par Mad sur 23 Jui 2004 15:24
Voici deux extraits du livre [i]Avant le Big Bang[/i] (éditions Grasset) :
- p.75-76 :
[i]Tout commence au cours des premières années du XXe siècle. A cette époque, Albert Einstein n’a pas encore construit le formidable édifice de la relativité générale et la mécanique de l’infiniment petit (qui ne s’appelle pas encore "mécanique quantique") n’en est qu’à ses balbutiements. Aux yeux des astronomes, l’idée même de "galaxies", composées d’étoiles extérieures à notre Voie lactée, est encore loin d’être admise. « Totalement grotesque ! », lancera même, en 1903, l’un des astronomes les plus en vue de l’Académie des sciences. Jusqu’alors, un homme, un seul, avait osé affirmer l’existence d’autres galaxies dans l’Univers : il n’était pas astronome mais devait atteindre la gloire en tant qu’écrivain de contes fantastiques : Edgar Allan Poe. Dans « Eurêka », un étrange poème en prose, il ose dès 1848 ces lignes incroyablement prophétiques :[/i] « Notre galaxie n’est rien d’autre que l’un des amas que j’ai déjà évoqués, l’une de ces "nébuleuses" incorrectement nommées et révélées par le télescope—telles de faibles taches perdues dans différentes régions de l’espace. Nous n’avons aucune raison de penser que la Voie lactée est plus grande que la moindre de ces "nébuleuses". » [i]Nous sommes en 1848 : ce texte stupéfiant avait pratiquement cent ans d’avance. Mais les scientifiques de ce temps se moquent bien des "divagations" d’Edgar Poe, ce "petit compositeur d’histoires fantaisistes". Car à cette époque insouciante, où les idées apparaissent encore sous des chapeaux hauts de forme, on se fait souvent une image bien naïve de tout ce qui touche "au ciel".[/i]
- p.128 à 130 :
[i]NOTRE UNIVERS N’EST PAS INFINI
Selon nos intuitions immédiates, nous nous trouvons dans un "espace immense", au milieu duquel on trouve quelque part notre système solaire. "Plus loin" il y a les étoiles, puis, encore plus loin, les galaxies et les amas de galaxies. Soit. Mais tout cela jusqu’où ? L’espace a-t-il quelque part une limite ? Risquons-nous d’atteindre un jour quelque chose qui ressemblerait à son bord ?
Une toute première réponse à cette question se cache dans ce qu’on appelle aujourd’hui le "paradoxe de la nuit noire". Pourquoi donc le ciel est-il noir durant une nuit sans lune ? Nous ne prenons pas garde à cette obscurité ; elle nous paraît aller de soi. Pourtant, elle cache un mystère profond, qui met en jeu l’Univers tout entier, aussi bien dans l’espace que dans le temps. Jusqu’à son origine. Kepler le premier, au XVIIe siècle, puis l’astronome allemand Olbers deux cents ans plus tard ont été frappés par ce paradoxe. Car réfléchissons : si l’espace était infini, où que nous regardions, nous verrions nécessairement une infinité d’étoiles, serrées à l’extrême les unes contre les autres Résultat : il n’y aurait plus la moindre "place pour le noir" et, la nuit, le ciel serait radieux comme un diamant, empli d’un bout à l’autre d’un éclat argenté que rien ne viendrait atténuer. Curieusement, c’est encore Edgar Poe (inoubliable auteur de la nouvelle « Le Puits et le Pendule ») qui, dans les années 1840, apporte le premier la réponse dans « Eurêka » : s’il fait noir la nuit, c’est parce que l’espace et le temps—et donc le cosmos tout entier—sont finis. Si l’Univers existait depuis toujours, même la lumière des étoiles les plus lointaines auraient eu "assez de temps" pour voyager jusqu’à nous. Si le ciel n’est pas brillant comme un miroir, n’est-ce donc pas nécessairement que les étoiles n’existent pas depuis toujours mais seulement depuis une date déterminée dans le passé ? Cela paraît évident. Pourtant, ce raisonnement a soulevé certaines objections en cent cinquante ans. Si bien qu’au moment où nous avons publié nos recherches en 2002, le débat se poursuivait encore, parfois avec rage.[/i]
[b]Mad : [url=http://www.eapoe.org/works/tales/mystfb.htm]R. von Jung[/b][/url]
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