Quand vient la nuit / Darkness Falls
Huis-clos en plein air
Comment faire un épisode excellent, résoudre une affaire non-classée ou presque, avec une histoire somme toute assez simple ?
Cet épisode s’ouvre un peu comme c’était terminé le précédent : la forêt et le brouillard. Et d’emblée, sans savoir pourquoi ils le font réellement, on entend des hommes se quereller... Que se passe-t-il ? : «This thing could kill us !» («Cette chose pourrait nous tuer !»), la menace est installée, on ne sait pas quoi, mais on connaît son but : les tuer. Cette "thing", est-ce une référence au film «The Thing» ? Peut-être, en tout cas, on peut voir cet épisode comme un parallèle à «Projet Arctique» («Ice») : mais au lieu de se retrouvés coincés au pôle Nord, loin de tout, les hommes qui travaillent, puis nos deux agents ainsi que leur accompagnateurs se trouvent en pleine forêt : forêt immense car vraiment éloignée de la civilisation ! Le Mal qui rôde n’a pas été libéré de la glace, mais d’un arbre... Remarquez qu’on étudie le passé dans des carottes de glaces, et qu’il est possible de constater les changements du cours de l’histoire (thermique, géologique, météorologique, etc.) dans les anneaux des arbres ! (Cela peut même rappeler un film d’Hitchock... Lequel, je ne sais plus, «Vertigo» peut-être, où les deux personnages principaux se retrouvent devant un tronçon d’arbre plus que centenaire aussi.) Hubert Reeves dit même que l’on peut "voir", constater les changements de températures dues aux vents solaires, dans les anneaux des arbres. Mais bien sûr, pour vraiment faire ce genre d’étude, il faudrait couper ces arbres centenaires, et ça, ce serait inacceptable.
On peut voir dans cet épisode un élan écologiste, mais on ne nous y présente pas les écolo comme radicalement gentils et les bûcherons comme les méchants. Non, c’est même le contraire au départ. Les bûcherons sont les victimes, et Doug Spinney est présenté comme un terroriste. C’est vrai qu’il n’inspire pas réellement confiance. Cependant, au cours de l’épisode Steve Humphreys, le patron des bûcherons nous apparaît de plus en plus antipathique. En fait, on se retrouve dans une sorte de huis-clos à ciel ouvert où ce qui enferme les protagonistes est la forêt et la nuit, l’espace et le temps, l’espace-temps en somme ! Il est amusant de remarquer que, toujours en une sorte de lien avec l’épisode précédent, Spinney déclare : «It’s out there» («C’est là, dehors.»), comme Lyle dans « Métamorphoses» («Shapes»). A 20 minutes, milieu de l’épisode, le mystère est résolu, l’affaire était simple en fait ; Spinney dit : «Right after that tree was cut down was when Teague died. It’s about the same time when the loggers disappeared too.»
Scully : «You think these mites killed the men?»
Spinney : «Maybe they were dormant for hundreds of years. So they woke up hungry.»
(Spinney : «Juste après que cet arbre a été coupé, c’est là que Teague est mort. C’est à peu près au même moment que les bûcherons ont disparu aussi.
Scully : - Vous pensez que ces mites ont tué ces hommes ?
Spinney : - Peut-être qu’elles étaient endormies depuis des siècles ; alors quand elles se sont réveillées, elles avaient faim.») Tout est dit... mais l’épisode n’a reposé, en fin de compte, sur le mystère que pendant les premières secondes... L’intérêt réside ailleurs : le temps est compté, ils sont loin de tout, coupés du monde, le "huis-clos" grand ouvert est angoissant. Le temps est un facteur stressant : il fait s’accélérer le cœur à chaque instant, car on ne sait pas si on s’approche d’un dénouement heureux ou non. Qui sera la prochaine victime ? Le type antipathique bien sûr, celui qui est responsable, en quelque sorte, de la coupe des arbres marqués d’un... X orange. D’ailleurs, cela fait deux épisodes de suite où c’est un monsieur aux cheveux gris et aux moustaches, aux airs plutôt antipathiques, qui se fait tuer par l’ennemi du jour !
Cette fois-ci, les termes récurrents ne sont plus "belief" et compagnie, mais "trust" et "truth" (confiance et vérité), toujours des termes chers à la série ! Spinney lance à Mulder : «You gonna trust me, man!» («Tu dois me faire confiance, mec !»), Mulder qui dit ne faire confiance en personne (sauf en Scully) va là avoir confiance en ce type un peu louche... mais qui au fond est le gentil puisqu’il sauve les arbres. D’ailleurs, dès leur première rencontre, Mulder a été plus ou moins de son côté en le défendant contre Humphrey. Suit une période de réel huis-clos, la panique de Scully face aux minuscules insectes ; ils lancent leur "bouée de sauvetage", trouvent la voiture-tombeau d’Humphrey. La porte de sortie est incarnée par Spinney qui a tenu sa promesse (l’a-t-il vraiment tenue où bien était-ce un hasard qu’il passe juste au moment où nos agent se trouvaient là ?)... Ils vont peut-être réussir à s’en sortir... Mais ironie du sort, les pièges posés par Spinney et ses hommes sont sa perte : la Jeep immobilisée, Spinney sort et est attaqué par les insectes embaumeurs : comme quoi, les vrais gentils de l’épisode, ce sont bien Mulder et Scully. Ah mais justement, eux, vont-ils se tirer d’affaire ? Il semble bien que non... Lorsque les secours arrivent, ils sont momifiés comme l’une des victimes retrouvée dans les bois... Cependant, un espoir pour eux apparaît, on voit Scully bouger dans son cocon.
Ils s’en tire en fin de compte, mais beaucoup plus mal en point que dans «Ice»...
Dans la dernière séquence de l’épisode, on peut relever un passage-clé pour la série :
Mulder : «How are you gonna contain it to the forest? What if the swarm migrates?»
le médecin : «The government has initiated eradication procedures. They’re quite certain by using a combination of controlled burns and pesticides they will be successful.»
Mulder : «And if they’re not?»
le médecin : «That is not an option, Mr Mulder.» (Mulder : «Comment allez-vous contenir ça dans la forêt ? Que se passera-t-il si l’essaim migre ?
le médecin : -Le gouvernement a mis en place une procédure d’éradication. Ils sont sûrs qu’en combinant incendies contrôlés et pesticides ils réussiront.»
Mulder : «Et si ce n’est pas le cas ?
le médecin : «Ça n’est pas une option, M. Mulder.»)
Ce qui veut bien dire ce que ça veut dire ! Le gouvernement sait effacer les preuves, les traces de ce qui le gène, que ce soit bien ou pas. Il refuse de concevoir un possible échec. Mulder sait, lui, que ce genre d’échec eut arriver, lui qui combat, en quelque sorte, le gouvernement et ses agissements, et c’est encore la population qui prendrait. Pris hors contexte, la fin de ce dialogue colle à la série entière !
Bon, pour le prochain épisode, on va rester dans le vert, avec notre ami Tooms de retour,... mais pour ce qui est des sapins, on n’aura droit qu’à un parfumé pour voiture...
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NostraMADus:.


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