GOOD NIGHT, AND GOOD LUCK

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Modérateur: Amrith Zêta

GOOD NIGHT, AND GOOD LUCK

Messagepar tonnerre de brest [dc] sur 04 Jan 2006 5:35

[b][size=150]GOOD NIGHT, AND GOOD LUCK [/size][/b]


[img]http://a69.g.akamai.net/n/69/10688/v1/img5.allocine.fr/acmedia/medias/nmedia/18/35/99/47/18460478.jpg[/img]

[b]Réalisé par Mister Clooney[/b]

Scénario: George Clooney et Grant Heslov

Prix du meilleur scénario à la 62ème mostra (2005) de Venise.

[b]Avec:[/b]
Edward R. Murrow: David Strathairn
Fred Friendly: George Clooney
Jimmy Darmondy: Robert Downey Jr.
Sig Mickelson: Jeff Daniels

A la 62e Mostra de Venise toujours, David Strathairn, qui incarne le journalise Edward R. Murrow, a remporté la Coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine.

[b]Résumé:[/b]

En 1953, époque héroïque des débuts de la télévision, Edward R. Murrow anime une émission d'investigation particulièrement novatrice, qu'il finissait par le smots: "Good nignt and good luck".
A cette même époque, les Etats-Unis subissent la "chasse aux sorcières", engagée par le sénateur Joseph McCarthy, contre tous les sympathisants communistes, soupçonnés d'activité "anti-américaines". Le soupçon est partout, les arrestations arbitraires s'accumulent dans toutes les institutions et dans le monde du spectacle, notament à Hollywood.
Edward R. Murrow s'insurge contre cette politique, sorte de David contre Goliath, et met son émission en jeu, sa crédibilité et celle de son media en danger, pour tenter de dire la vérité sur les méthodes du sénateur McCarthy.


[b]Le film:[/b]

Après avoir réalisé un coup de maître avec son premier film en tant que réalisateur, "Confessions d'un Homme Dangereux", Clooney livre sa deuxième oeuvre.
"Confessions d'un Homme Dangereux" parlait déjà des rapports inextricables entre la politique et la télévision, avec une mise en scène où le terrain de la réalité se dérobait et se confondait sans cesse avec les altérations du medium.

Ici, Clooney rend un hommage bien plus positif à des hommes qui se sont servis de ce média, qui était leur vie, pour mener une lutte démocratique. Et ce en dépit des dangers, des pressions dans une Amérique secouée par les turpitudes de la guerre froide et de la répression menée par McCarthy. Edward R. Murrow fut scandalisé de voir un pilote de l'armée, accusé d'être communiste, être poussé à dénoncer son père et sa soeur au cours de son procès.

La reconstitution de l'époque a été tellement soignée que Clooney a fait intervenir des personnes ayant vécu cette période sur le tournage. Lui-même a epluché les archives pour écrire son scénario. Autre atout du film, le noir et blanc, qui nous fait le plaisir de revenir sur grand écran.
Le film présente des images d'archives qui rendent compte de la violence de l'époque, et donne une grande authenticité émotionnel.
Exercice périlleux d'ailleurs pour le réalisateur-scénariste-acteur: des acteurs de fiction sont intégrés à des images d'époque. Mais Mc Carthy apparaît tel quel.


[img]http://a69.g.akamai.net/n/69/10688/v1/img5.allocine.fr/acmedia/medias/nmedia/18/35/99/47/18446504_vign.jpg[/img]

Et puis quel plaisir de retrouver Robert Downey Junior, dans un film de Clooney !

[u]A lire:[/u] la critique d'Aurélien Allin dans Mcinema, que je qualifierais d'assez enthousiaste.

Et si l'année commençait avec un de ses meilleurs films ?
tonnerre de brest [dc]
 

Apologie d'une télévision du sens

Messagepar tonnerre de brest [dc] sur 12 Jan 2006 1:29

[size=200][b]Le diptyque télévisuel de Clooney [/b][/size]

« Good Night and Good Luck » ne traite pas seulement du mac carthysme. Son propos est plus vaste, et ce n’est pas le moindre des tours de force que d’aborder un épisode aussi crucial de l’histoire américaine par le truchement d’une réflexion sur la télévision.
Clooney a de la suite dans les idées. Son premier film, « Confessions d’un Homme Dangereux » (« Confession of a Dangerous Mind ») racontait déjà l’histoire d’un présentateur vedette. Il serait même possible d’imaginer qu’étrangement « Confession d’un homme Dangereux » apparaisse presque comme une suite de « Good Night and Good Luck »…

