Hé, je ne pensais pas que mon post mettrait une telle animation ! Mais cela a au moins un avantage: celui de clouer le bec à ceux qui prétendent que les discussions de forum ne permettent pas de changer et d'évoluer. Les propos de Guigui et Torrance m'ont permis de recadrer la vision que j'avais d'"Alias", grandement aidés, il est vrai, par le sursaut qualitatif de ces 6 derniers épisodes. :wink:
Mais je tiens quand même à citer mon intro:
[quote]Aussi ne viens-je pas en contempteur de cette série assez jubilatoire, mais plutôt en phase de questionnement face à son intéret réel.
[/quote]
Donc, merci de ces réponses constructives.
Même s'il existe encore certains points de désaccord.
Je tiens à rectifier tout de suite le H.S. qui consiste à comparer "Alias" à "24". Là où "24", série brillantissime visuellement et intellectuellement, joue sur la géopolitique à travers une mise en scène spectaculaire, "Alias" semble vouloir étendre à l'infini un sujet tout autre qui est la contradiction consubstancielle au travail d'agent secret, la schizophrénie au travail. Quant au parti-pris fantastico/S.F., il éloigne effectivement la série d'une vision réaliste ou orienté sur des problématiques politiques précis: d'ailleurs "Alias" se joue du temps, et donc du temps de l'Histoire, puisque deux années sont zappées, ce qui est particulièrement audacieux.
[quote]Je ne vais pas répondre sur la comparaison avec 24 (Amrith exagère lorsqu'il descend la série mais il a raison sur certaines choses dans le fond)[/quote]
Concernant "24", je ne suis d'accord sur rien avec Amrith, et si je regrette ce H.S., c'est en parti pour lui avoir permis de déverser sa bile sur "24". J'en suis responsable, mais si débat sur "24" il doit y avoir, c'est sur le forum "24-Day 2", et pas sur celui-ci. Merci d'avance, Amrith. :wink:
[quote]Au lieu d'avoir une série complètement sombre et désenchantée quant à la mission patriotique des services secrets, ALIAS joue la carte de la dérision fictionnelle et parfois, hop, surgit un relent réaliste. J'adore ça. Au contraire de 24 qui joue la carte de la noirceur, tout en glorifiant les actions des personnages.[/quote]
Certes, Torrance, mais Bauer est un héros dangereux, rongé par un certain remord. Et dans l'univers fictionnel de "24", les autres services secrets existent: cf sa collaboration avec un agent étranger dans la saison 2.
Ce qui me gêne parfois dans "Alias" est l'attitude de carpette que prennent les autres services secrets, comme la France qui livre un suspect à la C.I.A., ou l'Allemagne qui ne sait quoi faire de ses informations, ou la Russie qui patine dans la semoule. On ne verra pas dans "Alias" des agents de services secrets redoutables, comme ceux de l'Afrique du Sud. D'où ce sentiment que j'ai qualifié d'impérialiste, avec cette vision très light, donc très irritante, de la C.I.A..
[quote]Citation:
Rien de plus stupide, dans les premières saisons, que de voir des opérations commandos CIA où les agents secrets utilisent des flechettes endormissantes pour neutraliser les "méchants" sur place.
Ce type de méthodes light n'apparaît que dans une minorité d'épisodes, ça ne peut donc pas se discuter sans un exemple précis derrière.[/quote]
Faux, Amrith. En témoigne toute la première saison, où les fléchettes empoisonnent vraiment la série.
Ceci dit, j'intente là un mauvais procès à la série. Si cet aspect "maître du monde" pouvait gêner dans la première saison, il disparait peu à peu, et l'effet "super-héros" dont vous parlez à juste titre le relativise énormément. De plus, "Alias" se passe souvent à l'étranger, ce qui implique une carte du monde. S'il n'y a pas du "géopolitique", il y a du "géographique", et ce n'est pas la moindre des qualités de cette série, compte tenue de l'ignorance de ce qui se passe en dehors de leurs frontières chez certains américains. Ceci contrebalance cela, et d'une façon au finish très bénéfique.
