par N°6 sur 01 Mar 2004 11:42
Bon Johansen je ne vais pas revenir sur le fait que tu es allé un peu loin, tu t''en es rendu compte toi-même. Critique tant que tu veux et aussi durement que tu veux mais ne t''en prend pas aux personnes et aux autres membres du forum, même indirectement. Tu l''as vu, ça énerve. Je pense, j''espère que tu as compris le truc. On a un peu de mal au début mais avec un peu de temps et beaucoup de bonne volonté ça vient. [:)]
Maintenant pour Buffy. Personnellement j''aimais bien cette série au début. Je me souviens avoir suivi la toute première diffusion de la série en France, sur Série Club le vendredi soir. C''était sympa, la série avait un certain charme kitsch, voir cette nana bien bustée en mini-jupe enfoncer des pieux dans le coeur de méchants vampires pas beaux sur fond de musique pop rock et d''une avalanche de blagues en tout genres (merci Alex), c''était fun. La série était fun, avait le charme d''une série B consciente de sa nature et s''en amusant, fonctionnant à plein sur le second degré. Très amusant. Et la seconde saison fut également très intéressante, représentant la mâturité, le ''coming of age'' de la série. A l''humour toujours omniprésent, les scénaristes arrivèrent à ajouter des intrigues subtilement plus dramatiques, telles surtout l''intrigue Angel et sa relation tragique car impossible avec Buffy. Malgré l''esprit ouvertement humoristique de la série, cet aspect plus sérieux passait bien, et même un semblant de poésie pouvait être trouvé dans la série. Les deux éléments se mélangeaint de façon fluide et naturelle pour donner au final certains des meilleurs épisodes de la série.
Malheureusement, tout s''est arrêté avec la saison3 , où la série, qui avait déjà donné le meilleur d''elle-même, a commencé à se répéter comme le dit LeM avec qui je suis pour une fois d''accord, la série a tourné en rond (Angel revenu des Enfers gentil comme une colombe et ne sachant fichtre pas à quoi il peut encore servir dans cette série), et, sacrilège des sacrilèges, la série a commencé à se prendre au sérieux. Incroyable pour qui suivait Buffy depuis le début, mais malheureusement vrai. Témoin cet épisode lourdingue louchant prétentieusement sur le problème des femmes battues. Arrive à Sunnydale une nouvelle Tueuse (encore ?), supposée épauler Buffy dans la lourde tâche de soutenir la série, mais ce personnage sera traité de façon bien trop sérieuse, dramatique, appuyé, voire parfois maladroite. Et languissant, car la saison mettra des plombes à faire avancer d''un chouïa la trame Faith, puisqu''il s''agit d''elle. Qu''il s''agit d''une tueuse rebelle attiré par le côté obscur, on le comprend au bout de quelques épisodes, inutiles d''étirer le tout pour en faire la trame de toute la saison. Et si vous mettez à côté de ça un maire qui se contente de palabrer pendant toute la saison avant finalement d''être tué trop, beaucoup trop facilement... La série se répète et rallonge éhontement des intrigues qui n''auraient tenues que difficilement en un double-épisode. Conclusion : Buffy s''épuise, elle est (déjà) sur la pente descendante, la sève s''est raréfiée et, à partir de maintenant, les éclairs de qualité ne seront qu''occasionnels (ex. : le "Hush" de la saison 4).