[size=150][u][b]Gloire et déchéance de la télévision[/b][/u][/size]


[img]http://a69.g.akamai.net/n/69/10688/v1/img5.allocine.fr/acmedia/medias/nmedia/18/35/99/47/18446504_vign.jpg[/img]

« Good Night and Good Luck » commence en 1958, soit 5 ans avant les faits racontés.
Cet extraordinaire début, qui prend au dépourvu le spectateur comme le présentateur prendra au dépourvu ceux qui l’écoutent déplace le centre d’intérêt du film. De quoi est-il donc question ?
Une soirée a été organisée pour rendre hommage à Edward R. Murrow, journaliste et présentateur célèbre d’une émission sur CBS, où il a pourfendu « les ségrégationniste, les esclavagistes », et la croisade anticommuniste du sénateur MacCarthy. Un grand panneau « Hommage à Edward R. Murrow » signe l’intention de Clooney qui reprend ce fait réel pour se l’approprier. C’est le cinéaste qui tient un hommage appuyé à la figure marquante des premiers temps de la télévision.

Or, le discours de ce dernier ne relève pas des remerciements habituels. Murrow se lance dans une réflexion où il fustige la dérive de la télévision vers le tout-spectacle, l’unique divertissement, et l’abandon de toute pensée critique et réflexive.
Fondu au noir : 5 ans auparavant, Murrow anime encore l’émission par le biais de laquelle il va contribuer à faire chuter MacCarthy.

[size=150][u][b]Apologie d’une télévision révolue[/b][/u][/size]


[img]http://a69.g.akamai.net/n/69/10688/v1/img5.allocine.fr/acmedia/medias/nmedia/18/35/99/47/18446501_vign.jpg[/img]

A partir d’un article de presse expliquant l’éviction d’un pilote de l’armée parce que son père lisait des journeaux serbes, et précisant que ce pilote devait dénoncer son père et sa sœur comme communistes, Murrow et son producteur, Fred Friendly commence à s’attaquer aux méthodes inquisitoriales de MacCarthy.

Avec une précision minutieuse, Clooney montre alors le travail d’investigation de cette poignée d’homme qui allait déchirer le silence que faisait régner MacCarthy par la terreur. Une scène émouvante montre Friendly demander à ses journalistes, afin de ne donner aucune faille à l’ennemi, si l’un d’eux a fricoté avec des communistes, de manière à ce qu’il se retire. L’un d’eux « avoue » que son ex-femme allait à des réunions du P.C… Murrow décide de le garder avec cette consternante révélation : la terreur s’est introduite dans leurs bureaux, en eux, et leurs principes devront lutter contre leurs craintes.

Avec le soucis de l’historien, Clooney reconstitue le tournage des émissions, avec comme prompteur un gars qui tourne des panneaux, Friendly qui fait le décompte avant le direct, couché aux pieds de Murrow, l’observation critique des tournages de « procès » projetées sur écran, par les journalistes qui choisissent quel contenu garder, le télécinéma qui s’en suit, les téléphones qui sonnent après la première émission.

Le décor reconstitue l’époque au détail près. Et pour cause ! Ceux qui auront suivi le générique ont noté que Clooney a pris comme conseiller deux héros du film : Joe Wershba et Shirley Wershba (interprétés dans la fiction par Robert Downey Jr et Patricia Clarkson ), soit deux témoins s’il en est des évènements, ainsi que les enfants du pilote incriminé.
Et quand on voit les conditions de travail, on ne peut dire qu’une chose : ces femmes et ces hommes étaient des héros.

[size=150][u][b]Burrow vs Barris : “Good Night and Good Luck » vs « Confession of a Dangerous Mind »[/b][/u][/size]


[img]http://a69.g.akamai.net/n/69/10688/v1/img5.allocine.fr/acmedia/medias/nmedia/18/35/08/99/p2_vign.jpg[/img]
Sam Rockwell dans le rôle de Chuck Barris

Que reste-t-il de ces personnes qui mettaient en danger leur crédibilité, leur travail, leur paye, pour leur conviction déontologique ? Dire que l’espèce a disparu serait abuser, mais la fonction sociale de la télévision a bien changé : divertir, manipuler, endormir les consciences pour une large part de ses programmes.

