Après de nombreuses reviews de disques, de nombreux articles sur des artistes qui comptent, de nombreux topos sur les labels indés à mettre en priorité sur nos étagères, le topic original "la discothèque idéale" s'est vu gratifié de 13 pages de post enflammés griffés par les inénarrables Amrith, Yoan, Jack The Reticulan, et autres fondus de musique qui ne passe pas sur NRJ et MTV.Après de nombreuses reviews de disques, de nombreux articles sur des artistes qui comptent, de nombreux topos sur les labels indés à mettre en priorité sur nos étagères, le topic original "la discothèque idéale" s'est vu gratifié de 13 pages de post enflammés griffés par les inénarrables Amrith, Yoan, Jack The Reticulan, et autres fondus de musique qui ne passe pas sur NRJ et MTV.
Entichés de photos de pochettes, de photos d'artistes et de textes au kilomètres, ce topic désormais légendaire dans le monde cybernétique (:D) est désormais assez difficile à atteindre. Les temps de chargements dantesques et la difficulté à répondre voire à citer rendent ce topic assez peu facile d'accès.
C'est pourquoi je lance son petit frère, "la vengeance", un topic où chacun pourra venir poster ses articles passionnés.
Pas un topic doublon, non. Pas une nouvelle vitrine pour la musique que l'on aime qui vient de là, qui vient du blues, non.
Mais un joli topic tout nouveau tout beau qui permettra à ceux qui étaient découragés par sa lourdeur et sa lenteur de poster enfin de jolies petites reviews...
J'entame donc ce topic avec un album me tenant particulièrement à coeur, d'un artiste cher à mon cerveau... j'ai nommé [b]Band on the run[/b] de Paul McCartney... Si, si, vous savez, le monsieur qui était dans ce petite groupe mal connu appelé Beatles...
[size=200][b]"BAND ON THE RUN"[/b][/size] (1973)
[img]http://images-eu.amazon.com/images/P/B000002UCL.01.LZZZZZZZ.gif[/img]
[b]La petite histoire d'un disque ayant marqué la grande, d'Histoire...[/b]
En 1970, Paul McCartney décide de quitter les Beatles, à la suite d'une discorde avec ses trois collègues quant à l'engagement d'un nouveau manager, Allen Klein. Paul considère que Klein est un escroc demandant trop d'argent et volant les droits du Fab Four.
Pour pouvoir toucher ses royalties, Paul doit alors engager des poursuites judiciaires contre ses trois amis afin que les Beatles soient juridiquement dissous...
Le monde entier lui en veut, les Beatles lui en veulent (sauf l'immense Ringo) mais Paul s'en fout. Il sait qu'il a raison, son épouse, la magnifique Linda est à ses côtés et ils s'exilent en Ecosse, vivent dans une roulotte sans eau ni chauffage et donnent naissance à leur premier enfant.
Paul sort en 1970 son premier album solo, "McCartney", un solide catalogue de balades pop de haute facture. Puis ce sera "Ram" en mai 1971, autre bijou pop-blues-rock qui fera un carton chez le public mais sera à nouveau détruit par la critique et conspué par Lennon...
Quelques mois après, il sort de son exil et lance un nouveau groupe, Wings, aux côtés de sa femme et de trois autres musiciens.
Voulant renouer avec la passion de la musique et la spontanéité de son Art, Paul décide de faire une tournée dans les campus et les pubs... Peu à peu, Wings séduit le public mais les critiques, elles, s'en donnent à coeur joie et aiment à détruire Paul. Sans compter que la presse insulte Linda, lui reprochant de s'habiller comme une paysanne. Bref, Paul et Linda font l'objet d'attaques aussi ridicules qu'infondées...
Wings sortent alors les albums "Wild Life" (1972) et "Red Rose Speedway" (1973), deux albums inégaux où Paul a dû mal à se départir de son lourd passé de meilleur melody maker des années 60 (de tous les temps ?). Comprenant pourtant quelques titres sublimes et ambitieux, on sent déjà frémir chez Wings l'élan d'un groupe qui ne restera pas longtemps dans la ventripotence de la musique médiocre...
