[size=75]{J'ai honte, c'est vraiment très très très très long…
Consolez-vous en vous disant que vous ne me reverrez plus pendant au moins 3 bons mois après un post comme ça !
}[/size]
[b]Tonnerre de Brest :[/b]
[quote="Tonnerre de Brest"]il y a un petit problème quand des réalisateurs qui arrivent à faire des plans somptueux se débrouillent pour nous faire des faux-raccords de la honte.[/quote]
Ça me fait penser que "Carnivàle" était également truffée de fautes de raccords assez horribles ! Elle n’en demeure pas moins extrêmement brillante dans sa mise en scène. Comme quoi…
[quote="Tonnerre de Brest"]Cette série est une variation sur un thème bien éculé qui est l'émergence des nouvelles formes évolutives de l'Homo Sapiens. Quand on a bouffé la trilogie [b]X-Men[/b], ça a un air de déjà-vu. Certes, on nous sort du Darwin par ci ou par là, avec des introductions et des conclusions orales tantôt entraînantes, tantôt besogneuses (sinon pénibles et répétitives), mais la pensée darwinnienne n'est qu'un prétexte fallacieux qui n'a rien à voir avec les théories du savant de l'évolutionnisme.
Ce qui finit par devenir ennuyeux, c'est que l'avènement de l'espèce succédant à l'Homo Sapiens se caractérise... par une non caractéristique globale. Sinon de posséder de super-pouvoirs. Aussi chacun a le sien: celui-ci vole, celui-là traverse la matière, une autre se dédouble, etc., etc., etc. ... A l'infini des possibles.
Ce raisonnement de la multiplication différenciée des pouvoirs intéresse un moment. Puis il saoûle.[/quote]Une critique qu'il conviendra donc aussi d’adresser à la mini-série évènement d'il y a quelques années (modèle par excellence de pompage et rapiéçage aussi creux qu'opportuniste) dénommée "The 4400", que tu n’avais pourtant pas l’air de trouver ennuyeuse malgré son postulat rebattu d' "1 revenant = 1 pouvoir spécifique"... Pourquoi ce traitement à double vitesse Tonnerre ?
Toujours parmi les créateurs dénués d'inspiration, on pourra aussi avoir une pensée émue pour notre ancien camarade Frank Spotnitz, qui avait peut-être senti avant tout le monde (si si !) que 2007 serait l'année des superhéros à la télé. Il préparait de son côté une mini-série intitulée "Amped", sur un virus faisant muter les gènes et préparant en quelque sorte une "nouvelle espèce" d'êtres dotés de pouvoirs extraordinaires [il était même allé jusqu'à imaginer qu'un personnage pourrait voler !!!!! Quel visionnaire ce Frank !
]. Des pouvoirs là encore différents d'un individu à l'autre. Raison suffisante pour condamner la série les yeux fermés ? Je ne pense pas… Comme toujours, tout dépend du traitement apporté : "Amped" aurait été l'occasion (dixit son créateur malchanceux) de traiter diverses thématiques telles que la différence, le racisme, la peur, le repli sur soi, etc. Le terrorisme aussi faisait partie du tableau. Et je suis sûr que la série aurait été au moins très intéressante, ne serait-ce que par le choix de ses thématiques…
Il en va de même pour "Heroes" : tout dépend du traitement apporté.
Moi ce que je vois surtout, concernant "Heroes", c'est que c'est une série qui tient énormément à s'attacher à l'aspect "comics" des superhéros. [b]Bien plus qu'une série de superhéros, c'est une série "clin d'œil" à l'univers comics[/b].
C'est d'après moi le principal charme de la série, et son originalité première.
De là, je ne vois aucun intérêt pour les scénaristes et producteurs d'aller chercher à s'éloigner de ce qui fait justement la marque de fabrique de la plupart des superhéros de comics. Les motifs récurrents les plus répandus, autrement dit les motifs les plus génériques, se devaient, selon moi, absolument et [u]impérativement[/u] de se retrouver dans "Heroes". Voilà ce que je pense !
Les scénaristes auraient été au contraire complètement sots d'aller dans la direction que tu proposes. Ça aurait pu être intéressant, certes, mais ça aurait été une toute autre série, qu'il aurait convenu de nommer autrement que "Heroes". Pourquoi pas "Le retour de la vengeance des Slans - Episode 2", par exemple…
La volonté de proximité (consciente et assumée) de l'univers comics est en effet déjà présente dans le titre même de la série : "Heroes". Ne pas chercher midi à 14h : c'était marqué dessus que ça allait brasser [b]sans altération manifeste[/b] toutes les grandes figures et autres [u][b]archétypes[/b][/u] issus de l'univers super-héroïque des comics…
Ce n'est donc pas nécessairement par manque d'originalité, d'inspiration, ou de créativité : c'est avant tout la conséquence d'UN PARTI PRIS assumé, dicté par le propos même (très spécifique et [u]très nettement original[/u], lui) de la série.
"Heroes" se veut ouvertement être une sorte d' [u][b]"anthologie"[/b][/u] (compilation / reconstitution / synthèse) du genre "superhéros", et pour des raisons bien spécifiques. On a de très loin dépassé le stade de la simple variation. (j'y reviens plus bas)
[quote="Tonnerre de Brest"]Cette série, à force de se référencer aux comics, qui ont déjà été adaptés, n'apporte donc aucune nouveauté réelle par rapport à un sujet sur lequel il y a pourtant beaucoup de potentiel.[/quote]Ce qui était (jusqu'à un certain point) normal, incontournable, et [b]nécessaire[/b] dans le cadre du propos et du postulat voulu par la série.
Ceci étant dit, je ne suis pas d'accord. Je ne suis certes pas un grand connaisseur de comics, mais si je compare avec les versions grand écran (notamment de "X-Men", mais aussi de toutes les autres adaptations ciné dont on est inondé depuis x années), je vois déjà de nombreuses thématiques qui n'ont jamais été traitées dans aucune de ces adaptations.
Ces thématiques sont celles qui découlent directement du postulat ([b]très original[/b], je le répète) de la série. Le côté "anthologie". Et ce côté anthologie était [b]nécessaire[/b], puisque consubstantiel au développement desdites thématiques propres à la série et qu'on n'a jamais retrouvé ni dans les X-Men (ciné) ni dans les Superman, Spiderman, Batman, et autres insignifiances ciné du même type…
(Je développerai tout ça plus explicitement au fil de ma prose…)
[quote="Tonnerre de Brest"]A quand une série -ou un film- qui prendra vraiment cette thématique au sérieux, en installant un vrai discours sur l'évolution de l'Humanité, sans avoir recours à la vertu de sauveur du "surhomme" ?[/quote]Quand ce sera le désir de quelqu'un d'aller dans ce sens !
Tim Kring et son équipe avaient peut-être d'autres moteurs, d'autres envies, d'autres perspectives, d'autres choses à dire que ce que tu aurais préféré qu'ils disent. Non ? N'est-ce pas envisageable et acceptable ?
Evitons de partir du principe qu'à un sujet de départ donné ne peut correspondre qu'un seul angle de traitement pertinent ou valable. Si j'étais toi, je laisserais plutôt ça aux critiques des Cahiers du Cinéma, généralement trop obtus (pour ne pas dire "frustrés" et "aigris") pour voir au-delà de leurs propres conceptions de tel ou tel sujet… Ne tombe pas dans le même travers, ce serait dommage : tu vaux bien mieux que ça, d'autant que tu nous avais habitués à bien plus d'ouverture d'esprit, de patience et précaution dès lors qu'il s'agissait de tendre un peu l'oreille pour écouter ce que les "maîtres d'œuvre" pouvaient bien avoir à nous dire…
Alors silence maintenant, s'il te plaît !
