La série est intéressante, bien écrite, tournée avec un sens du spectaculaire et de l'emotionnel certain. La plus grande réussite étant la capacité à créer de l'empathie pour un nombre élevé de personnages. Pour ne pas se perdre dans cette pléthore de héros ou de non-héros, le rappel écrit des noms et des lieux devient une marque rythmique qui convient à la fois à la découverte des protagonistes, et au déroulement de l'action. Le tout soutenu par une musique "éthérée" qui sied bien au côté "Avènement" du propos.
Et puis il y a le plaisir de retrouver Adrian Pasdar, qui semble faire ici la synthèse de ses anciens rôles, entre opportunisme odieux et sympathique drôlerie.
Cette série le sauve un peu comme [b]Prison Break[/b] a su donner justice à Dominic Purcell.
De là à en faire une série "culte", j'exprime une grande prudence. D'abord parce que l'inspiration des [b]X-Men [/b]me gave un peu (j'y reviens). Ensuite parce qu'il y a un petit problème quand des réalisateurs qui arrivent à faire des plans somptueux se débrouillent pour nous faire des faux-raccords de la honte.
Cette série est une "série évènement", qui a percé l'audimat américain, et sur laquelle TF1 s'est jeté avec rapacité. Elle ne mérite en rien de remplacer [b]Lost[/b] sur cette case horaire, et au-delà des débats comparatifs dont on a souvent constaté l'inutilité ici, la diffusion par TF1 à raison de trois épisodes par samedi, ramenée à deux quand l'audience a commencé à chuter pour cause de gavage, doit nous inciter à nous énerver franchement sur la façon dont cette chaîne maltraite ses télespectateurs, et leurs séries, quelles qu'elles soient...
Hé non, je n'ai pas la TNT non plus.
Cette série est une variation sur un thème bien éculé qui est l'émergence des nouvelles formes évolutives de l'Homo Sapiens. Quand on a bouffé la trilogie [b]X-Men[/b], ça a un air de déjà-vu. Certes, on nous sort du Darwin par ci ou par là, avec des introductions et des conclusions orales tantôt entraînantes, tantôt besogneuses (sinon pénibles et répétitives), mais la pensée darwinnienne n'est qu'un prétexte fallacieux qui n'a rien à voir avec les théories du savant de l'évolutionnisme.
Ce qui finit par devenir ennuyeux, c'est que l'avènement de l'espèce succédant à l'Homo Sapiens se caractérise... par une non caractéristique globale. Sinon de posséder de super-pouvoirs. Aussi chacun a le sien: celui-ci vole, celui-là traverse la matière, une autre se dédouble, etc., etc., etc. ... A l'infini des possibles.
Ce raisonnement de la multiplication différenciée des pouvoirs intéresse un moment. Puis il saoûle. Cette série, à force de se référencer aux comics, qui ont déjà été adaptés, n'apporte donc aucune nouveauté réelle par rapport à un sujet sur lequel il y a pourtant beaucoup de potentiel.
A quand une série -ou un film- qui prendra vraiment cette thématique au sérieux, en installant un vrai discours sur l'évolution de l'Humanité, sans avoir recours à la vertu de sauveur du "surhomme" ?
Dans la littérature de S.F., les exemples sont pourtant là. Citons simplement A. E. Van Vogt, et son oeuvre intitulée "[b]À la poursuite des Slans[/b]". Les Slans sont l'émergence de la nouvelle étape de l'évolution humaine. Leurs dons sont semblables (en cela ils constituent une nouvelle espèce comme l'Homo Sapiens l'a été par rapport à ces ancêtres). Ils constituent donc un groupe caractéristique par une unité de pouvoir, et non une multiplicité: leurs points communs sont la télépathie, une capacité mentale et physique qui les différencie du commun des hommes, et ils ont deux coeurs.
Seulement Van Vogt évoque la peur terrible que cette nouvelle espèce humaine suscite chez les hommes ordinaires: les Slans ne sont pas héroïques, ils cherchent à sauver leur peau, car ce sont des parias. Mais il est vrai que Van Vogt évoque des sujets aussi délicats que la peur opposée à la générosité, la guerre des couches sociales, l'anti-darwinsime social, le danger à vouloir améliorer l'espèce humaine quand des méthodes fascistes sont employées. Et ça date de 1940 !!!
Ce sont autant de sujets délicats que la fascination du surhomme écarte d'un revers de la main.
[b]Héroes [/b]est donc une série opportuniste, dans la veine des multiples variations sur Superman, en série ou en film, où, dans un monde en proie à l'entropie, à l'insaisissable, l'inconnu, les super-héros deviennent des Sauveurs. [b]X-Men[/b], en moins intelligent.
Encore une fois, et tant pis pour mon avis mi-figue mi-raisin, la série se regarde avec plaisir car elle est de qualité. Mais elle ne renouvelle rien, aucun concept, aucun contenu. Il y a assez de qualités, notament au niveau des personnages, pour qu'on s'y attache et qu'on suive. Sinon, on oublie vite et l'addiction ne reste que superficielle.
P.S: je découvre en ce moment avec TF1.
L'agent Squeulit pensait qu'il s'agissait en fait d'une pierre de forme triangulaire