"LE NOUVEAU MONDE" de Terrence Malick

Avatar pourri ? The Dark Knight chef d'oeuvre ? You decide !

Modérateur: Amrith Zêta

"LE NOUVEAU MONDE" de Terrence Malick

Messagepar tonnerre de brest[dc] sur 14 Fev 2006 22:03

[size=150][b]LE NOUVEAU MONDE[/b][/size]

[img]http://a69.g.akamai.net/n/69/10688/v1/img5.allocine.fr/acmedia/medias/nmedia/18/35/37/85/18473107.jpg[/img]

[b]Ecrit et réalisé par Terrence Malick[/b]

[b]Avec:[/b]

John Smith: Colin Farrell
John Rolfe: Christian Bale
Selway: Noah Taylor
Pocahontas: Q'orianka Kilcher
Powhatan: August Schellenberg
Opechancanough: Wes Studi
Jehu Robinson: Ben Chaplin
Capitaine Christopher Newport: Christopher Plummer

[b]Résumé:[/b]

1607. Trois bateaux anglais viennent établir un comptoir économique sur la côte Est du continent américain, qu'ils imaginent vierge et vide de toutes civilisation. Erreur typique: la région est peuplé par les indiens Algonquins, à la société extrèmement complexe, en harmonie avec la nature. Les anglais optent pour l'affrontement.
Un explorateur pourtant averti est capturé dans les combats. Il découvre cette civilisation antinomique à la sienne à travers les yeux de Pocanhontas, la fille du chef, fascinante et "espiègle". En s'éprennant l'un de l'autre, sans doute imaginent-ils renverser le cours de l'Histoire...

[img]http://a69.g.akamai.net/n/69/10688/v1/img5.allocine.fr/acmedia/medias/nmedia/18/35/37/85/18414428_vign.jpg[/img]


[b]L'histoire (presque) authentique de Pocanhontas[/b]

Malick restitue enfin l'histoire véritable de Pocanhontas, dans sa dimension la plus bouleversante, et s'empare du Mythe pour traiter du propos universel qui hante son oeuvre: les rapports de fascination/répulsion entre l'homme et la nature, et l'irruption de la violence dans un Eden qui sombre dans l'effacement.

C'est donc bien aux deux niveaux du Mythe que s'attaque Malick, et ceux qui pourront critiquer le recours à l'histoire d'amour entre l'explorateur et l'indienne, deux archétypes fondamentaux s'il en est, feront une erreur.

Aux U.S.A., Pocahontas et Smith fondent le mythe de la "rencontre" entre les colons et les indiens, et sa célébration "pacifique" met un voile obscure sur la réalité de l'histoire.
Pocahontas, en réalité, était une petite fille qui fit l'intercession entre Smith et son peuple. Sa seule histoire d'amour fut avec un indien de sa tribu. Et son mariage avec un blanc un mariage forcé.

Avec beaucoup de finesse, Malick reprend donc le Mythe, et recrée l'histoire d'amour entre une Pocahontas adulte et l'explorateur aventurier et humaniste. Entorse à l'Histoire. Mais rapidement il décrit ce que fut par la suite le destin réel de l'indienne, créant un impact beaucoup plus puissant renvoyant à sa réflexion sur la barbarie blanche, et l'incompréhension mutuelle.
Et sur la colonisation comme destructrice de civilisations, mais aussi comme entreprise de rationnalisation et d'exploitation de la nature.

Ceci vaut ce ton contemplatif sur la nature où la violence surgit avec une brusquerie inouïe, propre à la filmographie de Terrence Malick.

[img]http://a69.g.akamai.net/n/69/10688/v1/img5.allocine.fr/acmedia/medias/nmedia/18/35/37/85/18404097_vign.jpg[/img]

Pocahontas (Q'orianka Kilcher)


[b]Le mystère Terrence[/b]

Tous ceux qui ont vu "La Ligne Rouge" reconnaîtront dans les thématiques du film le parallélisme entre les rapports qu'entretient le soldat Witt (John Caviezel) avec les populations indigènes des îles océaniennes, et celles qu'entretient Smith avec Pocahontas.
L'idylle n'est pas absente de "La Ligne rouge", comme en témoignent les flash-backs, mais elle est plus portée sur l'idylle avec la Nature, portée par le regard mélancolique de Witt, ou par la simple présentation de longs plan sur les arbres, les rivières, le vents qui souffle sur les herbes, sans autre intermédiaire que l'écran.

