L’Eglise des miracles / Miracle Man
Avoir la foi.
Episode sur la foi, la croyance, qui malgré tout n’oppose pas tellement les convictions de Mulder et celles de Scully.
Le pré-générique débute sur des sons stridents, affolés, puis on découvre une scène infernale : un incendie : lumières rougeâtres, couleurs brûlantes, on rencontre aussi la mort, bref, c’est presque l’Enfer qui nous est présenté d’emblée, et cependant, arrivent un homme et un enfant qui semblent renverser la donne : l’enfant ressuscite un homme ! L’atmosphère n’en reste pourtant pas moins malsaine. L’enfant, Samuel, dit «This is the power of belief.» («C’est le pouvoir de la foi.»)... Ce «belief» nous rappelle quelque chose... Et l’on verra que tout au long de l’épisode ce terme ou ses dérivés sont utilisés.
La scène qui suit le générique nous montre une scène stoppée nette : Mulder et Scully regardent la même chose que nous ! Par contre, eux ne restent pas assis dans leur fauteuil et vont directement dans le Tenessee pour enquêter... nous non. Ils arrivent donc dans un lieu bleuté et blanc (ciel, tente, T-shirts, macaron d’handicapé), ce qui contraste avec la première scène. Je reviens sur ce macaron qui nous indique bien que la femme du shérif Daniels est handicapée, et cela prendra un peu d’importance pour le sens que l’on accorde à la foi, plus tard dans l’épisode.
Je parlais du mot «belief» tout à l’heure, eh bien voici son compagnon dans la phrase proférée par le Révérend Calvin Hartley dans son pseudo-sermon : «Samuel [à moins que ce ne soit Dieu] will heal you but only if you believe.» («Samuel vous soignera mais seulement si vous avez la foi.») On voit donc que la croyance, ou plutôt la foi, est le point central de l’épisode. Ce qui permet de confronter les points de vue respectifs de Mulder et de Scully à ce sujet. Mais en fait, leur manière de voir les choses se rejoindra plus ou moins en avançant dans l’histoire. Il n’y aura pas vraiment de conflit entre leurs opinions. Elles auront même tendance à s’entrecroiser, ne sachant plus trop lequel croit à quoi. C’est d’abord Scully qui ouvre cette enquête, mais ce n’est pas une x-file, c’est elle qui fut élevée dans une famille catholique, mais c’est Mulder qui se réfèrera à la Bible, etc.
Nous apparaît ensuite, à la sortie du prêche, le personnage étrange qu’est l’accompagnateur de Hartley, de par son apparence physique d’une part, mais surtout, et de plus en plus, par son attitude. La durée d’un épisode est trop courte pour que le téléspectateur puisse élaborer des hypothèses sur sa psychologie. Donc, il demeure étrange : sont-ce ses blessures qui le rendent ainsi ? Pour l’instant, on le voit trop peu et on n’en connaît pas assez sur lui pour savoir. Mais il est là, présence étrange, angoissante, inquiétante dans un coin de notre tête... Puis vient la scène du cimetière : la musique d’orgues nous rappelle des films d’horreur, le contexte, un certain Thriller ! Elle fait monter l’angoisse, la pression, les questions que l’on se pose sur ce personnage bizarre. Et on retombe vite, à la scène suivante, un peu frustré que ça s’arrête là... On se retrouve dans une ruelle sombre... on s’apprête à retrouver Samuel, et ainsi, le mythe qu’il pouvait y avoir autour de lui s’écroule : le bar... de mieux en mieux, le visage tuméfié de Samuel titubant... et qui fume ! D’un coup, ce jeune homme qu’on connaissait à peine mais que nous pensions plutôt bon après ce qu’il a fait 10 ans plus tôt, et malgré le pourquoi de l’enquête, ce jeune homme nous paraît tout de suite moins sympathique. Mais cela ne dure pas longtemps... la petite discussion qu’il a avec Mulder (plus qu’avec Scully), nous le rend plus complexe mais aussi moins coupable, bien qu’il croit l’être. Scully croit peut-être Samuel coupable, mais en tout cas, pas par le moyen qu’il prétend ; elle a l’esprit rationnel. Mulder, lui, croit un peu plus à ce don peut-être (surtout après les quasi-révélations sur Samantha), mais sait qu’il n’est pas coupable... par esprit intuitif. C’est alors que l’on touche à un fil rouge de la série, lorsque justement il est question de la sœur de Mulder, dont Samuel ressent l’absence et les questionnements dans le cœur de Mulder. Ce dernier est intéressé, plus qu’intéressé, il est abasourdi, ébranlé. Puis, emporté par la police, Samuel dit à Mulder (et à Scully !) : «Mr Mulder, God watches over his flock. He gives us signs everyday. Open your heart. He might just open your eyes.» («M. Mulder, Dieu veille sur ses brebis. Il nous envoie des signes tous les jours. Ouvrez votre cœur. Il pourrait bien vous ouvrir les yeux.»)… Oui, vraiment, c’est plus à Scully que ceci doit être adressé. Et d’ailleurs, cela me rappelle «Signs» de M. Night Shyamalan (oui, décidément...)… si vous l’avez vu, vous comprendrez pourquoi.
