[size=200][b]L’INACCESSIBLE[/b][/size]
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ATTENTION SPOILERS !!!
Hé bien, j’ai fini le bouquin de Torrance pour la veille de Noël. Et le moins que je puisse dire c’est que ce bouquin m’a carrément retourné !!! Cela ne m’avait jamais fait cela, j’ai été scié. Je m’explique, bien que l’ouvrage n’est pas exempt de défauts certains et d’un style qui, si très souvent est efficace, peut se révéler lourd par moments (rares fort heureusement mais tout de même), c’est la première fois qu’un livre m’a mis autant mal à l’aise une fois que je l’ai terminé. Bien sûr certains livres m’ont procuré des émotions, mais jamais aussi fortes que celles-ci. Et ceci pour une raison très simple : je me suis totalement identifié au narrateur. Bien sûr il a le fait que (sans raconter ma vie) beaucoup d’éléments m’ont ramené à ma propre vie et ma propre histoire ce qui m’a plongé dans une mise en abyme vraiment déstabilisante, mais aussi, et c’est là que se révèle toute l’efficacité du style simple et directe de Torrance, parce que la psychologie du personnage est vraiment très bien travaillé et toujours cohérente. Pas un moment on se dit « tiens là ça colle pas ».
[size=150][b]1 ère partie : « Smells Liky Teen Spirit » (Nirvana)[/b][/size]
Je devais lire le bouquin il y a un an déjà, lorsque j’avais fait une news sur LVEI pour annoncer la sortie du livre. Mais finalement je n’ai pu le faire car manque de temps (et d’argent aussi à l’époque), et je me dis que finalement j’ai bien fait de le lire seulement maintenant. En effet, car durant cette période j’étais vraiment déprimé et la lecture de l’œuvre m’aurait achevé à coup sûr. Tout ça pour dire que ce livre est vraiment puissant et à ne pas mettre dans les mains de lecteurs en phase de déprime. Et je ne dis pas ça par connivence avec Torrance (passque c’est mon pote virtuel tout ça…), mais parce que c’est vraiment sincère. Surtout qu’au début je commence tranquillement : je lis les 80 premières pages, je me dis que c’est sympathique mais sans plus, que ça ne casse pas des briques… Je trouve que la première partie est assez lourde et que tout ce qui défile sous nos yeux paraît un peu « facile » car déjà-vu. En effet, tout ce qu’on voit à ce stade ce n’est que ce que nous livre le résumé : [i]"Je hais la célébrité. Je hais les midinettes qui veulent coucher avec toi pour se sentir vivantes. Je hais les mecs qui finissent par s''habiller, parler, bouffer, boire comme toi. Je hais la faune du showbiz qui passe son temps à jacasser. Je hais la facilité avec laquelle on obtient tout ce que l''on veut."[/i] Et bon, ce genre de sujet est dans l’air du temps et il ne faut pas beaucoup pour creuser et y aller (j’ai trouvé par exemple des échos avec le 99F de Beigbeder (qu’on aime ou pas c’est pas le propos)). Cracher sur une certaine partie malsaine de la société de spectacle par une bonne histoire est le rêve de tout membre du FLT qui se respecte… Par exemple… Bref rien de neuf sous le soleil : tout le monde (censé) a cela en tête. Surtout que parfois certaines phrases sont lourdes. Comme pour les « casses » que sort le personnage censé être un grand sarcastique à la répartie facile (un croisement entre un Baffie & un Chandler), et dans ces cas uniques je reviens sur ce que je disais au départ (le « [i]pas un moment on se dit « tiens là ça colle pas »[/i]). Revenons au chapitre 5 :
[i][color=red]- T’es con ou quoi ? J’essaye d’arrêter.
- Prends un peu de coke ça te feras oublier.
- Pauvre con.
- Au prix où tu es payé, tu peux t’acheter des patchs plus gros…
- Pauvre con.
-T’as de la répartie toi… On voit que t’es la star d’une sitcom…[/i][/color]
Là, c’est un peu lourdeau quand même, des casses comme ça je ne trouve pas ça efficace (pour bien bâcher, entraîne toi sur Mad et demande conseil à Strughold Torrance). Je ne me représente pas la scène : elle ne vient pas à moi. Là, à mon humble avis, il aurait fallu y mettre plus d’esprit. Dans le même ordre d’idée, pour faire une comparaison (pour me faire bien comprendre) dans 99F certaines répliques m’ont bien fait marrer et certaines phrases cynique pleine d’esprit raisonnaient encore dans le mien (par ex : « Ne prenez jamais les gens pour des cons, mais n’oubliez pas qu’ils le sont »). Et ce petit défaut se répétera par la suite encore quelque fois et c’est dommage. Torrance : as-tu des problèmes en écrivant des dialogues ?! Car ils sont peu nombreux, et certains (comme je viens de le rabâcher pendant 10 lignes) me semble peu inspirés… Enfin bref j’insiste là-dessus car c’est vraiment un des rares défauts du roman, maintenant je vais pouvoir me la jouer dithyrambique.
