1x03 CONDUIT/L'ENLÈVEMENT
Publié : 12 avr. 2019, 18:20
Je viens de le revoir pour la 1000e fois. En fait il est beaucoup plus culte que l'on croit.
Une densité, une photographie, et une construction:
Je comprends pourquoi cela fait un choc de revoir les premiers épisodes. C'est comme quand on ouvre un album de famille, qu'on se revoit soi et ses proches si jeunes, que l'on se remémore certains moments, heureux comme malheureux. Ces épisodes étaient à l'opposé de ceux du revival pour toutes ces raisons. La lenteur qui ennuie est aussi la même captive; on ne peut donc décemment pas se plaindre de l'un tout an aimant l'autre.
La photographie que ce soit au niveau des décors sublimes comme des acteurs est absolument magnifique. Chaque plan pourrait presque être une photo. Un artiste pourrait facilement faire une exposition photo basée sur la série; mais plus particulièrement sur les 3 premières saisons, et plus particulièrement encore sur la première, et plus particulièrement encore sur les premiers épisodes dont celui-ci. Je pourrais prendre n'importe quel exemple allant du plus sublime au plus quelconque, la photo serait quand-même intéressante, forte, au visuel sensuel. On dit que le jeu de GA s'est beaucoup amélioré depuis le début de la siason 1 jusqu'à la fin (c'était Kim Manners qui disait ça), mais en fait, à y regarder de plus près, elle joue déjà prodigieusement bien, en employant sa discrète sensualité, sa palette subtile et infinie de regards, en jouant de discrètes mimiques calmes...
La construction est en fait très liée bien sûr à l'histoire mais aussi à la photo, aux plans. On aurait presque une construction narrative à la Kubrick en arche, avec un début, un sommet, et une retombée conclusive. Le début étant l'enlèvement-alibi émotif pour Fox, le sommet la confrontation avec Darlene et le retour de Ruby, et la retombée conclusive à l'église. De même pour la photo de nuit au bord du lac, et la photo dans le pré, de nuit, avec la grosse lumière des bikers qu'on adore.
Cette construction n'était d'ailleurs pas le seul fait de Conduit mais bien de la série en général, du moins pour les meilleurs épisodes. C'est précisément parce que le revival a cassé ce rythme, ne prenant plus le temps de raconter une vraie histoire, que des nostalgiques et autres fans des premières heures n'adhèrent que peu aux saisons 10 et 11.
La MSR:
Voilà qui donnait le ton depuis le pilote. Il y avait dans cet épisode un retrait, une sorte de distance professionnelle de la part de Scully, de par sa position de quasi espionne, prise entre deux feux, l'un institutionnel et l'autre émotif à cause de l'histoire de Mulder et de sa sœur. Ce doux équilibre tortillant sur ces deux aspects simultanément offrait une vraie relation de collègue respectueux et une dose d'affection profonde mais prude. Il y avait dans cette saison, et dans cet épisode comme un grain de religiosité sous-jacent qui donnait tout le corset émotif de notre duo. La compassion de l'une servant de contrepoint à la passion douloureuse de l'autre. Le scepticisme de l'une se heurtant aux phénomènes créditant l'autre. On peut continuer comme ça des heures.
Des situations de contrastes
Que ce soit la jeunesse de Tessa très rock face à la jeunesse de Scully très sérieuse et "grandes écoles"
Que ce soit le contraste Mulder passionné face une Scully précautionneuse.
Le petit garçon face à l'homme. La jeune femme agent face à la mère protectrice et en colère.
Le service de police locale et son shériff face à Mulder
La tenue très stricte de Scully parachutée dans ce bar de bikers. Sa sensualité et sa retenue face aux remarques lourdes mais vraies des mecs du bar, en arrière plan...
Là encore, quand x files rassemblait ce genre de situations, nous offrait des contrastes sur ces niveaux, la série nous tenait, nous happait.
La musique:
À l'image de toute la série originelle, Mark Snow nous accompagne cet épisode de vraie petites micro-mélodies qui ponctuent les scènes. Je pense par exemple à la première scène chez Darlene où Mulder regarde les photos de famille justement, sur les étagères. Et cette musique de souligner en demi teinte ces petites notes aux harmonies nostalgiques si fréquentes dans cette première saison. Ce moment si intense où Scully regarde Mulder qui regarde ces photos. Dites moi dans quel épisode du revival on voit ça? J'ai jamais retrouvé ça depuis 2 ans. La rapidité du revival n'ayant comme lointain écho que cette lenteur où l'on pouvait passer 5 secondes sur un regard, sans aucun mot. Pas besoin de mot et d'action quand l’inaction et le silence lourd font le travail. Et puis on voit déjà à quel point, en bonne fille des familles sages et catho, Scully coche les cases avec sa culture musicale, en reconnaissant le Concerto brandebourgeois de Bach.
Mais quel épisode. Et cette scène où les éléments se rassemblent comme un superbe puzzle, les dessins du petit formant -tels des pixels de 1 et de 0- le visage de sa sœur Ruby. La scène du lac et de la forêt avec les loups...
Évidement, on sent que la série, l'équipe de Carter, tout comme les acteurs, sont dans une recherche permanente, une prise de position très marquée entre les deux personnages. Mais ce qui pourrait se voir comme une fragilité de début de série, je le vois bien plus comme une force qui nous livre une vraie histoire, avec d'authentiques personnages secondaires, le tout dans un ton policier qui conforte un sentiment de sérieux. Sans équivoque, cet épisode qui n'est que le 4e nous dévoile déjà toute la richesse et le potentiel émotionnel de l MSR et d'un Mulder très jeune mais bien exploité. Le côté négatif, avec le recul, je veux parler du côté juvénile de Mulder, c'est une sorte de naïveté et d'aveuglement. Mais je préfère de loin cet aspect à son contraire blasé du revival...
