par torrance sur 29 Fev 2004 19:03
[b]Chuck BERRY[/b]
Cet artiste noir débute sa carrière en 1955 grâce au légendaire bluesman Muddy Waters, qui, impressionné par les talents de guitariste de l'homme, lui obtient une audition pour le label Chess. C'est le début d'une carrière extrêmement prolifique, qui restera comme la plus inspiratrice du rock'n roll. Les accents bluesy de sa musique, alliés à des riffs tapageurs et dynamiques, feront de lui l'etendard du rock, influençant les futurs grands que seront les Beatles, Stones, ou autres Presley. Shaman de la guitare, Berry, auteur compositeur, donnera naissance à des tubes monumentaux, tous devenus des classiques, comme "Roll Over Beethoven", "Johnny B. Goode", ou "Maybellene". On peut aujourd'hui dire aisément que s'il devait y avoir un nom à citer comme étincelle première du rock, cela serait Berry...
L'époque d'alors n'étant pas propice aux albums, vous pourrez aujourd'hui trouver les tubes de Berry sur les Best Of de rigueur. Mais attention, vérifiez un détail : les chansons doivent être celles enregistrées pour le label Chess, car Berry les a ré-enregistrées maintes fois pour des labels peu regardant sur la qualité..
[b]Fats DOMINO[/b]
Natif de la Nouvelle Orléans, Fats va être, aux côtés de Chuck Berry l'un des inventeurs du rock n roll. Et ce, dès 1949 ! Créant le son "Nouvelle Orléans" (un son jazzy, des relents bluesy et des instrus rock donnant la part belle aux guitares et au piano), Fats deviendra vite une idole internationale, grâce à une ambivalence forte de personnalité, passant avec facilité de la mélancolie la plus touchante à une joie communicative toute rock, et ce parfois dans la même chanson... Ses tubes se nomment "Blueberry Hill", balade qui swingue avec entrain, sur une voix à tomber ou encore "Ain't that a shame".
Réussissant la fusion réussie du jazz, du swing, du boogie, du blues pour en faire le rock, fats Domino reste un incontournable, même s'il a sans doute moins influencé les artistes des années 60 que Berry...
Pour lui, même chose, le Best Of est requis !
[b]Carl PERKINS[/b]
Voilà un cas intéressant que ce Carl Perkins ! Quasiment inconnu du grand public aujourd'hui, il a été pourtant un nom plus qu'important dans l'histoire du rock... En effet, il est le créateur du rockabilly (un courant rock qui s'éloigne musicalement du blues, se faisant plus festif dans les paroles, sans pour autant jamais oublier les racines du blues) , le rock blanc, qui donnera naissance à Elvis, aux Beatles...
Oeuvrant sur le mythique label Sun, chantre de la country et à l'avant garde du rock, Perkins compose le légendaire "Blue Suede Shoes", l'interprète, mais fait un flop... Elvis en héritera, lors de sa période Sun, et lancera sa carrière... Mais Perkins, ne s'arrêtera pas là, composant des dizaines de chansons toutes orientées rockabilly, résolument tournées vers le futur, créant son propre style de rock, n'essayant pas d'imiter Berry ou Domino. Les Beatles lui redonneront ses lettres de noblesse en enregistrant 4 reprises ... Harrison affirmera musicalement à cette époque qu'il est le disciple de Perkins, tant son jeu s'en inspire...
Pour lui aussi, Best Of.... Grrrr c énervant !
[b]Bo DIDDLEY[/b]
Quatrième inventeur historique du rock, Diddley est un personnage haut en couleur. Influence majeure du rock animal, pérennisé par les Stones, les Kinks, Iggy Pop ou autres Creedence Clearwater Revival, Diddley invent un rock beaucoup plus tapageur que ses homologues. Souvent largement copié par les générations futures, Diddley incorpore au rock un beat particulièrement rapide et bruyant, qui porte aujourd'hui son nom... A cela s'ajoute des guitares rythmiques féroces et des paroles chantées a tue tête, souvent comme un vieux bluesman tentant de se casser la voix. Des tubes, il en a écrit des dizaines dont le fameux et égocentrique "Bo Diddley" et les non moins légendaires "Road Runner", "Pretty Thing", "Not fade away". Un artiste méconnu du large public actuel et qui mérite des lettres d'or dans le Hall of Fame du rock. Les pauvres groupes de métal d'aujourd'hui sont des chatons inoffensifs baignant dans leur urine à côté de Bo Diddley... Respect.