Tais-toi, reprends la conversation depuis le début et écoute vraiment ce coup-ci ce que le monsieur a à te dire, avant de rebondir sur ce que tu crois avoir compris de ses propos. Parce que de toute évidence [b]ta conversation avec Tim Kring a démarré sur un GROS malentendu ![/b]
Peut-être aurais-tu dû lui laisser terminer sa phrase (qui s'étend sur l'intégralité du premier volume introductif de la série, autrement dit sur l'intégralité de la saison 1)…
[quote="Tonnerre de Brest"]Dans la littérature de S.F., les exemples sont pourtant là. Citons simplement A. E. Van Vogt, et son oeuvre intitulée "[b]À la poursuite des Slans[/b]". Les Slans sont l'émergence de la nouvelle étape de l'évolution humaine. Leurs dons sont semblables (en cela ils constituent une nouvelle espèce comme l'Homo Sapiens l'a été par rapport à ces ancêtres). Ils constituent donc un groupe caractéristique par une unité de pouvoir, et non une multiplicité: leurs points communs sont la télépathie, une capacité mentale et physique qui les différencie du commun des hommes, et ils ont deux coeurs.
Seulement Van Vogt évoque la peur terrible que cette nouvelle espèce humaine suscite chez les hommes ordinaires: les Slans ne sont pas héroïques, ils cherchent à sauver leur peau, car ce sont des parias.[/quote]Postulat intéressant, certes. Mais comment l'accorder à une série intitulée "Heroes" ??? Puisque, je te cites, [i]"les Slans ne sont pas héroïques"[/i]. Où est le rapport ? Ce sont deux histoires, deux configurations et donc deux sujets complètement différents. Deux sujets différents aux thématiques et propos forcément divergents. Pire : ce sont carrément deux genres complètements différents !!!
A ce rythme, on pourra aisément arriver à des non-sens tels que reprocher à "The X-Files" de ne pas avoir choisi un traitement à la "ET" (ou inversement). Pourtant les deux œuvres traitent de la question extraterrestre ! Qu'est-ce qui a pris Chris Carter de partir dans des délires de conspirations gouvernementales, de colonisation, de collaboration de Vichy, alors qu'il aurait tellement plus intéressant, plus pertinent, et plus valable de traiter de la question de la tolérance (de l'autre, de l'étranger, de celui qui est différent) en suivant le lent apprivoisement d'un être extraterrestre inoffensif par un terrien au cœur pur, dont on aurait tant à gagner humainement à suivre le modèle… Non décidément, trop à côté de la plaque le Chris Carter !
=> Tim Kring et son équipe avaient d'autres idées en têtes, point ! D'autres choses à dire !!! Tant que LEURS idées à EUX tiennent la route, sont bien amenées et dignement développées, nul besoin de pleurer sur ce que la série n'est pas et aurait pu être si elle avait été "différente", autrement dit si elle avait été [u][b]une autre série[/b][/u]. (
)
"Aurait pu être si elle avait été meilleure" est un reproche acceptable.
"Aurait pu être si elle avait été plus inspirée, plus audacieuse, plus ceci, plus cela" est encore recevable.
Mais "aurait pu être si elle avait été [i]autre[/i]", là, en revanche ça n'a plus aucun sens comme reproche ! Désolé, mais non, ça va pas être possible.
[quote="Tonnerre de Brest"]Mais il est vrai que Van Vogt évoque des sujets aussi délicats que la peur opposée à la générosité, la guerre des couches sociales, l'anti-darwinsime social, le danger à vouloir améliorer l'espèce humaine quand des méthodes fascistes sont employées. Et ça date de 1940 !!![/quote]Tant mieux pour Van Vogt, vraiment. Heureusement pour lui, même. "Encore heureux", oserais-je dire ! Parce qu'en 1940 il y avait assurément beaucoup de choses, beaucoup d'évènements à observer et à analyser autour de soi, c'est certain …
Mais aujourd'hui, il faudrait peut-être aussi penser à tourner la page, non ?
Parce que nous sommes en 2007, et nous avons peut-être, NOUS, d'autres choses à observer autour de nous. Des questions nouvelles qui nous interrogent plus directement et méritent qu'on s'y intéresse [b]en priorité[/b]… Pourquoi devrions-nous revenir encore et toujours sur la question du fascisme et de la race aryenne alors que le présent nous lance, dans l'immédiat, d'autres "défis" bien plus pressants ?
Parenthèse sur XF qui offre un parallèle très instructif à ce sujet (et que je mets en quote pour moins surcharger le post) :
[quote]Que XF ait brassé de telles thématiques était encore judicieux, oui, à l'époque... Ça ne le serait probablement plus aujourd'hui. Beaucoup moins en tout cas ! L'époque des années 90 était une époque très à part : la chute du mur de Berlin (bientôt suivie de la démission de Gorbatchev) avait définitivement sonné le glas de la Guerre Froide. Le monde (autrement dit les USA) s'est retrouvé orphelin de sa toute grande "problématique globale" à résoudre. De sa "mission", en quelque sorte. Un constat qui a été maintes fois fait dans le cours de la série d'ailleurs (plus particulièrement aux détours de "Musings of a Cigarette Smoking Man" ou encore "Redux") : en l'absence d'ennemis terriens véritables (excepté peut-être la Guerre du Golfe, qui n'avait toutefois pas l'ampleur d'un conflit mondial ou inter-blocs… que seule un conflit inter-planétaire pourrait effectivement "égaler"), il convient de regarder les cieux pour s'en trouver de nouveaux.
Ainsi le Père Noël a-t-il apporté miraculeusement à CSM et Gorge Profonde un cadeau inespéré (= un alien, un nouvel ennemi) juste après la démission de Gorbatchev. Ça ne pouvait pas mieux tomber pour eux en effet, comme nous le confie si justement CSM (ou Gorge Profonde, je ne sais plus…) !
Les scénaristes étant dans leur réalité (du début des années 90) logés à la même enseigne que CSM et Gorge Profonde un peu plus tard dans leur fiction (lors de ce retour sur le début des années 90), le dialogue CSM-Gorge Profonde en vient à lever, implicitement, le voile sur les raisons d'être inconscientes de leur série X-Files.
Et on comprend mieux pourquoi les extraterrestres d'XF ont été dépeints de la sorte : durant ces années 90, il devenait presque logique en effet, pour des scénaristes, que cette nouvelle "menace" (fictive et imaginée de toute pièce par leurs soins) soit à l'image des précédentes menaces que nous avions pu connaître dans la réalité jusqu'à ce point (puisque l'imagination naît de ce que l'on connaît déjà…). Ainsi on y retrouve très logiquement le nazisme (les notions de race aryenne dans "Herrenvolk", les camps de concentration et convois ferroviaires de "Anasazi"/"Paper Clip"/"Nisei"/"731", etc.), la collaboration et le Gouvernement de Vichy (le Syndicat, l'affaire presse-papier, la résistance des rebelles sans visage, etc.), sans oublier aussi le péril rouge du communisme, bien évidemment ("Colony", "Travelers").
Autrement dit, si on en revenait inexorablement aux figures de la Seconde Guerre Mondiale ou de la Guerre Froide, y compris dans les années 90, alors qu'à cette époque aucun évènement dans l'actualité n'appelait réellement ces périodes sombres à la mémoire (pourquoi en effet parler de dérive fasciste alors que Clinton ne représentait décemment aucun risque de "dérive" d'aucune sorte pour son pays de ce côté-là ? [au contraire de Bush aujourd'hui, ou Reagan avant lui…]), c'est précisément parce que durant les années 90 (et XF appartient entièrement aux années 90-Clinton), le monde n'était confronté à aucune menace d'un nouveau type. Dépossédées de leurs "missions" de grande ampleur, les populations se tournent alors très naturellement vers la fiction. Et c'est alors la fiction qui prend le relais. La menace fictive des colons a ainsi été imaginée à partir de ce qu'on venait de quitter : 39-45 + Guerre Froide.
Parallèlement, on en reste toujours (selon le même principe du "suivant" qui chasse le "précédant") sur les derniers gros nœuds problématiques en date qui avaient rongé l'Amérique jusque-là : le Watergate.
