Anthony Zimmer

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Modérateur: Amrith Zêta

Anthony Zimmer

Messagepar tonnerre de brest sur 29 Avr 2005 2:52

Mille milliard de mille sabords !
Voilà un film qui mérite d'être vu et débattu...

[img]http://a69.g.akamai.net/n/69/10688/v1/img5.allocine.fr/acmedia/medias/nmedia/18/35/50/82/18413912.jpg[/img]

Ecrit et réalisé par Jérôme Salle

Avec Sophie Marceau, Yvan Attal, Sami Frey...

[b]Le début du film[/b]:

Qui est Anthony Zimmer ? Un truand internationnal spécialisé dans le détournement de fond et dans l'argent de la drogue, pour la police. Un homme à abattre, pour la mafia russe. Mais l'homme est insaisissable: il s'est fait refaire le visage. Tout le monde poursuit donc une chimère...
D'autant plus qu'Anthony Zimmer est un manipulateur de génie. Il laisse à son amie Chiara (Sophie Marceau), qui est étroitement surveillée, une instruction précise: choisir un homme au hasard dans un train, tisser une relation avec lui, afin de laisser croire à la police comme à la mafia que cet homme est bien Anthony Zimmer.
Elle jette son dévolu sur un quidam, François (Yvan Attal), dans le TGV en destination de la côte d'azur. Le jeune homme découvre les luxes du Carlton et de la grande vie pour une journée, se laissant prendre au jeu d'une séduction inespérée.
Jusqu'au moment où deux hommes tentent de l'abattre. La chasse à l'homme a commencé. Devenue proie, François ne peut que se retourner vers Chiara qui a disparu, pour tenter de répondre à deux questions. Qui est-elle ? Et qui est Anthony Zimmer ?

[u][b]Le vertige de la proie:[/b][/u]

[img]http://a69.g.akamai.net/n/69/10688/v1/img5.allocine.fr/acmedia/medias/nmedia/18/35/50/82/18411356_vign.jpg[/img]

Un homme condamné pour un crime qu'il n'a pas commis et pourchassé par tous, une rencontre dans un train, la femme fatale, de longues filatures silencieuses, tout le monde a remarqué dans ce cocktail les thématiques et les codifications hitchcockiennes de base. Le film renvoit d'ailleurs autant à "Sueurs Froides" qu'aux "39 Marches".
Mais Jérôme Salle, qui signe ici sa première réalisation, pratique un renversement de la figure hitchcockienne, la trahissant en usant de tout son potentiel spécifique, lui rendant hommage en en faisant la substance même du scénario.
Ainsi, François, au lieu de fuir une fatalité qui le rattrappe, se laisse aller au vertige d'être une proie. La première rupture est visuellement indiquée quand il doit abandonner une partie de ses anxiolytiques dans l'escalier du Carlton où il est canardé: plan remarquable où les pilules éparpillées tressautent au pas lourd des poursuivants.
La seconde rupture intervient quand il décide de refuser de se planquer, obsédé par la filature de Sophie Marceau, toujours marqué par des champ-contrechamp des ses yeux sur son corps, regards exprimant la force du désir (cf "Vertigo"). Il se met donc à découvert, pour la voir.

[u][b]Vivre pour voir et désirer:[/b][/u]