Best of, encore et toujours...
[b]Johnny CASH[/b]
"Live at San Quentin"
L'un des rares albums de country présent dans cette liste. Pourquoi ? Parce que Cash en est la légende vivante, le modèle incontesté depuis maintenant près de 50 ans. Après des débuts chez Sun, Cash affiche sa personnalité forte et tempétueuse, et devient l'un des plus grands lyricist de l'histoire du rock. Cet album live, enregistré en 1969 est l'un des disques live les plus connus au monde car enregistré dans la prison de San Quentin, devant des prisonniers chauffés à blanc. On y trouve les plus grandes chansons de "L'homme en noir" et sa voix de ténor alcoolique, et surtout l'hallucinante "San Quentin", chanson revancharde et accusatrice du système carcéral, sur laquelle les prisonniers ont débuté une mini émeute, vite matée... Si vous ne pouvez rien blairer de la country, écoutez Cash et vous saisirez la force de cette musique quand elle est aussi primitive, simple et revendicatrice. A écouter aussi, l'inévitable best of, ou l'autre live pénitenciaire, enregistré en 1968, "Live at Folsom Prison".
[b]Elvis PRESLEY[/b]
"Elvis Presley" (1956)
Ai-je besoin de faire les présentations ? Il fallait choisir un album de Presley et ce sera celui là. Car premier album officiel d'Elvis sorti en 1956, après ses enregistrements chez Sun.
Ici, Elvis invente le rock moderne, reprenant sans vergogne l'héritage des noms cités plus haut. Premier album de rock classé numéro un des ventes aux USA, "Elvis Presley" fait du rock la musique numéro au monde et propulse les jeunes au devant de la scène. Il sera leur Dieu, leur leader, celui par qui tout s'est réalisé. On trouve ici "'Blue Suede Shoes", "Tutti Frutti" (qui signifie en argot "taille moi une pipe", littérallement ! sauf que personne ne le savait !), "Money Honey", titre essentiel de rythm&blues... Vous pourrez dire que vous connaissez Elvis, c'est faux, et je m'en suis rendu compte vers 19 ans quand je me suis mis à l'écouter de fond en comble. Elvis est l'origine incontestable du rock moderne. The King, for ever.
[b]Buddy HOLLY[/b]
La classe. Le costume noir, la banane et une mort tragique dans un avion à l'âge de 22 ans auront suffi à Buddy Holly pour devenir une légende. Sans compter que son rock est l'un des plus punchy des années 50. Officiant au sein des Crickets puis en solo, Buddy Holly crée un rock qui tire vers ce qui deviendra la pop, dont il deviendra logiquement l'influence majeure. Avec des tubes en pagaille comme le sublime "That'll be the day", "Peggy Sue", "It's so easy", "Think it over", "Maybe Baby"... Sa classe, sa timidité, son jeu de scène dément, ses mélodies suaves et dansantes feront de lui une star. Sa mort aux côtés de Richie Valens dans un crash d'avion à l'âge de 22 ans feront de lui une icône. Bref, best of largement requis les enfants !
[b]The Beatles[/b]
"Revolver" (1966)
Dur de choisir un seul album des Beatles pour un fan comme moi qui a connu le rock par eux... Mais "Revolver" s'impose car cet album crée la véritable transformation des Beatles en groupe d'importance, dépassant le stade de phénomène de masse pour devenir un groupe musicalement d'envergure et quasi-intouchable. Bourré d'innovations, cet album ouvre la voie à des guitares plus grasses, des rythmes moins binaires, des lyrics plus nébuleux, des mélodies plus complexes... Album de tous les "plus", "Revolver" fait des Beatles le premier artiste rock à devenir plus grand que le courant qui l'abrite. Abandonnant les concerts, les Beatles deviennent ici des rats de studio, des bêtes de studio...Les expérimentations de Lennon, McCa et Martin sur cet album inspireront à peu près tous les courants musicaux, tant la diversité des arrangements et des mélodies en fait un album transgenre. A titre d'exemple, le titre "Tomorrows never knows" reste plus que moderne aujourd'hui, mettant aux prises un Lennon sous LSD à des cris de mouette, des boucles dantesques de guitares bruitistes... Un sommet parmi tant d'autres. Les pop songs de McCa, elles, atteignent des sommets d'épure, de grâce, de douceur, de sensibilité qu'il égalera rarement. Que quiconque égalera rarement, d'ailleurs !