D'autant que Paul surprend son monde en lançant un 45 tours ambitieux "Give Ireland back to the Irish", diatribe politique répondant au massacre du "Bloody Sunday". Censuré mais atteignant le sommet des charts irlandais et le top 10 des charts britanniques, ce single donne de Paul une toute nouvelle image.
Car si Paul a toujours eu une image lisse, sage et conformiste, il a pourtant été le Beatle le plus innovant, le Beatle ayant le premier fréquenté les milieux de l'avant garde, le Beatle ayant eu le plus d'influence sur le psychédélisme de la fin des années 60. Bref, Paul est tout sauf un manche et pourtant, son image reste celle d'un gentil garçon sans vraiment de génie... alors que Lennon passe pour le rebelle avant gardiste...
Mais en 1973, Paul va tout simplement souffler tout le monde en créant sans doute l'un des chef d'oeuvre incontestable des années 70...
En partance pour Lagos, Nigéria, où le nouvel album de Wings doit être enregistré, deux des musiciens de Wings quittent le groupe, laissant Paul, Linda et le guitariste Denny Laine dans la mouise, la veille du départ...
Paul n'a pas d'autre choix : il annonce à ses musiciens en défection qu'ils regretteront de ne pas participer au "plus grand album de Wings".
Il part alors avec sa femme et Denny pour l'Afrique où tant d'anecdotes intéressantes se dérouleront que je n'aurais pas assez de place sur tout un topic...
Sans musicien, Paul prend alors toutes les casquettes. Il jouera de tous les instruments (guitare, basse, batterie, claviers), sans compter ses postes habituels d'auteur-compositeur. Il finira aussi par devoir produire et mettre en son tout l'album, même s'il recevra l'aide de quelques producteurs talentueux, dont le légendaire Tony Visconti, accolyte de David Bowie...
De ces sessions mouvementées commencées à Lagos pour se terminer à Londres sortira un album majeur : "Band on the run".
[b]Tracklisting[/b]
1. Band on the run
Véritable mini-symphonie en trois actes sur plus de 5 minutes, le morceau donnant son titre à l'album donne immédiatement le ton. Macca est sur la voie de la rédemption et laisse les Beatles derrière lui.
La beauté sournoise de ce morceau est tout simplement magique. En trois morceaux radicalement différents, cette chanson entre dans la tête comme un serpent venimeux pour ne jamais en sortir, pour définitivement rendre fou l'auditeur au fur et à mesure des écoutes.
Les guitares bluesy, les claviers lancinants, la mélodie enchanteresse, le chant maîtrisé de Paul et la singulière beauté des arrangements font de ce morceau un bijou pop, un bijou rock, un bijou blues... Il suffira d'écouter la dernière partie du morceau précédée de cuivres et s'ouvrant sur une guitare acoustique lancinante pour se convaincre que l'on écoute une chanson magique comme un tour de Merlin... LA CLASSE
2. Jet
Tube monumental, "Jet" est une sorte de bombe à fragmentation immédiate. Dès les premiers riffs de violoncelle de l'intro, dès que la guitare reggae attaque son numéro, dès que la guitare électrique s'énerve et que Paul hurle "Jet", on entre dans un tourbillon sonore sans pareille. Entendre cette chanson en concert c'est la porte ouverte à toute furie...
Des harmonies beach boyesques au chant abrasif de Paul, ce morceau est d'une sophistication que peu d'artistes pop ont réussi à atteindre.
Surtout que le morceau, comme son prédécesseur "band on the run", est tout en cassures, en changements de styles, de rythmes, les instruments les plus divers venant renforcer la mélodie et l'instru. De claviers intemporels à un piano déglingué, aux cuivres en passant par les violons, toutes les composantes de "Jet" en font un puits insondable de créativité.
3. Bluebird
Renouant avec les balades sucrées et doucereuses qui ont fait son succès au sein des Beatles, Paul livre ici une chanson magnifiquement douce et entraînante. A l'instar de son chef d'oeuvre méconnu du grand public "Here there and everywhere" sur l'album "Revolver" des Beatles), Paul signe ici une chanson sans prétention, sans audace et qui pourtant, délivre un fix intense de bonheur à celui qui l'écoute... Des petites percussions, aux grillons, en passant par la guitare acoustique, l'instru de ce morceau s'insinue en vous comme la bise caressant votre visage lors d'une sieste estivale au pied d'un pin parasol. C'est beau, c'est doux, c'est magnifiquement écrit et composé. C'est la preuve que le melody making ne s'entiche d'aucune audace autre que celle de la beauté pure et simple...
