
LE MESSAGE :
Episode écrit par James Wong & Glen Morgan
Réalisé par David Nutter
Le début : Chez elle, Scully vient de finir de dîner avec ses parents, Charles et Margaret Scully, qui décident de rentrer chez eux. Quelques heures plus tard, alors que Scully s’est endormie devant la télévision, elle se réveille soudainement et voit son père, assis face à elle dans un fauteuil. Celui-ci d’un regard fixe parle, ou plutôt bouge les lèvres, car aucun son n’est audible. Surprise par la sonnerie soudaine du téléphone, Scully s’aperçoit que son père a mystérieusement disparu. Scully va décrocher le téléphone : c’est sa mère, bouleversée, qui lui annonce que son père est mort quelques heures plus tôt.
Il s’agit du premier épisode de la série qui se démarque des autres pour s’attarder sur le personnage contradictoire de Scully.
Il s’agit également du premier épisode à inverser les tendances croyance / scepticisme des deux agents, et en cela on peut dire qu’il est original et que l’idée sera réutilisée, un peu comme une solution de facilité, dans les épisodes mettant Scully en proie à se questionner sur ses conceptions religieuses face à Mulder totalement incrédule (REVELATIONS 3x11 & L’AME EN PEINE 5x17).
Dans LE MESSAGE, je dirais que les bases de l’épisode sont très bonnes :
- l’apparition post-mortelle du père de Scully qui préfigure qu’il est mort sans communiquer quelque chose d’important à sa fille
- la musique de l’enterrement « Beyond the sea » symbole de l’épisode
- un homme (Boggs) qui doit permettre à Scully de comprendre le message de son père
Au passage on peut remarquer qu’il est très étonnant qu’après la mort et l’apparition de son père, Scully arrive au FBI détendue en se permettant même une petite plaisanterie.
Ensuite l’épisode pêche par facilité, comme dans CLOSURE un homme de bonne foi intervient pour simplifier l’intrigue et favoriser le dénouement et l’émotion. Je dirais que dans CLOSURE ça passe parce que le scénario a plus de consistance, mais ici la situation est vraiment très simpliste :
dès la première rencontre avec le condamné à mort, celui-ci donne les indications parfaites pour retrouver deux jeunes qui ont été enlevés, la théorie d’un complice en dehors de la prison serait encore plausible, mais Boggs chante à Scully la fameuse chanson « Beyond the sea » et l’appelle par le surnom que lui a donné son père.
Après seulement une douzaine de minutes l’intrigue de l’épisode est terminée, toute la suite va se focaliser sur Scully qui essaye de se convaincre que Boggs est un imposteur malgré les éléments qui ne laissent aucun doute. Du coup une bonne partie de l’épisode m’est apparue ennuyeuse et absolument pas enrichissante, s’agissant juste de la confirmation que Boggs a réellement le pouvoir de recevoir dans son corps des âmes en détresse.
L’aspect contradictoire de Scully la pousse à affirmer à Boggs que c’est un menteur alors qu’elle sait qu’il dit vrai, mais qu’elle refuse de l’admettre en fait. Boggs a là une excellente réplique : « Ce n’est pas grave il y a de la place pour les menteurs ici. Vous pouvez jouer la comédie autant que vous voudrez, moi je sais que vous me croyez.»
La fin de l’épisode regagne en intérêt avec Mulder qui a une attitude très « généreuse » en quelque sorte : même si au fond de lui il n’a jamais cru au pouvoir de Boggs, il demande à Scully d’y croire car il sait que ça peut l’apaiser :
« Après tout ce que tu as vu, après toutes les preuves, pourquoi tu ne peux pas croire ? »
Enfin Scully devient objective et dévoile ce qui justifie son comportement durant tout l’épisode :
« J’ai peur de croire. »
« Alors assume ta peur sinon tu ne sauras jamais ce que ton père voulait te dire. »
La chute de l’épisode se révèle pour le moins inattendue, mais excellente :
« Je sais ce qu’il voulait me dire : c’était mon père c’est tout .»
surprise alors qu’on attendait plutôt un message de fierté… Mais Scully n’a pas besoin d’entendre le message de la bouche de Boggs, elle l’a certainement compris, elle admet le pouvoir de Boggs mais refuse d’y avoir recours, parfait compromis. (Cette dernière phrase renvoie au passage à celle de sa mère le jour de l’enterrement : « Tu étais sa fille… ».)
BILAN : On trouve dans « Beyond the sea » de très bonnes choses comme la scène de fin entre Mulder & Scully, le jeu d’acteur de Brad Dourif ou bien les symboles (croix blanche, diable) qui suscitent toujours un peu d’émotion au même titre que le cercle dans REVELATIONS, mais l’épisode aurait pu être beaucoup plus complet compte tenu du sujet abordé. Il me laisse un sentiment d’inachevé, c’est bien dommage de ne pas avoir poussé plus loin l’analyse du pouvoir de Boggs de recevoir en lui toutes ces âmes, au lieu de s’en servir uniquement pour guider Mulder & Scully dans leur enquête, l’épisode est (volontairement mais) trop axé sur Scully car avec son refus de croire à l’évidence on tourne vite en rond. Bon voilà pourquoi je ne trouve donc pas cet épisode vraiment terrible. 6,5/10