Ca a débuté comme ça. A 17h. Le week-end démarrait avec un sentiment plus que négatif. Durant le trajet en voiture, je réfléchis à voix haute et mentionne à ma chère et tendre qu'un très mauvais week-end s'annonce pour moi. Je compare et me demande quelle est ma préférence. Un détartrage de 30 minutes chez l'hygiéniste ou 2h30 devant une nouvelle aventure des Avengers ? Je m'interroge quant à savoir si la première option serait la plus appréciable. Mais il y a peut-être plus simple. Est-ce que l'on souffre quand on s'ouvre les veines ? Ce sera sans doute moins douloureux que deux heures et demi de répliques creuses de Captain America, de mimiques affligeantes de Black Widow, d'un jeu d'acteur horripilant pour le personnage de Loki ou de postures imbéciles de Captain America (encore lui). Mais soit, ma dulcinée aime les films Marvel et je l'aime plus que tout. Ergo, je l'accompagne et je m'assure de ne pas soupirer à chaque apparition grotesque ou dialogue pénible.
Le film démarre et c'est plus fort que moi. L'aiguille des secondes n'a même pas fait une seule révolution, que déjà, je soupire. Loki apparait et c'est tout mon être qui se désintègre. C'est reparti pour un tour. Une nouvelle aventure débilisante, produite et marketée pour des enfants de cinq ans, assez grands pour comprendre les dynamiques à l'écran mais encore assez cons pour ne pas avoir la qualité d'esprit afin de juger. Loki commence donc et tout recommence comme à l'accoutumée. Comme je l'avais prédit il y a quelques minutes dans la voiture, "les méchants vont voler une source d'énergie aux gentils". Je n'avais pas vu la bande-annonce. Et ça démarre exactement de cette manière. Mon Dieu. Comme le chantait Jane Birkin, "Raccrochez, c'est une horreur." Pire que ça, notre cher ami Loki nous ressort le Purée de Tesseract. C'est comme si les scénaristes n'avaient vraiment aucune once d'imagination et nous ressortait à l'envie cette Purée de boîte bleue. Au secours. Et bien sûr, Thor est une fois de plus de la partie. C'est décidé, je souffrirais moins si l'hygiéniste me plantait des bouts de ferraille sous la gencive.
Mais soudain, une vague lueur d'espoir. Loki est mort. Et le Tesseract, d'une manière, aussi. Un personnage important meurt dans Avengers. Tiens. Mais là aussi, mes espoirs retrouvés fondent aussitôt. Car nous retrouvons Tony Stark et notre chère Pepper. Et leurs dialogues sont grotesques. On n'y comprend rien, c'est long. Ca commence mal. Et soudain Tony Stark est chez Dr. Strange et son acolyte asiatique. Ca discutaille. L'acteur qui joue Hulk joue très mal. Tout cela est très ennuyeux.
Et puis soudain. Soudain, le vent souffle. Les personnages se retournent et s'approchent de la porte afin de mettre le nez dehors. Que se passe-t-il ? Ce qui se passe, c'est tout simplement le film qui démarre. Et le film est magistral. Je l'ai aimé follement et je suppose que cette ligne en surprend plus d'un. A partir de ce moment précis, le film est un Purée de festival. Une série cinématique. C'est bien ainsi que je résumerai le film.
UNE SERIE
S'il y a bien une chose qui nous lie sur ce forum, c'est notre amour des séries télévisées (et pas seulement X-Files). Nous aimons tous les sagas avec de nombreux personnages, des retournements de situation, des cliffhangers. Nous connaissons tous tout ça depuis les années 90. L'Homme à la cigarette qui s'en va en hélicoptère à la fin d'Anasazi. Mulder qui regarde le ciel à la fin de Ascension, j'en passe et des meilleurs. Et bien ce film est à l'image d'une série. Il contient non pas simplement des scènes, mais de vrais épisodes, avec à chaque fois un lieu différent, des personnages différents, une histoire sous-jacente différente mais à la fois faisant partie de la même série et de la même histoire générale.