4. Mrs Vandebilt
Un riff de basse dantesque omniprésent, une mélodie martelée, un gimmick simplissime et marquant (Ho, Hey Ho !!!) et une instru tout en rupture font de cette chanson un morceau à part sur "Band on the Run". Car sans être aussi douce que "Bluebird" ou abrasive que "Jet" ou audacieuse que "Band on the run", "Mrs Vandebilt" est comme ces vieux blues dont le plaisir est distillé avec parcimonie pour créer un torrent...
A ce titre, le riff de batterie que l'on entendra peu lors des premières écoutes finira par vous mettre à genoux lorsque vous l'aurez saisi... impossible de décrocher par la suite, si bien que l'on se prend à s'extasier devant un riff tout simple mais si prenant...
5. Let Me Roll It
Nouveau chef d'oeuvre de cet album somme. Blues au premier degré. Commençant par un orgue tremblotant et une basse assourdissante, l'intro enchaîne sur un riff de guitare plus blues que blues. La batterie, tout en dissonance et en rupture de rythme ajoute au côté envoûtant de ce titre.
Les paroles, assez ambigues, donnent toute l'étendue du talent de Macca. Faire passer des vessies pour des lanternes, il sait le faire. Il distille ici des lyrics amoureux alors que l'instru ne peut que faire penser à une nuit brûlante de sexe...
Ce morceau est brillantissime, gigantissime, et tient la dragée haute aux chef d'oeuvres du genre pondus par Lennon. Qu'on se le dise (et non, je ne suis pas un détracteur de Lennon. j'essaie juste depuis 10 ans de défendre Macca là où certains le basent sans raison)...
6. Mamunia
Une guitare sèche, une basse coquine, une mélodie doucereuse, des percus discrètes pour un morceau tout en délicatesse, en beauté surannée... Seul morceau portant une empreinte africaine et seul morceau où Paul s'est réellement laissé porter par Lagos et ses musiciens traditionnels... Un petit bijou éclatant, dont l'écoute, le soir avant de s'endormir, calé sous la couette, le casque sur les oreilles, est un enchantement que tout le monde devrait connaître.
Paul déroule son génie et franchement, que cela fait du bien...
7. No Words
Guitare et violons pour l'intro... Autant vous le dire tout de suite, les arrangements de cordes sur ce morceau sont absolument à tomber. On sait tous que les Beatles et Paul en particulier (sous l'impulsion de George Martin) ont toujours su utiliser les cordes à merveille. Les ayant réellement rendu populaires dans le rock et la pop, les Beatles ont à ce titre, balisé le terrain pour des décennies et si certains en font n'importe quoi, certains autres (comme R.E.M) ont retenu la leçon...
Ici, les cordes sont des réponses à la mélodie et à chaque instrument, s'insinuant avec grâce et discrétion entre la guitare et la batterie, donnant la réplique à Paul, pour faire chavirer tout esthète qui se respecte.
En 2mn38s, tout est dit, ce morceau réinvente ce que les Beatles ont inventé et ce morceau devrait être inscrit au Hall of Fame de l'arrangement de corde

. Sans déconner, en l'écoutant, vous aurez l'impression d'avoir déjà entendu des cordes comme celles-là dans la pop... Eh oui... Car tout le monde a pompé à Paul ce que lui est allé chercher à la musique classique...
Et je ne parle pas des cuivres et des claviers...
Mon dieu, autant de talent c'est de l'insolence !
9. Picasso's Last Words (Drink To Me)
Attention, là, on va toucher à la grâce faite musique. Symphonie en plusieurs parties, "Picasso's..." est le pendant de "Band on the run" dans sa structure.
En 6 minutes, Paul raconte la dernière soirée de Picasso et la petite histoire de ses dernières paroles.
Non seulement les paroles sont belles à en pleurer, tout en étant d'un hédonisme à la hauteur du peintre, mais la mélodie et l'instru sont d'une profondeur que l'on redécouvre à chaque morceau.
