Hello !!!
[quote="Aneth"]Je suis passée par ici et repasserai par là, par exemple lorsque Zerosum nous livrera quelques éléments de sa réflexion... [/quote]
Aïe !
A vrai dire le Zerosum en question a du mal à trouver le temps de rédiger ses profondes réflexions !
(pour cause de période estivale qui s'annonce très creuse et qu'il me faut compenser en mettant les bouchées doubles aujourd'hui si je ne veux pas finir complètement sur la paille demain...)
Mais trêve de blablatage sur ma vie, j'ai un sérieux retard à rattraper... Alors let's go, dans l'ordre si possible :
[b]En réponse au post d'Aneth du... (hum!)... du 08 Juin ![/b]
Au fond on se rejoint (non, c'est pas encore ce coup-ci qu'on sera en désaccord, désolé !
), c'est juste que j'ai tellement forcé le trait que ça en a un peu dénaturé le fond de ma pensée, une fois de plus...
[quote="Aneth"]2) Ce que tu dis sur la "spontanéité" (tu parles même d'une narration qui se rapprocherait de la vie) pourrait faire penser à une narration qui s'égare, à une inspiration qui s'emballe tous azitmuts.[/quote]
Effectivement. Et c'est bien pour ça que je précisais que cette narration "spontanée" était toutefois loin d'être inconséquente. :wink: Mais je vois ce que tu veux dire...
[b]Entre errances et libertés[/b]
[quote]Or à aucun moment, on n'a cette impression, on se sent parfaitement en confiance avec les scénaristes, et au contraire, on ne cesse d'être impressionnés par la maîtrise incroyable et l'intelligence avec laquelle on nous ravit (dans tous les sens du terme).[/quote]
C'est vrai qu'on est en confiance. Je ne sais pas exactement d'où ça vient. Je pensais au début que cette impression découlait surtout du fait de savoir que Knauf avait déjà planifié ses 6 saisons, et donc que toute "errance" serait assumée et participerait, de manière très simple et "honnête", à la [i]beauté[/i] du récit. Surtout que Knauf avait laissé comprendre qu'ils connaissaient les grandes lignes, les étapes, les points cruciaux, mais tenaient toutefois à s'aménager une certaine liberté d'écriture, une marge de manoeuvre au travers de laquelle pourrait s'exprimer la voix des scénaristes (au pluriel, j'insiste). C'est un aspect qui ressort d'ailleurs énormément des interventions de Knauf : en le lisant on s'imagine généralement une équipe très... "symbiotique". Contrairement à ce qu'on a pu voir par exemple sur XF, menée par une équipe, elle, très cloisonnée.
Mais le simple fait de savoir que la trame globale est déjà connue des scénaristes à l'avance n'explique pas tout. Si je compare par exemple avec "Lost" (pas de spoilers en perspective), la différence est énorme. Je fais le parallèle parce que pour "Lost" aussi on a su assez tôt que ses créateurs avaient également déjà planifiés leurs 8 saisons, avec leurs points cruciaux et étapes déterminantes, etc. (Histoire de faire valoir que "Lost" ne serait pas un XF bis répétant les mêmes "erreurs", i.e. la légende du "on invente au fur et à mesure").
Pourtant, les errances sur "Lost" ne m'apparaissent pas comme une "liberté" participant à la beauté naturelle (presque "vivante" donc) du récit (ce que j'appelais très maladroitement "spontanéité" dans mon post précédent). Mais au contraire sur "Lost" ces errances m'apparaissent généralement comme des obligations, souvent embarrassantes ou gênantes, puisqu'il s'agit en fait manifestement de meubler le vide, histoire de pouvoir tenir les 25 épisodes que compte la saison. (Vive les saisons de courte durée, moi je dis ! :P )
Sur "Carnivàle", les scénaristes semblent laisser libre cours à leur inspiration/intuition, en laissant leur univers se développer [b]naturellement[/b], là où sur "Lost" les scénaristes semblent constamment chercher à apporter des solutions à des problèmes, remplir des espaces vides, [b]de manière forcément artificielle[/b]...
Je continuerai la comparaison avec "Lost", puisque je pense que c'est le meilleur moyen de faire ressortir ce que j'ai tant de mal à exprimer ! (vive la fatigue !!!!