« Confession d’un Homme dangereux » raconte l’histoire de chuck Barris, qui présente ainsi sa vie : "Mon nom est Chuck Barris. J'ai écrit des chansons pop, j'ai été producteur de télévision, j'ai inondé le petit écran d'émissions d'une terrifiante débilité. Et j'ai tué trente-trois personnes." L’animateur a remplacé le journaliste, et use de la télévision comme d’une arme débilitante et comme couverture pour des activités d’espionnage et de tueur pour la C.I.A..

Il ne reste plus en cette période que « les câbles et la lumière », comme le pressentait Murrow, qui lui était espionné au contraire par le F.B.I.. Cette époque qui lui succède puisque Barris commence sa carrière dans les années 60, années du « jubilée » de Murrow où celui-ci annonce le déclin du petit écran. Mettez les films à l’envers dans la filmographie de Clooney, ils se font suite. Que Barris ait été un affabulateur ou pas, l’analyse reste obsédante pour Clooney : la décadence de l’Homo Televisis…
A noter que Clooney use des mêmes méthodes historiques : Chuck Barris était conseillé sur le tournage, et le film se termine sur un plan de lui en 2002.

[img]http://a69.g.akamai.net/n/69/10688/v1/img5.allocine.fr/acmedia/medias/nmedia/18/36/21/79/18463008.jpg[/img]
David Strathairn dans le rôle de Murrow

[size=150][u][b]Du petit écran dans le grand[/b][/u][/size]


[img]http://media.monsieurcinema.com/film/016100/16195/16195.jpg[/img]

Au cinéma le regard adressé au spectateur est une faute du langage classique (sinon il y a subversion du code visuel). A la télé, hors fiction, le présentateur ou l’animateur regarde droit dans les yeux les téléspectateurs. Clooney traitant de la télé au cinéma opère un mélange subtil de medium. Ainsi, Burrow regarde le spectateur droit dans les yeux à chaque émission diffusée. Le grand écran se pare des oripeaux du petit, et le résultat est d’une efficacité redoutable.

Afin de rappeler constamment son sujet, Clooney incluse dans le cadre les moniteurs qui montrent l’émission passant l’émission qui est en train d’être filmée. Le scène est donc redoublée : dans les studios le héros présente son émission, sur grand écran, mais à ses côtés, un petit écran diffuse les mêmes images prises sous le même angle ou un angle différent de l’émission en direct. Subtiles images composites où le grand écran fait l’apologie du petit quand il veut donner du sens.
De même il filme la télévision, et le travelling avant final sur la dernière image TV va à la rencontre du président Eisenhower comme si l’on passait d’un support visuel à l’autre. Avec comme élément clé le contenu du discours politique, bien sûr.

A cela il faut rajouter les studios et les bureaux eux-mêmes, percés de vitre, de fenêtres, de cadres dans le cadre. L’univers du film est sans cesse rappelé formellement.

Le plus beau plan se situe sans doute au début : pendant qu’un maître de cérémonie rappelle les glorieux faits d’image de Burrow, celui-ci reste assis derrière un écran sur lequel on projette des photos de lui dans ses émissions. Véritable conscience derrière le miroir, il passe ensuite devant pour délivrer sa morale.

Ainsi, « Good night and Good Luck » en appelle à la conscience de la télévision tout en commentant un fait historique liberticide. Un rappel très actuel pour la télévision américaine sans doute, mais aussi pour toutes les télévisions du monde.

A voir rapidement !

P.S. : il y a tellement de choses à dire sur ce film, son esthétique noir et blanc, le maccarthysme, que j’en parlerai de ça dans d’autres posts… Merci aux courageux :twisted: !
tonnerre de brest [dc]
 

Messagepar chanfoxhan sur 12 Jan 2006 23:17

tout simplement SUPERBE !!!!!!!!!!!
chanfoxhan
 

Messagepar EVENOAuré' sur 20 Jan 2006 17:16

C'est vraiment très bien.
Le très classieux David Strathairn est excellent comme tous les autres acteurs[b]*[/b].
Sinon adoré aussi les dialogues, l'idée de tournée en noir est blanc, d'insérer les images d'archives fesant de Mccarthy un acteur du film, la musique.
Le message sur le rôle de la télévision, du journalisme y est très fort même si ça se passe au temps du Mccarthysme aux USA, c'est encore d'actualité aujourd'hui aux USA et ailleurs - comme en France.

Quand un film me plait (film d'auteur ou + commercial), généralement à la fin je fais un timide applaudissement. (on est à paris donc on est coinços, n'oubliez pas :D ) Et bien à ma grande surprise je n'ai pas été la seule et plusieurs ont applaudi au Gaumont Alesia à Paris. La salle était bien rempli pour voir ce film en VO.

