Avis global : bien aimé.
Note : 7/10
ATTENTION SPOILERS
Le retour d’X-Files, j’étais plutôt pas mal contre... Pour plusieurs raisons. La première est que lorsque j’ai débuté la série avec sa saison 2, je me souviens d’interviews de Chris Carter déclamant avoir un plan pour 5 saisons puis un film pour clôturer la mythologie. Finalement, après un premier film assez moyen, la série a rempilé pour des saisons 6 et 7 en y distillant la fin (sans doute) initialement prévue, en résolvant bon nombre de mystère. En effet, durant les saisons 6 et 7, on y découvrait le rôle et l’origine de la conspiration, révélations déjà amorcées entre les lignes des premières saisons mais surtout durant le film Fight the Future...
Film, dont une piste cachée de la BO contenait un monologue de Chris Carter nous expliquant frontalement la conspiration : le syndicat, le groupe occulte para-gouvernemental mondial (mais surtout américain) a pour but de créer une race hybride humain-extraterrestre servant d’esclaves aux aliens une fois l’invasion commencée. En échange, ces hommes, dont l’homme à la cigarette, recevaient une sorte d’immunité. Mais surtout, en secret, ces mêmes hommes développant un vaccin contre l’huile noire, force vitale des aliens, afin de les combattre. Toutes les expériences : enlèvements (Scully comme Samantha) et autres écrans de fumées étaient là pour servir ces deux programmes contradictoires.
X-Files et sa ‘‘Next generation’’ ratée
Puis est venue la saison 8 et puis une saison 9. Avec un Mulder à mi-temps, une mythologie qui n’a plus grand chose à raconter et qui du coup, invente de nouvelles choses peu passionnantes. En effet, les aliens ont prit la main et se mettent à créer des super-soldats pour remplacer les humains en vue de l’invasion finale planifiée en 2012. Un pan de la mythologie trop série Z, qui nous a valu de tourner en rond pendant près de 2 saisons avec un final peu inspiré, voyant un Mulder condamné à mort par un tribunal militaire (illégal) et devenir fugitif.
À ce moment, malgré les ajouts de nouveaux personnages comme Dogget et Reyes (devenus des clones inversés du premier duo), la série a clairement perdu de sa superbe et son final en décevra plus d’un. Idem pour le 2ème film sortie en 2008 où l’intrigue là encore était peu passionnante et seule la rélation entre Mulder et Scully vaut l’existance de cet opus ciné.
N’en jetez plus !
Bref, autant vous dire qu’en tant que fan, j’ai été pas mal refroidi par tout ça et j’aurais bien aimé que la série se soit arrêté à sa saison 5 comme c’était initialement prévu. Histoire de garder intact l’aura qualitative que le show eut durant tant d’années. Une reprise 14 ans plus tard de la série TV et 8 ans après le dernier film. Je n’étais donc pas du tout chaud, pensant que Carter était devenu sénile, incapable de pondre une nouvelle bonne histoire de XF...
Finalement...
Hier soir, j’ai changé d’avis. En effet, je trouve que malgré la grande difficulté du retour, la série ne s’en sort pas si mal. Certes, ce n’est pas parfait, ni un épisode culte, mais étant donné que la saga revient de loin, comme je le décris dans mes paragraphes précédents, ce n’est pas trop mal. Voir pas mal du tout. Il y a en effet beaucoup de bonnes choses dans ce premier épisode. Et je vais énumérer dans l'ordre ce qui m'a plu dans ce retour.
Pré-générique
Il est plaisant de voir revenir ce format de pré-générique, surtout avec ce type d'explications en voix off de Mulder, comme ce fut le cas dans nombreux épisodes ce qui a pour effet de nous remettre directement dans le bain, surtout lorsque presque 10 ans d'aventures sont ainsi résumées. Ce renouveau fait donc à la fois penser au premier épisode de la saison 2 avec le même genre de monologue de Mulder, mais aussi au premier de la saison 6 où il fallait raccrocher pas mal de wagons entre le film et la série pour les fans, mais aussi pour les néophytes. C'est une grande difficulté de MY STRUGGLE : jongler avec tous ces impératifs, ce qui fait qu'on peut pardonner sans mal certaines lacunes du récit, je pense...
