[b]torrance a écrit:[/b]
[quote]Pour moi, il n'y a pas de bouchage de trou dans LOST. Le puzzle se met tranquillement en place, et ne pas le voir est déjà un signe qu'on ne regarde pas la série sur la bonne perspective.[/quote]
[quote] la construction narrative est à mon sens identique à celle d'ALIAS.[/quote]
La comparaison est tout à fait pertinente, mais comme tu le notes toi-même, il existe une réelle différence de rythme entre les deux séries.
[b]Alias[/b] joue sur la profusion d'évènements, à un point tel qu'il faut parfois revoir certains épisodes pour comprendre la complexité des connexions avec ce qui a précédé.
Je ne dis pas que "[b]Lost[/b]" joue la tortue à ce niveau, mais quand bien même les épisodes sont riches en évènements, ils avancent selon une trame qui se met en place peu à peu, avec un rythme diamétralement opposé. C'est ce qui fait à mon sens la richesse de l'écriture et de la réalisation de cette série. Tout peut aller très vite, et pourtant tout ne pose que questions et indices. J'en reviens souvent au pilote, même s'il est loin, qui est à ce niveau là une réussite superbe, et qui apparaît presque comme "mode d'emploi" de la série.
Effectivement, on a à faire à un puzzle: si chaque épisode apporte sa pièce, seul l'ensemble permettra de comprendre le sens final. en espérant qu'à force d'étrangetés, les créateurs ne se perdront pas dans leur labyrinthe.
[quote]Et cette saison 2 développe tout du long une thématique forte (foi/science) qui sous tend tous les rapports de force entre persos et les développements psychologiques, tout en approfondissant l'un des thèmes de la saison 1 (absolutisme/démocratie) [/quote]
Absolutisme/démocratie, foi/science, certes. Mais je suis vraiment étonné que personne ne s'intéresse de près à la tentation solipsiste qui pourtant existe souterrainement et constitue peut-être un des plus grands dangers pour les personnages.
Le solipsisme soustend l'idée que la réalité est une construction subjective, que la réalité extérieure devient une construction/interprétation de l'esprit. Le problème devient bien une question d'appréhension du réel. Or, si le Moi devient l'unique référence, la réalité existe en fonction de l'imaginaire de l'individu. Ceci est contraire à toute valeur sociale solidaire. On en revient donc à la question civilisationnel posée dans [b]Lost[/b]: comment un groupe d'individus singuliers se constitue en force sociale face à des menaces extérieures échappant à la compréhension ?
Si un personnage se réfugie dans une représentation du réel qui s'oppose à celle des autres, c'est la rupture, et l'émiettement du groupe.
D'une certaine façon, la posture philosophique solipsiste n'est pas en contradiction avec l'absolutisme dont tu parles. Mais elle est surtout en rapport avec l'isolement de certains personnages.
Tournier avait fait du solipsisme un des fondements de son "Robinson et les Lymbes du Pacifique", à partir de la solitude du personnage..
Là où [b]Lost[/b] fait très fort, c'est de marquer la dangerosité de la tentation solipsiste au sein d'une communauté, qui du coup ne peut que se fragmenter.
L'agent Squeulit pensait qu'il s'agissait en fait d'une pierre de forme triangulaire