'utilise d'ailleurs une autre expression : celle de séries - somme. Ce qui assez proche dans mon esprit d'une notion de séries - bilan.
Pour moi, Desperate Housewives est une série - somme parce qu'elle prend tout ce que le prime-time soap, genre créé en 1978, a fait depuis 25 ans, et qu'elle essaie d'en ressortir le meilleur.
Le prime-time soap, ça a été les grands soaps des années 80, Dallas, Dynastie et Côte Ouest. Desperate Housewives s'inspire pas mal du meilleur d'entre eux, Côte Ouest, et plus généralement axe son intrigue sur des personnages adultes et même murs -- DH comme Côte Ouest ont pour héroïnes principales des femmes de la 40aine. De plus, DH reprend les grand mystères qui ont fait le succès de ces shows, comme "qui a tiré sur JR?" "Qui a volé les bébés de Valene?", et structure chaque saison autour d'un grand mystère.
Ensuite, le prime-time soap, cela a été les teen-soap des années 90. De Beverly Hills à Dawson. DH veille à maintenir constamment grosso modo un tiers de personnages ados ou post-ados dans sa distribution et fait appel là aussi à pas mal de classiques du genre.
Ensuite, dans la deuxième moitié des années 90, le prime-time soap, cela a été la dramédie, créée par Ally McBeal, et DH mène de front un aspect dramédie prononcé en parrallèle de ses mystères et de ses intrigues sérieuses.
Donc pour moi, l'idée qui sous-tend DH, c'est que la série est la somme, le bilan, des 25 années précédentes de prime-time soap, dont, en théorie, elle est censé ressortir la crème de la crème. Bon, c'était le cas pour la première saison, depuis, l'incapacité de Marc Cherry a showrunné une série a provoqué ce qu'on a connu.
Tout ça pour dire que ce n'est pas spécialement péjoratif dans ma bouche, et que je pense qu'une série somme peut être une très bonne série, comme la première saison de DH.
Voilà pour l'explication de texte.
Sinon, pour ce qui concerne la différence entre la décennie à mon avis totalement majeure pour les séries qui fut, en gros 1993 - 2002, et la période actuelle que je pense être consacrée à la regénération et à l'expérimentation formelle, c'est effectivement à mon sens sur l'importance de ces séries à l'échelle de leur medium que les choses se jouent.
Comme vous l'avez dit, X-Files a été une révolution visuelle. Pas seulement d'ailleurs, parce que XF a aussi popularisé la série à mythologie (moi à part Babylon 5, je ne vois aucune série de même niveau depuis concernant la mythologie -- étant entendu que je ne place pas Veronica Mars dans cette catégorie), mis l'accent sur l'investigation scientifique, contribué à l'éclosion des héroïnes fortes.
D'assez nombreuses séries de la décennie 93-02 ont aussi laissé une empreinte forte, même si c'est sur que toutes n'ont pas eu l'impact incroyable de The X-Files.
Par exemple, on pourrait dire que Desperate Housewives et Ally McBeal, c'est la même chose : une ou deux bonnes saisons et puis c'est fini. Sauf que, sans même parler du fait que j'échange n'importe quand une mauvaise saison d'Ally contre 10 mauvaises de DH, Ally McBeal a inventé un genre, celui de la dramédie. C'était la première série d'une heure à se retrouver dans la catégorie comédie des Emmy et elle a inauguré ce casse-tête.
Plus largement, le dyptique Ally McBeal / The Practice reste d'ailleurs le summum à ce jour inégalé de la série d'avocat et témoignent de façon fascinante de leur époque.
L'influence de Friends sur la sitcom est évidente, il n'y a qu'à voir HIMYM. Idem de Seinfeld et de son humour.
Murder One, c'est la naissance de ces high concept shows actuels, malheureusement pour eux aucun n'a égalé la première saison de ce show qui, contrairement à plusieurs de ses descendants a eu par ailleurs la chance de finir vite.
La série de HBO, avec le duo Soprano / Six Feet Under a de son coté considérablement influencé par la suite l'écriture de séries centrées sur la psychologie et l'intimité des personnages.
Buffy et Alias ont transformé la façon d'écrire une héroïne.
Sex & the City a aussi profondément modifié l'écriture des femmes et du sexe à la télévision.
Face à cela, que restera-t-il des séries diffusées depuis la fin de cette décennie 1993 - 2002 ?
Je fais crédit à 24 d'avoir durablement modifié l'écriture du héros et de la série d'action. Battlestar Galactica laissera sa marque sur la série de SF. Mais en dehors de cela, je ne vois pas grand chose issu de ces cinq dernières années dont on pourra dire qu'il a changé le monde de la série télévisée... Donc oui, il y a de bonnes séries diffusées actuellement, voire de très bonnes, mais pour moi cela n'a rien a voir avec le foissonnement créatif délirant d'inventivité que l'on a connu quelques années en arrière.
Voilà, je crois que j'ai pas mal développé mon avis initial sommairement posé plus haut.
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