)
[b]Vivant ?[/b]
C'est ça que je voulais dire lorsque je parlais de "vivant" => lorsque les personnages semblent prendre vie d'eux mêmes et que les scénaristes n'ont plus qu'une chose à faire en quelque sorte (et ce n'est pas là de la paresse, juste du talent ! 8) ) : se laisser guider par eux. Se laisser [b]surprendre[/b] même par eux ! Une vision qui rejoint parfaitement les descriptions de Knauf sur leur manière de développer leur univers : en fonction de leurs personnages, et de leur degré de "symbiose" (pour ainsi dire) entre eux et leurs interprètes. Et là c'est du talent des interprètes (ainsi que de la direction d'acteurs bien sûr) qu'il convient de parler. Ceux qui arrivent à tellement habiter leurs personnages qu'ils les rendent plus "vivants" encore, plus "animés" (lat. [i]animare[/i] > [i]anima[/i], « le souffle, l'âme»). Knauf et son équipe se laissent ainsi volontiers porter par le "souffle" de leurs propres personnages...
Vais-je trop loin ?!
Idéalise-je trop (ouh que c'est moche comme formulation) ?
Toujours est-il que beaucoup d'interactions entre personnages (durant cette seconde saison particulièrement) n'étaient pas du tout planifiées au départ. L'évolution de personnages comme Libby et Jonesy notamment n'a été dessinée que par "la force des choses" : l'évidence d'une alchimie naissante entre deux personnages "animés"... :wink:
(J'en profite au passage pour préciser à quel c'est là une chose extraordinaire que seule une série peut permettre. Une certaine "magie" que le cinéma pourrait aisément jalouser à la télévision... 8) )
Pour en revenir à la comparaison, il suffit de voir la différence entre un rapprochement de personnages sur "Carnivàle" et sur "Lost" (en précisant que j'aurais pu prendre un tas d'autres exemple, aussi bien pour "Carnivàle" que "Lost"), pour voir de quoi je veux parler : la "force des choses" ne se situe définitivement pas au même niveau chez tout le monde ! Cette "force", chez les uns, renvoie à un caractère naturel, presque providentiel, tandis que chez les autres, elle renvoie la moitié du temps à un pur stratagème de scénaristes en vue d'établir une "configuration" spécifique pour la suite de l'intrigue...
Bien sûr quand je parle de "vivant", je parle avant toute chose des sub-plots, des relations entre personnages ou bien encore de certains rebondissements "mineurs". Je ne parle pas de la mythologie pure qui, elle, nécessite encore d'être soumise à une certaine rigueur, (le contraire serait tout simplement inconcevable). Et il faut bien se dire aussi que ce "vivant" est toujours, dans le cas de séries qui prennent leur temps en amont, projeté longtemps à l'avance. Ce qui permet tout de même aux scénaristes de bien préparer le terrain en attendant... "Vivant", mais pas inconséquent ! :wink:
[b]Le charme de l'errance[/b]
Voilà aussi ce que je voulais dire lorsque je parlais de sincérité vs malhonnêteté, caractère "manipulateur" vs "spontanéité". Cette différence de perception sur les "errances" de Carnivàle et celles de Lost vient selon moi du fait que "Carnivàle" est une série très contemplative, là où "Lost" continue de croire, entre deux séquences musicales faussement contemplatives, qu'une [i]intrigue[/i] en bonne et due forme est forcément indispensable pour rendre une histoire intéressante, voire même pour rendre des personnages intéressants. (or "Carnivàle" est là pour nous prouver le contraire) De fait, l'[i]intrigue[/i] en tant que recours techniquement nécessaire apparaît inévitablement artificielle.
Toujours est-il que je te rejoins particulièrement lorsque tu dis que "Carnivàle" est une série impressionniste. Une [b]fresque impressionniste[/b] ! C'est tellement vrai !!!
[quote="Aneth"]Mais si on creuse un peu, on va préférer à "[b]spontanéité[/b]" dont on ne sait pas trop qui cela définit, [u]un terme pour le réalisateur[/u] qui prend le temps de décrire plutôt que de raconter (j'appellerais plutôt ça de la "[b]générosité[/b]" -merci aussi à HBO- et ça me rappelle ce que j'écrivais au début de ce topic sur "une série impressionniste")[/quote]
Oui, je me rends compte en me relisant que le terme "spontanéité" (et pas seulement ça
) était bien vague, et propice à induire en erreur... Et je suis assez d'accord sur le terme "générosité". Cette générosité qui vient, je pense, de ce que je dis juste au dessus d'ailleurs : les scénaristes étant eux-mêmes ouverts à ce qui s'offre à eux, ils ont forcément plus à nous offrir en retour. De manière "spontanée" donc, puisque suivant le souffle des personnages, sans qu'il n'y ait de tri ou de filtrage de la part des scénaristes, bref pas de calcul intermédiaire en vue de l'intégrer ou non dans une intrigue dont on devra juger de la pertinence, de l'intérêt, de la justesse de ton, etc.