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Termes interchangeables qui font la philosophie du Maître Hitchcock, et dont le réalisateur retire une élégance du style un peu froide mais que l'humour et l'intelligence soutiennent de bout en bout.
Il manie un suspense stylisée, qui allie efficacité et recherche esthétique. Si le jeu des regards est primordial, si le montage des scènes de poursuite ou de fusillades est excellent, il rajoute le maniement des cadres dans le cadre façon "splitscreen" avec imagination. Ainsi, sur les 4 écrans de contrôle qui surveillent Sophie Marceau à la fin, au moment où elle doit retrouver enfin Anthony Zimmer, un des 4 écrans tombe en panne. "C'est un problème de caméra, on ne peut rien y faire", dit à peu près le technicien chargé de la surveillance.
Etonnante phrase qui prescrit le mode d'emploi de Jérôme Salle: il ne montre que les images qu'il veut bien montrer, modeste démiurge occupé à égarer et faire monter le suspense. Le film se caractérise donc par ses mystères, ses images cachées et brouillées, mystère dont le plus important est celui qui concerne le vrai visage de Zimmer.
Revenons à la scène. La caméra filme les deux écrans côte à côte, celui qui marche à gauche, et où l'on voit Sophie Marceau attendre fiévreusement dans une pièce, et celui où il y a de la neige, à droite.
Brusquement sophie Marceau part de la gauche pour aller vers la droite, et la caméra la suit en panoramique sur les écrans: mais lorsqu'elle passe dans l'autre pièce, elle passe surtout dans l'autre image, celle où l'on ne voit rien.
Et ne comptez pas sur moi pour vous dire ce qui va se passer dans cet endroit. :aha:

[u][b]L'autre dans le miroir:[/b][/u]

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Sophie Marceau s'assoit devant Yvan Attal dans le train. Il se retrouvent dans la configuration classique du dîner au restaurant. Yvan Attal est confronté au chef de la police poursuivant Zimmer (voir la photo).
Autant de face à face où chaque personnage se renvoit à sa propre image. A la question "qui est qui ?" se substitue la question "qui devient qui ?".
François, qualifié de moche par Chiara comme s'il était l'antithèse du beau Zimmer, ne cesse de se regarder dans la glace où il voit affleurer sa nouvelle personnalité.
Risquer sa peau en changeant de peau: le voilà qui revêt les fringues d'Anthony Zimmer, contre tous ses intérêts, pour montrer son goût du risque à Chiara, jusqu'où il peut aller pour elle.
Les scènes de poursuites, d'évasions, de canardage à la mitraillette, comportent presque moins de risques que ces scènes très denses où un homme étale au prix de sa survie son amour pour une femme.

[u][b]Un thriller romantique:[/b][/u]

[img]http://a69.g.akamai.net/n/69/10688/v1/img5.allocine.fr/acmedia/medias/nmedia/18/35/50/82/18411484_vign.jpg[/img]

Parce qu'après tout, "Anthony Zimmer" raconte surtout cela: une romance passionnée d'un homme qui vit pour les yeux d'une femme. "Vous savez ce qu'on dit, il faut se méfier des apparences", dit à peu près François à Chiara dans le train. François ne sera pas l'individu falôt qu'elle imaginait. Elle-même est duplice aux yeux des autres. Tout comme le chef de la police dont l'intégrité confine à une excessivité dangereuse.
Dans cette série d'évènement orchestrée par un homme invisible, François n'a qu'une obsession: devenir visible pour celle qu'il aime, au mépris de tous les dangers, provoquant lui-même les évènements.
La quête de disparition de Anthony Zimmer trouve son miroir dans la conquête de la passion pour François.

[u][b]Pour ceux qui ont vu le film uniquement (spoilers sur tout) :shock: :[/b][/u]

Et aussi pour ceux qui aiment la technique du langage cinématographique. Mais ne lisez pas avant d'avoir vu le film, ce serait du gachis. :wink:

[img]http://a69.g.akamai.net/n/69/10688/v1/img5.allocine.fr/acmedia/medias/nmedia/18/35/50/82/18411483_vign.jpg[/img]

[color=white]Bien sûr, chaque plan est à double sens, ce qui fait qu'une analyse approfondie demande que le film soit vue plusieurs fois: c'est tout son intérêt.
Pour peu qu'on sache que François est Anthony Zimmer, on assiste à un régal de mise en scène, et de discours émotionnel.
Jérôme Salle filme Yvan Attal en train de regarder les jambes, le buste, le visage, les fesses de Sophie Marceau. Par cette logique qui veut qu'un plan A confronté à un plan B transforme le sens du plan A (qui devient "C" alors qu'il est presque identique), Salle exploite alors en profondeur les possibilités de ces champ-contre-champs signifiants.