"Revolver" est l'étincelle du groupe et à ce titre se doit d'être sur vos étagères.
[b]Bob DYLAN[/b]
"Blonde on Blonde" (1966)
Artiste majeur américain, Dylan sera l'une des figures de proue de toute une jeunesse contestataire. A travers des lyrics aussi puissants qu'intelligents, une écriture imagée touchant au génie absolu, et une musique évoluant de la country au blues en passant par le rock, Dylan est l'un des noms les plus importants de la musique du vingtième siècle.
Avec "Blonde on Blonde", il clot ce que l'on appelle sa "trilogie" (avec "Highway 61 revisited" et "Subterranean Homesick Blues"), à savoir ses trois albums les plus importants. Rare double album de l'époque, il recèle en lui des tonnes de trésors. Dylan se permet toutes les fantaisies (de la fanfare de cirque en passant par les titres de 11 minutes !) et signe un disque plus que majeur. "Visions of Johanna", "One of us must know", "I want you", "Absolutely Sweet Marie", "Sad Eyed Lady of the Lowlands" sont toutes des classiques, des bijoux et ce ne sont que des exemples, puisque les 14 chansons de cet album sont parfaites.
La révolution Dylan s'affiche ici dans toute sa splendeur et révèle peut être la quintessence de son talent.
[b]The Rolling Stones[/b]
"Let it Bleed" (1969)
Il fallait en choisir un... L'album parfait du combo de Jagger/Richards. Du blues à l'harmonica de "Midnight Rambler" au rock incandescent de "Gimme Shelter" à l'hallucinant feu d'artifice sonore de "you can't always get what you want" et ses choeurs mystiques, tout dans "Let it Bleed" participe d'une démonstration sans faille de la puissance du rock.
TGV sonore et sexuel, "Let it Bleed" transpire la rebellion, la fureur de vivre et de dire "fuck" au système, l'envie de crier sa rage et sa joie, son amour et sa haine. 9 chansons qui font des Stones LE groupe le plus sensuel, le plus admirable et le plus dynamisant (voire dynamitant) de cette époque.
Aujourd'hui, "Let it bleed" donne des leçons à n'importe quel groupe tant sa force et son animalité reste inégalée.
[b]The Kinks[/b]
"Something Else" (1967)
Difficile de choisir un album des Kinks plutôt qu'un autre, tous étant bons et ayant été les pionniers du hard rock.
Pendant peu connu des Stones et des Beatles, Les Kinks sont l'un des groupes de rock les plus brutaux des années 60. Mais au delà de cette fureur sonique, il y a les mélodies, les lyrics discret et sociaux, très proches de la réalité.
Ecouter aujourd'hui "You really got me" (babe, you really got me, you really got me now !!!!!) reste une expérience forte en émotions.
L'album "Something Else", lui, est un puits sans fond de trouvailles. Tout y passe : la pop song gratuite, une bossa nova d'anthologie, la balade de rigueur, le rock furieux. Résultat, un chef d'oeuvre digne des plus grands avec des titres toujours follement ironiques et cruels, souvent drôles et sublimement écrits.
Sur tous les albums de cette liste, si vous ne connaissez pas les Kinks, cet album doit être votre priotité première.
[b]The Byrds[/b]
"Younger than Yesterday" (1967)
The Byrds, groupe californien de David Crosby est sans aucun doute le roi des hybridations. Créant le folk rock en mélangeant la pop et la protest song folk à la Dylan, ils passent ensuite au psychédélisme indien et enfin, participent de la fusion du rock à la country !