Insondable puits à trouvaille, cette chanson enchaîne des phrases musicales radicalement différentes sans que la moindre cassure ne se fasse sentir. Sans compter les sampling de voix françaises en transition. Sans compter la reprise de phrases musicales de "Jet" et "Mrs Vandebilt".
Les cordes sont elles aussi prodigieuses et ne sont pas sans rappeler le travail gigantesque d'immenses compositeurs comme John Barry ou Henry Mancini.
Bref, s'il devait rester un seul morceau de cet album, le choix serait difficile mais pour moi, "Picasso's last words" serait le bon choix !
9. 1985
Un piano sautillant, une batterie bucheronne, un orgue dansant... Une intro qui en jette furieusement...
Et là, Dieu se met à chanter... Sans rire. La voix de Paul dans ce morceau est au moins aussi impressionnante que sur "Golden Slumbers" (sur "Abbey Road"). Ceux connaissant cette chanson doivent saisir l'ampleur de la chose.
Non pas que Paul y fasse une démonstration de technique, non. Mais sa voix est si profonde, si intense, si rythmée, qu'elle met sur la touche tous les braillards à la technique parfaite.
Musicalement, ce morceau est lui aussi irréprochable, lui aussi joue sur les ruptures et les cassures et sur une mélodie à tomber.
El c'est toujours un plaisir de retrouver le piano au centre d'une instru, surtout quand c'est Paul aux manettes.
Bref, un morceau lui aussi magique, se finissant par une reprise frissonante de "Band on the run"...
6 minutes de pur bonheur !!
Voilà pour la review de l'album.
A signaler que ces 9 titres sont ceux constituant la version vynile originale de l'album. En CD, vous pourrez trouver une version "25ème anniversaire" comportant des inédits, des prises différentes. Pour les fans et ceux voulant avoir cet album grandiose avec le plus de "choix" possibles.
Vous pourrez aussi trouver une version simple avec ces 9 titres et deux titres bonus : le single "Helen Wheels" et sa face B "Country Dreamer". Deux morceaux eux aussi de très haute facture, surtout "Country dreamer", véritable joyeux mélodique country... "Helen Wheels" est un rock plus classique mais la classe des arrangements et la voix hallucinante de Paul suffisent à en faire un grand morceau...
A signaler que "Band on the run" a cartonné à sa sortie, se classant premier des ventes un peu partout. Sa ressortie en double CD pour ses 25 ans s'est lui aussi classé numéro un des ventes aux USA et en GB...
Bref, si vous voulez découvrir Macca hors des Beatles ou si vous pensez comme beaucoup que sa carrière solo est médiocre, découvrez ce bijou et vous comprendrez que la presse s'est trop souvent acharnée sur cet homme génial qui a eu le malheur de ne pas mourir jeune comme son frère Lennon...
[img]http://www.killbill-lefilm.com/images/accueil/home_anim.gif[/img]
J'entame donc ce topic avec un album me tenant particulièrement à coeur, d'un artiste cher à mon cerveau... j'ai nommé [b]Band on the run[/b] de Paul McCartney... Si, si, vous savez, le monsieur qui était dans ce petite groupe mal connu appelé Beatles...
[size=200][b]"BAND ON THE RUN"[/b][/size] (1973)
[img]http://images-eu.amazon.com/images/P/B000002UCL.01.LZZZZZZZ.gif[/img]
[b]La petite histoire d'un disque ayant marqué la grande, d'Histoire...[/b]
En 1970, Paul McCartney décide de quitter les Beatles, à la suite d'une discorde avec ses trois collègues quant à l'engagement d'un nouveau manager, Allen Klein. Paul considère que Klein est un escroc demandant trop d'argent et volant les droits du Fab Four.
Pour pouvoir toucher ses royalties, Paul doit alors engager des poursuites judiciaires contre ses trois amis afin que les Beatles soient juridiquement dissous...
Le monde entier lui en veut, les Beatles lui en veulent (sauf l'immense Ringo) mais Paul s'en fout. Il sait qu'il a raison, son épouse, la magnifique Linda est à ses côtés et ils s'exilent en Ecosse, vivent dans une roulotte sans eau ni chauffage et donnent naissance à leur premier enfant.