XF c'est donc ça au final : une série post-Guerre Froide et post-Watergate, dans un monde dénué d'ennemi, dénué de mission nouvelle, dont elle est le parfait symptôme et la réponse directe.
[u]Mais ce monde-là a bien changé depuis ![/u]
Alors que la série entamait sa dernière saison, l'Amérique s'est retrouvée profondément secouée par les attentats du 11 Septembre. On a basculé d'un monde dénué d'ennemi, à un monde venant de se trouver sa prochaine guerre de grande ampleur : la guerre contre le terrorisme. Une guerre qui apporte avec elle son lot de problématiques nouvelles.
Dans ce nouveau monde, très logiquement, ressasser les histoires de l'Occupation Allemande est devenu quelque chose de complètement obsolète, dépassé, anachronique, et même assez [b]absurde[/b].
(Et je ne sais pas si tu as remarqué, Tonnerre, mais depuis 2001, quasiment plus aucun film de "menaces" à valeur métaphorique ne ramène la Seconde Guerre Mondiale sur le tapis. On y retrouve plutôt, quasi-systématiquement, les figures du terrorisme et de la lutte contre le terrorisme…)
Carter et Spotnitz ont d'ailleurs admis à l'époque que le 11 Septembre leur avait posé des "problèmes" pour entamer la mythologie de la saison 9, sentant bien que les esprits ne seraient plus aussi "friands" d'histoires de colonisation, d'invasions, de guerres intergalactiques, de collaborations et de Solution Finale. Comme quoi il y a bien un équilibre conjoncturel qui existe entre la réalité de l'actualité et l'écriture de la fiction en temps réel. En tout cas, Carter et Spotnitz l'ont ressentie. Preuve, au passage, que les préoccupations premières d'XF étaient devenues anachroniques et appartenaient définitivement à une époque révolue, celle des années 90-Clinton. Presque miraculeusement/naturellement, la série se sera effacée avec l'arrivée de Bush et du 11 Septembre pour laisser place à des séries plus en accord avec leur époque, puisque nées directement de celle-ci. (Telles que "24", qui vient immédiatement à l'esprit) ["Heroes" étant peut-être, je commence à le penser sérieusement, [b]la[/b] série "relève" qui portera les années post-Bush et en sera la plus caractéristique
– avec un certain regard critique en arrière, porté sur le passé pour dresser un bilan des erreurs commises, et se tourner ensuite plus sereinement vers le futur et la "reconstruction" positive… Elle semble bien partie pour aller dans ce sens en tout cas, mais peut-être que je rêve un peu trop fort là
]
Pour en revenir brièvement à XF, on observe que la mutation du monde en cours a été presque aussitôt prise en compte par Carter et Spotnitz : le diptyque "Provenance/Providence", écrit après le 11 Septembre, parle en effet plus que jamais des désastres du fanatisme. Et on voit même s'y dessiner les défis futurs de l'Amérique par l'intermédiaire du personnage de Scully, cherchant à protéger sa progéniture : jusqu'où peut-elle se permettre d'aller ? La fin justifie-t-elle les moyens ? Voici quelques uns des grands questionnements qui allaient effectivement travailler l'Amérique post-11 Septembre. Ainsi Scully nous est montrée plus agressive et plus vengeresse que jamais (elle qui a pourtant perdu bien des proches au cours de la série) : la scène où elle refuse d'appeler les secours, et menace de laisser mourir son agresseur [u]s'il ne parle pas[/u], constitue pour moi une des premières, si ce n'est LA première scène de torture télévisée de l'ère post-11 Septembre, bien avant que "24" en fasse sa marque de fabrique, suivie bientôt par "Lost" et quelques autres…
Que ça ait été voulu, recherché, calculé ou non par les scénaristes d'ailleurs. L'impact psychologique reste de toute façon là, indéniablement, et s'en ressent quoi qu'il arrive dans la fiction produite à ce moment-là. La fiction révélant toujours au passage (inconsciemment ou non) quelques unes des mutations en cours dans l'inconscient collectif de telle ou telle société...
On notera enfin que les tentatives de Spotnitz de ressusciter la formule fantastique d'XF ont abouti à un produit là encore inscrit dans son temps : "Night Stalker", où il n'était plus question de nazisme, de conspiration, de collaboration, de colonisation, ni rien de tout ça. Non : il était question de contrôle par la peur, de réflexes sécuritaires et pas mal question aussi - en creux - de terrorisme... Quelques sujets allant parfaitement ensemble et brossant un tableau assez large des questions posées à l'Amérique dans cet après-11 Septembre… Dommage que la série n'ait pas pu continuer !
"Amped" devait également s'intéresser à la question terroriste, comme je disais. Exit donc la période 39-45 (qu'on imagine pourtant très chère à Spotnitz, ayant été lui-même second orchestrateur en chef, en son temps, de la mythologie nazie-aryenne-génocide-collaboration-Vichy-résistance d'XF).
Bref, nous avons très clairement tourné la page aujourd'hui, et sommes passés à toute autre chose… Il va être temps de se faire une raison ![/quote]
Tout ça pour dire que regarder vers le passé, c'est bien, c'est toujours très bien et toujours très utile (comment effectivement refuser une invitation au si précieux travail de mémoire…). Mais en l'occurrence le présent propose de nouveaux défis et de nouveaux questionnements à l'homme/l'américain d'aujourd'hui : au nazisme d'hier a succédé le terrorisme d'aujourd'hui. Voilà pour l'ennemi venu de l'extérieur. Quant à l'ennemi venu de l'intérieur (pour la part introspection et remise en question, nécessaire à tout récit de ce type), on constate facilement que la paranoïa post-Watergate a cédé sa place au questionnement direct du pouvoir tel que conçu et envisagé par l'Administration Bush : la fin justifie-t-elle les moyens ? La notion de dommage collatéral est-elle acceptable ? L'interventionnisme est-il louable ? Sans oublier bien sûr le questionnement sur le règne par la peur, etc.
Quelques uns de ces questionnements se retrouvent, comme par hasard, au cœur de la série "Heroes". Une série sur laquelle plane indiscutablement l'ombre de Bush et du 11 Septembre…
Preuve en images :
- La menace d'explosion sur New York fait immanquablement penser au 11 Septembre.
- Le terme "terroriste" est récurrent dans la série (il me semble même que la version originale du "Pilot", à paraître dans les coffrets DVD, était encore plus chargée en intrigues terroristes, avant que les ciseaux des studios ne passent par là).
- Toute l'intrigue autour de Nathan Petrelli renvoie directement à l'élection de Bush et au folklore post-11 Septembre (le pouvoir qui voit son intérêt au sacrifice – et laisse faire en connaissance de cause – de quelques uns pour renforcer l'esprit communautaire, [u]imposer et installer solidement un leader-sauveur[/u] et préparer sans doute le terrain pour mener de grandes batailles et achever de grandes victoires / grandes mutations de la société…).
- La "version Sylar" de Nathan (dans "Five Years Gone"), s'exprimant sur les ruines de New York, ne peut d'ailleurs que faire penser aux discours du même acabit de George W. Bush suite à la destruction des tours jumelles.
- Un clin d'œil savoureux dans l'isoloir (dans "Landslide") permet de poursuivre ce parallèle Bush-Nathan : dans les deux cas l'élection semble manifestement avoir été truquée. Et on se rend bien compte aussi que Nathan n'est rien d'autre (comme ce qu'on dit souvent de Bush) qu'un pion manipulé, un pantin dans les mains de ses "conseillers" hauts placés formant de leur côté un cercle de "conspirateurs" aux idées très "particulières" (Linderman et Angela Petrelli).