Cet album est un condensé de tous ces styles et c'est pour cela qu'il reste le chef d'oeuvre des Byrds, groupe malheureusement peu connu. Ici, on ne peut être que frappé par la beauté des compositions de Crosby, par la simplicité apparente des lignes mélodiques qui recèlent pourtant en leur sein des sophistications dont bien peu de groupes sont capables. Avec des renforts de sitar, de trompette et des accents jazzy, "Younger than yesterday" offre la palette complète des talents des Byrds. Un disque qui marquera pour être l'un des disques majeurs d'un courant éphémère : le raga-rock (rock sous influence hindou), mais qui est pour moi, bien plus que le représentant d'un genre tombé en désuétude. Car grâce à cet album, The Byrds ont tout simplement démocratisé les arrangements indianisants dans la pop, aidé en cela par les Beatles (toujours eux !).
[b]The Who[/b]
"Who's next" (1971)
The Who, une belle bande de déglingos... Scéniquement dantesques, The Who est l'un des plus grands groupes de rock de l'histoire, tant par sa fureur que par la sophistication de ses compos. En fait, The Who, c'est un groupe parfait, créant chez l'auditeur la fascination la plus béate et la plus soudaine. Car The Who, c'est l'attitude, la classe fougueuse et rugueuse du rock. Des prolétaires britanniques qui hurlent leur révolte, prennent la tête de la démolition des valeurs morales réactionnaires, et qui deviennent la voix de toute une jeunesse laissée sur le bas côté. Ce "Who's next" est un des sommets de leur carrière et si je l'ai choisi, c'est pour la simple et bonne raison qu'il est le premier album de rock incorporant de nombreuses sonorités électroniques. Il est d'ailleurs le premier album utilisant un synthétiseur programmable...
A ce titre, la boucle de clavecin sur le légendaire "Baba O Riley" fait figure de modèle et de démonstration des capacités sonores du groupe. Tout sur cet album est parfait : des balades comme "Behind Blue Eyes" aux titres les plus rock comme "Won't get fooled again", "Who's next" déborde d'idées et de savoir faire, de fureur et de subtilité.
Aujourd'hui, certains arguent que cet album marque la fin des Who, les enterrant dans une sorte de rock progressif à deux balles. Mais non, l'entièreté de cet album est solide, fertile et influencera une tripotée de groupes, qui ont tous rêvé d'au moins un titre de ce calibre dans leur carrière...
[b]The Beach Boys[/b]
"Pet Sounds" (1966)
Non, les Beach Boys ne sont pas des ringards de surfers ayant à leur actif que des tubes à la con pouvant figurer dans des vieux films de Tom Cruise.
Les Beach Boys, c'est d'abord le génie de Brian Wilson, songwriter et arrangeur influent et créatif, délicat et insatiable.
Après des succès colossaux depuis 1961, les Beach Boys sortent "Pet Sounds "en 1967 et font un flop. Or, c'est leur meilleur album, leur chef d'oeuvre et aussi l'un des chef d'oeuvre incontestable du rock.
Conçu quasiment en solo par Brian Wilson aidé par Phil Spector, cet album mélancolique et introspectif, souvent expérimental, touche au sublime, tant par ses arrangements de cuivres, de cordes, que par ses harmonies, ses sons étranges (chien aboyant, klaxon, clochettes, ..) et le chant habité et fragile de Wilson. Une mélancolie, voire une tristesse sans fin peut vous étreindre du début à la fin de l'album, car c'est bien le thème de la mort de l'innocence que nous chante Wilson ici.
Délicat, subtil, innovant, transcendé et transcendant, "Pet Sounds " se doit d'être sur toute étagère de gens biens !!