[quote]Guigui l'a déjà dit, donc je confirme : Jack Bristow est une brute.[/quote]
A noter que je ne milite pas pour la violence gratuite !
Mais comme dans les films comiques, la base doit être suffisamment sérieuse pour qu'on puisse en rire. Comme dans les films de S.F., il doit y avoir un minimum de réalisme pour qu'on adhère.
Voilà pourquoi sur une série d'espionnage, je n'adhère pas aux flechettes
! C'est ce qui m'énervait un peu dans la première saison, cet aspect "jeu video" où il n'y a pas de victimes, où tout rescussite toujours.
Les saisons 2 et 3 ont inversé cette tendance. Le jeu video a fait place à une stratification de l'histoire très élaborée. Et le portrait ambigüe de Jack Bristow de la saison 1 a laissé place à un personnage effectivement bien mieux campé, sans atermoiements, et d'une violence brutale. Je retiens plus le coup du témoin qu'il tue avant de le pendre. C'est brutal, le mot est bien choisi. On le regarde differemment, avec un certain dégout.
Mais ce dégout-là est tempéré par ce qui motive son action: son amour immodéré pour sa fille. L'ambigüité de cet homme que Sydney "connaissait à peine" lors de la première saison prend alors un autre visage, une autre dimension. Ambiguité différente, plus grave, plus dérangeante. Ce qui est remarquable est la continuité des mêmes thèmes sous une forme différente.
[quote]Guigui a écrit:
Tonnerre a écrit:
La mise en scène est à l'image du contenu [...] Sans réflexion.
Tu as lu les derniers SERIES MAX (le 7 & le 8 ) ? Tu devrais...
Oui, tu devrais lire Séries Max. Bon, c'est pas parce que j'ai écrit les articles, hein. Mais bon, quand même ![/quote]
:wink: Je lis Série Max (d'ailleurs il me semble que nous nous y cotoyons :D ), mais pas l'article sur "Alias" pour cause de spoilers. Ceci dit, au rythme où M6 nous débite la série, je pourrai bientôt apprécier l'article. Je considère d'ailleurs que M6 casse cette série avec un rythme aussi soutenu: il se passe tellement de choses par épisodes qu'on a besoin de prendre un peu de recul: trois épisodes à la suite empêche cette attitude. Il y a là un mépris souverain de ce qui fait la substance d'"Alias".
La forme dont je parlais est l'aspect "jeu video" qui s'est amenuisé avec le temps, et qui ne concerne plus la saison 3.
Mon dépit venait plutôt de la déception qu'apportait le début de saison.
[quote]Tonnerre a écrit:
J.J. Abrams est très fort pour ces finaux et ses rebondissements hallucinants, autant il est bien plus faible en ce qui concerne la suite à leur donner. En cela, le début de la nouvelle saison est assez calamiteux.
Tu exagères... [/quote]
Le final de la saison 2 était tellement grandiose que je m'attendais à quelque chose d'énorme pour la suite. Et là, je maintiens ce que j'ai dit: ce début de saison 3 a été vraiment décevant. Tout est retombé à plat. La barbe de Bristow (j'y tiens ! :P ) était à se prendre les mains dans la tête. Le coup de théâtre d'un Sloane repenti faisait à peine saliver. La reprise de service semblait extravagante, etc...
Ce changement d'aiguillage a été molasson. Ma sévérité est fortement lié au fait que j'aime bien "Alias" et que je m'attendais à quelque chose de plus "péchue".
La réalité est que les 6 derniers épisodes ont suscité une montée d'adrénaline qui n'est pas seulement lié à la très grande qualité scénaristique et visuelle, mais aussi je crois à ce démarrage en demi-teinte, qui les fait ressortir comme en relief.