Ainsi, une des principales questions de cette fin de saison (après l'épisode du futur "Five Years Gone", où on découvre que Nathan "est devenu" [presque littéralement] le grand méchant Sylar) est la suivante : "Nathan basculera-t-il ou non du côté obscur ???"… Sylar semble prétendre que oui. Et on sent tout au long du triptyque final que Nathan se trouve sur le fil, partagé entre sa mère d'un côté, et les appels de Peter+Claire+Hiro de l'autre…
Son discours d'investiture est à cette image : partagé entre la part "méchante" (les décisions difficiles à prendre, pour un "greater good") et la part "gentille" (l'amour du prochain, l'ouverture pacifique sur le monde, la compassion et la solidarité, etc.).
Nathan sur le fil donc. Métaphoriquement, deviendra-t-il Sylar ? Sylar deviendra-t-il Président ? Tout le suspens de cette fin de saison est donc, si l'on poursuit l'allégorie, de savoir si l'Amérique va, oui ou non, "élire" un simili Bush.
Et la série a décidé de ne pas élire un tel Président, très clairement. A la fin de la saison 1, Bush est devenu un mauvais souvenir à oublier…
C'est en cela que "Heroes" m'apparaît comme la série "relais", qui va nous mener vers l'après-Bush. [De même que "24" avait définitivement réglé son cas à Bush en saison 5, et a très explicitement appelé, cette année même, à l'alternative "réparatrice"… – voilà une autre série qui, espérons-le, va bientôt se retrouver orpheline de son époque particulière (assez moche) et disparaître pour cause d'inutilité et d'anachronisme…]
Toujours concernant le travail d'introspection mené par la série, j'aime aussi beaucoup l'idée que la bombe ne soit pas "étrangère" (= venue d'un méchant extérieur aux gentils), mais bien le fait d'un "gentil" (DU gentil altruiste en l'occurrence : Peter) qui perd le contrôle de ses pouvoirs et dont la puissance exponentielle se retourne finalement contre lui-même et contre les siens. Tout un symbole, non ?
(D'autant plus intéressant que c'est avec la montée de sa rage envers Sylar que Peter a commencé à surchauffer…)
Peter, tout comme son frère Nathan, a lui aussi droit à un brillant parallèle avec Sylar… La bombe est-elle Sylar ? Ou Peter lui-même ? La saison a fort bien joué sur cette ambiguïté. Surtout que les deux ont quasiment le même pouvoir : celui de devenir surpuissant (en tuant pour l'un, en "s'inspirant" pour l'autre
). Surpuissant… On est une superpuissance ou on ne l'est pas. Et quand on voit "Heroes" (comme bien des histoires de "super-héros"), on devine immédiatement que les USA en sont une de superpuissance…
Dans le même ordre d'idée (ses propres pouvoirs qui se retournent contre soi), j'aime beaucoup le fait que ce soit l'objet de la création de Linderman, ce maniaque du contrôle, qui se retourne contre lui. En l'occurrence Nikki/Jessica et surtout DL (qui semblent avoir été "conçus" par Linderman)…
[quote="Tonnerre de Brest"]Ce sont autant de sujets délicats que la fascination du surhomme écarte d'un revers de la main.[/quote]
Je n'ai encore vu aucune fascination du surhomme dans la série ! Bien au contraire : on a eu deux surhommes pour l'instant (Sylar et Peter). L'un est devenu complètement fou et monstrueux, et en a finit même par perdre une grande part de son humanité. L'autre est victime de sa condition (qu'il ne contrôle pas) et menacé de dérapage permanent (tant ses pouvoirs le dépassent et le submergent). L'un comme l'autre, très explicitement, nous sont présentés comme des [u]DANGERS[/u] de dérive potentielle. Les délires de perfection (et de contrôle) mégalomaniaques de Linderman n'échappent pas non plus à la règle : il est un danger lui aussi, tout comme sa conception d'une "super-nation" encore plus forte, encore plus meilleure, encore plus supérieure, encore plus battante, etc.
Aucune fascination donc. Bien au contraire, je suis persuadé qu'un des buts premiers de la série est de faire valoir l'héroïsme véritable de ses seconds rôles : ceux qui n'ont aucun pouvoir, précisément. Ceux qui sont simplement animés d'intentions pures et qui sont armés de leur seule bravoure ou de leur attachement indéfectible à des valeurs aussi simples et essentielles, humainement parlant, que l'amour ou l'amitié (je pense notamment au personnage de Ando, qui résume très bien cette idée).
Quoi qu'il en soit, l'essentiel pour moi est que "Heroes" traite de son sujet adroitement. Et son sujet, c'est avant tout celui du "super-héros", et ensuite, seulement (et de manière presque secondaire) celui de l'évolution (au sens large, et pas nécessairement au sens biologique-darwinien...). Deux sujets qui sont bien évidemment à prendre comme des métaphores :
1/ Le principe du "super-héros" pose deux aspects. Celui du "super-pouvoir", bien sûr, mais aussi et surtout celui de l'[b]héroïsme[/b]. Le "super-pouvoir" étant lui-même une métaphore du pouvoir, sous toutes ses formes (que ce soit la part "talent individuel", ou la part "contrôle"/"domination des autres et/ou de son environnement"…)
2/ Le principe de l' "évolution" pose quant à lui la question de l'avancement de l'être humain, non pas vraiment en tant qu'espèce, mais plutôt en tant que sociétés et groupes de sociétés ! [encore que… de plus en plus, les défis qui sont posées à nos sociétés d'aujourd'hui – le défi écologique et environnemental principalement – nous posent directement la question de la survie de notre espèce sur le long terme… Qui dépend bien évidemment de la préservation de notre belle planète bleue (qui fait au passage l'ouverture de chaque épisode de "Heroes"
) Mais passons…]
Autant d'aspects et de questionnements qui sont indissociables les uns des l'autres et qui se répondent mutuellement : [i]Qu'est-ce que l'héroïsme ? Qu'est-ce qu'être un héros ?[/i] (Rappelons une fois de plus que la série s'intitule "Heroes"…) [i]Qu'est-ce qu'avoir un talent particulier ? Que faire de ce talent ? Comment l'exploiter ? A quelles fins ? Qu'est-ce qu'avoir un pouvoir ? Qu'est-ce qu'avoir du pouvoir ? Qu'est-ce qu'avoir le pouvoir ? Qu'est-ce qu'être au pouvoir ? Que faire de ce pouvoir ? Qu'est-ce qui accompagne ce pouvoir ? Qu'est-ce que la responsabilité ? Et – de nouveau – qu'est-ce qu'être un héros ? Qu'est-ce qui limite ce pouvoir ? Que peut-on se permettre avec ce pouvoir ? Quels sont les risques qui vont de paire avec ce pouvoir ? (Déraper, tomber dans l'excès, dans l'ivresse mégalomaniaque, perdre pied et se déconnecter des valeurs fondamentales de ce qu'on appelle l' "humanité", etc.)[/i]
Des questionnements qui rejoignent le second aspect : comment l'individu doit-il se comporter face à la société, et surtout au sein de celle-ci, pour faire la évoluer et avancer dans le droit chemin (selon ce que chacun voudra bien mettre derrière ce terme de "droit chemin") ? Etc, etc. Même question qu'on retrouve à l'échelle du dessus : comment une société, une nation, doit-elle se comporter au sein du monde pour faire avancer l'espèce humaine…
Le propos de la série n'est pas plus compliqué que ça : l'évolution du monde, de l'espèce humaine, de l'Homme, passe par celle des sociétés, qui passe elle-même par l'action cumulée et l'engagement concerné de ceux qui la composent, à savoir chaque individus. Des individus qui sont différenciés, et qui ont chacun leur propre "talent"/fonction/utilité à apporter/remplir. C'est aussi pour cela, à la base, que les ensembles de super-héros, tels que les X-Men (ou ceux de "Heroes" justement), sont composés d'individus [u][b]aux pouvoirs spécifiques[/b][/u] ! il y a bien une raison à cela ! [u]De la combinaison des divers talents naît le collectif[/u].