Le sujet du "Nouveau Monde" allie ainsi cette approche en la transcendant par la relation Smith/Pocahontas.

L'oeuvre de Terrence Malick est depuis le premier film habitée par ces thématiques, la nature salie par la violence humaine, mais également la quête de l'absolu humaine salie par l'aliénation sociale. Il dépasse d'entrée de jeu la dichotmie Nature/Culture.

Ainsi, la traduction française la première oeuvre de Malick, "[b]Badlands[/b]" (1974), "[b]La Ballade Sauvage[/b]" est-elle assez bien vue, mettant le doigt sur ce qui va parcourir le travail du cinéaste.
Avec une affiche toute aussi évocatrice.

[img]http://a69.g.akamai.net/n/69/10688/v1/img5.allocine.fr/acmedia/medias/nmedia/00/02/59/10/afte.jpg[/img]

L'histoire est ici également tirée de faits hélas réels: le road-movie sanglant d'un couple dont l'amour est interdit. Les meurtres scandent le défilement d'une nature immense, sorte de contre-champ intérieur permanent à la folie déséspérée des protagonistes, hâvre de paix qui observe le massacre.

Même contradiction dans "[b]Les Moissons du Ciel[/b]" ("[b]Days of Heaven[/b]"), 1978, où la nature transformée devient le cadre d'une intrigue sordide, toujours marquée par l'empreinte du destin contrarié.

[img]http://a69.g.akamai.net/n/69/10688/v1/img5.allocine.fr/acmedia/cinestore/visuel/00/86/008619.jpg[/img]

Après cela, Terrence Malick disparaît. Des écrans, des Etats-Unis, des yeux des autres. Jouant du secret, Malick aime à maîtriser son image. C'est sans doute "à l'insu de son plein gré" qu'il a vu se dévelloper sa Légende: le génie disparu on ne sait où, à part de fantasques rumeurs. 20 ans d'absence qui lui vaudront un culte. Il semble acquis qu'il enseignait alors en France.

Mais son retour en 1998 avec "La Ligne rouge" prouva que la réputation peu à peu érigée était méritée, avec un film de génie travaillant toujours dans la même veine que ses premières oeuvres.

[img]http://a69.g.akamai.net/n/69/10688/v1/img5.allocine.fr/acmedia/medias/nmedia/images/affiches/033834.jpg[/img]

Trois chefs d'oeuvre caractérisés par leur écriture poétique, leur cohérence, leur lyrisme, leur chant à la nature - et leur "contre-chant".

A vous de dire ce que vous pensez du quatrième film du décidément prolifique réalisateur qui a mis moins de 8 ans pour réaliser son nouveau film ! :idea:
tonnerre de brest[dc]
 

Philosophie de l'image chez Terrence Malick

Messagepar tonnerre de brest [dc] sur 14 Fev 2006 22:07

[b]Philosophie de l'image [/b]

La contemplation méditative de "[b]La Ligne Rouge[/b]", une des rares réussites de philosophie visuelle, en appelle véritablement à l'ontologie de l'image: Malick enregistre le souffle du vent, la lumière qui pleut des arbres, avant qu'un basculement déchire l'Eden et ne nous plonge dans la barbarie de la guerre. Comme si l'Eden imprimée dans l'image pouvait déséspérément survivre grâce au film, dans une supplique d'autant plus touchante que la guerre est filmée selon la même approche.

Ceci explique le choix de la pelliculle 70 Mm pour lequel a opté Terrence Malick pour tourner "[b]Le Nouveau Monde[/b]". A l'heure où le monde cinématographique s'extasie pour les progès de l'image numérique et les films tournés en Dvcam et autre émanation du tournage à moindre coût, Terrence Malick prend la pelliculle au monde (2 X 35 Mm) dont le niveau de définition est indépassable pour rappeler que certains sujets doivent être traités avec le matériel, donc la forme, qui leur est adéquat, indispensable, afin d'être en connivence avec ce qui est filmé, et d'en tirer la substance première.