Paul sort en 1970 son premier album solo, "McCartney", un solide catalogue de balades pop de haute facture. Puis ce sera "Ram" en mai 1971, autre bijou pop-blues-rock qui fera un carton chez le public mais sera à nouveau détruit par la critique et conspué par Lennon...
Quelques mois après, il sort de son exil et lance un nouveau groupe, Wings, aux côtés de sa femme et de trois autres musiciens.
Voulant renouer avec la passion de la musique et la spontanéité de son Art, Paul décide de faire une tournée dans les campus et les pubs... Peu à peu, Wings séduit le public mais les critiques, elles, s'en donnent à coeur joie et aiment à détruire Paul. Sans compter que la presse insulte Linda, lui reprochant de s'habiller comme une paysanne. Bref, Paul et Linda font l'objet d'attaques aussi ridicules qu'infondées...
Wings sortent alors les albums "Wild Life" (1972) et "Red Rose Speedway" (1973), deux albums inégaux où Paul a dû mal à se départir de son lourd passé de meilleur melody maker des années 60 (de tous les temps ?). Comprenant pourtant quelques titres sublimes et ambitieux, on sent déjà frémir chez Wings l'élan d'un groupe qui ne restera pas longtemps dans la ventripotence de la musique médiocre...
D'autant que Paul surprend son monde en lançant un 45 tours ambitieux "Give Ireland back to the Irish", diatribe politique répondant au massacre du "Bloody Sunday". Censuré mais atteignant le sommet des charts irlandais et le top 10 des charts britanniques, ce single donne de Paul une toute nouvelle image.
Car si Paul a toujours eu une image lisse, sage et conformiste, il a pourtant été le Beatle le plus innovant, le Beatle ayant le premier fréquenté les milieux de l'avant garde, le Beatle ayant eu le plus d'influence sur le psychédélisme de la fin des années 60. Bref, Paul est tout sauf un manche et pourtant, son image reste celle d'un gentil garçon sans vraiment de génie... alors que Lennon passe pour le rebelle avant gardiste...
Mais en 1973, Paul va tout simplement souffler tout le monde en créant sans doute l'un des chef d'oeuvre incontestable des années 70...
En partance pour Lagos, Nigéria, où le nouvel album de Wings doit être enregistré, deux des musiciens de Wings quittent le groupe, laissant Paul, Linda et le guitariste Denny Laine dans la mouise, la veille du départ...
Paul n'a pas d'autre choix : il annonce à ses musiciens en défection qu'ils regretteront de ne pas participer au "plus grand album de Wings".
Il part alors avec sa femme et Denny pour l'Afrique où tant d'anecdotes intéressantes se dérouleront que je n'aurais pas assez de place sur tout un topic...
Sans musicien, Paul prend alors toutes les casquettes. Il jouera de tous les instruments (guitare, basse, batterie, claviers), sans compter ses postes habituels d'auteur-compositeur. Il finira aussi par devoir produire et mettre en son tout l'album, même s'il recevra l'aide de quelques producteurs talentueux, dont le légendaire Tony Visconti, accolyte de David Bowie...
De ces sessions mouvementées commencées à Lagos pour se terminer à Londres sortira un album majeur : "Band on the run".
[b]Tracklisting[/b]
1. Band on the run
Véritable mini-symphonie en trois actes sur plus de 5 minutes, le morceau donnant son titre à l'album donne immédiatement le ton. Macca est sur la voie de la rédemption et laisse les Beatles derrière lui.
La beauté sournoise de ce morceau est tout simplement magique. En trois morceaux radicalement différents, cette chanson entre dans la tête comme un serpent venimeux pour ne jamais en sortir, pour définitivement rendre fou l'auditeur au fur et à mesure des écoutes.
Les guitares bluesy, les claviers lancinants, la mélodie enchanteresse, le chant maîtrisé de Paul et la singulière beauté des arrangements font de ce morceau un bijou pop, un bijou rock, un bijou blues... Il suffira d'écouter la dernière partie du morceau précédée de cuivres et s'ouvrant sur une guitare acoustique lancinante pour se convaincre que l'on écoute une chanson magique comme un tour de Merlin... LA CLASSE
2. Jet
Tube monumental, "Jet" est une sorte de bombe à fragmentation immédiate. Dès les premiers riffs de violoncelle de l'intro, dès que la guitare reggae attaque son numéro, dès que la guitare électrique s'énerve et que Paul hurle "Jet", on entre dans un tourbillon sonore sans pareille. Entendre cette chanson en concert c'est la porte ouverte à toute furie...