Pas de limitation dans la recherche, non plus : car à trop chercher à "résoudre un problème" (j'ai pris "Lost" en exemple mais j'aurais pu en prendre un tas d'autres, encore une fois, je ne cherche pas à m'acharner sur "Lost"... quoique ! :twisted: ), on a une approche bien entendu plus "ciblée", donc plus restreinte. Et on se retrouve dans une démarche où seul l'utile compte. Encore une fois. Une sorte de "strict nécessaire", antithèse complète de la "générosité" dont peut faire preuve "Carnivàle"...
Et là je parle autant des sub-plots que de la mythologie pure. Certains éléments de la mythologie de "Carnivàle" ont été longuement mûris et prémédités depuis longue date, on s'en doute bien (les éléments majeurs principalement), mais d'autres semblent bien être là parce que... ils étaient là, tout simplement. Histoire de fournir l'univers et rendre le décor un peu plus riche encore. Et là on en revient bien à ton terme de [b]générosité[/b], effectivement.
Au fond, on voit bien que nous parlons tous deux de la même chose, avec des termes différents mais convergents : qui dit "générosité", dit "gratuité" en fin de compte. Et la gratuité dans la narration implique qu'il n'y ait pas d'arrière pensée en ce qui concerne la suite. Donc une certaine "spontanéité". Même si cette spontanéité est, comme le reste, imaginée, modifiée (si besoin est) et fixé en amont, et en rien improvisée.
C'est peut-être ça qui clochait dans mon emploi du terme "spontanéité" : ne pas mettre assez en évidence que la notion d'improvisation y était totalement proscrite...
[quote]En fait, ce qui me gène dans la façon dont tu as formulé ton dernier post, c'est que c'est contraire à la première chose que j'ai dite en éteignant la télé dimanche soir : "Quel bonheur de se laisser manipuler en toute confiance par un spectacle aussi abouti et inspiré.[/quote]
Comme je dis, je parlais surtout de la partie "Dreyfuss" de "Carnivàle" : les carnies, etc. Et en ce qui concerne la mythologie je parlais de "l'irruption" de certains éléments qui ne se doivent pas obligatoirement de répondre à un souci d'utilité future. Mais il serait très idiot – on est d'accord - de dire que TOUT est spontané et que RIEN n'est calculé. Je disais juste que contrairement à l'ensemble des séries à mythologie, "Carnivàle" laissait BEAUCOUP de place au "spontané" (merde ! J'arrive pas à trouver d'autre mot - aussi complet -, décidément !!!!), mais pas toute la place non plus.
[b]Faire valoir le droit à l'inexpliqué[/b]
Mais maintenant que tu as pu voir l'intégralité de ce "1er volume", peut-être verras-tu mieux de quoi je parlais ! Car tu peux voir que beaucoup d'éléments, beaucoup de personnages même, n'ont pas trouvé leur place dans le puzzle à l'arrivée, ou n'ont pas bénéficié d'éclaircissements concernant leur "rapport" à d'autres personnages majeurs de la mythologie. Sans même qu'on puisse se dire "ce sera pour la saison prochaine" car on imagine très mal comment la série pourrait revenir sur ces éléments ou personnages par la suite (pour un tas de raisons)…
Quelques exemples (attention, SPOILERS SAISON 2 !) : le personnage de Phineas Boffo disparu totalement du paysage (alors que l'on aurait pu le penser important à l'époque étant donné que Knauf en avait fait son pseudo sur le Net : fboffo), le personnage de Evander Geddes (le mec aux masques) dont on n'a pas non plus réentendu parler par la suite, les histoires du Manuscrit de Saunière, recherché par Wilfred Talbot Smith et localisé par Scudder à Rennes le Château (une référence au folklore ésotérique ENORMISSIME, en plus d'être plutôt en vogue depuis le succès fulgurant du "Da Vinci Code", bref pas le genre d'argument scénaristique à être balayé et relayé au rang de simple anecdote ! Et pourtant…), et d'une manière générale tout ce qui touche aux Templiers, dont on aurait attendu, logiquement, plus d'éclaircissements quant à leur part dans l'affaire, ou au moins quant au rôle que Scudder y a joué. Etc.