Beau rappel que le cinéma est aussi une philosophie du rapport au monde, dans une industrie du spectacle qui, parfois, comprend plus le sens du tintement de la monnaie que les réflexions esthétiques.
(Attention, il y a d'excellents films tournés en Dv, mais cette remise en question de l'identité du cinéma est largement oubliée, notamment dans les rangs critiques, et même théoriques).

[img]http://a69.g.akamai.net/n/69/10688/v1/img5.allocine.fr/acmedia/medias/nmedia/18/35/37/85/18474992_vign.jpg[/img]

La captation du moment ou comment bien voir et regarder
tonnerre de brest [dc]
 

Contradiction

Messagepar tonnerre de brest [dc] sur 14 Fev 2006 22:19

[b]P.S. Mcinema[/b]

Je renvoie à la critique de Mcinema, comme je le fais désormais souvent, directos:

http://cinema.aliceadsl.fr/fichefilm.as ... &file=http

Excellente critique où il me semble pourtant relever un contre-sens (mais je peux aussi bien me gourrer majestueusement, aussi m'avancerai-je très humblement :twisted: ):

"On sent dans LE NOUVEAU MONDE une féroce et marquante condamnation de la violence naturelle de l'homme, soit à l'encontre de ses pairs, soit à l'encontre de sa mère nourricière, la Nature."

Non. :P Une relecture des films de Malick montre clairement qu'il n'y a pas chez lui de "violence naturelle de l'homme". Cela signifierait qu'il y a un innéisme de la violence dans notre espèce, ce que contredisent les films du cinéaste.
Dans "La Ballade Sauvage", "Les Moissons du Ciel", et "La Ligne Rouge" les personnages sont déterminés dans leur action, que ce soit par la contrainte dans les deux premiers, ou l'état de guerre dans le troisième.

"La Ligne Rouge" est encore plus évocateur puisque une grande partie des questions qu'il soulève concerne [b]le choix[/b]: le refus d'aller combattre dans des conditions impossibles, se sacrifier pour sauver sa section, se déplacer sous la mittraille pour apporter ses piqures à un soldat blessé, etc... L'inhumanité de la guerre frappe autant des soldats démunis ou décorés (le nombre de caractères montre d'ailleurs la complexité du propos) que la Nature, qui, effectivement, est réduite en miette sous les salves des canons et des armes qui l' écrasent.

[img]http://a69.g.akamai.net/n/69/10688/v1/img5.allocine.fr/acmedia/medias/03/38/34/28225_vign.jpg[/img]

De même, quand une section croise un indigène (ces peuplades "dites primitives", pour reprendre l'expression de Levi-Strauss), celui-ci ne les regarde pas, mieux, il ne les voit pas. Cécité volontaire ou due à un gouffre de perception culturelle entre les deux, dans tous les cas a guerre, donc la violence, ne le concerne pas (ce que rappelle l'introduction du film).

Malick m'apparaît plutôt rousseauiste. Pas dans le sens du "bon sauvage", idée que pourrait induire l'exemple précédent. Après tout, les indiens du film "Le Nouveau Monde" ne font pas la guerre avec des plumes.

[img]http://a69.g.akamai.net/n/69/10688/v1/img5.allocine.fr/acmedia/medias/nmedia/18/35/37/85/18404100_vign.jpg[/img]


En revanche, l'idée que l'homme nait bon et que la société coercitive occidentale peut l'affecter, voire que le progrès pourtant nécessaire peut le dénaturer, idée chère à Rousseau, se retrouve pleinement chez Malick, chez qui on retrouve aussi bien l'analyse du "Contrat Social" que "Les Rêveries du Promeneur Solitaire".

Ce débat illustre au moins une chose.

Le cinéma de Malick est extraordinairement complexe, et on n'a pas fini de se plonger dedans pour l'appréhender sous toutes ces dimensions. :D
tonnerre de brest [dc]
 

Messagepar Darky sur 26 Jui 2008 17:29

[img]http://img165.imageshack.us/img165/5804/newworldextendedr1artgh5.jpg[/img]
[img]http://img176.imageshack.us/img176/7871/deusexhn6.jpg[/img]
The World's Changing
Avatar de l’utilisateur
Darky
Jumeau de Patrice Carmouze
 
Messages: 320
Inscrit le: 03 Mar 2007 22:50
Localisation: Québec


Retourner vers CinémathèQ'

Qui est làààà ?

Utilisateurs parcourant actuellement ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 15 invités

cron