Chacun ayant sa pierre à apporter à l'édifice, d'une manière ou d'une autre. (Idée que les scénaristes ont cherché à illustrer, non sans grosses difficultés, il est vrai, en cette fin de saison…)
Cette nouvelle "espèce" n'est donc pas à prendre au pied de la lettre comme l'incarnation d'un changement global (comme ce que tu aurais souhaité Tonnerre : l'incarnation d'une "autre espèce", d'une autre race, bref de l'étranger venu de l'extérieur – et c'est pas pour rien que tu cites XF : ces questionnements trouvant plus naturellement leur place dans les récits à base d'extraterrestres, plutôt que de [u]superhéros[/u]… Pas pour rien nous plus que tu réalises que les Slans n'ont rien de superhéros : ils composent une nouvelles race…).
Non, cette nouvelle espèce n'est pas la reflet de ce qui est extérieur et différent, mais plutôt de ce qui est intérieur et propice à l'innovation. Cette nouvelle "espèce" que constituent les "heroes" est finalement à prendre comme la métaphore des [u][b]"générations futures"[/b][/u] : celles qui vont faire évoluer la société qu'on va bien vouloir leur donner en héritage, et qui vont la changer en fonction des enseignements qu'on va leur apporter, ainsi que de leur propre originalité, leur perception toute particulière du monde, et leur conscience personnelle…
Il y a une large part accordée à la notion d'héritage (pas seulement génétique donc) dans cette série. Et c'est tant mieux ! Un changement global et identique, comme tu le préconises Tonnerre, aurait été complètement à l'encontre de telles thématiques, que je trouve, personnellement, bien plus passionnantes au jour d'aujourd'hui que des questionnements orphelins sur le fascisme d'hier.
Je tire de ce côté "générations futures" deux éléments :
1/ Ça me fait passer l'éponge sur un des seuls gros défauts conceptuels que je trouvais au départ à la série : son jeunisme et son casting très majoritairement "ado – jeunes adultes" (pour les "héros" du moins). Mais puisqu'ils sont à prendre comme l'illustration des "générations futures", des adultes de demain, c'était un peu obligé et incontournable, donc bon…
2/ Une très forte prégnance de la thématique du "modèle", capable d'inspirer autrui. Sans doute une partie de la réponse à la question [i]"Qu'est qu'être un héros ?"[/i] d'ailleurs. Qui inspire qui ? Comment ? Dans quelle mesure et dans quelle direction ? Etc.
Et c'est là qu'intervient, d'une part, la génération précédente (dont on découvre qu'elle est elle aussi dotée de pouvoirs [Angela Petrelli, Linderman, Charles Devaux, etc.] – normal puisque ces générations précédentes sont les "héros" d'hier, les générations futures d'hier, celles qui sont responsables du présent d'aujourd'hui… Avant que les "héros" d'aujourd'hui soient les responsables du présent de demain - et là on retrouve toute la thématique de l'évolution des sociétés au fil du temps, par [b]mutations[/b] progressives, [u]diverses[/u], et [u][b]aléatoires[/b][/u], puisque dépendant d'individus différenciés et imprévisibles)
Là-dedans, la sacro-sainte figure paternelle obtient une place de choix, ralliant en son secteur nombre de mythologies modernes (dont on citera volontiers les plus emblématiques de ces derniers temps : "Star Wars" et "X-Files"). Mon père ce héros… Mulder partagé entre son père de cœur (le collabo-résistant Bill Mulder) et son père biologique (le sinistre Cigarette Smoking Man). Luke Skywalker, partagé entre son père biologique Darth Vador et son "père spirituel"/mentor Obiwan Kenobi.
Dans "Heroes", cette figure cruciale au développement du propos de la série se retrouve décuplée. Claire face à ses deux père Noah Bennett et Nathan Petrelli. Nathan, lui-même, entre ses deux figures paternelles (son propre père et Linderman), ou encore Peter lui aussi partagé entre deux père (M. Petrelli toujours, et son mentor en devenir [selon moi] Charles Devaux dont on apprenait dans le pilote qu'il considérait Peter comme son fils !
)…
N'oublions pas non plus Hiro, face son père Kaito (dont on ne sait pas réellement de quel côté il se situe).
Et immanquablement, Mohinder, poursuivant les travaux de son père…
Les mini-comics associés à la série vont même un peu plus loin, une génération plus haut : Mohinder nous parle de sa grand-mère. Hiro de son grand-père, mort sous l'attaque d'Hiroshima (et on apprend que la mère d'Hiro a appelé son fils ainsi en hommage à son grand-père mort durant la tragédie… Hiro - shima). On découvre aussi la place qu'occupent pour Hana Gitelman ses mères et grands-mères, toutes deux héroïques à ces yeux, etc.
On rencontre même le père du Haïtien…
Mais les liens du sang ne font pas tout. Ni même l'éducation prodiguée par les parents. Il existe une autre forme d'éducation, de source d'inspiration et d'admiration…
Et c'est alors à la place de l'Art (au sens large), ainsi que de l'Histoire, que la série s'intéresse. Plus particulièrement par le biais de Hiro dont la tête est emplie de héros fictifs (ou non) sources pour lui d'inspiration : particulièrement les héros de comics, ou de grandes mythologies modernes (telles que Star Wars), mais aussi les héros des contes historiques, légendes et autres mythes qui ont bercé son enfance. Parmi eux, on ne peut pas ne pas citer l'illustre Takezo Kensei.
C'est là que l'on se rend compte que, comme je le disais, [u]"Heroes" n'est pas seulement une série sur des super-héros, c'est aussi et surtout une série sur l'univers du comics, et plus généralement [b]une série sur tous ces récits de fiction, qu'ils soient mythologiques ou non, qui cherchent à inspirer les individus d'une société[/b][/u] (et plus particulièrement sa jeunesse donc) pour les éduquer et leur montrer la voie à suivre. Et nul doute que "Heroes" cherche aussi, pour sa part et à son humble niveau, à fonctionner de la sorte : comme une série susceptible d'inspirer tout être ordinaire et lui montrer la voie à suivre du valeureux et honorable chevalier...
Bref, parler d'évolution revient immanquablement, dans le contexte de la série, à parler de l'importance de l'héritage, de l'apprentissage (à partir de cet héritage), de l'enseignement (par les anciens), et de l'éducation. Avec toujours en ligne de mire cette notion que seule l'entraide, le collectif et la mobilisation de l'individu dans le collectif peuvent permettre d'avancer, d'accomplir de grandes choses, et d'aboutir à de grands [b]changements[/b].
"Heroes" n'est pas loin de devenir une série cherchant à inculquer à son auditoire (qui en a, j'en suis sûr, forcément besoin) les valeurs essentielles de la [b][u]citoyenneté[/u][/b]…
Rien de vraiment original à cela, certes. Comme à toute chose de toute façon ! Depuis que l'Homme a appris à parler, il a eu largement le temps de faire le tour de toutes les questions essentielles qui le travaillent (la seule originalité possible ne peut venir que de ce que le présent, la réalité, offre d'inattendu et de nouveau à contempler et digérer).
Peut-être pas original donc, mais ça a le mérite d'être en parfait accord avec le sujet de la série (=> le héros, la destinée de l'homme et l'évolution [de la société]), et d'être plutôt bien traité, jusqu'à maintenant (sans moralisme puritain dégoulinant à la "Lost", ni pédagogisme trop insultant). ET SURTOUT : d'être en accord avec son temps !
{Même si, personnellement, je suis plutôt de l'avis d'Angela Petrelli dans le pilote : [i]"Love is overrated"[/i] ! C'est pas bien grave, je veux bien manger du [i]"In the end, all that really matters is love"[/i], ça ne me fait pas peur !