Et la saison 4 va venir valider cette évolution, en entraînant Buffy sur le terrain archi-balisé de l''université, en remplaçant Angel par un énième ''love interest'', bien fade d''ailleurs comparé au vampire rongé par son âme. Tout devient redondant, une fois de plus les intrigues sont exagéremment dilatées. Et les histoires d''amour du Scooby gang, outre celles de Buffy, deviennent également éhontement sérieuses et ennuyeuses. Quant on pense que ces amourettes étaient surtout prétextes à rigolade lors de la bonne vieille époque, et que la seule histoire d''amour sérieuse de la série tenait à Angel (qui a finit par réussir à s''échapper de ce bourbier), on se dit que quelque chose ne tourne décidément pas rond. Oui, la série se prend trop au sérieux, sans doute victime de son succès et, s''il ne lui est pas interdit de traiter des histoires de coeur de ses protagonistes et ce de façon plus ou moins sérieuse, elle ne doit SURTOUT PAS trop en faire, elle ne doit SURTOUT PAS se tromper sur sa propre nature et se prendre pour une série dramatique, elle ne doit SURTOUT PAS oublier qu''elle est une série B qui ne trouvait grâce à nos yeux que grâce à un second degré qui traduisait la conscience des scénaristes d''écrire une série d''humour, quoi, j'veux dire ! [:D]
Je ne pourrais pas parler aussi longuement des saisons suivantes, car c''est à ce moment-là que j''ai lâché l''affaire. La saison 5, que je ne fis qu''entrevoir, m''apparut comme incroyablement *chiante*, avec un méchant (enfin, une méchante) encore plus transparente, inactive et touriste que ses prédécesseurs, qui passa le plus clair de son temps apparemment à prendre des jaccuzis et torturer son valet. Dawn, petite soeur de Buffy (y sont forts ces scénaristes pour inventer des personnages sortis de nulle part supposés apporter du sang frais), n''apporte rien sinon du mélo, sans parler de la mort *tragique* de la maman Summers. Buffy transformé en mélo, je n''y aurais jamais cru à l''époque où je suivais la saison 1 sur Série Club. Et il paraît que la saison 6 (dont je n''ai pas vu un seul épisode) est la moins réussie de toutes, qu'est-ce que ça doit être !!?! [;)]
En bref, plusieurs évolutions sont intervenues qui expliquent la décadence ultra-rapide de la série (enfin, pas si rapide que cela, elles sont nombreuses les séries à entamer la descente de la pente dès la 3e - quand ce n''est pas la 2e- saison), mais l''explication première et originelle de la dégradation, c''est une série qui s''est prise au sérieux et a cru qu''elle pouvait utiliser indifférement des tons humoristiques ou dramatiques dans des proportions indiférrentes. Rien de plus faux. Car, si je ne nie pas que la série puisse faire intervenir des éléments sérieux (Angel saison 2 en est la preuve), tout est question de ton, de dosage et d''équilibre. Peut être enivrés par le succès, les scénaristes ne se sont pas rendus compte qu''ils avaient forcé sur la dose tragique et qu''ils s''y prenaient mal. Bien sûr, même sans cela, la série aurait de toute façon décliné puisque les scénarii ont commencé de se répéter indépendamment de la question humour/tragique, mais, magie du second degré, on lui aurait pardonné plus facilement. Buffy n''a jamais connu de décadence suffisamment brutale pour rebuter le gros des téléspectateurs de la série, et si vous avez passé sans encombre le cap que fut la saison 4, alors il est probable que vous n''aurez jamais eu de gros problèmes avec "Buffy" (sauf peut-être avec la saison 6, qui revient souvent dans les reproches des fans). Donc, une certaine qualité est probablement toujours resté à Buffy, grâce peut être au savoir-faire technique et scénaristique de Joss Whedon, mais, pour les âmes éclairées comme moi ([;)]), on ne la fait pas : Buffy a perdu presque tout son intérêt après sa 2e saison.
Buffy est devenu avec les années l''archétype même des séries pour ados qui empoisonnent la vie aujourd''hui à tout le monde sauf Le Martien, mais à ses débuts, Buffy, c''était autre chose, et pour peu que l''on apprécie le second degré et qu'on goûte les charmes d'une production de série B auto-parodique, on peut se laisser prendre par les 2 premières saisons. La question n'est donc pas de savoir si Buffy est ou non une bonne série intrinsèquement parlant, mais quelle a été son évolution et quand, et pourquoi, elle a cessé d'être une série rafraîchissante et légère. A mort les séries pour ado, et vive le Buffy des (2) premières années. [;)]
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