Sinon les sous-titres étaient en blanc alors que c'est un film en noir et blanc. Moi ça m'a pas dérangé car je comprend l'anglais globalement mais je suppose que ça peut en faire suer plus d'un (dont ma mère quelque fois)

Good job George Clooney § :D

[b]5.25/6 [/b]


[b]*[/b]Puis moi fan de séries qui constate la présence de Clarkson (excellente dans SFU puis vu dans le très bon Far from Heaven) puis aussi en petite apparition de l'acteur qui fait le rôle du garde du corps de Palmer dans 24, et d'un acteur qui joue dans Carnivale, je suis ravie :D


+++

Pour moi c'est pas un film sur le Mccarthysme, le communisme mais + sur une certain idée du journalisme (métier où tu te dois d'être intègre sinon tu peux vite tomber dans la propagande tel que ça s'est fait à l'époque et encore aujourd'hui avec notamment le fameux journaliste Bill O'Reilly dont vous avez sûrement entendu parler pour sa propagande anti-frenchies), et de la tv qui ne doit pas être qu'une "boite avec des câbles et de la lumière".

Clooney se sert de l'intégrité dont ce journaliste Ed Murrow (il lui rend hommage aussi) a fait preuve en son temps pour faire un parallèle avec aujourd'hui : pour dénnoncer le fait qu'on - USA, France etc...- entretienne des climats de peur à propos de tout. C'est aussi pour dénoncer que la Tv est devenu de moins en moins culturel et de + en + axé sur le divertissement.


Enfin c'est comme ça que je le vois.
EVENOAuré'
 

yep

Messagepar Guigui sur 25 Fev 2006 13:06

Ça c'est un film qui me botterait bien à voir, tout come SYRIANA encore avec l'engagé George Cloney... Bravo pour la review Tonnerre : ça donne vraiment envie :)
[url=http://forum.ouaisweb.com:/viewforum.php?f=77][b]Qui a dit que la fin du monde c'était pas télégénique ?[/b][/url]
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Messagepar tonnerre de brest sur 07 Mar 2006 5:52

[quote="Guigui"]Ça c'est un film qui me botterait bien à voir, tout come SYRIANA encore avec l'engagé George Cloney... Bravo pour la review Tonnerre : ça donne vraiment envie :)[/quote]

J'en suis vraiment heureux ;) .
Qui plus est, je n'ai pas pu m'empêcher de penser au FLT en voyant ce film, va savoir pourquoi ! Peut-être parce que ce film sur la probité télévisuelle pourrait avoir quelque chose de culte pour vous :grin: .

Une info sérieuse concernant l'exploration des arcanes télévisuelles par Clooney: son prochain film sera un remake de "[b]Network[/b]" de Sydney Lumet. A croire que l'auteur n'a pas peur de lasser son public en ressassant l'histoire, les dérives et les devoirs du petit écran.
Il ne faudra donc plus parler de dyptique télévisuel, comme je l'ai fait à propos de "Confession d'Un Homme Dangereux"/"Good Bye and Good Luck", mais bien d'un [b]tryptique[/b].

Mes yeux me rongent d'impatience...
L'agent Squeulit pensait qu'il s'agissait en fait d'une pierre de forme triangulaire
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Re: Tryptique

Messagepar Guigui sur 07 Mar 2006 13:15

[quote="tonnerre de brest"]
Qui plus est, je n'ai pas pu m'empêcher de penser au FLT en voyant ce film, va savoir pourquoi ! Peut-être parce que ce film sur la probité télévisuelle pourrait avoir quelque chose de culte pour vous..[/quote]
j'ai eu la même pensée... Mais je n'ai pas encore eu l'occasion d'aller au ciné malheureusement :(
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Messagepar MaRiNa sur 12 Mar 2006 16:00

Oui c'est vrai qu'on a une autre approche, dès que j'ai entendu parler de ce film, je me suis dit qu'il fallait à tout prix que j'aille le voir (j'en ai fait suer du monde, avec ça :mrgreen:).
Surtout qu'en licence on avait eu des cours sur le McCarthysme, et j'aimaos pas la manière dont c'était fait, et le fait d'aller voir le film m'aurait donné une autre vision en fait ;)
Et en fait je m'attendais à un film plus politique.

Sinon, tout le reste, Tonnerre l'a dit, et bien, donc j'vois pas pourquoi je reformulerais (et en moins bien dit lol) ;)
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