De même, on aurait bien voulu en connaître davantage sur les motivations de Smith (qu'on aurait pu penser lui aussi particulièrement important, puisqu'il est à supposer qu'un des alias de Knauf – Wilfred Schmidt, sous lequel il a signé son long-métrage "Dark Descent" - était une référence à ce personnage historique du monde de l'occulte).
Idem pour le personnage de Kerrigan : la nature du rituel qu'il opérait avec Scudder (ainsi que Talbot Smith d'ailleurs :wink: , pas vu à l'image montée, mais bien présent à ce moment, avant de se faire couper au montage !) Pourquoi ce rituel ? Quel était la nature du lien entre tous ces personnages "clés" ? Des personnages "clés" dont la plupart n'a pourtant servi à ouvrir aucune porte ! Tout au plus ont-ils servi à en montrer une du doigt, en laissant par la même occasion toutes les autres dans l'ombre, comme celle de Rennes le Château !
FIN SPOILERS SAISON 2
Bref, il y a ENORMENT d'éléments pour lesquels on était en droit d'attendre des éclaircissements, que l'on a pas eus. Dès lors "Carnivàle" est-elle à prendre comme une succession de ratages à la "Tempus Fugit / Max", "Emily" ou bien encore "SR 819" (pour parler x-filien) ? Des éléments vains ayant pour unique but de meubler ou faire diversion ? Une mythologie tantôt diaboliquement maîtrisée, tantôt totalement inconséquente ? Mettant en place des éléments pour bêtement oublier de les utiliser par la suite ?!!?
Dans le même ordre d'idée, saura-t-on un jour ce qui s'est passé à St. Louis (évènement qui a valu à Lodz d'être désavoué par Management, comme on l'apprend dans le pilote) ?
Saura-t-on exactement ce qui s'est passé dans les mines de Babylon du temps de Scudder ?
Autant de questionnements laissés en suspens ou abandonnés. Ou plus exactement des [b]pans complets laissés dans l'ombre[/b]. En sont-ils pour autant dérangeants ? Personnellement, je ne trouve pas. Et ce n'est pas par indulgence ou admiration aveugle. Mais tout simplement parce que "Carnivàle" bénéficie justement de ce côté "spontané" non calculateur (=> pas entièrement et systématiquement calculateur) qui fait que finalement le récit se dévoile comme il vient, sans sacrifier son authenticité au nom d'une certaine rationalité de la narration (comme tu le dis très justement). Eviter donc de se sacrifier au nom d'une certaine mécanique obligée et "arbitrairement nécessaire".
Knauf l'a souvent fait comprendre d'ailleurs : "Carnivàle" tend à échapper à cet arbitraire. Le nécessaire ne devient nécessaire que s'il est nécessaire ! En gros !!!!
:wink:
Il expliquait ça alors qu'un internaute lui demandait si on saurait un jour quel crime a commis Ben pour qu'il soit considéré comme fugitif au commencement de la série. Ce à quoi il avait répondu qu'on ne le saurait que si les choses faisaient que ça devenait sensé de le savoir. Une réponse qui en disait très long sur la manière globale de Knauf et son équipe d'appréhender leur récit et leur narration.
Ainsi [b]Knauf refuse délibérément de s'astreindre à la règle qui voudrait que TOUT doive être expliqué[/b] en temps et en heure pour des [b]soucis[/b] de [b]maîtrise[/b] de la narration, des impératifs liés UNIQUEMENT à la recherche du scénario le plus irréprochable possible, et le plus parfaitement mené.
"Carnivàle" semble donc, de ce point de vue là, viser bien plus l'authenticité et le naturel que la perfection scénaristique. Perfection de l'exécution ou authenticité, il faut choisir ! "Carnivàle" a choisi, ce qui la rend justement si parfaite à mes yeux !!! Ironiquement ! 8)
Ses auteurs ne semblent ainsi pas s'imposer de cahier des charges contraignant à respecter coûte que coûte, en bon "techniciens" du scénario (qu'ils ne cherchent pas à être, manifestement). On a dépassé là, de loin, la simple "technique" du scénario ! Nous voici plutôt face à des virtuoses qui peuvent se permettre toutes sortes libertés, tout en gardant leurs téléspectateurs en confiance ! 8)
Au fond d'ailleurs, cette réponse de Knauf sur la question du crime commis par Ben me permet de trouver un terme plus adapté que "spontanée" en ce qui concerne la narration : le terme "providentielle" qui exprime exactement mon ressenti. [i]Qui arrive d'une manière opportune[/i]. Donc [i]qui convient au temps, aux lieux, aux circonstances[/i]...
Tout simplement !
