par Polonours sur 14 Mai 2004 16:30
[b]Saphir, 711 kilos, est la nouvelle reine des alpages suisses [/b]
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APROZ (AFP) - A ma gauche Tonnerre, à ma droite Lambada: les deux vaches laitières s'élancent l'une contre l'autre comme deux lutteurs de sumo, sous les encouragements de 12.000 spectateurs.
En tout, 175 vaches de la race d'Herens ont participé dimanche dernier à la finale des "combats de reines", organisée chaque année dans le Valais suisse.
"Cela répond à notre souci de maintenir la tradition. Et je crois que dans ces combats nous retrouvons un peu de la vie quotidienne", a déclaré à l'AFP le président suisse Joseph Deiss, qui avait fait le voyage jusqu'au village d'Aproz.
Les vaches d'Herens, à la robe marron fonçé, sont naturellement agressives, explique David Moulin, un éleveur de 36 ans. Elles passent tout l'été à se chamailler dans les alpages, où le bovin dominant s'attribue la meilleure herbe.
Depuis les années 1920, les éleveurs locaux ont stimulé cet instinct bagarreur en organisant des compétitions pour sacrer "la reine des reines".
"C'est un grand honneur, c'est comme d'être le président de la vallée", souligne M. Moulin, dont une des vaches a remporté le titre en 1999.
La sélection commence en février, quand les éleveurs amènent leurs championnes à l'une des sept compétitions locales. Les vainqueurs de ces joutes, les "reines", portant autour du cou l'énorme cloche traditionnelle, se rassemblent ensuite à Aproz pour la finale.
Entre les Helvètes et leurs vaches, c'est une histoire d'amour. Mais les Herens occupent une place à part. "Les vaches normales sont bonnes pour produire du lait, de la viande ou regarder les trains passer. Celles-ci ne sont pas comme ça: elles sont intelligentes, elle sont fières, elles chassent les autres, c'est impressionnant", affirme David Moulin.
Le tournoi d'Aproz attire des spectateurs de toute la Suisse: hommes politiques, banquiers, infirmières, vedettes de la télévision, grand-parents et petits-enfants. La finale est télévisée en direct.
Pour Samuel Jores, inspecteur de police à la retraite, "ça fait partie de la tradition et ça touche tout le monde". "Je suis fils de paysan romand, dit-il, j'aime beaucoup le bétail et j'aime l'ambiance, c'est sympathique".
Les lutteuses sont réparties en cinq catégories selon l'âge et le poids. Les premières à combattre sont les plus jeunes, suivies par des bêtes plus âgées et plus imposantes, qui pèsent de 500 à 700 kilos.
Une dizaine de vaches pénètrent en même temps dans l'arène improvisée, un vaste champ. Elles se cherchent querelle deux par deux, se donnant des coups de tête, cornes entremêlées. Celle qui rompt l'assaut la première perd, jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'une.
Chaque combat singulier dure de cinq à 10 minutes. Mais ce dimanche, Tonnerre et Lambada ont lutté pendant trois-quarts d'heure, meuglant et trépignant dans la boue, sous les cris de joie des aficionados.
C'est Lambada qui a eu le dessus mais, à bout de souffle, elle n'a pas résisté à Altesse en finale de sa catégorie.
Les vaches qui ont remporté leur catégorie s'affrontent ensuite pour désigner la "reine des reines". Cette année c'est Saphir, une bête de 711 kilos à l'air teigneux, qui a remporté la couronne.
"Elle est en super forme, elle était très motivée", a expliqué son propriétaire, Jean-Francois Moulin.
Les paris sont en principe interdits mais la vache qui remporte la compétition prend beaucoup de valeur. Une "reine des reines" peut atteindre 40.000 francs suisses (26.000 euros). Et même à ce prix, il y a beaucoup d'amateurs, selon des éleveurs