A noter que j'ai quasiment adoré chacun des "épisodes". Celui que j'ai le moins aimé est le combat en "Afrique". J'ai déjà vu ces combats de groupe trop souvent et je ne ressens aucune émotion à travers l'ensemble. Rien ne vaudra jamais une émotion unique (entre deux personnages). C'est bien pour ça qu'on s'émeut pour Jack et Rose dans Titanic. On vit un drame de groupe à travers quelques personnages. Ici, ça bombarde à tout va et puis bon, peu importe. Mais passons.
CAPTAIN AMERICA
Captain America est fabuleux. Honnêtement, vous auriez dû profiter de ces derniers jours pour parier avec moi. Car jamais je n'aurais pensé un jour écrire ces mots. Son apparition derrière le train était simplement sublime. Et, vous allez vous moquer de moi, mais je paierais facilement un second ticket de cinéma simplement pour revoir cette courte apparition, avec ce superbe thème, que je raillais il y a peu.
Captain America ne parle presque jamais et c'est très bien ainsi.
BLACK WIDOW
Black Widow ne parle pas non plus (quasiment). Et c'est là également très bien. Car ce qui est bien ennuyeux dans les deux premiers Avengers, ce sont tout simplement ces innombrables scènes de héros bien coiffés qui organisent des missions de police fédérale. On s'ennuie ferme. On a déjà vu tout ça un milliard de fois au cinéma, à la télé, au 20 Heures de PPDA, Pujadas ou Lapix pour les plus jeunes.
THOR
Là aussi, si j'avais parié, j'aurais facilement perdu mes deux mains. Thor est fantastique. L'acteur est génial et propose une superbe performance, bien entendue aidée par des dialogues géniaux. Ca aide. On est bien au-delà de Robin Scherbatsky qui échange avec lui dans une soirée gala de Tony Stark.
Soudain, Thor n'est plus ce personnage lisse et ennuyeux. Il lui manque un oeil, il a perdu ses longs cheveux. Bref, il n'en a plus rien à foutre et ça fait du bien. (A noter que je n'ai pas vu Ragnarok et sauf erreur tout était déjà dans ce film, à voir donc rapidement).
DR. STRANGE
Là aussi, je n'avais pas vu le film Dr. Strange (effectivement, il m'avait manqué quelques films) et dès la première apparition de portal, j'ai été conquis. En tant que grand fan du jeu vidéo Portal, je pourrais passer 90 minutes à regarder des personnages ouvrir et fermer des portals. C'est à ce point passionnant. Donc les projectiles qui arrivent dans un portal et sortent par un autre, je regarde ça avec les yeux d'un enfant.
THANOS
Thanos. Il ne m'a fallu que quelques minutes pour reconnaitre Josh Brolin. Je vous propose une suite de superlatifs, à intervertir en fonction de vos envies du moment. Fantastique, excellent, génial, culte.
S'il y a bien quelque chose que je ne su-pporte pas, c'est bien le méchant en CGI. On a vu ça tellement de fois et c'est la plupart du temps tellement raté, que je déteste cette ficelle. Et bien, je trouve que dans ce film, le personnage de Thanos est vraiment génial. Chaque scène avec lui est excellente. Et c'est la première fois que je vois un personnage de la sorte (l'archétype du méchant en CGI) avec des fêlures. Il n'est pas que le méchant traditionnel, qui veut détruire l'Univers "et puis c'est tout." C'est là où sa relation avec Gamora est très utile scénaristiquement parlant. C'est à travers lui que l'on comprend qui il est. C'est tellement rare d'avoir un méchant avec une once d'âme et un projet intéressant, même si classique.
HUMOUR
Le film a un humour très "je parle au spectateur". Même si c'est une facilité, l'humour de ce film marche plutôt bien et quasiment à chaque fois. Certes, certaines blagues sont trop souvent usitées ("rabbit"). Attention à la règle des trois fois (ne jamais répéter une même blague plus de trois fois à l'écran).
