Je profite pour poster mon analyse écrite à l'époque de la diffusion de l'épisode et cross-posté sur l'ancien site de la LTE. D'ailleurs bientôt la rubrique ANALYSES de LVEI reviendra avec des centaines de reviews sur tous les épisodes...
Une impatience comblée
Chris Carter nous offre enfin, après de longues saisons médiocres niveau loner, un loner justement, digne de ce nom. Analyse de l’histoire et surtout de la relation naissante entre Scully et Doggett.... Scully emmène l’agent Doggett sur sa première enquête dans le domaine du paranormal, enquête qui va les mettre sur les traces d’une bête mi-chauve souris mi-homme qui terrorise une petite ville. Une ancienne affaire oubliée de tous depuis plusieurs années va alors resurgir...
«
Patience » est un loner qui après le diptyque «
Wihtin/out » met vraiment les choses en place. C’est également un loner dans le plus pure tradition X-Fillienne, donc très ancré dans l’esprit XF qui m’est cher. On se serait presque cru dans la saison 2 par exemple. Chris Carter a bien compris que cet épisode était crucial et qu’il fallait qu’il soit réellement réussit, c’est sans doute pour cela qu’il s’est mis également à la réalisation de cet épisode en plus de son écriture. Cet segment est réussit à plusieurs niveaux, tout d’abord pour l’histoire en elle-même, très fantastique ; et ensuite pour l’interaction qui fonctionne à merveille entre Doggett et Scully sans jamais calquer le duo Mulder/Scully.
BAT.... MAN...
L’idée d’une espèce inconnue hybride entre l’humain et la chauve-souris (qui est déjà une sorte d’hybride en soit) peut faire sourire sur le papier mais cela est très bien rendu dans l’épisode. Le choix de cet animal n’a pas été fait par hasard, car il est déjà très présent dans notre inconscient collectif. La chauve souris symbolise l’être définitivement arrêté à une phase de son évolution ascendante : il est dans une sorte de phase intermédiaire., une espèce d’oiseau hybride, ou comme disait Buffon : «
un être monstre ». La chauve-souris symbolise alors, un être dont l’évolution spirituelle a été entravée. D’ailleurs l’homme chauve-sourie de l’épisode raisonne comme un animal en pistant les odeurs mais a la rancœur et la rage d’un être humain.
Et puis cela faisait bien longtemps que l’on avait pas eut un mutant de la sorte (d’ailleurs j’ai trouve le maquillage de l’acteur très réussit). En fait il n’y en avait pas eut depuis... l’homme douve, ce qui rend ce genre d’épisode assez rare puisqu’il n’y en a que 2 (à l’époque de cet épisode), heureusement ces épisodes n’ont rien d’autre en commun, ce qui fait que «
Patience » ne copie aucun épisode dans sa trame narrative, et c’est tant mieux. Même s’il y a tout de même des lieux communs dans cet épisode, mais rien de bien méchant qui empêche l’épisode de marcher. Par exemple, la scène de pré-générique n’est pas exceptionnelle : il n’y a pas vraiment de mystère, de phénomènes ou de situations que nous ne comprenons pas. Le couple Tall (qui a une drôle de dégaine d’ailleurs) se fait tuer chez eux par une sorte d’étrange créature. Rien de plus, ce qui en somme assez simple finalement et déjà vu 100 fois dans X-Files (et souvent avec quelque chose en plus), mais là malgré tout, ça fonctionne bien grâce à l’aspect des personnages : George le croque-mort qui a la touche de Lurch de la Famille Adams, et sa femme qui semble elle aussi peu commune. Il y a également un superbe visuel rendu par la maison, la girouette en forme de gargouille sur fond d’orage. Tout ça baigne donc dans un bleu électrique des plus flippants. Bref, lorsque Carter écrit une scène dite «
clichée », il sait comment compenser le manque d’originalité ailleurs, il sait ce qu’il fait
Le contexte de l’histoire n’est pas mal non plus : un shérif abruti, sexiste et tête à claque parfait. Une population qui ne veut pas savoir, un patelin un peu paumé, et une affaire qui remonte à plus de 40 ans. Tout est donc réunit pour que cela fleure bon le dossier X. Et puis l’idée que la bête pourrait encore traquer ceux dont la tête ne lui reviennent pas est une bonne idée et laisse une bonne fin ouverte type de l’esprit XF : la bête va t’elle s’en prendre plus tard à nos 2 agents ?... Une superbe fin qui peut rappeler celle de «
Les Calusaris » ou encore celle de «
Compressions » et bien d’autres... Bref cet épisode est un condensé de tout ce que la série fait de mieux en matière de monstre dans la série, tout ça pour vraiment inclure l’agent John Doggett dans le monde étrange et atypique des X-Files. John Doggett qui brille également à plusieurs niveaux dans cet épisode.