Des harmonies beach boyesques au chant abrasif de Paul, ce morceau est d'une sophistication que peu d'artistes pop ont réussi à atteindre.
Surtout que le morceau, comme son prédécesseur "band on the run", est tout en cassures, en changements de styles, de rythmes, les instruments les plus divers venant renforcer la mélodie et l'instru. De claviers intemporels à un piano déglingué, aux cuivres en passant par les violons, toutes les composantes de "Jet" en font un puits insondable de créativité.
3. Bluebird
Renouant avec les balades sucrées et doucereuses qui ont fait son succès au sein des Beatles, Paul livre ici une chanson magnifiquement douce et entraînante. A l'instar de son chef d'oeuvre méconnu du grand public "Here there and everywhere" sur l'album "Revolver" des Beatles), Paul signe ici une chanson sans prétention, sans audace et qui pourtant, délivre un fix intense de bonheur à celui qui l'écoute... Des petites percussions, aux grillons, en passant par la guitare acoustique, l'instru de ce morceau s'insinue en vous comme la bise caressant votre visage lors d'une sieste estivale au pied d'un pin parasol. C'est beau, c'est doux, c'est magnifiquement écrit et composé. C'est la preuve que le melody making ne s'entiche d'aucune audace autre que celle de la beauté pure et simple...
4. Mrs Vandebilt
Un riff de basse dantesque omniprésent, une mélodie martelée, un gimmick simplissime et marquant (Ho, Hey Ho !!!) et une instru tout en rupture font de cette chanson un morceau à part sur "Band on the Run". Car sans être aussi douce que "Bluebird" ou abrasive que "Jet" ou audacieuse que "Band on the run", "Mrs Vandebilt" est comme ces vieux blues dont le plaisir est distillé avec parcimonie pour créer un torrent...
A ce titre, le riff de batterie que l'on entendra peu lors des premières écoutes finira par vous mettre à genoux lorsque vous l'aurez saisi... impossible de décrocher par la suite, si bien que l'on se prend à s'extasier devant un riff tout simple mais si prenant...
5. Let Me Roll It
Nouveau chef d'oeuvre de cet album somme. Blues au premier degré. Commençant par un orgue tremblotant et une basse assourdissante, l'intro enchaîne sur un riff de guitare plus blues que blues. La batterie, tout en dissonance et en rupture de rythme ajoute au côté envoûtant de ce titre.
Les paroles, assez ambigues, donnent toute l'étendue du talent de Macca. Faire passer des vessies pour des lanternes, il sait le faire. Il distille ici des lyrics amoureux alors que l'instru ne peut que faire penser à une nuit brûlante de sexe...
Ce morceau est brillantissime, gigantissime, et tient la dragée haute aux chef d'oeuvres du genre pondus par Lennon. Qu'on se le dise (et non, je ne suis pas un détracteur de Lennon. j'essaie juste depuis 10 ans de défendre Macca là où certains le basent sans raison)...
6. Mamunia
Une guitare sèche, une basse coquine, une mélodie doucereuse, des percus discrètes pour un morceau tout en délicatesse, en beauté surannée... Seul morceau portant une empreinte africaine et seul morceau où Paul s'est réellement laissé porter par Lagos et ses musiciens traditionnels... Un petit bijou éclatant, dont l'écoute, le soir avant de s'endormir, calé sous la couette, le casque sur les oreilles, est un enchantement que tout le monde devrait connaître.
Paul déroule son génie et franchement, que cela fait du bien...
7. No Words
Guitare et violons pour l'intro... Autant vous le dire tout de suite, les arrangements de cordes sur ce morceau sont absolument à tomber. On sait tous que les Beatles et Paul en particulier (sous l'impulsion de George Martin) ont toujours su utiliser les cordes à merveille. Les ayant réellement rendu populaires dans le rock et la pop, les Beatles ont à ce titre, balisé le terrain pour des décennies et si certains en font n'importe quoi, certains autres (comme R.E.M) ont retenu la leçon...