Et force est de remarquer que Cronenberg arrive à point nommé. :wink:
[quote]Vous avez faux tous les 2. Cronenberg kiffe grave les nanars (en tant qu'acteur) [/quote]
Là j'apprends quelque chose, et je vous en suis gré. Cela dissipe un certain malentendu.
Je considère Cronenberg comme un des plus grands cinéastes vivants. Quand un jour un journaliste l'a comparé à David Lynch, autre parmis les plus grands, il a traité ce dernier d'escroc, refusant, à juste titre, d'être mis dans le même sac ( c'est fou comme les cinéastes qui dérangent sont effectivement stupidement assimilés ).
Il m'a alors un tantinet énervé en se drapant du manteau de la vertu et de la moralité incorruptible de son travail. Vous comprendrez que cela a d'autant plus mal résonné dans mon esprit quand j'ai su qu'il allait jouer dans "Alias" dont le début de saison ne me convainquait franchement pas.
"Incorruptible ? Mais il se fout de ma gueule !"
Maintenant que j'ai vu l'épisode "Salle 47", et à la lecture de vos informations, je ne peux plus lui en vouloir une seule seconde tant il est innénarable, cabotin, "nanardisant" l'épisode avec une jubilation affichée (sa première apparition: poilante), flanquée de son étudiante mignonnement déjantée.
[quote]Guigui a écrit:
Pour moins l'épisode avec CRONENBERG est carrément le meilleur de la saison !!!
Ne serait-ce que pour sa brillante représentation des rêves, j'abonde en ton sens.
[/quote]
Oui, l'épisode est excellent. Mais je vais encore faire une comparaison sur le même thème: concernant la représentation du rêve, le réalisateur et le scénariste sont bien en deçà (doux euphémisme) de l'épisode intitulé "Cauchemard" ("Resstless", final de la saison 4) de la série "Buffy contre les Vampires", où Joss Whedon avait rédigé un scénario quasiment en écriture automatique en injectant pourtant les fondements de la suite de la série (épisode hors trame de la saison qu'il s'est réservé, laissant le vrai faux final à un autre). Le récit se déroulait totalement au rythme des cauchemards des personnages, avec des associations d'idée, des transitions extrèmement déroutantes, fidèle à la logique des rêves. Comparaison n'est pas ici désir de rabaisser. "Salle 47" est admirable, mais j'aurais précisément voulu que l'on soit immergé dans les rêves-souvenirs de Sydney sans interruption, sans le retour au réel scandé par les explications "scientifiques" de Cronenberg, qui à force de commenter et d'expliquer dans un jargon impossible nous déconnecte de ce que vit l'héroïne. Il n'en reste pas moins des scènes (les plus longues) spectaculaires d'intelligence et de surprise, comme ce combat de Sydney contre elle-même, les apparitions d'autres personnages de la série comme incarnation de la voix du psychologue, et ces interminables rideaux de plastiques qu'elle doit écarter comme on écarte les portes de la perception et qui ont effectivement un relent bienvenu de X-files.
[quote]ALIAS est une série bien plus profonde que tu ne le penses. L'intérêt de cette série, est ce côté super héros souligné par Amrith, soutenu par un quotidien qui semble beaucoup difficile à gérer que les plus dangereuses missions. Etrange message sous jacent, non ?[/quote]
Ton analyse me convainc, en effet, Torrance. :wink:
J'y vois d'autre part une représentation assez profonde de la schizophrénie (j'y reviens), et de l'opposition être/paraître. Sydney est en quête permanente d'elle-même alors qu'elle vit toujours dans le double-jeu. Finalement, son statut d'agent double au SD6 trouve une continuité logique dans son amnésie: qui a-t-elle été pendant deux ans ? Mais qui était-elle, au SD6, quand elle mentait à ses amis, se mentait à elle-même dans une certaine fascination pour Sloane ? Oscillation permanente de l'identité dans un univers illisible parceque lui-même brouillé, où rien ne correspond à ce qu'il semble.