Je t'aime... Moi non plus...
L’interaction entre Scully et Doggett fonctionne à merveille et comme je l’ai déjà dis, ne ressemble à rien au partenariat précédent de Scully. Cela vient évidemment du fait que Doggett est vraiment totalement l’opposé de Mulder. Doggett est sociable : il a l’air d’avoir pas mal d’amis, comme on peut l’entrevoir dans une scène au début. Il est vraiment très réfléchis et ne laisse pas son instinct prendre le dessus sur sa raison. Il est vraiment très galant avec Scully qui doit être du coup changée de la « muflerie » de Mulder. En effet je vois mal Doggett laisser Scully tomber en plant quelque part ou lui raccrocher au nez comme l’ami Fox avait si bien l’habitude de le faire. Et cela Chris Carter nous le fait bien comprendre en faisant dire à Doggett : «
Je ne suis pas Fox Mulder... » on ne peut pas être plus explicite.
Mulder ever !
Chris Carter veut également nous faire comprendre que Doggett ne remplace pas et ne remplacera pas ‘vraiment’ Mulder. Que Doggett ne prendre jamais la place de Mulder mais qu’il va se créer la sienne, avec la phrase de Scully : «
Ceci est le bureau de mon partenaire, agent Doggett. Vous et moi l’utiliseront qu’occasionnellement... », et à la fin elle lui dit qu’il aura son propre bureau et range la plaque de Mulder, par respect par Doggett : pour qu’il se sente «
comme chez lui ». De plus Carter rend Doggett comme quelqu’un de vraiment sérieux qui même s’il se moque des affaire-classées (voir les petits sourires qu’il a parfois en les évoquant), il n’en est pas moins consciencieux, puisqu’il a lu tous les X-Files ce qui le rend un minimum compétent pour mener une enquête paranormal, surtout s’il écoute Scully. Doggett fait également à nouveau preuve de son côté meneur d’homme en tenant tête au shérif tout en lui édictant des «
ordres », en faisant bien attention de ne pas froisser Scully (même si pour ça c’est raté). Et son côté d’homme d’action est également très présent alors qu’on le voit se battre de manière efficace (puisqu’il est toujours en vie) contre l’homme chauve-sourie. Trop fort le Doggy
En conclusion...
Si la relation Mulder/Scully était plus basée sur l’émotionnel et l’affectif, le duo Doggett/Scully est bien plus axé sur l’intellectuel (dans les 2 cas de la confiance mutuelle en naît). On le remarque énormément lorsque de la discutions ping-pong du début entre Scully et Doggett devant les officiers de police, on en est à compter les points et à se demander qui va l’emporter, visiblement ni Doggett ni Scully ne semblent vouloir se laisser faire et c’est tant mieux ! De plus, les discussions d’une Scully éprise du doute (nous rappelant qu’elle est avant tout une scientifique et qu’elle fut une grande sceptique) à un Doggett compréhensif, me rappellent énormément les scènes entre Mulder et Scully des débuts, comme celui de l’épisode «
Tooms » par exemple. Avec le même genre d’humour : «
Moi ce que je sais des Martiens c’est que ce sont des gens nés au mois de mars... » Et puis les scènes d’évocations de Mulder ne sont pas mal non plus, tout comme la séance de diapos clin d’œil direct à Mulder qui procédait de la même façon avec Scully. D’ailleurs on a plutôt l’impression, comme Doggett est quelqu’un d’extérieur, que lorsque Scully évoque ses doutes et qu’elle parle de Mulder elle est vraiment elle-même, chose qu’elle ne pouvait être avec Mulder, elle n’osait pas lui révéler ce qu’elle avait sur le cœur, alors que pour elle Doggett semble être un bon confident, cette relation va encore s’amplifier dans les épisodes à venir.