Plan A: le visage d'Attal qui regarde le corps de Sophie Marceau.
Plan B: Le corps de Sophie Marceau vu par Attal. Elle est presque nue puisqu'elle est en maillot de bain, et elle est vraiment attirante.
Plan C: retour au plan A: même si Attal ne change que très légèrement son jeu, nous voyons du désir dans ses yeux, car nous projetons notre propre désir sur son image.
C'est un effet automatique, inventé par les pionniers du cinéma soviétique et qu'Hitchcock a érigé en principe fondateur du langage cinématographique.

Voyons maintenant comment Jérôme Salle rajoute un second niveau d'interprétation à cette logique.
Nous savons que Yvan attal n'est pas François mais bien Anthony Zimmer. L'histoire prend un tout autre sens. Zimmer a monté cette machination pour s'assurer de l'amour de Chiara à son égard, quelque soit son apparence ou sa fortune.
La machination scénaristique se traduit aussitôt en manipulation esthétique. Avec ce double sens, il faut réinterpréter la confrontation des plans:

Plan A: Le visage d'Yvan Attal regarde le corps de Sophie Marceau.
Plan B: le beau corps de Sophie Marceau, dénudé, donc désirable.
plan C: retour au plan A. Mais nous avons désormais l'information (celle qui est fondatrice à tout suspense mais qui devient ici une surprise): il l'aime aveuglément. Donc ce n'est pas le simple désir que nous projetons dans ses yeux, mais l'Amour.

Revoyez tout le film sous cet angle là, et vous constaterez que l'histoire est en réalité un chant d'amour d'un homme pour une femme, qui ne cesse de se mettre en danger pour se rendre visible, corps mais aussi et surtout âme, à ses yeux.
La question "qui est Anthony Zimmer" a dès lors sa vrai réponse: Anthony zimmer est quelqu'un qui s'accroche au bras d'une femme pour lui dire sans le recours au mot mais aux actes: "Regarde qui je suis".
Un homme qui lance un pari sur l'amour d'une femme dont il sait qu'elle l'a trahit, mais qui l'aime si profondément, avec une telle admiration, qu'il va changer de peau pour se soumettre à son jugement.[/color]

"Anthony Zimmer" se révèle comme un film définitivement romantique, par le bias de la mise en danger des corps, par le biais de leur contemplation amoureuse, par le biais du regard, toujours. Quelles que soient ces défauts, il montre une maîtrise époustouflante du langage cinématographique, dédié à l'efficacité, mais aussi à des sentiments profonds.
A voir !
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Messagepar underhilldaisy sur 31 Mai 2005 10:01

c'était tout simplement EXCELLENT! un des meilleurs films que j'ai vu, peut etre, depuis que j'ai ma carte UGC ...
c'est hyper prenant, et même temps sans méga artifice, j'en tend pas là sans grosses couses d'actions ou autres ...
bref un film subtile plutot bien foutu, tout comme Sophie Marceau que je trouve absolument sublime dnas ce film (et pourtant en temps normal je suis pas fan) ...
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Dis-moi, Daisy

Messagepar tonnerre de brest sur 06 Jui 2005 1:42

Et qui plus est, "Anthony Zimmer", persiste à rester sur les écrans, malgré la déferlante des sorties. Un succès obstiné et mérité.

Dis-moi Daisy, si tu l'as lu, qu'as-tu pensé de ma petite explication technique dans le paragraphe spoiler ? Juste pour savoir :)
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Messagepar alisonbing sur 22 Jul 2005 19:57

j'avoue que je ne l'ai pas vu de manière autant "cinématographique" et même si j'ai bien aimé dans l'ensemble, j'ai été assez déçue, car on a quand même du suspense, le film parait long et pis finalement la fin se conclue très rapidement, et je suis un peu restée sur ma fin :?
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