Le vif du sujet
La première scène est tout bonnement géniale en ce qui me concerne. C'est d'un classicisme qui fait plaisir car cela tombe à point étant donné qu'on revient aux sources. Aux sources de la mythologie de la série mais aussi ufologique tout court : on nous montre le crash de Roswell à travers les yeux d'un médecin de 1947, dont on devine déjà qu'on le reverra en 2016 (grâce à son grain de beauté reconnaissable). Pour moi, voir l'OVNI s'écraser était un super pied. De même que de voir le décors de la zone de crash avec tous ces militaires et l'homme en noir qui les accompagne. Si le pré-générique ne vous mettait pas assez dans l'ambiance, cette scène fini le job.
Certains pourraient regretter que dans cet épisode et notamment dès le début, la série ne prendra plus de pincettes avec ses SFX et ira franco. OK,il y a moins d'imaginaire et de suggestions puisqu'on nous montre les évènements plus crûment. Mais, soyons honnête 2 minutes, c'était déjà le cas depuis au moins la saison 6 et le premier film. Les premières saisons jouaient subtilement avec l'ambivalence du fantastique : les aliens existent-ils ou pas ? Dès le film FIGHT THE FUTURE en 1998, cette question ne se posaient déjà plus. Et d'ailleurs, dès que la production eut un peu plus de budget, elle n'a pas hésité à être plus flashy dans ses démonstrations des évènements paranormaux. Avec toutes les fautes de goût que parfois cela a pût entraîner (je me remet toujours pas de la façon de mourir des super-soldats)...
S'qu'elle est jolie...
Ça y est on y est : nous retrouvons Mulder et Scully à l'endroit où nous les avions laissé dans le deuxième film. Mulder totalement déprimé et Scully pleinement docteur avec une séparation de leur couple à la clé. La cohérence des personnages est donc aux abonnés présents. En effet, ceux qui se souviennent du film, savent que l'évolution de cette relation est totalement logique et il était clair qu'elle prenait ce chemin. Tant Mulder semblait dévasté et déprimé de sa condition et une Scully qui ne pouvait plus supporter cela. Ces personnages usés et fatigués le sont donc à juste titre et sont donc parfaitement humains : il serait impossible d'avoir traversé tout ce qu'ils ont vécus sans avoir de grave ''séquelles'' émotionnelles. Comment vivre une vie normale après cela ? La réponse est simple : on ne peut pas, en tout cas pour Mulder. Les acteurs sont parfaits en cela : ils ne sont pas fatigués mais ils jouent des personnages fatigués, nuance...
Personnellement, noromo de la première heure je suis ravis d'une telle situation. En effet, on retourne à une bonne dynamique du duo où la tension sexuelle est remplacée par la gêne d'être des exs l'un pour l'autre. Un retour aux sources avec un goût d'inédit. Un peu comme l'ensemble de l'épisode finalement.
Tad O'Malley
Le nouveau personnage est plutôt cool et répond à une de mes interrogations depuis longtemps : Mulder et Scully sont-ils vraiment les seuls à chercher la vérité et à pouvoir la trouver ? Il est intéressant de voir que ce n'est pas le cas : qu'un journaliste puisse également faire de même. Il fallait forcément un nouveau personnage pour donner l'impulsion aux retours des 2 ex-agents, que le gars soit riche et plein de ressources est une bonne idée pour faire avancer rapidement l'intrigue au détour de quelques lignes de dialogues. Du coup, nous sommes directement au cœur d'une affaire d'enlèvements et complot à grande échelle. Nous sommes donc clairement dans ce qui a fait le succès de la série. Si à cela, on ajoute les décors de Vancouver reconnaissables et bien plus adaptés que ceux de la Californie, on peut dire que l'ambiance est clairement au rendez-vous. Le déjà-vu se fait sentir ici mais n'est jamais gênant du fait de la redistribution des cartes de l'intrigue et surtout des personnages, le poids des années passées aidant grandement en cela.
Nous sommes en terrain connu avec Sveta qui a subit de multiples enlèvements et qui, à la manière d'un Gibson Praise, peut lire dans les esprits. Beaucoup de petits détails lie ce épisode à l'ensemble de la saga, comme le rapport de l'ADN de Scully, lié à son propre enlèvement en saison 2, on parle de la sixième extinction, de William l'enfant de Mulder et Scully, des engins de l'armée qui ont une forme d'OVNI, les indiens Navajo... Bref, suffisamment de liens sont établis qui font que cette saison 10 est bien la suite directe des 9 saisons qui l'ont précédé, à cela pas de doute.
