« The X-Files : Pilot », le titre américain, lancement de série, encore des interrogations sur son succès ; on ne s’aventure pas trop ou bien, on laisse tout le mystère, c’est au téléspectateur de décider, de se faire une idée, d’imaginer et d’avoir envie. . .
« Nous ne sommes pas seuls », le titre français, car nous avons besoin d’un titre, est bien trouvé et lance toute une mythologie. . . Le succès est déjà au rendez-vous : la série a déjà une saison aux USA.
« L’histoire suivante a été inspirée par des documents authentiques ». Les documents le sont sûrement ; toute la question repose sur ce qu’ils contiennent. La série se base sur la recherche de la Vérité, le combat de Mulder contre les mensonges. Les documents sont réels, officiels, mais les témoignages peuvent être faux ! Comment savoir ? Enquêter, la quête perpétuelle de Mulder : l’investigation, la recherche de sa soeur, de la vérité, le démêlage des complots, voire même, plus tard, connaître l’avenir de l’humanité. . . Cette petite phrase introductive encre le téléspectateur dans une réalité pas si fictive que cela ; il faut la voir sous 2 angles différents mais complémentaires :
- en plein boom (déjà à l’époque aux USA) de la real TV, cette phrase attire le téléspectateur et sa soif de voyeurisme.
- la fin de la Guerre Froide est encore chaude, des affaires restent encore à élucider, des documents a éplucher, des vérités a faire surgir. Cette phrase révèle l’étendue de la série : elle est plus proche de la réalité que de la fiction ; outre les phénomènes surnaturels que l’on y rencontrera, les complots et conspirations sont là. Nous ne sommes pas seuls, non, mais ça, certains le savaient déjà. . . « They’ve been here for a long, long time »
La musique.
La musique de Mark Snow met directement le téléspectateur dans l’ambiance. Il a su créer, aussi bien que C. Carter et son équipe par l’image, l’atmosphère d’X-Files grâce au son, à la musique : angoissante sans être trop oppressante, obsessionnelle, envoûtante, c’est le mot : envoûtante, vibrante. La chair de poule sur notre peau, le coeur qui bat un peu plus vite. La musique se fond au décor, la forêt, la musique, la nuit, la musique, la lumière. . . cette musique. . .
L’apparition des personnages principaux.
Scully apparaît bien avant Mulder dans ce pilote. L’Homme à la cigarette aussi d’ailleurs. Pourtant, Mulder, nous semblons déjà le connaître mieux que quiconque lorsqu’il apparaît, le dos tourné. . . Son personnage a été présenté dans le bureau où Scully est chargée de sa mission de surveillance. C’est elle-même qui le décrit. D’elle même, on ne connaît que son parcours professionnel. Professionnelle, c’est le personnage qu’elle doit représenter : droite, conforme au règlement. L’Homme à la cigarette reste muet, de lui on ne sait encore rien. De Mulder, on connaît ici même ce surnom qu’on lui a attribué, «le Martien» ; ici aussi, le personnage est d’emblée cerné par le téléspectateur (Il aura d’ailleurs, un peu plus tard dans l’épisode, ce petit sourire entendu en disant « La procédure officielle ??! » : on comprend dès lors sa démarche). On veut en savoir plus sur cet agent. . . assez spécial. Eh bien, allons jusqu’à son bureau. . .
En arrivant au FBI, Scully traverse une série de bureau éclairés, rangés, fréquentés par moult agents. En arrivant au bureau de Mulder, c’est le contraste : clos, en plan rapproché même, pour bien en montré l’exiguïté, moins éclairé que le reste, le bureau où se trouve l’agent Mulder, seul, est silencieux. Scully et Mulder se rencontrent enfin, ils ont déjà « étudié le cas » de l’un et l’autre au travers de leurs travaux ; maintenant, c’est à leur côté humain de se connaître. Tout semble les séparer, mais ils seront pourtant complémentaires et indispensables l’un a l’autre pour leur quête et pour leur survie.
Si Scully semble encore jouer le faire-valoir de Mulder (« Comment un jeune homme de 20 ans peut-il mourir de froid par une belle nuit d’été, Dr Scully ?! » dit Sherlock Mulder à son assistant(e) Dr Watson-Scully), son rôle se développe assez rapidement, et l’attachement sincère de Mulder à sa coéquipière évoluera durant la 1ère saison. Mais tout devait rester alors platonique entre eux. Pour preuve, la scène de panique où Scully, plus qu’à moitié nue arrive dans la chambre d’hôtel de Mulder pour lui montrer les marques suspectes au bas de son dos. Scène très sensuelle : la pénombre, la bougie, les courbes de Scully,. . . Mais tout ce qui importe, c’est la confiance qui s’installe entre les deux agents, ils ne sont plus coéquipiers, ils sont partenaires. Mulder se confie à Scully qui l’écoute. Plus que des partenaires déjà, ils deviennent amis. La version française est peut-être même plus marquante avec le passage du « vous » au « tu », qui, même s’il existe en VO grâce a une différente de prononciation du « you », marque le début de cette complicité, de cette confiance entre les deux agents, deux agents mis à part au sein même du FBI. Car Scully, ralliant la cause de Mulder devant même ses supérieurs, se met « sur la touche » du FBI, au bord d’une falaise dangereuse où d’un côté se trouvent le géant conspirateur et son armée et de l’autre, le gouffre de la Vérité dont Mulder est déjà en train d’explorer la paroi verticale et abrupte, gouffre dont on ne voit pas encore le fond, et que même le dernier épisode de la série de dévoilera pas vraiment.
--NostraMADus--



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