Yeeeeeeha, j'suis arrivé le premier, t'as un gage Mad ! Tu devras imiter le cri du marsupilami en rut le soir au fond des bois !
Bon, pendant que Mad s'entraîne, voici une petite référence à Poe sur laquelle je suis tombé hier en lisant une nouvelle. Il s'agit d'une nouvelle de science-fiction, signée du grand, très grand [b]Arthur C. Clarke[/b] (
). Elle s'intitule "Breaking Strain" (en français euh, j'en sais rien, sorry), et date de 1949. Elle met en scène deux astronautes pris au piège d'un vaisseau qui n'en a plus que pour 10 jours d'oxygène... Aucune solution possible, ils sont condamnés... Sauf si... Sauf si l'un deux venait à disparaître, permettant à l'autre de profiter d'un répit salvateur puisque grâce aux jours supplémentaires d'oxygène respirable qu'il aura ainsi gagné, il pourra rallier Vénus et survivre...
Le grand truc de l'histoire, c'est que l'on suit l'intrigue du point de vue de l'un des deux astronautes, celui qui paraît solide et raisonnable, tandis que l'autre dès le début s'effondre devant l'horrible vérité et semble beaucoup plus faible. L'un est sérieux, droit, méthodique, l'autre est un hédoniste, égoïste et un faible... L'un tente par tous les moyens de trouver une solution, tandis que l'autre se soûle pour oublier. Sauf que voilà, tout n'est pas si simple, et tandis que les jours passent, notre cher astronaute droit dans ses bottes se révèle être plutôt du genre pyscho-rigide et commence à craquer nerveusement, tandis que l'autre, le soi-disant hédoniste, révèle un caractère finalement plutôt solide et sain. Et notre psycho-rigide de se transformer en psychopathe et d'envisager le meurtre de son collègue...
J'ai pris la peine de donner le background, histoire qu'on saisisse la référence à Poe. En effet, l'histoire s'oriente très vite vers la descente aux enfers du premier astronaute (Grant), son joli code moral qui s'etiole petit à petit, la folie qui s'empare de lui, la haine qu'il ressent de plus en plus pour son camarade. Jusqu'à ce qu'il se décide à l'assassiner en versant du poison dans son café.
Grant a versé du poison dans le café de son collègue, qui ne se doute de rien, tout va pour le mieux. Sauf que Grant doute, il ne peut s'empêcher de 'se faire des films', il se demande subitement s'il ne s'est pas trompé de verre et si le fameux poison n'est pas dans son verre à lui :
"He took rather a long time, for at the last moment something quite maddening and quite ridiculous happened. He suddenly recalled one of the film classics of the last century in which the fabulous Charlie Chaplin tried to poison an unwanted wife - and then accidentally changed the glasses.
No memory could have been more unwelcome, for it left him shaken with a gust of silent hysteria. Poe's [i]Imp of the Perverse[/i], that demon who delights in defying the careful canons of self-preservation, was at work and it was a good minute before Grant could regain self-control".
Voilà, la référence est à "Imp of the Perverse" (connaît pas non plus le titre français), et est à l'évidence placée histoire que le lecteur saisisse la parenté entre Grant et le 'héros' prototypique de Poe. Cette descente aux enfers n'est pas le seul intérêt de l'histoire, puisque les choses se révèleront quelques lignes plus bas être plus complexes que ce que l'on pensait, et le dénouement se révélera être saisissant. Mais pour connaître ce dénouement, une seule solution : lire la nouvelle (comment que je fais trop bien de la pub à Clarke !). Remarquez il le mérite, cet auteur est immense - pour ceux qui ne le connaissent pas, il est l'un des grands auteurs de sf du XXe siècle, spécialiste de sf 'réaliste', le genre que l'on appelle 'hard science'. Il est ainsi notamment le co-scénariste de "2001 l'odyssée de l'espace" et auteur de la nouvelle ("La Sentinelle") qui a inspiré le film.
J'ai fait un post plus long que nécessaire, je n'ai pas résisté à la tentation de m'étendre et de parler du grand Arthur C. Clarke, risquant ainsi d'ennuyer mon auditoire par des circonlocutions rébarbatives.... I feel [i]perverse[/i] right now... (référence uniquement destinée à Mad, qui sera la seule à saisir j'en suis sûr... Mais ça m'amuse ! :wink:)
Si quelqu'un m'a compris c'est que je n'ai pas été clair.