Au tribunal, et un peu plus tard encore, Samuel est vêtu de rouge : couleur agressive, couleur du sang, de la fougue, du Mal symboliquement parlant, bibliquement parlant. Et l’invasion de criquets tendrait à renforcer cet effet. Mais ne serait-ce pas pour nous leurrer sur l’endroit même où se cache ce Mal ? Car c’est ce qui se passe en fait dans cette affaire. Tout n’est que détournement de l’attention ! Tout comme Mulder voit son attention détournée par sa propre foi qui est celle de retrouver sa sœur. Sa vision, vêtue de rouge elle aussi, elle capte l’attention, cette couleur, parmi le bleu, le vert.
Une scène avant, on voyait Mulder avec une Bible, lisant un passage, et c’est Scully qui refusait cette version juxtaposée à l’affaire. Qui croit quoi ? Bref, Dans le bureau du Révérend Hartley, bureau aux couleurs chaudes, rouges même, eh bien, cet homme nous paraît déjà moins antipathique, il s’inquiète, demande de l’aide. On le croyait avide, il l’est peut-être plus du bien-être de Samuel que ce que l’on pensait. C’est là que Mulder a sa vision de Samantha, en robe rouge. Le choix de cadrage sur la petite fille est un peu étrange, mais nous plonge dans un contexte d’apparition subite néanmoins. Par la fenêtre, une fois Mulder dehors et ne voyant plus la fillette, on aperçoit Samuel, en rouge lui aussi.
On commence à mieux comprendre l’affaire lorsque les trois personnages suspects ‘l’homme brûlé, le révérend et Samuel) sont ensemble, dans la loge, les coulisses. Samuel a été disculpé à nos yeux, Hartley aussi, dans son bureau... il ne reste plus que l’homme brûlé, Leonard Vance, qui semble être de plus en plus coupable... du moins on devine sa manigance.
En prison, plus tard, lorsque Samuel dit à Mulder : «Whatever the cause, Mr Mulder, I’m responsible.» («Quelle qu’en soit la cause, M. Mulder, je suis responsable.») c’est vrai, il est responsable, mais à la base : cela remonte à 10 ans en arrière... Et aujourd’hui, il est l’objet d’une vengeance.
En fait, cet épisode est à mettre en parallèle avec «Beyond the Sea» («Le Message») : on y retrouve fréquemment, dans les deux, le terme «believe», nos agents y ont des apparitions, en rouge, l’accusé est en prison, il a le don de pouvoir lire en les personnes, et il meurt à la fin... Mais dans l’un, c’est Scully (avec son père) qui est concernée, et dans celui-ci, c’est Mulder, avec sa sœur.
Petite remarque : la femme du shérif Daniels a de l’arthrite... cela rappelle quelques livres de Stephen King !
En parlant du shérif, voici une phrase que lui adresse le révérend Hartley après la mort, en prison, de Samuel : «How much long will you hide behind that badge before the truth is revealed ?» («Combien de temps encore allez-vous vous cacher derrière votre insigne avant que la vérité ne soit révélée ? ») Cette phrase est en fait un écho à la série toute entière, remplaçons l’insigne par le sceau du gouvernement, et on y est !
L’affaire n’est pas résolue, la vérité doit être révélée. Alors Mulder passe du mode intuitif au mode logique et déductif, il enquête, avec Scully, de manière plus classique, à la FBI, à la Sherlock Holmes ; il cherche des indices, des preuves. Et ils vont trouver !
Au moment où ils viennent arrêter le coupable se déroule une scène encore une fois (voir review de l’épisode précédent) une scène plutôt shakespearienne : Le spectre est là, il connaît le meurtrier, mais veut des explication, il veut faire parler le coupable (le téléspectateur aussi) ; et puis le poison, si c’est pas du Shakespeare, j’expire !
A la fin, Mulder tire la conclusion que «people are looking hard for miracles, so hard that maybe they make themselves see what they want to see.» («les gens cherchent tellement à voir des miracles, si fort que peut-être ils ne voient que ce qu’ils veulent voir.» (ce qui rejoint un peu ce qu’il avait admis sur lui à l’épisode précédent)... et il se laisse malgré tout un instant reprendre par un mirage de sa sœur... c’est le comble...
Cet épisode est basé sur la foi, la croyance, mais il ne faut pas oublié que, selon les civilisations, les croyances sont différentes... C’est ce que nous verrons dans le prochain épisode de The X-Files...
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NostraMADus:.


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