}
[quote="Tonnerre de Brest"][b]Héroes[/b] est donc une série opportuniste[/quote]Pas plus que "X-Files", "MillenniuM", "Harsh Realm", ou n'importe quelle autre. Le marché télévisuel est un marché où le souci d'efficacité et de rentabilité est toujours présent. TOUTE série télé, en particulier sur une chaîne non câblée (soumise plus qu'une autre aux lois de l'audience), est soumise aux lois du marché. TOUT scénariste ayant en tête de créer sa série pour la télé SE POSE forcément toutes les questions relatives aux lois du marché en vigueur et SE DOIT (à lui-même en premier lieu) de concevoir sa série DE MANIERE A CE QU'ELLE MARCHE !!! Prétendre l'inverse reviendrait à se voiler gravement la face. Créer une série aujourd'hui n'a rien à voir avec peindre un tableau à l'époque du XVème siècle, au gré de ses humeurs passantes. Chris Carter a été obligé d'être au moins autant opportuniste qu'un autre. Et Tim Kring pas forcément plus que Chris Carter.
(bon, je ne parlerai pas ici des malades mentaux comme Ryan Murphy, ce serait inutile !
)
D'une part. D'autre part :
On imagine toujours à partir de ce que l'on connaît, et plus particulièrement de ce que l'on aime, ce qui nous parle, nous touche, etc. Et navré de dire ça, mais les scénaristes ne sont pas forcément des êtres extraordinaires navigant dans des sphères autres que la notre. Il leur arrive d'aimer ce que le reste de la population, massivement, se met à aimer. Est-ce mal ? Répréhensible ? Nourrir un intérêt pour ce qui marche à la même époque n'est pas obligatoirement la marque de l'opportunisme. C'est peut-être juste la marque d'un scénariste qui sort parfois de chez lui !
Par ailleurs, l'inspiration est incontrôlable… Le déclic ne vient jamais tout seul en étant provoqué par je ne sais quelle intervention du Divin. Il faut toujours un élément… déclencheur (comme son nom l'indique) appartenant forcément au vécu. Et cet élément a plus de chances de venir du vécu immédiat, autrement dit de ce qui compose notre environnement quotidien. Si le comics est sur le devant de la scène, à une époque donnée, il y a donc d'autant plus de chances qu'à cette époque donnée les scénaristes qui peuplent ce monde soient amenés à "jauger" le genre par eux-mêmes, volontairement ou non (puisque logiquement ce genre d'exercice est devenu pour eux une seconde nature, ils n'auront que peu de choix de s'en empêcher). Ce qui peut leur provoquer déclics en tous genres, peut-être même malgré eux. Etre séduit par une idée qui leur apparaît à la vision d'un film de superhéros, etc. Autrement dit, dès lors qu'un phénomène se crée autour d'une chose, autour d'une œuvre, il y a peu de chances pour que, en tant que scénariste sortant un peu de chez toi, tu passes à côté ou que tu y échappes… Ce qui précède a toujours une influence sur toi (thématique centrale de la série, LOL!
).
C'est comme ça que des courants se créent (comme en peinture d'ailleurs, qui n'échappe pas à la règle de ce point de vue là) : chaque "artiste" ajoutant sa touche personnelle, mais poursuivant sur la lancée de ce qui l'a précédé (= inspiré, consciemment ou non, volontairement ou non).
C'est comme ça aussi que des cultures différentes (en matière d'audiovisuel comme de tout autre chose) se sont créées d'un pays à l'autre. Evoluant en vase quasi-clos, chaque culture a développé ses "préférences" et ses "originalités", bref ses spécificités, en fonction de ses propres "tracés". {c'est marrant d'ailleurs, tout cela rejoint complètement la question de l'Evolution, où il est avant tout question de "tracés", par [b]mutations[/b] successives. Avec différentes espèces ayant vu le jour selon les continents…
}
D'une certaine manière, refuser les variations et autres presque-plagiats partiels, c'est aussi refuser à une culture sa capacité à s'exprimer et se manifester. "Heroes" appartient à la culture américaine (bientôt mondiale…) et en est un très bon révélateur (à plus d'un niveau).
Bref, tout ça pour dire que la vraie originalité, je n'y crois pas. Ça n'a jamais existé, n'existe pas, et n'existera jamais. Tout le monde est inspiré de quelqu'un (ou quelque chose). Que ce quelqu'un (ou quelque chose) appartienne à la culture de masse ou soit beaucoup plus en marge et confidentiel. Je ne suis pas sûre que cela soit quelque chose qui se décide ou se choisisse de toute façon. L'inspiration vient de là où elle vient au moment où elle vient, et ça ne se décide pas. C'est avant tout une question de "ce qui nous touche" ou non…
Et si ça ne se contrôle pas, alors il n'est pas dit que ce soit forcément l'opportunisme qui ait guidé tel ou tel intérêt pour tel ou tel sujet (au terme d'intensives séances de brainstorming et d'étude de ce qui marche et ne marche pas). Il y a une raison pour laquelle le genre du superhéros est aussi présent au jour d'aujourd'hui : [u]il parle à son auditoire[/u] (dont les scénaristes/réalisateurs font eux aussi partie, [b]au même titre que tout le monde[/b]).
En revanche, là où on peut être sûr que l'opportunisme est à l'origine d'un projet, c'est lorsque celui cherche coûte que coûte à se démarquer, à être original, juste pour la gloire d'être spécial…
[u][b]La dictature de l'originalité est un tue-culture[/b][/u]. Que l'on trouve ladite culture pauvre ou non, ça n'en demeure pas moins un tue-culture. Juste l'expression d'une mentalité (et non plus d'une culture) consumériste à souhait et en tout point dégénérée…
Mais les mentalités évoluent aussi en fonction de leurs tracés respectifs, propres eux aussi à telle ou telle société, donc bon…
Toujours est-il que le procès du manque d'originalité restera toujours quoi qu'il arrive un faux procès sans valeur.
[quote="Tonnerre de Brest"][b]Héroes[/b] est donc une série opportuniste, dans la veine des multiples variations sur Superman, en série ou en film, où, dans un monde en proie à l'entropie, à l'insaisissable, l'inconnu, les super-héros deviennent des Sauveurs.[/quote]Sauf que, selon moi, le constat de la série est justement de dire que nous sommes tous, à notre modeste niveau, potentiellement des super-héros… Et donc qu'il n'existe aucun autre Sauveur que nous-mêmeS (avec un "s" pour bien insister sur l'aspect collectif de la citoyenneté, et notre statut de citoyens, autant de nos sociétés respectives que [u]citoyens du monde[/u] [car "Heroes", en plus de tout ça, a fait se rassembler des héros venus directement des 4 coins du monde – et c'est pas prêt de s'arrêter là… Ce qui ne peut pas être anodin]). La responsabilité de nos vies, et inéluctablement de notre monde (comme de notre espèce, par effet ricochet) nous revient quoi qu'il arrive.
Particulièrement aujourd'hui où la question environnementale – comme je le faisais remarquer plus haut - nous est posée avec urgence… L'ère post-Bush sera peut-être l'ère de la prise de conscience environnementale et de la prise de conscience conjointe de notre appartenance à une seule et même espèce qui en est venue aujourd'hui, très bêtement, à œuvrer contre elle-même et contre ses intérêts pour défendre des "sous-intérêts" individualistes… Un combat idéologique suffisamment gigantesque/global/grandiose/honorifique pour mettre au placard celui de la guerre contre le terrorisme, et instituer de nouveaux héros modernes…
{Al Gore l'avait lui-même très bien compris : pour vendre son combat contre le réchauffement de la planète, il fallait évidemment le vendre comme une alternative à la guerre contre le terrorisme… Une autre guerre, de grande ampleur, menée fièrement par une Amérique modèle, sauveuse et victorieuse…
}
On verra ce que les USA nous réservent dans les années à venir. Peut-être l'avenir de "Heroes" servira-t-il de révélateur à un tel changement de tendance, si celui-ci est prêt à s'opérer dans la réalité… En tout cas, c'est comme ça, très largement, que je lis la série, en essayant un peu de me projeter dans son propos global à la lumière des éléments déjà mis en place à ce stade…
[b][color=red]"Heroes", ou l'avènement des citoyens du monde ![/color][/b]
[quote="Tonnerre de Brest"]X-Men, en moins intelligent[/quote]N'ayant pas lu les comics, je me contenterai de parler de la trilogie. La seule première saison de "Heroes", selon moi, enterre de très loin la trilogie X-Men. "Heroes" a quand même une autre envergure et une intelligence bien plus étendue (dont on n'a vu qu'une infime partie à ce stade – il convient quand même de le rappeler). Mais c'est mon avis personnel !