Jusqu'à ce que sa dualité se trouve confrontée aux masques des autres, comme c'est le cas avec Allyson.
Ce trouble identitaire ne se retrouve pas seulement dans le "double-je", mais aussi dans cette transformation corporelle constante qui fait de Sydney Bristow un corps en transit permanent, une image mouvante à la recherche d'un reflet unificateur qui se dérobe sans cesse.
Dites-moi si vous êtes d'accord sur cette interprétation de la série. "Votre avis m'intéresse".
[quote]La série est imprégnée d'une ambiance fantastique, plutôt science-fiction, d'ailleurs, qui la place dans une autre catégorie. Tout ce qui concerne Rambaldi offre une perspective passionnante, en ce qui concerne l'aspect "anticipation" de l'affaire.[/quote]
...ais-je écrit. Ce à quoi vous avez répondu:
[quote]Guigui a écrit:
Oui, je suis de ceux qui pensent que la série se terminera sur unenote définitivement fantastique.
Oui, je suis de ceux là aussi. Bien que Abrams ne pourra à mon sens pas se passer de replacer Syd dans un contexte nettement plus humain et quotidien qu'une simple fin fantastique. Je pense.
[/quote]
Bon, on est tous de ceux-là, donc :D !
L'aspect "rambaldien" d'"Alias" est ce qui se fait de mieux dans la série.
Peu à peu se dessine le rêve d'une éternelle jeunesse, dont la fleur qui ne s'était pas fanée depuis la renaissance donnait l'indice. Rêve ancestral, dont se nourrisent mythes, contes, histoires fantastiques, thèmes de science-fiction. La prophétie qui entoure Sydney est passionnante, et le principe du tissu organique d'un homme qui défie les affres du temps est un vrai beau moment de S.F. (assez X-Files, d'ailleurs: Sydney/Scully, même galère).
Il y a encore ce mystère autour d'Allyson qui se relève alors qu'elle a été réduite à néant, façon "super-soldat". J'espère qu'on la reverra (c'est là que je verrai si J.J. Abrams a de la suite dans les idées :wink: ).
La mise en scène aux allures fantastiques est également très belle lors de cet épisode qui s'ouvre sur le rêve d'un ange qui se révèle être celui surplombant la planque de Rome.
L'orientation fantastique finale d'"Alias" en ferait pour moi une grande série, et il n'est pas incertain que cet accomplissement de femme passe aussi par cet accomplissement mythologique. Mystère et boule de gomme.
[quote]Bref, je terminerai en disant qu'ALIAS est pour le moins sous estimé ou regardé de haut parfois.[/quote]
Je tiens à préciser que je ne regarde jamais rien de haut. C'est plutôt même l'exact contraire :wink: .
"Alias" m'apparaît être une série très inégale, qui me semble parfois surestimée, qui atteint des summums avant de redevenir plus plate.
Mais plus j'y réflechis, plus les qualités que j'y voie compense ses défauts.
Sans oublier vos points de vue qui permettent de m'y retrouver.
Elle a pour moi cet avantage considérable de s'améliorer avec le temps." Alias" se bonifie.
[quote]NOTE : Dans le 2ème épisode d'hier soir il y a eu censure : normalement pendant le cauchemar de Sydney, lorsqu'elle regarde sa cicatrice sur le flanc, celle-ci est ouverte, elle met sa main a l'intérieur et il en sort un long tuyau interminable... Une scène bien dégueux...[/quote]
Et très "Cronenberg", d'ailleurs. Pourquoi y a-t-il eu censure ? M6 a-t-elle eu peur de choquer en prime-time ? En tout cas, c'est inadmissible.
L'agent Squeulit pensait qu'il s'agissait en fait d'une pierre de forme triangulaire