Ici, les cordes sont des réponses à la mélodie et à chaque instrument, s'insinuant avec grâce et discrétion entre la guitare et la batterie, donnant la réplique à Paul, pour faire chavirer tout esthète qui se respecte.
En 2mn38s, tout est dit, ce morceau réinvente ce que les Beatles ont inventé et ce morceau devrait être inscrit au Hall of Fame de l'arrangement de corde

. Sans déconner, en l'écoutant, vous aurez l'impression d'avoir déjà entendu des cordes comme celles-là dans la pop... Eh oui... Car tout le monde a pompé à Paul ce que lui est allé chercher à la musique classique...
Et je ne parle pas des cuivres et des claviers...
Mon dieu, autant de talent c'est de l'insolence !
9. Picasso's Last Words (Drink To Me)
Attention, là, on va toucher à la grâce faite musique. Symphonie en plusieurs parties, "Picasso's..." est le pendant de "Band on the run" dans sa structure.
En 6 minutes, Paul raconte la dernière soirée de Picasso et la petite histoire de ses dernières paroles.
Non seulement les paroles sont belles à en pleurer, tout en étant d'un hédonisme à la hauteur du peintre, mais la mélodie et l'instru sont d'une profondeur que l'on redécouvre à chaque morceau.
Insondable puits à trouvaille, cette chanson enchaîne des phrases musicales radicalement différentes sans que la moindre cassure ne se fasse sentir. Sans compter les sampling de voix françaises en transition. Sans compter la reprise de phrases musicales de "Jet" et "Mrs Vandebilt".
Les cordes sont elles aussi prodigieuses et ne sont pas sans rappeler le travail gigantesque d'immenses compositeurs comme John Barry ou Henry Mancini.
Bref, s'il devait rester un seul morceau de cet album, le choix serait difficile mais pour moi, "Picasso's last words" serait le bon choix !
9. 1985
Un piano sautillant, une batterie bucheronne, un orgue dansant... Une intro qui en jette furieusement...
Et là, Dieu se met à chanter... Sans rire. La voix de Paul dans ce morceau est au moins aussi impressionnante que sur "Golden Slumbers" (sur "Abbey Road"). Ceux connaissant cette chanson doivent saisir l'ampleur de la chose.
Non pas que Paul y fasse une démonstration de technique, non. Mais sa voix est si profonde, si intense, si rythmée, qu'elle met sur la touche tous les braillards à la technique parfaite.
Musicalement, ce morceau est lui aussi irréprochable, lui aussi joue sur les ruptures et les cassures et sur une mélodie à tomber.
El c'est toujours un plaisir de retrouver le piano au centre d'une instru, surtout quand c'est Paul aux manettes.
Bref, un morceau lui aussi magique, se finissant par une reprise frissonante de "Band on the run"...
6 minutes de pur bonheur !!
Voilà pour la review de l'album.
A signaler que ces 9 titres sont ceux constituant la version vynile originale de l'album. En CD, vous pourrez trouver une version "25ème anniversaire" comportant des inédits, des prises différentes. Pour les fans et ceux voulant avoir cet album grandiose avec le plus de "choix" possibles.
Vous pourrez aussi trouver une version simple avec ces 9 titres et deux titres bonus : le single "Helen Wheels" et sa face B "Country Dreamer". Deux morceaux eux aussi de très haute facture, surtout "Country dreamer", véritable joyeux mélodique country... "Helen Wheels" est un rock plus classique mais la classe des arrangements et la voix hallucinante de Paul suffisent à en faire un grand morceau...
A signaler que "Band on the run" a cartonné à sa sortie, se classant premier des ventes un peu partout. Sa ressortie en double CD pour ses 25 ans s'est lui aussi classé numéro un des ventes aux USA et en GB...
Bref, si vous voulez découvrir Macca hors des Beatles ou si vous pensez comme beaucoup que sa carrière solo est médiocre, découvrez ce bijou et vous comprendrez que la presse s'est trop souvent acharnée sur cet homme génial qui a eu le malheur de ne pas mourir jeune comme son frère Lennon...