[quote="Tonnerre de Brest"]Mais elle ne renouvelle rien, aucun concept, aucun contenu.[/quote]Un connaisseur de comics pourrait-il me dire s'il a déjà lu ou entendu parler d'un récit de super-héroes dans lequel c'est un fan de comics qui se retrouve à être le héros d'un comics live grandeur nature… Il y a une [u][b]mise en abyme[/b][/u] dans "Heroes" qui dépasse de loin toutes les variations que "Superman", "Batman", "Spiderman", "X-Men", "Watchmen", et autres, ont pu apporter à leur propre genre du super-héros. Parce tout simplement on ne se contente pas ici de parler de "variations" (ou en l'occurrence, et à très juste titre, d'absence de variations – puisque nous sommes en présence d'une anthologie/synthèse assumée), on a carrément changé [u]de genre[/u] : on n'est plus dans le genre du super-héros, on est dans le genre "série TV hommage à l'univers du comics et au genre du super-héros". Il y a une complicité entendue avec le téléspectateur, et surtout un recul ludique par rapport au monde du comics, qu'on n'a jamais vu ailleurs dans aucune fiction de super-héros (pas plus au cinéma qu'à la télé – endroits pourtant privilégiés pour "utiliser" de l'extérieur le phénomène comics et l'observer avec la distance que se permet justement si intelligemment "Heroes").
"Heroes" est une pionnière (et aura beaucoup de mal à être copiée, pour cette raison, sans que la copie ne retombe directement dans la case "vulgaire variation sans intérêt autour du genre du super-héros" à la "Mutant X").
Toute l'originalité de la série vient en effet de son personnage principal (officieux) : Hiro Nakamura, emblématique de la série. A moins de reprendre la même idée et copier ce personnage, personne ne pourra JAMAIS faire un "Heroes bis" (à moins de le faire sur un autre domaine que celui des superhéros et des comics books). Preuve que cette série est originale (si tant est qu'on puisse être original) puisque, a contrario, "Superman" ou "X-men" sont copiables à l'infini (et l'ont été à l'infini, comme on le sait). "Heroes" n'est pas un concept basique déclinable à l'infini. Il n'y a, et n'y aura jamais, qu'une seule série comme "Heroes". Parce que la distance prise avec l'univers du comics est non seulement au cœur du "concept", du procédé et de l'histoire, mais aussi au cœur du propos de la série ! Tim Kring a adopté, pour ce genre [u]qu'il a toujours regardé de très loin[/u] (comme un vrai néophyte), un angle de vue très original parce que scrutateur et, mine de rien, assez analytique…
[quote="Tonnerre de Brest"]Bonne formulation en effet, mais le problème est que le comic est devenu un phénomène audiovisuel carrément envahissant.[/quote]La faute aux autres. Libre à toi de faire le tri et d'écarter toutes les adaptations et créations ciné/télé qui ne présentent aucun intérêt (autre que celui de participer au phénomène, bien sûr) et n'apportent strictement rien au genre (Superman, Batman, Spiderman, X-Men, Hulk, Hellboy, Blade, Les 4 Fantastiques, Elektra, Daredevil, Catwoman – et j'en oublie sans doute - Mutant X, Smallville, etc, etc.), pour ne conserver que ceux qui présentent un angle de vue novateur ("Heroes" et… c'est tout !).
{Peut-être l'œuvre la plus proche de "Heroes" qui existe est "Les Indestructibles", des studios Pixar, mais j'en suis même pas sûr, à voir…}
Les premiers ne sont rien d'autres que des re-créations live de ce qui existe déjà, sur un autre médium. Re-transpositions ratées pour la plupart, sur un médium de toute façon inadapté (le format long-métrage !). "Heroes" est, elle, une série sur le phénomène "comics" et également le phénomène "super-héros", et institue une distance entre les deux médiums – chose qu'elle est à ce jour la seule à avoir fait. En conséquence, "Heroes" parle de totalement autre chose que les daubes susnommées (qu'elles soient signées Raimi, Singer, Del Toro, ou Mme Michu). Sa portée n'en est que plus large, puisqu'elle reprend tous les motifs propres aux comics de super-héros pour les emmener beaucoup plus loin, vers des considérations autres.
J'aurais même envie de prendre le contre-pied de ton reproche en fait : n'est-ce pas parce que [b]justement[/b] nous croulons depuis quelque temps sous les adaptations de comics (toutes plus insignifiantes les unes que les autres [si ce n'est sur le plan culturel, du simple fait de leur existence]) que la vision de "Heroes" aujourd'hui s'impose ?
Ce phénomène cache-t-il, comme tu dis, un problème de créativité à Hollywood ou bien est-il révélateur aussi d'un phénomène social bien plus large ? Genre : une crise identitaire générationnelle, ou encore une crise de positionnement mondial… {Dans ce qui est à la fois la fin de l'ère Bush/post-11 Septembre, et, parallèlement, la continuation de l'ère "A la Recherche de la Nouvelle Star" ("American Idol")…}
La panne d'inspiration scénaristique peut en effet (même si j'en doute – puisque l'originalité n'a jamais existé à Hollywood selon moi) expliquer le problème à la base, le problème de l'offre : expliquer pourquoi les scénaristes ne savent plus faire autre chose que des super-héros à tours de bras. Mais elle n'explique pas de toute façon l'autre part du problème, celle de la demande : pourquoi ces films marchent-ils ? Pourquoi marchent-ils AUJOURD'HUI ? Il doit bien y avoir une raison particulière à cela, quelque chose qui ferait peut-être écho à notre inconscient collectif présent. Quelque chose qui nous parle forcément, au moins intimement… Un truc propre à cette époque particulière ? Je ne sais pas…
Pourquoi en effet ce besoin de s'en remettre à un sauveur ? Pourquoi aussi, parallèlement, ce désir d'être quelqu'un de spécial, voire d'important ? (notion très présente dans le pilote de la série)
Là-dessus, et de toutes les adaptations de comics, seule "Heroes" pourra possiblement apporter un début de réponse, à l'intérieur même de sa fiction, puisqu'elle est la seule à incorporer l'importance des super-héros [b]de fiction[/b] dans sa propre fiction… La fameuse distance et mise en abyme dont je parlais.
En cela, "Heroes" est une véritable synthèse sur ce genre bien particulier, en plus de posséder déjà, à la base, une très belle cohérence/cohésion de sujet et de propos (ce que j'apprécie toujours énormément dans une œuvre de fiction quelle qu'elle soit).
Je rajoute deux mots, là-dessus, concernant la composition de l'équipe des scénaristes, qui est aussi je pense à l'origine de cet aspect "synthèse" : synthèse à la fois du contenu des comics, et de l'impact même des comics sur leurs lecteurs. Ce que je trouve intéressant en effet, c'est que l'équipe de "Heroes" est composée à la fois de fans/connaisseurs de l'univers des comics (la plupart des bras droits de Kring) et d'un regard complètement extérieur au "phénomène", qu'il convient bien d'appeler ainsi (le créateur Tim Kring).
=> Lui, Kring, les comics c'est pas du tout sa passion ! Sa passion à lui, ce serait plutôt (d'après ce que j'ai compris), "l'étude" des figures bibliques et mythologiques, des mythes, des contes, etc. Bref des [b]archétypes[/b] héroïques qu'on retrouve d'une culture à l'autre, ou qui sont propres à telle ou telle. Le côté "inspiration" donc (et éducation aussi) dont je parlais plus haut !