En effet le style est vraiment bon : incisif, clair, simple. Dès le début on rentre bien dans l’histoire (commencer par la fin reste toujours une bonne recette lorsqu’elle est bien menée), et on en saisit déjà tous les enjeux, et ça c’est très important car ça va nous porter de pages en pages. La première partie est la plus longue car le décor et le personnage y sont vraiment approfondis et c’est ça qui à mon avis rend la suite si poignante. Alors sur le reste rien à redire.
[size=150][b]2ème partie : « Fresh Feeling » (Eels)[/b][/size]
C’est à partir de ce moment que l’histoire bascule est rend le lecteur (moi en l’occurrence) complètement accro. C’est bien simple j’ai lu le livre en 3 fois et à partir de ce moment j’ai tout lu jusqu’au bout sans pouvoir (et vouloir) m’arrêter. En effet, si dans la première partie le tableau qui nous est fait du narrateur de son environnement fait plutôt peur et est pathétique, l’arrivée de l’Amour portée par le personnage de Candice qui transforme totalement le narrateur (c’est plutôt lui qui se transforme tout seul à son contact). J’ai trouvé que vraiment toutes les descriptions de ce qui peut mener et alimenter une relation amoureuse passionnelle étaient faites à la perfection (ça sent le vécu tout ça) !!! On suit tout ça avec vraiment du baume au cœur en souhaitant que le narrateur s’en sorte, même si de toute façon on sait que ce ne sera pas le cas étant donné que l’on assiste à sa mort dès le premier chapitre. Je n’ai pas vraiment de remarques à faire si ce n’est que ce passage m’a semblé être le plus réussi avec le 3ème…
[size=150][b]3ème partie : « Walk Away » (Ben Harper)[/b][/size]
Voilà, la dégradation de l’Amour et sa désacralisation dans toute sa splendeur ! Un des moments les plus durs à supporter dans une vie (et dans le livre). Là aussi c’est parfait… Que pourrais-je en dire ?! On suit vraiment tous les raisonnements du personnage, ils sont amenés de telle sorte que l’auteur arrive à nous les faire partager. Quand aux scènes de mutilation, je suis peut-être douillet mais à moi elles m’ont fait mal rien qu’en les lisant !!! brrr… terrible !!!
[size=150][b]4ème partie : « Hell is round the corner » (Tricky)[/b][/size]
Cette dernière partie est bonne elle aussi même si elle reste moins bien maîtrisée que les 2 précédentes : on adhère un peu moins aux idées et aux desseins du narrateur qui apparaissent un peu excessives. Car à ce stade, une personne dans cet état là aurais du mal à exprimer ses pensées et ses émotions aussi clairement et de façon aussi structurée. Alors bien sûr on est dans un roman et il est évident que ce que l’on lit n’aura jamais rien à voir avec ce qui se trame vraiment dans la tête de qql’un. Mais là je trouve qu’il manque un petit quelque chose qui fait que… Qui fait qu’on adhère si facilement aux 2ème et 3ème parties et moins à celle-ci. Est-ce que je me fais bien comprendre, ou bien je raconte n’imp’ là ? En tout cas la réaction de Candice par rapport à la mort de William m'a paru irréelle et factice : "Je te déteste !" Moi après un coup pareil j'aurais dis exactement ce genre de mots, et je pense que les choses se dérouleraient autrement... Mais ceci ne vient en rien altérer le message de l’histoire, qui, sans révéler la fin, n’est pas si sombre que cela. Message qui devrait être une évidence pour tous, mais qui malheureusement est étouffé par la superficialité de notre société contemporaine se trouvant à son opposé (et qui est très bien décriée avec verve et audace tout au long du récit).
[size=150][b]La Conclusion à Guigui :[/b][/size]
ACHETEZ CE BOUQUIN !!! J’ai vraiment adoré, même si je donne l’air de pinailler pour rien !!! Bon, comme je l’ai dis le style, comme le message est simple, clair et direct et surtout (à l’époque actuelle) diablement pertinent !!! Alors les petits bonus : j’ai adoré les scènes de baises (ça aussi ça sent le vécu Torrance ?!), et j’aime beaucoup l’utilisation aussi fine de la grossierté, car il faut être fin pour être grossier sans être vulgaire. Et pour terminer je dirai : bravo Torrance, et à quand le prochain ?!
[size=150]Le Guigui du New Jersey :])[/size]