Une densité, une photographie, et une construction:
Je comprends pourquoi cela fait un choc de revoir les premiers épisodes. C'est comme quand on ouvre un album de famille, qu'on se revoit soi et ses proches si jeunes, que l'on se remémore certains moments, heureux comme malheureux. Ces épisodes étaient à l'opposé de ceux du revival pour toutes ces raisons. La lenteur qui ennuie est aussi la même captive; on ne peut donc décemment pas se plaindre de l'un tout an aimant l'autre.
La photographie que ce soit au niveau des décors sublimes comme des acteurs est absolument magnifique. Chaque plan pourrait presque être une photo. Un artiste pourrait facilement faire une exposition photo basée sur la série; mais plus particulièrement sur les 3 premières saisons, et plus particulièrement encore sur la première, et plus particulièrement encore sur les premiers épisodes dont celui-ci. Je pourrais prendre n'importe quel exemple allant du plus sublime au plus quelconque, la photo serait quand-même intéressante, forte, au visuel sensuel. On dit que le jeu de GA s'est beaucoup amélioré depuis le début de la siason 1 jusqu'à la fin (c'était Kim Manners qui disait ça), mais en fait, à y regarder de plus près, elle joue déjà prodigieusement bien, en employant sa discrète sensualité, sa palette subtile et infinie de regards, en jouant de discrètes mimiques calmes...
La construction est en fait très liée bien sûr à l'histoire mais aussi à la photo, aux plans. On aurait presque une construction narrative à la Kubrick en arche, avec un début, un sommet, et une retombée conclusive. Le début étant l'enlèvement-alibi émotif pour Fox, le sommet la confrontation avec Darlene et le retour de Ruby, et la retombée conclusive à l'église. De même pour la photo de nuit au bord du lac, et la photo dans le pré, de nuit, avec la grosse lumière des bikers qu'on adore.
Cette construction n'était d'ailleurs pas le seul fait de Conduit mais bien de la série en général, du moins pour les meilleurs épisodes. C'est précisément parce que le revival a cassé ce rythme, ne prenant plus le temps de raconter une vraie histoire, que des nostalgiques et autres fans des premières heures n'adhèrent que peu aux saisons 10 et 11.
La MSR:
Voilà qui donnait le ton depuis le pilote. Il y avait dans cet épisode un retrait, une sorte de distance professionnelle de la part de Scully, de par sa position de quasi espionne, prise entre deux feux, l'un institutionnel et l'autre émotif à cause de l'histoire de Mulder et de sa sœur. Ce doux équilibre tortillant sur ces deux aspects simultanément offrait une vraie relation de collègue respectueux et une dose d'affection profonde mais prude. Il y avait dans cette saison, et dans cet épisode comme un grain de religiosité sous-jacent qui donnait tout le corset émotif de notre duo. La compassion de l'une servant de contrepoint à la passion douloureuse de l'autre. Le scepticisme de l'une se heurtant aux phénomènes créditant l'autre. On peut continuer comme ça des heures.
Des situations de contrastes
Que ce soit la jeunesse de Tessa très rock face à la jeunesse de Scully très sérieuse et "grandes écoles"
Que ce soit le contraste Mulder passionné face une Scully précautionneuse.
Le petit garçon face à l'homme. La jeune femme agent face à la mère protectrice et en colère.
Le service de police locale et son shériff face à Mulder
La tenue très stricte de Scully parachutée dans ce bar de bikers. Sa sensualité et sa retenue face aux remarques lourdes mais vraies des mecs du bar, en arrière plan...
Là encore, quand x files rassemblait ce genre de situations, nous offrait des contrastes sur ces niveaux, la série nous tenait, nous happait.
La musique:
À l'image de toute la série originelle, Mark Snow nous accompagne cet épisode de vraie petites micro-mélodies qui ponctuent les scènes. Je pense par exemple à la première scène chez Darlene où Mulder regarde les photos de famille justement, sur les étagères. Et cette musique de souligner en demi teinte ces petites notes aux harmonies nostalgiques si fréquentes dans cette première saison. Ce moment si intense où Scully regarde Mulder qui regarde ces photos. Dites moi dans quel épisode du revival on voit ça? J'ai jamais retrouvé ça depuis 2 ans. La rapidité du revival n'ayant comme lointain écho que cette lenteur où l'on pouvait passer 5 secondes sur un regard, sans aucun mot. Pas besoin de mot et d'action quand l’inaction et le silence lourd font le travail. Et puis on voit déjà à quel point, en bonne fille des familles sages et catho, Scully coche les cases avec sa culture musicale, en reconnaissant le Concerto brandebourgeois de Bach.
Mais quel épisode. Et cette scène où les éléments se rassemblent comme un superbe puzzle, les dessins du petit formant -tels des pixels de 1 et de 0- le visage de sa sœur Ruby. La scène du lac et de la forêt avec les loups...
Évidement, on sent que la série, l'équipe de Carter, tout comme les acteurs, sont dans une recherche permanente, une prise de position très marquée entre les deux personnages. Mais ce qui pourrait se voir comme une fragilité de début de série, je le vois bien plus comme une force qui nous livre une vraie histoire, avec d'authentiques personnages secondaires, le tout dans un ton policier qui conforte un sentiment de sérieux. Sans équivoque, cet épisode qui n'est que le 4e nous dévoile déjà toute la richesse et le potentiel émotionnel de l MSR et d'un Mulder très jeune mais bien exploité. Le côté négatif, avec le recul, je veux parler du côté juvénile de Mulder, c'est une sorte de naïveté et d'aveuglement. Mais je préfère de loin cet aspect à son contraire blasé du revival...