[b]Jimi HENDRIX[/b]
"Electric Ladyland" (1968)
Jimi Hendrix, inutile de le préciser, était et reste encore aujourd'hui l'un des plus grands guitaristes, tout genre confondu. Son ascension a été fulgurante et s'est terminé dans la légende, à la "faveur" d'une mort soudaine, à l'âge de 27 ans. Son apport principal à la musique aura été celui d'un défricheur hors norme, et ce, dès 1967 avec son premier album "Axis : Bold as love". sa carrière aura été tout d'abord lancée en Grande Bretagne, alignant concerts sur concerts, et ce, avec l'appui principal d'un certain Paul McCartney... Défricheur car Hendrix, à travers ses trois albums studio aura su sentir le vent tourner vers d'autres styles de rock : psychédélisme, jazz-rock, hard, fusion. Sa musique, intense, extrêmement rythmée et ses riffs de guitares l'auront rendu légendaire, son jeu de scène accentuant cette impression d'assister à l'avènement d'un demi-dieu. Cet "Electric Ladyland" est son chef d'oeuvre (mais ses trois albums en sont) car il détient en son sein l'essence même du génie d'Hendrix. Que ce soit le psychédélisme naissant à l'époque, la fureur libertaire, une musique libérée, bruyante et mélodique en diable. Les expérimentations sont ici nombreuses, débouchant sur des digressions aux accents bluesy de très très haute facture. Hendrix défriche donc, trouve des sonorités nouvelles (c'est sur cet album que la guitare hendrixienne prend toute son ampleur...) et surtout, à l'image des Beatles, s'amuse avec les bandes, les accélérant, les mettant en boucle etc.. Autant le dire, tous les titres sont parfaits, de l'hallucinant "Crosstown Traffic", à la reprise dantesque du morceau de Bob Dylan "All along the watchtower" qui entre à mon sens dans l'histoire pour être l'une des rares reprises mille fois plus puissante que l'original ! Reste aussi le blues-rock lancinant et sensuel de "Voodoo Chile" ou le country-rock-psyché "Little Miss Strange".
Cet album, véritable lame de fond ravageuse, affiche des changements de rythme et de style couillus et transcendants, le chant d'Hendrix n'a jamais été aussi intense et touchant, tout en fureur rentrée. Bref, "Electric Ladyland" ouvre la voie à près de trente ans de rock, influençant tout ce qui s'est fait par la suite, de Pink Floyd à Nirvana... Indispensable, évidemment, car ne pas écouter du Hendrix, c'est ne jamais avoir écouté de guitare. Un apport insurpassable, et c'est bien là le problème car après cet album, bien peu de choses resteront à inventer... Fou, dingue, surnaturel, j'en trouve plus mes mots alors j'arrête...
[b]Jefferson Airplane[/b]
"Surrealistic pillow" (1967)
L'Airplane, comme l'appellent ses fans est un groupe américain qui est à l'origine de l'acid rock qui donnera naissance par la suite au rock progressif. Si le psychédélisme mis en avant par l'Airplane n'est pas aussi fort et novateur que celui d'Hendrix décrit plus haut, il faut reconnaître que ce groupe a eu une influence majeure dans le développement de ce genre majeur du rock des années 70. C'est avec "Surrealistic pillow " (coussin surréaliste !!) , son deuxième album, que le groupe atteint sa pleine mesure. L'arrivée d'une nouvelle chanteuse, Grace Slick apporte beaucoup au groupe, cet ex-mannequin donnant au groupe une touche d'exubérance et de provocation qu'il n'avait pas auparavant. Grace offre aussi à l'Airplane deux tubes immenses : "Somebody to love" et "White Rabbit", deux chansons incontournables de cette époque. Sur le premier, le psychédélisme est omniprésent, la flûte et le piano s'en donnant à coeur joie. Le deuxième est une adaptation d'une variation du Boléro de Ravel, tout cela sous la forme d'un rock pur et digressif, sans jamais être poussif.
Et c'est bien ça la force de cet album et de ce groupe. Car la production est assurée par un grand nom de la scène san-franciscaine et légende de la musique planante : Jerry Garcia du Grateful Dead. On y trouve donc des chansons psyché et digressives qui gardent pourtant leur construction, leur ligne mélodique, leur force de chansons rock. Du coup, on ne se fait jamais chier et surtout, on a pas l'impression d'écouter un trip ridicule sous LSD... Bref, un album qui fait date et qui nécessite une écoute attentive, pour peu que vous soyez ouvert au psychédélisme !
[b]The Doors[/b]
"The Doors" (1967)
Mon choix pour les Doors a été difficile entre "The Doors" et "L.A Woman", respectivement premier et dernier album du groupe.