Evidemment, le gang de Guardians of the Galaxy est le plus à même à faire rire.
LE-TYPE-DE-GAME-OF-THRONES
Hormis la bataille, une autre scène ne m'a pas tellement plu. Celle du nain géant (l'acteur de Nip/Tuck pour les connaisseurs et Game of Thrones pour les moins connaisseurs). J'ai trouvé le jeu de l'acteur forcé (sa voix) et au final son rôle ne fonctionne pas.
HAWKEYE
Aucune apparition de ce étron de personnage de Hawkeye. Vous vous souvenez quand Captain America coupait du bois à côté de la maison de Hawkeye, qui discutait avec sa femme entre la poire et le dessert ? Dieu merci, les scénaristes l'ont renvoyé à la case poubelle, lui et ses flèches (qu'il peut se mettre dans le fion, ça lui fera un endroit pour se les carer).
LA DISPARITION DE L'ENNUI
Ce film est totalement différent de ses deux prédécesseurs. A savoir qu'il n'est à aucun moment ennuyeux. Pourquoi ? Quelques pistes. La première, dans ce film, il n'y a pas de combat inutile et stupide d'une heure entre Iron Man et Captain America. Hulk ne tape pas sur la tête de Thor pendant dix minutes et les scénaristes ne jouent donc pas avec nous. Car il y a trois façons, selon moi, de jouer avec le spectateur. Il y a la façon "entourloupe". C'est LOST. "On va vous en mettre plein la vue, vous verrez !". "Il y a une boîte magique de laquelle sort ce que vous voulez." Deux épisodes plus tard : "La boîte était une métaphore, circulez, y'a rien à voir."
Il y a la façon "on prend les gens pour des cons." C'est Captain America: Civil War ou Batman v Superman. "Préparez vos popcorns, on va vous donner l'affiche du siècle !". Mais ces histoires sont du tricot. Superman tape sur Batman et même les scénaristes ne savent pas comment expliquer ça. Iron Man tape sur Captain America. Mais comme on sait que jamais personne ne meurt, on s'ennuie et on part avant la fin de la projection, afin de ne pas rater le prochain train.
Et il y a la troisième façon. La meilleure. La vraie. Celle qui a tout son intérêt. C'est épater les gens mais avec du vrai matériel. Quand Thanos remonte le temps pour tuer Vision, ce n'est pas de l'esbroufe. C'est logique. C'est l'histoire qui veut ça. Ce sont aux scénaristes d'obéir à cette action. Pas l'inverse. Et ce film regorge de scènes de cet acabit. J'ai vraiment trouvé que les scénaristes ont fait un travail remarquable. Et du coup, plus rien n'est ennuyeux.
LES LETTRES DE NOBLESSE DE LA SCIENCE FICTION
Un des fondamentaux de ce film est la science fiction. Le film démarre dans l'espace. Et c'est bien, là aussi, la grande différence entre Avengers: Infinity War et ses deux prédécesseurs. Dans les deux premiers, on avait une histoire totalement classique, les pieds sur Terre (au propre comme au figuré). Dans Infinity War, je n'arrivais pas à prédire chacune des scène à suivre. Les possibilités du film étaient soudainement déverrouillées.
LA FIN
Mon Dieu mes amis. Quelle fin. Mais quelle fin ! L'atmosphère de cette fin était vraiment mais vraiment phénoménale. J'ai aimé au plus haut point cette fin, qui ne me fait penser qu'une chose. J'inviterai ma copine pour la suite de ce film et je peux vous dire que nous irons le voir le jour de sa sortie.
NOTE
Alors oui, j'ai eu un énorme plaisir et non seulement ça, mais ça me fait très plaisir d'avoir pu partager un moment de joie avec ma copine et de ne pas jouer au rabat-joie de service. Je note ce film 8 sur 10 et je décompte les jours avant la sortie de la suite.
Ma review en anglais.