Guigui a écrit :J'ai lu que personne ici n'a compris le message de l'épisode. J'ai envie de dire, comme souvent dans les anciens épisodes où il ne faut pas forcément s'attendre à une grande morale à chaque épisode. Ici, il s'agit de la thématique sur la peur elle-même qui est sans doute plus dangereuse que la ou les sources de cette dite peur. C'est pas folichon, mais c'est pas nul non plus.
C’est une thématique intéressante oui, mais (à première vue) ce n’est qu’une thématique secondaire dans l’épisode, dont le lien avec la thématique centrale n’est pas établit de manière très intelligible. Pour moi, ça n’en fait pas un propos. Contrairement à ce qu’avait parfaitement réussi à faire "X-Cops" sur cette thématique, par exemple...
Mais j’insiste sur ces termes : « à première vue »...
Depuis la diffusion, j’essaie de déterminer les raisons pour lesquelles j’ai trouvé que l’épisode sonnait faux, paraissait artificiel et n’avoir rien à dire. Je pense avoir finalement mis le doigt sur ce qui cloche vraiment pour moi dans "Plus One". J’étais parti sur la piste de l’âge des personnages et la (non) pertinence actuelle des loners, mais je pense que ce n’est qu’une infime part du problème. Le réel problème pour moi provient de la manière dont cet épisode est écrit.
La bonne nouvelle, c’est que cela signifie qu’il est toujours théoriquement possible de faire des bons loners avec ces personnages, même en 2018. Avec un peu de chance, la suite de la saison parviendra peut-être à le démontrer...

(L’espoir fait vivre !

)
Il y a un problème majeur selon moi dans l’écriture de "Plus One".
Je veux bien fermer les yeux sur les énormes facilités du scénario du genre « la psy qui conduit comme par hasard les agents en face de la chambre de Judy. So convenient!

», ou encore « les deux infirmières qui ont deviné tout le processus mais n’en ont parlé à personne... Au secours !

».
Non, pour moi le gros problème, c’est que les personnages passent leur temps à parler de choses qui n’ont
a priori rien à voir avec l’affaire et leurs découvertes progressives (que ce soit lorsqu’ils s’épanchent sur leur vie personnelle, ou pire encore lorsqu’ils "débattent" dans le vide d’histoires de fantômes, d’influence démoniaque, ou même lorsqu’ils évoquent l’idée qu’il ne faudrait pas céder à la peur pour pouvoir survivre aux attaques des jumeaux).
De ce que j’ai compris du
mode opératoire des jumeaux :
- Chucky trouve les noms de ses victimes potentielles parmi les personnes qu’il rencontre au quotidien (dans le cadre de son travail ou ailleurs, mais préférablement dans le cadre de son travail puisque les précédentes victimes qui étaient passées par la psy avaient pour point commun d’avoir eu des problèmes avec la loi...).
Chucky donne d’ailleurs son mobile : il souhaite « faire le ménage » dans cette ville.
- Il décide alors de jouer au pendu par télépathie avec sa jumelle Judy pour lui faire deviner ce nom.
- Dès le début de la partie, la personne concernée commence à voir son double. Sans doute parce que Chucky concentre son attention sur cette personne (sans donner son prénom à Judy qui doit le deviner) et que cette attention provoque chez cette personne, par pouvoir de suggestion à distance, des hallucinations (similaires à celles du syndrome Gastaut-Geschwind cité par Scully).
- La partie s’étale visiblement sur plusieurs journées (la plupart du temps, comme dans le cas d’Arkie).
- Si Judy perd, le personnage dessiné est pendu et la personne réelle correspondante meurt.
- Si Judy gagne et parvient à deviner le prénom avant que le personnage dessiné soit pendu (comme dans le cas d’Arkie), la personne réelle survit.
- Sauf si Judy décide de dessiner après coup un sourire à l’envers : le double réapparaît alors et tue sa victime... (?)
On ne saura jamais si Judy a réussi à deviner le prénom de Dean avant la pendaison ou si elle a perdu. A priori, je dirais qu’elle a perdu. L’épisode aurait sans doute gagné à nous éclairer sur ce point (ne serait-ce que pour permettre à ce deuxième meurtre de faire avancer l’enquête, ce que les scénaristes ne cessent d’omettre de faire depuis le début de ce revival – "Home Again" était déjà un chef d’œuvre du genre...

)
Les dessins correspondant aux parents sont également des dessins de pendus complets (signifiant que les jumeaux sont responsables de la mort de leurs parents).
De manière assez incohérente, les doubles de Chucky et Judy à la fin tuent les jumeaux sans avoir à attendre que le dessin arrive à la pendaison (mais passons...). Et l’un comme l’autre expliquait en début d’épisode voir et parler avec leur double, sans qu’aucune lettre n’ait commencé à être écrite (mais passons... Ils souffrent tous les deux de trouble dissociatif de la personnalité et sont les auteurs de ce jeu - et de la règle du jeu - donc on va dire que tout ça peut s’expliquer...)
- Mulder est le prochain sur la liste de Chucky parce que Chucky a eu un coup de foudre immédiat pour Scully (