Mais si j'ai choisi le premier, c'est qu'à mon sens, il reflète l'essence de ce groupe transgenre. On y ressent la poésie qui affleure de la voix de Morrison, mais aussi les délires jazzy et psychédéliques que le groupe pouvait donner sur scène. Des chansons comme "The End" ou "Light my fire" restent des incontournables et ce premier album pourrait presque être un best of. Pour moi, cet album à travers ses balades lancinantes et ses rock psyché furieux reflète totalement le raz de marée libertaire inspiré par le groupe, cette soif de liberté toute mélancolique qui éclate parfois en folie furieuse inarrêtable.
Il est évident de dire que ce groupe est l'un des plus grands de l'histoire, tant par la magie imaginative de sa musique que par la grâce de son leader et chanteur. Son influence est majeure, et surtout chez les néo-romantiques des années 80 ayant choisi, eux, pour parler de leur mélancolie et rage existentielle, la new wave (voire la cold wave).
Un son presque indépassable...
[b]The Velvet Underground[/b]
"The Velvet Underground and Nico" (1967)
Autant vous le dire tout de suite, le Velvet est cher à mon coeur, peut être autant que les quatre de Liverpool alors choisir un album a été une plaie.
Mais leur premier, enregistré sous l'influence bienfaitrice et créative d'Andy Warhol ne pouvait pas échapper à cette liste, tant il a influencé ces trente dernières années de musique.
Groupe foncièrement underground, le Velvet n'a jamais atteint le succès de son vivant. Seul Lou Reed obtiendra une aura qui dépassera celle du groupe pour arriver à mener une carrière solo avec succès (mais avec rebondissements aussi).
Cet album est l'un des plus importants de la fin des années 60 car il s'inscrit totalement en marge du psychédélisme ambiant et du flower power. Au contraire, le Velvet, c'est une musique et des lyrics qui touchent au malsain, au glauque, à la rage et à la violence psychologique. Loin des trips à l'acide, Lou Reed, lui se dope à l'héroïne et en fait une chanson. "Heroin", justement, peut être la chanson la plus brillante de l'histoire du rock car intemporelle, et véritable trip musical qui nous plonge dans des dédales psychotropes d'une intensité malsaine et suicidaire.
Le Velvet s'attache, aussi bien dans son son que dans ses paroles à décrire tout un "underground", toute une frange de la jeunesse qui se came, baise n'importe qui n'importe quand, prend son plaisir dans le SM, devient parano à force d'être traqué par l'ordre moral... etc... Bref, la fange de la société, la lie d'un pays (les USA) qui rejette en bloc tout ce qui peut sortir de l'ordre moral. A ce titre, le Velvet, c'est le groupe ultime du "fuck au système", le groupe qui représente au mieux ce sentiment de rebellion inhérent au rock.
Que ce soit à travers les balades ("sunday morning", "i'll be your mirror") ou les blues ("waiting for my man", "femme fatale"), le Velvet réinvente tout ce qu'il touche... Cet album est un monument, tout simplement, qui aura inspiré toutes les générations futures, tant par son jusque boutisme que par sa qualité musicale. INDISPENSABLE.
[b]Pink Floyd[/b]
"Dark side of the moon" (1973)
Pink Floyd est un peu le Pandore du rock... Reprenant l'héritage psyché de la fin des années 60, ce groupe fait partie des inventeurs du rock progressif, un genre qui va vite tourner en rond et s'étouffer dans des péroraisons musicale vite soulantes.
Néanmoins, le Floyd a pondu quelques très grands disques, dont ce "Dark side of the moon".
Après le départ du déglingo Syd Barrett du groupe, le Floyd, qui était jusque là plus près du folk régressif, passe au rock progressif... Et c'est ici qu'il arrive à son apogée. Les boucles s'enchaînent avec grâce et deviennent vite planantes, la guitare se voit filtrée par toutes sortes de techniques de production savantes inventées par David Gilmour, et les paroles de Roger Waters atteignent maturation. Il y développe les thèmes qui deviendront les classiques du Floyd : la paranoïa envers le système et le pouvoir, la sschyzophrénie inévitable de l'homme opressé par ce système, mais aussi de la science fiction politique ayant pour but de railler cyniquement l'humanité...