Le revirement de Mulder au sujet des aliens est logique dans le sens où finalement : passé le 2012 avec son invasion prévue qui n'a pas eut lieu, ce dernier n'a pas été témoin de tout ce que le téléspectateur a vu dans la série ; ce qui rend son changement de cap similaire à celui dans la saison 5. Mulder est parfaitement à bout, abandonné, comme laissé de côté par sa quête, cela me semble être un point de vue un peu désespéré pour sa raccrocher à quelque chose (pour se dire que sa vie n'est pas si ratée que cela?). Sur ce point, je vous renvoi à la critique de Sullivan sur DAILYMARS qui explique ça très bien. Mulder a besoin d'y croire à nouveau et cela aussi est plutôt cohérent pour ce personnage.
Pour moi, il n'y a aucun retcon dans la mythologie, simplement sans doute une réécriture de certains détails tout au plus car rien n'est en contradiction avec la Vérité sinon ce que nous en savons. En effet, si quelqu'un façon Kritshgau dans la série vient vous dire que tout ce que vous pensiez savoir est faux et vous le croyez ? Attention : il ne faut vraiment faire confiance à personne et surtout pas à Chris Carter. Pour moi ce revirement n'en est pas vraiment un et les personnages vont découvrir de nouveaux détails à ce qui reste de parts d'ombre au grand complot.
Ici, le scepticisme de Scully est essentiel car il n'existe pas envers une phénomène paranormal, mais bien envers une théorie fumeuse assez proche de ce qu'on peut retrouver sur le web dans notre réalité. En cela, elle tient le discours de la raison, tandis que Mulder se perd réellement dans sa paranoïa. Scully ne réfute donc pas l'existence des aliens mais les théories de Mulder et de Tad O'Malley. Le tout sur un fond politique assez intéressant, cela nous rappelle les partages sociaux douteux qu'on peut voir dans notre quotidien de 2016 et cela je trouve que c'est plutôt fin. C'est également important pour la suite, car encore une fois, c'est bien Scully qui va sauver Mulder de ses démons et de sa dévorante et aveuglante passion.
La phrase « DON'T GIVE UP » tout droit sortie du deuxième film termine de convaincre Scully de repartir avec Mulder pour découvrir pourquoi elle possède de l'ADN alien... Jusqu'au bout, alors que je pensais que ce serait tiré par les cheveux, je trouve que les personnages sont parfaitement crédibles dans leur retour aux affaires.
Ce qui l'est moins en revanche, c'est que Skinner réouvre les X-FILES comme bon lui chante. Mais en même temps, ce n'est pas comme s'ils ne nous avaient pas déjà fait ce genre de coup par le passé. Par contre, ce que je ne digère pas c'est le retour du CMS ? Comment peut-il être encore vivant après s'est prit une roquette en pleine tête dans la fin de la saison 9 ? Sans doute qu'il avait des choses à cacher liées à la nouvelle direction de la mythologie et des découvertes faites par Scully, Reyes et Doggett en saisons 8 et 9. Sans doute, que les super-soldats ne sont pas aliens ? Sans doute que les vrais méchants sont finalement des humains exploitant les aliens (vieille théorie datant de 2001). Peut-être que c'est un métamorphe rebelle, qui se faisait passer pour le CMS dans l'épisode THE TRUTH pour décourager Mulder. Et le moins qu'on puisse dire c'est que cela aura marché pendant presque 15 ans... Que devient William ? Maintenant, nous avons une nouvelle Vérité à découvrir...
En conclusion, je dirai que le retour est réussi. La réalisation est du même niveau qu'elle a toujours été et le rythme est soutenu : on a pas le temps de s'ennuyer. Le nouveau flou de la mythologie est du pain bénit : ne pas être sûr, se poser des questions, c'est bien ce qu'on aimait dans les premières saisons avant d'avoir toutes les révélations qui cassaient un peu le mystère. Le seul bémol c'est la participation de Mark Snow, qui si elle est bien présente n'a pas brillé comme par le passé. Difficile de condenser tout le génie du show en un seul épisode et c'est ce que certains cherchaient sans doute, d'où la déception car il ne s'agit pas d'un épisode parfait mais juste d'un bon épisode, sans plus (malgré son importance).
J'ai voulu mettre un 6/10, mais devant la difficulté de la tâche encore une fois, je met plutôt un encourageant 7/10 
Mais il y a fort à parier que le deuxième épisode repartira sur les chapeaux de roues...