Plus simplement : le côté "héros".
En ce sens, l'étude des figures propres au comics rejoint parfaitement ce genre de préoccupation et en offre même une prolongation incontournable à l'heure actuelle (étant donné justement l'essor du genre du "super-héros" dans notre culture actuelle, qui devrait logiquement nous interpeller d'une manière ou d'une autre).
"Heroes" est une synthèse parfaite donc : reproduction du contenu, accompagnée d'une réflexion sur le contenant et son interaction avec le "lecteur".
Ainsi, on se retrouve face à une série remplie de personnages aux noms bibliques (Eden, Isaac, Peter, Noah) {comme tant d'autres récemment : de "The X-Files" à "Lost" en passant par "The Matrix"}, où il est questions de légendes fondatrices (Kaito qui racontait à son fils Hiro les aventures du grand Kensei – qu'il va apparemment, à en croire l'introduction du Volume 2, rencontrer en live l'année prochaine !!!!), puis on cite à tours de bras les héros des comics divers, mais aussi les héros d'autres types de mythologies modernes, telles Star Trek, Star Wars, etc.
Au passage : on peut déjà avoir un petit aperçu de cette importance dans "Heroes" du mythe, et du récit mythologique – sous toutes ses formes – en allant sur un des sites officiels de la série :
http://yamagatofellowship.org/index.shtmlCelui-ci prépare de toute évidence une des prochaines storylines de la saison 2, qui devrait nous familiariser un peu plus avec le personnage de Takezo Kensei (storyline qui devrait être assez dense d'un point de vue thématique et rejoindre pas mal des points que je souligne ici
).
Voici le message d'introduction du site (non spoiler), qui en dit très long sur la synthèse "super-héros/mythes/Histoire/héros ordinaires" + "inspiration" si chère à cette excellente série :
[quote="Kaito Nakamura"][b][i]For as long as history has been recorded, it has recorded the story of heroes. Whether it be the myths of those possessing supernatural abilities or the legends of the ordinary finding the extraordinary inside themselves, common strings can be found through all of these tales. The Yamagato Fellowship is dedicated to the study of these heroes - to highlight their courage, their passion and their intellect. By looking into the past, it is our hope that we will all be better equipped to identify and inspire the heroes walking among us today.[/i][/b][/quote]
[quote="Tonnerre de Brest"]Dans cette déferlante de la thématique du surhomme, on serait plutôt en droit d'attendre des créateurs un point de vue original, en contre-point. De la qualité, de l'étonnement, du courage, c'est ce que nous demandons, non ?[/quote]Je ne comprends pas ! Tu reproches à "Heroes" de copier ses prédécesseurs et reproduire ce qui existe déjà. En l'occurrence X-Men. Tout ça pour réclamer à ce qu'elle s'aventure sur de nouvelles contrées afin de… reproduire ce qui existe déjà. En l'occurrence, l'exemple que tu cites, "A la poursuite des Slans", qui existe déjà donc.
Je suis désolé, mais le point de vue adopté par Kring est éminemment original. Mais qu'importe : original ou non, Tim Kring raconte ce qu'il veux, il raconte l'histoire qu'il a envie de raconter, en fonction de SES centres d'intérêt, avec SES perspectives, SES moteurs personnels, ce qu'il a envie d'y mettre et ce qu'il a envie d'en faire, avec LE propos qu'il lui plaira de développer. Je préfère de très loin ça à une œuvre recherchant absolument l'originalité, à se démarquer, ou autre, quitte à ce que ce soit purement artificiel et calculé. C'est toi-même qui parles, trois lignes plus haut, de "sincérité dans le propos". Faudrait savoir !!! "Heroes" me paraît, sur ce point, irréprochable.
Pourquoi vouloir absolument chercher à se démarquer ? Darwinisme social ou effet culture Nouvelle Star dans lequel il est devenu impératif de se démarquer pour prouver qu'on est doté de personnalité ??? Mystère... (
)
[quote="Tonnerre de Brest"]Pourtant la littérature de S.F. a décliné cette thématique avec des réflexions sur les conséquences de l'avènement de la nouvelle phase de l'évolution, la coexistence non-pacifique, la tentation du fascisme, le racisme envers la nouvelle espèce, la peur, l'espérance. Autant d'idées qui pourraient donner lieu à une série géniale sur le sujet, quelque chose de [u]différent[/u].[/quote]Si la SF l'a déjà fait, pourquoi se faire chier à le refaire ?! Moi je veux une série qui cherche à se démarquer (LOL!
), pas une série qui refait en moins bien ce qui a déjà été fait par d'autres sur des médiums, et sous des genres, nettement plus appropriés !
"Différent", en effet, c'est bien le mot, tu fais bien de le souligner. Ni "meilleur", ni "plus intéressant", "plus ceci", "plus cela", non… juste "différent". C'est pour cela que ton argumentaire ne rime à rien. Les surgelés, ça ne s'achète pas au rayon des fruits et légumes !
Mais je n'y reviendrai pas.
L'autre mot clé ici, c'est "S.F." (et je te renvoie à ma remarque plus haut : si ces thématiques découlent plus naturellement d'œuvres à base d'extraterrestres ou de description d'un monde futur [= la SF], ce n'est pas un hasard…)
Tim Kring a choisi d'ancrer sa série dans la réalité et d'en faire une série fantastique et non de SF. Cela aurait été quelque chose de complètement différent en version SF. Oui, de différent. D'une autre nature même…
Ça aurait été une autre série, qui ne se serait certainement pas appelée "Heroes". On en revient encore à ça…
Mais tu conviendras sans doute avec moi que lors de son épisode S.F. justement ("Five Years Gone", celui où Hiro est dans le futur), toutes les thématiques que tu cites apparaissent au moins partiellement. Ces thématiques ne sont d'ailleurs pas plus originales, et pas moins rabâchées que d'autres. Tout ça a déjà été vu et revu 100 000 fois également, avec plus ou moins de talent. Y compris dans les X-Men, dont l'environnement appartient, lui, à la SF...
Peut-être que "Heroes" y viendra si le moment y est opportun [et il ne l'est pas actuellement, particulièrement pas en début de série]. Et si la série y vient, ce sera sans doute par le biais de l'anticipation sur le futur – au risque sinon de sombrer irrémédiablement dans la SF. Ce qui serait une très mauvaise chose pour elle...
Pour l'instant, la population n'est pas au courant de l'existence de ces "héros" (contrairement à X-Men, ou encore… "Five Years Gone"). Et c'est TANT MIEUX !!!
De la même manière que dans XF, la population n'était pas au courant de l'existence des colons et de leurs plans d'invasion. Et c'était TANT MIEUX !!!
Tout ça reviendrait effectivement à réclamer à XF de nous montrer la colonisation, puis le monde sous l'occupation des colons, etc. Et lui reprocher de ne pas être allée dans cette voie…
"Heroes" est de ce point de vue à l'image de "X-Files" : une série fantastique et non pas de SF. Chacun son truc. Vas-t-en reprocher à X-Files de ne pas avoir su nous montrer la colonisation et la coexistence consécutive (connue par les humains) des humains avec les colons… Ça n'a pas de sens.
"X-Files" est "X-Files". "Heroes" est "Heroes". Point. C'est pas nous qui choisissons !
[quote="Tonnerre de Brest"]X-Files avait pourtant déblayé le terrain avec la mythologie des Hybrides. Et la saison 9, la plus décriée, en se centrant notamment sur les Supers-Soldats, créaient des enjeux autrement plus intéressants. Bien sûr on me rétorquera qu'il est là question de complot, de manipulations génétiques, de croisements, de regénération d'ADN extraterrestre... Donc rien à voir avec le super-héros.[/quote]Exemple très révélateur. Non, en effet, XF n'a que peu de choses à voir avec le genre des su