Ce que vous me dites me fais penser que cet épisode renvoit aussi à la thématique de la liberté face au pouvoir de Smith.
[quote]Arf, je peux pas lire ce que tu as écrit Tonnerre, j'ai pas encore vu "Psycho"[/quote]
Là tu peut lire sans problème :wink: . Mais fonce vers la location de film la plus proche pour louer "Psysho" ! On rate quelque chose dans sa vie si on ne voit pas ce film fondateur. :D
[quote]Pas mal l'analyse Tonnerre, effectivement il y a de ça... Cet épisode m'avait également paru avoir une ambiance Hitchcockienne sans pouvoir mettre forcément le doigt sur les élements me donnant cette forte impression. Ceci dit, je suis déçu par la fin de l'épisode pour la facilité avec laquelle l'un des frères se retourne contre l'autre pour simuler sa propre mort faisant alors avouer son "double", accablé par la culpabilité...[/quote]
Merci
. Effectivement le final semble un peu expédié. Mais il est en fait dans la logique de l'ensemble. Le défi fait à Smith aurait pu occuper tout l'épisode, mais il ne tient qu'un quart de celui-ci (sa thématique est ailleurs). Le rythme y est assez trépidant, avec de constants retournements de situations. Ce qui explique l'aspect facile de l'astuce trouvé par Smith, l'intéret se focalisant plus sur la scène de l'aveu, et surtout sur le statut juridique improbable du medium (je vais y revenir, justement).
Tout se fondant sur la manipulation à trois (puisqu'un des frères en manipule un autre), John leur "retourne la monnaie de leur pièce", en faisant à son tour appel à la mascarade. Là aussi, si la mise en scène élude un peu l'action, elle en réfère surtout à l'impossibilité de John d'agir autrement.
L'épisode est dense en évènement (ce qui explique pour moi cette impression), et en réflexion. Trépidant est le bon terme. :wink:
[quote]Moi la première fois que je l'ai vu j'avais plutôt fait l'association avec Minority Report avec des visions entremêlées et la thématique "peut-on arrêter quelqu'un avant même qu'il ne commette un crime ?".
[/quote]
Oui, c'est clair qu'il y a de ça ! :wink:
Mais précisément, "Minority Report" est le film hitchcockien le plus intertextuel de Spielberg. N'oublions pas que "Les Dents de la Mer" basait déjà sa trame narrative sur le film "Les Oiseaux".
Dans "Minority Report", Spielberg reprend la trame hitchcockienne de base de l'innocent poursuivi à tord (thème également du premier épisode de la saison 3 pour ce qui est de la série). Il rend un hommage qui se veut visible lors de la scène des "araignées espionnes" au film "Fenêtre Sur Court".
Son film dénonce l'espionnage préventif et le totalitarisme qui en découle. L'épisode de la série traite également des conséquences déontoligiques des pouvoirs visionnaires de Smith. Rappelons-nous l'épisode où John participe à une expérience d'espionnage antiterroriste: il y renonce à la fin, préférant ne pas galvauder ses pouvoirs pour le gouvernement, à la fois par incapacité d'assumer et par lucidité.
Le médiologue Regis Debray écrit que "Voir, c'est prévoir" (la médiologie n'a rien à voir avec la mediumnie, c'est une discipline de recherche sur les supports et les formes
). L'acte du regard peut avoir des implications éthiques, politiques et intellectuelles.
Il fallait bien un jour dans la série que la thématique du [b]regard[/b] rencontre celle de la [b]vision[/b]. Or, quelle cinéaste a le mieux réfléchi sur la morale du regard ? Hitchcock.
Dans ses visions, John se promène et regarde, d'où de nombreux raccord voyant-vu signifiant comme les affectionnait Sir Alfred.
Les jumeaux veulent coincer Smith, en plaçant le problème sur un axe juridique. Ses capacités visionnaires ne sont-elles pas une atteinte à la liberté privée ? Doit-on laisser un pouvoir aussi total s'immiscer dans la justice, dans le quotidien ? "Fenêtre Sur Court", précisément, traitait un peu de la même chose: James Stewart (justement, l'interprète de "La Corde") a-t-il le droit d'observer les gens par la fenêtre avec son appareil photographique ? Moralement, non, c'est du voyeurisme. Efficacement oui, il interprète ce qu'il voit et découvre un meurtre. Mais il n'a justement aucun moyen de pression légale pour prouver ses allégations et il va lui falloir trouver une preuve !
C'est la situation dans laquelle se trouve Smith. Les visions ne confinent-elles pas au voyeurisme ? Et n'est-il pas obligé de toujours devoir justifier d'une preuve ses allégations ? Sinon, ce serait si simple de dire de Stillson que c'est un futur criminnel pour l'humanité... Sinon, ce serait si simple d'affirmer que la preuve qui l'innocente du crime de Rachel Caldwell est probablement falsifiée...
Cet épisode rappelle à quel point il y a une dangerosité dans les capacités de John Smith, surtout pour lui. Il doit constament marcher sur un fil d'équilibriste, et jauger moralement ses décisions. Lui-même est particulièrement gêné par les visions intimes qu'il a de sa propre vie future. Son don l'enferme, entre pouvoir et devoir.
Il ne peut échapper à son impossibilité d'être libre.
L'agent Squeulit pensait qu'il s'agissait en fait d'une pierre de forme triangulaire