[b]L'anti-"Lost"[/b]
C'est en ça que je trouve que "Carnivàle" s'impose comme l'anti-"Lost" par excellence. Cette série monstrueuse (elle n'est pas la seule) dont les auteurs semblent être en permanence en "démonstration" de leur talent (= de leur aptitude à scénariser). Avec "Lost" j'ai sans arrêt l'impression de voir le [b]travail[/b], le labeur presque, de personnes cherchant absolument à prouver quelque chose. Prouver qu'ils peuvent faire mieux que les autres, plus complexe, plus tordu, plus prémédité, plus inventif, plus déconstruit, plus surprenant, plus tiré par les cheveux, etc.
Trouver les concepts les plus inédits. Trouver les ficelles les plus novatrices possibles, quitte à les rendre d'autant plus visibles d'ailleurs. Prouver qu'ils sont capable de surpasser LA référence en matière de mythologie (XF), prouver qu'ils sont capables de glisser des références religieuses, philosophiques et littéraires, comme des "grands" (quitte encore une fois à en faire des annonces officielles histoire de s'assurer que personne ne les manquera !!!!
:P ).
On est bien là dans le domaine de l'[b]exercice[/b], du perfectionnement poussé à son plus pur excès (dans l'unique but d'être le plus performant/compétitif possible) – la mécanique de la surenchère !
Ce genre de séries (et de films aussi - dans le genre de "The Machinist" ou encore "11h14") n'est pas mal écrit, loin de là. Juste sur-écrit. Comme un comédien qui sur-jouerait.
A côté de ça, "Carnivàle" fait preuve d'une simplicité (relative) en tout point salutaire, allant même à contre courant de cette mouvance débile, en prêchant volontiers le charme du naturel et de la sincérité face à la vanité du perfectionnement forcé et abusif. C'est ça que j'appelais maladroitement "manipulateur".
Une série comme "Lost", c'est ce que j'appelle personnellement du travail de tâcherons, un travail de performance, fait par des performers ! :P (oups! Je vais me faire des amis moi encore je sens ça !
) La seule question qu'on peut poser à l'arrivée, pour juger de la qualité d'une telle série, c'est : "la tache a-t-elle été bien exécutée, ou mal exécutée". Point. On pourrait presque élever un barème pour juger de telles séries équitablement. Artistiquement elle n'a pas plus d'intérêt qu'une compétition de patin à glace !
Voilà, j'espère avoir réussi, ce coup-ci, à exprimer le fond de ma pensée sans la travestir… :wink:
J'aimerai aussi pointer du doigt le fait que je trouve les manipulations de "Carnivàle" diaboliquement efficaces, mais néanmoins très simples et surtout... très "saines". Je leur trouve presque un charme que je suis contraint (malheureusement) de qualifier d' "ancien". Ce temps révolu où "The Sixth Sense" ou "Fight Club" n'étaient pas encore passés par là. Un temps où la manipulation était encore "digne" et pas simplement fourbe. Un temps qui n'érigeait pas encore au rang d'aboutissement suprême ce satané twist final, forcément fracassant. En résumé, il y a "manipulation" et "manipulation" ! :wink:
De même, le faux-semblant a du bon, mais utilisé à outrance comme un gimmick, je trouve ça limite méprisant pour le téléspectateur. Ce satané culte du faux semblant que l'on retrouve inévitablement dans toutes les mythologies aujourd'hui. Une sorte de XF poussé à son paroxysme le plus absurde. (cf. "Alias", "Lost", "24", et bien d'autres). "Carnivàle" évite très judicieusement ce genre de faux-semblants à répétitions et de fausses pistes intempestives qui semblent malheureusement être devenus les ingrédients de base de toute mythologie "digne de ce nom".
[b]A l'image de Ben Hawkins[/b]
Pour conclure j'aimerai juste revenir sur cette notion de "générosité" :
Je vois certes la narration de "Carnivàle" comme étant généreuse, tout en étant dans le même temps très pudique ! (contrairement à l' "exhibitionnisme" d'une série comme "Lost" ! :P )
Bref, "Carnivàle" est à l'image de son personnage principal, le jeune Ben Hawkins, si peu enclin à "se raconter" ou à chercher à se faire valoir...
(voilà, désolé pour la longueur comme d'habitude et pour l'indigence de ce post !
J'ai déjà bcp de mal à synthétiser en temps normal, mais là je dois dire, la fatigue n'aide pas franchement !
)
Promis, la prochaine fois (dans très peu de temps) je reviens pour parler plus en détail de ce fameux final qui m'a fait tellement grimpé au 7ème ciel !