) et est jaloux de Mulder qui l’a en plus malmené. Sauf que Judy, elle, préfèrerait que ce soit Scully qui soit ciblée parce qu’elle a eu immédiatement un faible pour Mulder (

) et veut se venger de Scully qui a osé lui tenir tête (et dont elle est jalouse

).
Judy essaie donc de tricher et cible alors Scully. Les deux agents sont ciblés. Sauf que cette tricherie conduit à une confrontation entre les deux jumeaux qui décident plutôt de s’entretuer.
Question n°1 : à quel moment les boules de pain ont quoi que ce soit à voir avec le fait de survivre ou non ?
Question n°2 : à quel moment le fait de céder à la peur ou non est-il important pour survivre ? En quoi cela empêche-t-il Judy de perdre la partie ? Est-ce que le fait de ne pas céder à la peur permet d’envoyer des ondes positives à Judy pour l’orienter vers les bonnes lettres et lui permettre d'éviter la pendaison ?

Est-ce que c’est comme dans Candy Crush où on peut envoyer des coups supplémentaires à d’autres joueurs ?
Question n°3 : d’où Scully sort-elle cette idée que la gestion de sa propre peur est la clé ?

Sur quel indice se repose-t-elle ?
Question n°4 : pourquoi discuter d’influence démoniaque et d’incarnation du mal APRÈS avoir rencontré Judy et avoir compris qu’elle était liée aux meurtres ? Pourquoi le faire en prenant le risque de conduire Scully à nier l’existence d’épisodes Scully-centric comme "Irresistible" et "Orison" (et pousser au passage Chris Carter à renier les trois saisons de "MillenniuM") ?
Question n°5 : pourquoi discuter de fantômes (= esprits de personnes décédées) APRÈS avoir rencontré Judy et avoir compris qu’elle était liée aux meurtres ? Pourquoi le faire en prenant le risque de conduire Scully à nier l’existence d’épisodes Scully-centric comme "Beyond The Sea" et "Elegy" (plus "Christmas Carol", "Amor Fati", "TINH", "The Truth", etc.) ?
Question n°6 : pourquoi ne jamais discuter du fonctionnement de la télépathie APRÈS avoir rencontré Judy qui a expliqué jouer à ce jeu par télépathie avec son frère jumeau ?
Question n°7 : pourquoi ne pas creuser l’idée du pouvoir de suggestion à distance APRÈS avoir rencontré Judy qui dit être télépathe et qui joue à un jeu qui conduit des victimes à voir leurs doubles ?
Bref, Mulder et Scully discutent de choses qui n’ont rien à voir avec les faits en présence, ni les indices obtenus, et oublient de discuter des points les plus en rapport avec l'enquête.
Mode
fanwank ON :
La résolution montre que Scully, par sa force mentale, est capable de faire disparaître son double. OK.
Doit-on en conclure que c’est également elle, par la force de son esprit, qui pousse Judy et Chucky à se retourner contre eux-mêmes ?
Dans ce cas, la gestion de la peur aurait effectivement une importance... On serait alors bien en présence d’une force maléfique qui cherche à s’exprimer coûte que coûte, et qui se trouve d’autres victimes dès lors qu’il tombe sur une victime qui lui tient tête...
Doit-on également considérer que Mulder a lui aussi joué un rôle lorsqu’il a semé le germe du doute (et du sentiment d’insécurité donc) dans l’esprit de Chucky en l’avertissant qu’il finirait par se pendre lui-même (créant ainsi une paranoïa encore plus grande chez lui vis-à-vis de sa tricheuse de sœur) ?
Dans ce cas, Chucky aurait été en proie à la peur et aurait facilité le retournement de la force maléfique contre lui-même...
La moindre des choses aurait été de donner un peu plus de corps à ces idées dans l’épisode en lui-même. Des idées qui, sinon, donnent plus l’impression d’être du fanwanking qu’autre chose.
A bien y réfléchir, je pense que le problème de l’épisode n’est pas qu’il n’a rien à dire, mais au contraire qu’il a BEAUCOUP TROP à dire et finit par le dire de manière tellement brouillonne qu’il donne l’impression d’être inepte.
Cette impression est en outre renforcée par la scène finale dans laquelle les personnages s’empressent de se désintéresser de l’affaire qu’ils viennent de résoudre pour passer à d’autres considérations sans aucun rapport avec l’intrigue principale de l’épisode. Là où, justement, des réflexions (ou élargissements) sur le sens de ce que l’on venait de voir étaient nécessaires, et même indispensables, tant l’épisode partait dans tous les sens sans liant véritable entre les différentes thématiques abordées (l’incarnation du Mal, la folie, la télépathie, le pouvoir de suggestion, le pouvoir de la peur, le sentiment d’insécurité (personnelle), la volonté de « faire le ménage » dans la société alors qu’on est soi-même maléfique, etc.).
Il y avait trop de thématiques en présence pour se permettre de passer aussitôt à autre chose sans un minimum de service après-vente. D’autant qu’il s’agissait de thématiques potentiellement passionnantes et assez importantes dans la série (et dans l’œuvre de Chris Carter d’une manière plus générale).