Bref, "DSOTM" est un album dense et intense, représentant d'un courant qui atteindra rarement une telle créativité. Le succès de cet album sera dantesque et ouvrira la boîte de Pandore, donc, tout un tas de groupes s'engouffrant dans ce rock progressif qui deviendra vite une plaie sur le visage du rock...
[b]Franck ZAPPA[/b]
"One size fits all" (1975)
Zappa est un cas à part. Tout le monde ou presque a déjà entendu son nom mais peu de monde est vraiment capable de vous citer une chanson ou un album ou de décrire sa musique.
Décrire sa musique est un gage presque impossible, tant elle joue sur l'étrangeté, la multiplicité des pistes mélodiques et sur l'expérimentation riche en sonorités.
Mais Zappa est avec Hendrix l'un des guitaristes les plus inventifs de tous les temps. Sa soif d'expérimentation le fera largement connaître au delà des sphères du rock et deviendra une idole chez les amateurs de musique contemporaine (de Philip Glass à Pierre Boulez).
Cet album est sans doute le sommet de sa carrière, tant par la qualité mélodique des chansons, vite noyées sous des déluges rythmiques et soniques. Un disque qui montre le génie de Zappa derrière les platines, puisque sous ce déluge de sons et d'expérimentations affleure une rigueur de construction sonore rarement vue. Bref, "One size fits all" est un classique de l'homme et peut être l'album par lequel il faut commencer, histoire de plonger directement dans les choses sérieuses...
[b]Van MORRISON[/b]
"Moodance" (1970)
Cet irlandais quasi inconnu du public actuel mérite largement l'attention de tous. Pourquoi ? Car sa musique, délicate, sophistiquée est abordable par tous...
Après une carrière en groupe avec Them puis les Chieftains, Morrison se lance en solo, car il souhaite aborder dans sa musique des choses plus personnelles et surtout créer une musique hybride : soul, jazz, blues, folk, rock, musique celtique... tous ces genres se retrouvent ici intimement mêlés. Et ce qui aurait pu être un horrible salmigondis sonore se révèle être une révélation d'une classe et d'une sensibilité rares.
Car Morrison chante comme un soulman, d'une voix chaude et assurée, allant sans problème du grave à l'aigu, du suave au rauque... Immense chanteur de soul et de blues, Morrison devient le parangon du métissage musical.
Et ce "Moodance" fait partie de ses chef d'oeuvre (les autres sont "astral weeks", "saint dominic's preview", "tupelo honey" et "veedon fleece"). Avec des balades soul de haute facture, des rocks pop endiablées lorgnant du côté du folklore irlandais ou le swing entraînant et classieux du morceau titre "Moondance", cet album se hisse au sommet d'une musique à la fois subtile et grand public, belle et recherchée, intense et mélancolique. Un artiste à découvrir d'urgence.
[b]Jeff BECK[/b]
"Truth" (1968)
Voilà un artiste sans compromission, ayant toujours refusé de se plier aux volontés du music business et du vedettariat.
Ancien guitariste (de génie) du groupe The Yardbirds, Beck claque la porte et se lance en solo en créant The Jeff Beck Group (ou le gars est un peu égocentrique quand même). La première formation de ce groupe comprend tout de même Rod Stewart au chant (quand celui ci n'était pas encore un vendu)et Ron Wood (futur Rolling Stone) entres autres.
En 1968 ils sortent donc ce "Truth" qui reste dans l'histoire du rock un album indispensable pour l'influence démesurée qu'il a eu sur le hard rock qu'allait créer Led Zep... Car Jeff Beck est un guitariste furieux, et le groupe qui l'accompagne ne fait pas dans la dentelle non plus. Du blues au rock, tout ici est chaud comme un tisonier chauffé à blanc, tout fleure bon l'urgence, la fureur de ne pas se perdre en conjecture, comme sur ce surprenant "Beck's Bolero". Beck crée donc un rock rapide et furieux, dans lequel Rod Stewart peut s'en donner à coeur joie...
Mais cette mouture du groupe ne tiendra pas longtemps puisque Stewart rejoindra The Faces peu de temps après. Il n'empêche que ce "Truth" restera un monument et une influence indétrônable du hard rock, puis du metal.