Malheureusement, "Plus One" se contente de nous laisser face à un immense bordel thématique, que Chris Carter choisit de glisser sous le tapis d’un simple coup de balai pour pouvoir se concentrer sur une tentative désespérée de re-séduire les shippers (dont il vient pourtant de saccager l’image d’Épinal de la famille biologique parfaite avec la révélation finale tant contestée de "My Struggle III").
Au fond, "Plus One" est peut-être à considérer comme l’œuvre testamentaire la plus autobiographique de Chris Carter : l’œuvre d’un scénariste bordélique souffrant de trouble dissociatif de la personnalité (sur les questions shippers notamment), grand inventeur de jeux d’énigmes aux règles aussi illisibles que mouvantes (cf. sa gestion chaotique de la mythologie post-saison 6, jalonnée de tricheries et autres retcons intempestifs)...
Plus sérieusement, je pense que l’épisode est trop complexe et ambitieux pour son propre bien.
"Plus One" est un peu à l’image de la mythologie de ce revival : il demande de la part du téléspectateur de faire une très grande partie du travail sans jamais parvenir à l’y inviter véritablement. Car le vrai problème ici, c’est que l’épisode aurait dû se conclure par une invitation à revisiter l’épisode, plutôt que sur des considérations divergentes le poussant à passer à autre chose. C’est de mon point de vue la plus grosse maladresse de "Plus One".
Au final, cet épisode est un peu comme "Babylon" : un épisode que j’ai détesté sur le coup, mais que j’ai appris à aimer, voire à adorer malgré ses immenses défauts.
Je retire donc ce que j’ai dit précédemment sur l’absence de propos de l’épisode : à bien y réfléchir, avec un peu de recul et après second visionnage (avec sous-titres et sans pub, c’est mieux...),
"Plus One" est bien plus intéressant et méthodique qu’il n’y paraît au premier abord, malgré sa présentation foutraque.
Je suis même sûr qu’il fera partie des épisodes que je continuerai de défendre, quand je serai vieux et en fauteuil roulant...
Quelques regrets tout de même :
- Le fait que Chris Carter n’ait pas saisi l’occasion de se reposer sur le folklore bien établi des dopplegängers. Ou des « fetches » plus précisément (cités dans l'excellent épisode de "MillenniuM" de la seconde saison "Midnight of the Century") : des apparitions de doubles annonciateurs d’un mauvais sort (le plus souvent annonciateurs de la mort imminente de la personne en question). Ça aurait dû être selon moi le point de départ de l'épisode lors de la conversation dans le bureau des X-Files...
- Le fait que Chris Carter n’ait pas saisi l’occasion qu’il traitait d’une histoire de lien psychique entre personnes de la même famille pour nous faire un point SAV post-"My Struggle III" sur l’état du lien psychique naissant entre Scully et William. Continue-t-elle d’avoir des visions envoyées par son fils ? Si oui, que lui disent-elles ? Si non, comment cela se fait-il ? Là encore, c’est au fan de s’apporter ses propres réponses et explications. Cela aurait pourtant permis d'éviter à la saison 11 de se vautrer un peu plus encore dans ce sentiment d'inconséquence totale si désagréable...
Gruic a écrit :Quant à Scully qui dit "ne pas croire aux fantômes", en tant que pierre d'humanité de Mulder, il lui arrive souvent de jouer un rôle pour contrebalancer les obsessions de son collègue. Ce n'est pas parce qu'elle le dit qu'elle le pense. Cette réplique ne me dérange donc absolument pas.
Absolument. Le vrai problème de ces lignes de dialogue dans "Plus One" sur les fantômes et l’incarnation du Mal, c’est plutôt que Mulder ne cherche pas à la pousser dans ses retranchements.
Pour ce qui est de Scully, j’ai toujours considéré que son scepticisme pavlovien était souvent forcé. Parce qu’elle estime que c’est son rôle en effet.
D’ailleurs, "Pilot" la montrait sur le point de succomber assez rapidement aux folles théories de Mulder (durant la scène sous la pluie). Son scepticisme était assez fragile au départ. Mais elle s’est ravisée dès l’épisode suivant pour conserver son rôle dans le duo. Avec toute la tension sexuelle qui pouvait peut-être déjà se cacher derrière...
Ça a toujours été la règle du jeu entre eux. Un aspect que "How The Ghosts Stole Christmas" avait d’ailleurs établi de manière assez explicite (cf. la confrontation entre Scully et Lyda... "Your only joy in life is proving him wrong"

).
Et comme le dit très bien Guigui, cette approche pavlovienne est explicitement admise à nouveau par Scully elle-même durant l’échange sur l’oreiller. Au final, ça ne me pose pas trop problème non plus...

D'ailleurs, je viens de revoir quelques scènes de l'excellent "How The Ghosts Stole Christmas" : on pourra noter que Scully y disait déjà ne pas croire aux fantômes (comme elle le dit à Mulder en début d’épisode, puis à Lyda au début de leur face à face). Déjà à l'époque, même après "Beyond the Sea", "Elegy" et "Christmas Carol". Ce n’est donc pas du tout nouveau comme positionnement...