[b]Captain Beefheart[/b]
"Trout Mask Replica" (1969)
Attention, album de détraqué mental....
Captain Beefheart and his magic band est une des figures les plus emblématiques de l'underground américain. Avec ce double album, il crée un blues incandescent qui vire vite au surréalisme, sur des basez free-jazz-rock. Sa voix d'une gravité et d'une intensité hallucinantes ont fait de lui une légende et ce double album est l'un des modèles inévitables du "j'adore/je déteste". Car "Trout mask replica" et ses morceaux destructurés, ses lyrics désenchantés et surréalistes, est un monument du grand n'importe quoi. Soit on adhère immédiatement au propos, soit on s'en éloigne sans rien y comprendre. Vous aurez compris que personnellement, je suis du premier cas, cet album ayant changé ma façon d'aborder le rock. Forgé dans la liberté et la folie pure, il devient vite irrésistible et son influence sera majeure pour la scène underground de ses trente dernières années. Un certain Nick Cave s'en inspirere énormément ainsi que Radiohead (dans leurs délires "Kid A").
"Trout mask replica", c'est 27 morceaux produits par Zappa, tous enregistrés en live dans le studio, décuplant sa force et sa liberté. La plupart des compos sont improvisées par les musiciens du magic band, tous formés au jazz et à l'écoute de Coltrane.
Bref, un album culte comme il en existe peu, mais à ne pas mettre entre toutes les oreilles...
[b]Led Zeppelin[/b]
" II "
Led Zep, tout le monde connaît au moins de nom et il existe peu de groupes ayant un tel rayonnement mondial et total. Tous les apprentis guitaristes ont débuté sur "Stairway to heaven" pour faire tomber les gonzesses et des millions de jeunes se sont fait pousser les cheveux et les moustaches pour leur ressembler. Mais au delà du phénomène, Led Zep est un groupe incontournable pour être LA formation ayant inventé un style de rock. Le hard rock, pour être précis.
Led Zep est un groupe anglais qui doit beaucoup au mouvement du "blues boom", c'est à dire toute une génération de jeunes musiciens passionnés par le blues et ses icônes (comme Muddy Waters, Buddy Guy, John Lee Hooker...etc...) et qui vont durant les années 60 se battre pour faire découvrir ce mouvement à la jeunesse anglaise. Ce "blues boom" sera une vraie révolution puisque la quasi totalité des grands guitaristes de cette époque sera inspirée par les bluesmen. Led Zep est de ces artistes. Reprenant l'héritage récent de Jeff Beck et de Cream (le groupe de Clapton), deux artistes majeurs du "blues boom", Led Zep va créer le hard rock, un rock plus brutal, plus bruyant, qui ne délaisse pas pour autant la finesse de composition et les arrangements chiadés. Bref, rien à voir avec le métal... Car Led Zep, et c'est là toute son importance, va apporter à ce genre naissant des touches de raffinement et d'expérimentation en lui insufflant des références fortes au folk (beaucoup de guitares acoustiques et de balades mélancoliques) mais aussi à la musique orientale (le désormais mythique "Kashmir"). Led Zep, c aussi et surtout une section rythmique sans faille, toujours sur la brèche.
Leur second album, intitule "2" (original...) est un indispensable car c'est sur cet album que Led Zep créé véritablement le hard rock ,arrivant à une synthèse parfaite de leurs références et de leur travail sur "1" (premier album...).
Dans cet album on trouve donc du blues (le célèbre "Whole Lotta LOve" fera polémique pour être une resucée du classique "You need love" de Willie Dixon") mais aussi des riffs de guitares ravageurs qui s'éloigne peu à peu de l'influence digressive de Jeff Beck, et des morceaux plus raffinés ou des bijoux acoustiques où Led Zep prouve sa finesse et sa subtilité.
Néanmoins, cet album fera polémique à l'époque, certains jugeant Led Zep sexiste, et inutilement violent.
Le succès de "2" sera immense, détronant "Abbey Road" en Angleterre et implantant Led Zep dans le succès durant toute la décennie 70. Donc, si vous voulez connaître les débuts du hard, c'est l'album qu'il vous faut.
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